C’est l’heure des grandes vacances. On se cherche des spectacles. S’il y a des endroits où aller pour s’amuser entre camarades de lutte, il y a aussi des endroits à boycotter fermement. En voici un à ne fréquenter sous aucun prétexte, que vous soyez Belge, Suisse, Parisien, Dijonnais, Brestois, ou autre : la Chapelle-d’Angillon. En effet, au nombre des plus belles histoires de l’Oncle Adolf, il convient aujourd’hui d’ajouter les Médiévales subventionnées de la Chapelle-d’Angillon sur lesquelles se sont penché les fées bienveillantes de Pétain, de la Waffen SS, de l’OAS, de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, d’Ordre Nouveau, du PFN, et, naturellement, de l’inénarrable DRAC Centre-Val-de-Loire.
- LA CHAPELLE-D’ANGILLON : SOIXANTE ANS DE PROPAGANDE FASCISTE
1. JEAN DOGNY OU : LES FAUX COMTES FONT LES BONS NAZIS
Le "comte" d’Ogny, actuel propriétaire du château de la Chapelle-d’Angillon, n’est pas vraiment comte. D’ailleurs, pour l’état-civil, il s’appelle Dogny, et non d’Ogny, et n’appartient pas à la descendance du Rigoley d’Ogny dont le rôle de basse police sous Louis XVI consistait à ouvrir la correspondance des gens. Ce Rigoley passa d’ailleurs à la franc-maçonnerie révolutionnaire en quatrième vitesse en 1789 en intégrant la loge de Saint-Jean d’Écosse du Contrat Social. Quant au château de la Chapelle-d’Angillon, il s’est toujours appelé château de Béthune et ne doit la disparition de son nom qu’au caractère embarrassant de ce "Béthune" qui rappelle qu’il fut le château de famille de Sully, ministre de Henri IV et jamais d’aucun d’Ogny, encore moins d’un Dogny. Les Dogny sont originaires de Laon, et non du Berry. Ils n’ont fait l’acquisition du château de Béthune que dans le dernier quart du 20e siècle, par mariage. L’histoire est simple. Dogny s’est marié avec la fille de Henri Coursier. Henri Coursier, né à Bourges en 1897, est un diplomate national-catholique qui fait carrière à la faveur du régime de Vichy où il se signale comme un fervent pétainiste. Il achète au début des années 1960 le château de Béthune à la chapelle d’Angillon. La raison, c’est qu’il s’est pris de passion depuis Vichy pour Sully/Béthune, le ministre de Henri IV.
Cette acquisition est symbolique pour les fascistes. Sous Vichy, en effet, "L’enseignement agricole vient compléter la propagande en faveur du retour à la terre. L’étude du passé dans la perspective du village et de la région s’intègre désormais dans le programme culturel de l’Etat français. On célèbre Sully comme un soldat et un terrien qui a su regarder la réalité en face et favoriser le salut de la France." (Limore Yagil, L’Homme nouveau et la révolution nationale de Vichy, PUS, 1997).
Or Henri Coursier restera toute sa vie un intégriste fanatique et un pétainiste convaincu, et il faut que les intégristes pétainistes ne jugent pas son apport négligeable de ce point de vue, puisque ses mémoires insipides ("Une Europe d’avant-guerre") ont été rééditées en 1998 par les éditions maurrassiennes et catholiques intégristes "Clovis", maison dirigée par la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (qui publie aussi Francis Bergeron, Alain Sanders, et tutti quanti que nous retrouverons plus loin). Coursier entretiendra également des relations amicales avec l’écrivain fasciste Maurice Bardèche, natif de Dun-sur-Auron et beau-frère de Robert Brasillach, qui publie le premier ouvrage négationniste, Nuremberg ou la terre promise, et Léon Gaultier, également natif de Bourges et Untersturmführer de la Waffen SS. De façon plus que révélatrice, les mémoires de Léon Gaultier, Siegfried et le Berrichon, seront publiées aux éditions Perrin par Xavier de Bartillat, mari de Nathalie de Bartillat, qui fera main basse sur le château et le village d’Apremont-sur-Allier, dans la troisième circonscription du Cher, pour développer un projet en tout point semblable à celui de Henri Coursier, Marie-Madeleine Martin et Dogny à la Chapelle-d’Angillon.
