Pour prendre de la hauteur, mieux voir le problème posé par les inégalités sociales structurelles, et sortir du cadre franco-français.
Des lignes de force se dégagent, le capitalisme néolibéral et les régimes autoritaires/répressifs s’affirment.
Synthèse critique de l’entre-deux - Cette « crise » ne dévoile en réalité rien des immenses inégalités dont nous avons tous conscience, elle ne fait que les exacerber. (...) Dans des contextes aussi inégalitaires, le mimétisme politique est d’une limpide absurdité, pire, d’une cruauté sans pareil. Le confinement, lorsqu’il est envisageable, est une chance, lorsqu’il ne l’est pas, est une injustice. La violence de classe se traduit aussi par cet aveuglement, cette indifférenciation vis-à-vis des possibilités d’ajustement individuelles et collectives. L’adaptation n’est pas un principe équitable, ni un choix, ni un sacrifice, c’est un privilège.
- La pandémie et la gestion capitaliste/étatique exacerbe les immenses inégalités sociales
- Synthèse critique, avec évocation de situations dans plein d’autres pays
Quelques extraits :
Si le gaspillage est inhérent à la production capitaliste – qui n’a jamais été déterminée par l’usage, mais par la vente – nous assistons actuellement à sa concentration au stade de la production même. Les « secteurs d’activité », hyperspécialisés en marchés et en filières, doublés d’un contrôle bureaucratique des marchandises et des échanges, empêchent le redéploiement de la surproduction. Ici, cela résulte sur l’euthanasie de millions de porcs, de poulets et de bovins, de tonnes de denrées alimentaires inhumées, enflammées ou détruites, de centaines de millions de litres de lait déversés dans le drain des étables. Là, à la suspension de l’exportation de plusieurs types de céréales afin de stabiliser le commerce intérieur russe, aggravant les risques de pénurie et donc de crise alimentaire. Comme à l’accoutumée, la privation côtoie la surabondance.
Ce qui se fait dans les régimes autoritaires, par la réquisition ou l’obligation pure et simple, s’impose dans des régimes plus ou moins démocratiques sur la base de la gratuité et du volontariat. La forme, de façon quasi symbolique, diffère, et donc le temps de restructuration économico-politique. En admettant que les feuilles de route gouvernementales prennent du retard sur leurs « objectifs », l’orientation générale du « projet de société », à l’international, reste sensiblement le même : écologie industrielle, optimisation en « tout connecté », perfectionnement algorithmique du contrôle social et Big data convergent partout vers la « smart-city » en 5G – c’est en tout cas ce que nous laissent présager les industries de la technologie et de l’armement, en croissance constante, et donc la fatalité d’un avènement capitaliste toujours plus méthodique, rationnel, profond.
Pendant que les « blancs » perdent leur temps à vomir les « racisés », que les « millenials » le perdent à vomir les « boomers », pendant que les « ruraux » vomissent les « citadins », que les « citadins » vomissent leurs « banlieues », et que les « banlieues » se vomissent entre elles, reconfigurations, dégraissages, allègements, à la hâte, fleurissent hors saisons.
La multiplication des catégories parfaitement artificielles, et le réductionnisme qu’elles imposent aux individus en les assignant en bloc, empêche le dialogue et profite au morcellement.
Nous pouvons bien nous haïr, et tenter de nous décimer les uns les autres, au bon plaisir des princes qui nous observent amusés, comme nous pouvons nous soutenir, malgré tout ce dégout de commande qu’on perfectionne à contrecœur. L’entraide ou la barbarie, c’est à ce choix douloureux que sera confrontée notre conscience, et il faudra y répondre, tôt ou tard.