Henri Coursier, donc, fait l’acquisition du château de Béthune dont il confie la restauration et l’opération de classement à une intégriste catholique, maurrassienne fanatique, et membre de l’Association pour Défendre la Mémoire du Maréchal Pétain. Spécialiste de la maison de Sully, elle s’appelle Marie-Madeleine Martin. C’est une intime de Xavier Vallat. Elle dédie ses livres à des personnages comme Pierre Virondeau, un fasciste notoire, secrétaire fédéral du PPF dans le département d’Alger et engagé dans les Waffen SS. De 1965 à 1976, Marie-Madeleine Martin, restaure le château seule, à la force du poignet, et arrive à le faire classer. Mais Coursier a marié sa fille Claude le 21 juin 1969 à Dogny et il est décédé cinq mois plus tard, le 26 octobre, à Genève, à l’âge de 72 ans. Il avait promis à Marie-Madeleine Martin de lui léguer le château de Béthune "en cas de malheur" afin qu’elle veille à sa conservation. Mais le nouveau marié, le Jean Dogny, ne l’entend pas de cette oreille. Il attend que Marie-Madeleine Martin ait obtenu le classement et une aide de l’Etat, puis, en 1975, la chasse du château pour s’installer à sa place. Martin, seule et âgée, se trouve alors une maison dans le village où elle finira ses jours.
On se doute bien que rien n’est plus indifférent à nos yeux, sinon plus méprisable que l’affirmation d’une supériorité par le sang sur le reste de l’humanité. Rien de plus méprisable à la seule exception près des titres mensongers fabriqués par la bourgeoisie avide de domination pour affecter d’être d’une origine supérieure aux autres. Car, enfin, on peut s’appeler Mikhaïl Bakounine, descendre d’une auguste famille de l’ancienne noblesse russe originaire de Transylvanie et embrasser la cause du peuple. Mais il en va tout autrement de celui qui, s’élevant par l’exploitation capitaliste au-dessus des classes populaires, cherche à justifier sa domination néo-féodale en assortissant son nom de titres nobiliaires bidons et de bobards sur mesure pour accréditer ses prétentions. D’autre part, il est très utile de démystifier les nigauds quant à la fausse noblesse d’un imposteur qui usurpe le titre de comte et fait croire à tous qu’un château du Moyen Âge ayant jadis appartenu à la famille de Sully, château restauré entre 1964 et 1974 par Marie-Madeleine Martin et classé grâce à elle, serait un château de famille ! Cela vous range un homme et vous donne une bonne idée de son honnêteté : menteur un jour, menteur toujours.
Mais au faux comte soi-disant "d’Ogny", les médias, petits et grands, servent la soupe. La soupe à l’Ogny. Dans le Berry Républicain, dans Le Point, on lui donne, de façon ahurissante, du "M. le comte" avec une servilité sans frein, comme si l’Ancien Régime était de retour. Enfin, non, pas tout à fait. Puisque "d’Ogny" est un faux noble, un Jacquouille devenu Jacquard, un "gueux" pour les vrais aristos face à qui il n’a jamais fait illusion. Dans les cahiers de référence du Gotha, le vrai, voici comment on parle du faux "comte" d’Ogny, fils d’un très obscur ingénieur de la Station de Biologie Agricole de la Compagnie Péchiney à Suresnes affecté à la rentabilité du paillage en polyéthylène des courges et des oignons (sic !) :
Pierre Blanche, Dictionnaire et armorial des noms de famille de France, Editions Fayard, 1974, p. 173 : "D’Ogny, famille bourgeoise, dont un comte du pape au 19e siècle"
Ca, c’est pour la version édulcorée. Maintenant la version brute de décoffrage telle qu’elle circule parmi ces grands messieurs à talons rouges :
Philippe du Puy de Clinchamps (Charondas), À quel titre ?, Cahiers nobles, Patrice du Puy Éditeur, volume 37, page 7, Paris, 1970 : "OGNY ( Comte d’) : Faux noble. Bas peuple au XVIIe siècle. "Comte" pontifical." Et Charondas d’ironiser : "Ogny soit qui mal y croit ; et moins encore : Ognez le vilain ; on le prendrait, alors, pour une cocotte ou cycliste."
Comment s’obtenait un titre de "comte du pape" au XIXe siècle ? Nous le savons par l’auteur anticlérical Jean de Bonnefon (La Ménagerie du Vatican, 1906) : en adressant une demande au pape par un évêque complaisant, demande accompagnée du tarif public, et surtout du tarif secret : 20.000 francs pour le titre de comte. C’est dans ces conditions qu’André-Charles Dogny, "marchand d’art", fils d’un médecin généraliste à Laon, devint "comte" en 1880, transformant son nom (Dogny) en "d’Ogny". Les d’Ogny n’appartiennent pas plus à noblesse française qu’ils n’ont de racines en Berry. On comprend pourquoi, malgré sa prétention illimitée à se présenter comme un "noble" (sic) vivant dans son château de famille (re-sic), Jeannot veille soigneusement à effacer de Généanet tout arbre généalogique compromettant ses affabulations de mythomane. Si Jean Dogny se rattache au Berry, c’est par ses beaux-parents et par ses grands-parents maternels, les de Laître, des gros exploitants agricoles qui ont organisé son mariage en 1969 avec la fille de Henri Coursier, diplomate du régime de Vichy et pétainiste fanatique et servile, dans leur maison de maîtres, à Saint-Eloy-de-Gy, dans le Cher. Les de Laître, paysans fortunés, se sont parés du titre de "barons" avant de se voir salement refoulés avec 39 autres comme "faux nobles" par l’Association de la Noblesse Française en 1968. On se doute bien qu’avec une telle prétention à jouer les seigneurs féodaux, si les Dogny avaient été possesseurs du château de Béthune en 1969, c’est là qu’ils auraient organisé le mariage et non dans une maison de maîtres sans passé à Saint-Eloy-de-Gy ! Autant en emportent les impostures et autres affabulations mégalomaniaques ridicules.
Alors, comment les Dogny sont-ils parvenus à faire avaler à tous l’énorme couleuvre qu’ils étaient les seigneurs héréditaires du château de la Chapelle-d’Angillon, anciennement et traditionnellement appelé le Château de Béthune, nom que Jean Dogny s’est empressé d’effacer après avoir commencé par l’employer bon gré, mal gré. En effet, Béthune rappelait trop que ce château était en fait un château ayant appartenu à la famille de Maximilien de Béthune, duc de Sully, maréchal de France et conseiler de Henri IV.
Comment cette supercherie, cette énorme imposture a-t-elle pris forme au point que l’ensemble des journalistes de gauche critiques de la prise du contrôle du Berry par le Front National de Jean-Pierre Stirbois y ajoutait foi ? La réponse est simple, et d’ailleurs elle est publique : grâce à l’intoxication orchestrée par le journal Le Point, qui, depuis 1997, appartient en totalité à l’industriel du luxe François Pinault, milliardaire et troisième fortune française, via sa holding Artémis. L’intermédiaire de la com de d’Ogny était la grande orchestratrice de la prise de contrôle de la région Centre par l’extrême droite : Anne Méaux, qui, pendant la première cohabitation, de 1986 à 1988, alors conseillère technique chargée de la communication auprès du ministre de l’Industrie, Alain Madelin, "tisse son réseau dans le monde des affaires, se lie à des banquiers, à des capitaines d’industrie, et devient l’amie intime de François Pinault". Avec Image 7, entreprise de conseil en stratégie de communication créée en 1988, Méaux fait la campagne de Pinault quand il décide de passer le témoin d’Artémis à son fils. En 1989, Pinault limoge son conseiller Michel Calzaroni pour le remplacer par Anne Méaux. En 1999, lors de la bataille qui oppose Arnault et Pinault en pour la prise de contrôle de Gucci, Pinault l’emporte en s’appuyant sur les réseaux d’Anne Méaux. Aussi n’y a-t-il aucune surprise quand Le Point de Pinault sert la soupe à l’Oigny en 1998 dans un article absolument grotesque de servilité, gavant le lecteur d’éloges de courtisan saturés de mensonges qui provoquent dans l’ordre l’hilarité, puis la nausée. D’Ogny est beau, grand, fort, passionné, plein de verve, dévoué, généreux, prêt à tous les sacrifices, fraternel avec les cégétistes, son château est délicieux ; d’Ogny pleure même, le pauvre (quel coeur d’artichaut !), quand on le prive de Tintin son copain qui était, tout de même, "l’affaire du siècle" ! – n’en jetez plus :
« A voir le délicieux château de la Chapelle-d’Angillon, aux confins de la Sologne et du Berry, qui croirait qu’il exige autant de sacrifices ? Propriétaire des lieux, le comte Jean d’Ogny est intarissable sur son cher manoir. Ce châtelain aux traits réguliers, à qui on ne donnerait pas ses 57 ans, fait souvent lui-même la visite guidée avec une verve fantastique. En montrant le donjon du XIe siècle, la galerie Renaissance jadis mutilée "par ces salopards de révolutionnaires" ou les salles consacrées à Alain-Fournier (un enfant du pays), il tâche d’exalter "la famille, le sens du devoir, du beau, du travail manuel". Mais, pudique, il se garde bien de révéler qu’il est le chef de file du Front national dans le Cher. Pourquoi le FN ? Parce qu’un jour de 1984 Jean-Pierre Stirbois s’est présenté à la grille du château pour le recruter. Et parce que, en attendant une restauration de la monarchie, ce parti est, selon lui, "le plus proche de l’ordre naturel, du bon sens, du 2 + 2 font 4". Devenu leader départemental, cet affable autodidacte (!) s’est investi à fond. Il préside des réunions Tupperware avec les anciens cégétistes de Michelin, à Bourges : "Parce que je suis noble (!), ils sont persuadés que je suis capitaliste, alors que je suis tout ce qu’il y a d’hostile aux multinationales." Large d’esprit, le comte d’Ogny a même des amis musulmans : le roi d’Albanie en exil, Leka Ier, dont les collections sont hébergées au château. Jean d’Ogny affirme avoir payé cher son engagement politique. En 1984, ce tintinophile avait transformé son château en musée Tintin : 55 000 visiteurs la première année. "C’était l’affaire du siècle. Mais la veuve d’Hergé a eu peur de l’étiquette FN et s’est opposée à ce qu’on continue. J’en ai pleuré." Reste, pour évoquer l’enfance, les scouts traditionalistes qui plantent leur pavillon à fleur de lis dans le parc, et à qui des séminaristes en soutane et rangers administrent la douche au tuyau d’arrosage. Ancien scout, Jean d’Ogny a l’hospitalité généreuse et le carnet d’adresses bien rempli. Cet homme de contact entretient les meilleurs rapports avec la droite locale. En mars, l’union a d’ailleurs été à deux doigts de se faire dans la région Centre. " Le député RPR Yves Fromion m’a reçu dans son appartement du 16e arrondissement avec Marie – France Stirbois. Ce garçon, par ailleurs un bon ami et doté de fortes convictions, a lâché prise, sous la pression des médias, de la rue, des lobbys, de la franc-maçonnerie." Finalement, l’UDF Bernard Harang, élu avec les voix du FN, a dû démissionner, laissant place au socialiste Michel Sapin. Fâcheux, mais pas irréparable. Quand on attend le retour du roi depuis deux cents ans, on peut se montrer patient. »
Ha ! ha ! ha ! Beurk. Si ça, ce n’est pas servir la soupe à l’extrême droite, on ne sait pas ce que c’est. Toutefois, dans ce monceau de mensonges, d’âneries et de compliments hilarants ou répugnants de courtisan servile, il y a des éléments très utiles : premièrement, d’Ogny est un "autodidacte", il a donc aussi peu de diplômes que de titres nobiliaires authentiques, et n’a jamais bénéficié d’une formation. La conclusion qui s’impose : il n’a jamais travaillé de sa vie ! Et de fait, entre 1960 et 1984, on ne trouve aucune trace du faux comte soi-disant "d’Ogny" dans une entreprise ou un service de l’Etat. Visiblement, il a toujours vécu en parasite au crochet des autres avant de se lancer dans la haine comme fonds de commerce. L’article du Point révèle entre les lignes qu’il se sert de Tintin (son copain) pour attirer chez lui les naïfs, puis leur impose la visite du château de Béthune, discours politique à la clef. Un discours qui semble convenir au Point : anti-maçonnique, anti-révolutionnaire, hyocritement anti-capitaliste, mais version réactionnaire – d’Ogny en personne avouant ne pas cracher sur les "bonnes affaires" comme le Musée Tintin qui fait entrer l’argent sonnant et trébuchant dans son escarcelle. Heureusement, la veuve de Hergé, déjà échaudée par les fariboles de Léon Degrelle, est devenue vigilante dans ces années 1980-90 où les néo-nazis du Parti des Forces Nouvelles de Belgique (Patrick Cocriamont, futur député FN, Daniel Gilson, Georges Matagne et Jean-Marie Simar) cherchent à identifier Tintin au gros Léon de la SS catholique. Ils ont, naturellement, attendu prudemment la mort de Hergé en mars 1983. De manière intéressante, une coïncidence naturellement, si le "rexisme" de Tintin est un discours propagé par le PFN depuis 1984, c’est justement en 1984 que d’Ogny, qui rejoint le FN la même année (encore une coïncidence), monte son musée, qu’il qualifie "d’affaire du siècle" – quel touchant désintéressement ! – avant que les avocats de Fanny, la veuve de Hergé n’en suspendent les activités, quoique très provisoirement. Provisoirement, car le faux comte rouvrira son musée en douce dans le dos de Moulinsart SA : on ne renonce pas à une "affaire" pareille ! Et Dogny, qui n’a de la noblesse que la particule artificielle, d’oser déclarer qu’il a "pleuré" (on est loin du "Noblesse oblige" et du "never explain, never complain" du stoïcisme aristo : "quelle vulgaritay !" s’exclamerait la reine mère). On notera que l’inénarrable Francis Bergeron – dont il sera question plus loin – commettra à son tour plusieurs ouvrages sur Hergé, aussi débiles que prétentieux (le style, c’est l’homme !) : Georges Rémi, dit Hergé, Pardès, coll. " Qui suis-je ? », Pardès, 2011, et Hergé, le voyageur immobile : géopolitique et voyages de Tintin, de son père Hergé, et de son confesseur l’abbé Wallez, Atelier Fol’Fer, coll. "Impertinences", 2015.
Une dernière citation du torchon d’extrême droite caviar (subventionné par l’Etat), citation à fort pouvoir comique et susceptible de provoquer l’hilarité chez tous les "vrais qui savent", digne d’une anthologie de morceaux choisis du Point :
« Large d’esprit, le comte d’Ogny a même des amis musulmans. »
Ne riez pas, ça ose tout. Mais ça, pour être large d’esprit, il est large d’esprit, l’Oigny. Ses pseudo-principes de soi-disant catho intégriste et de royco se dissipent toujours instantanément devant la perspective d’un profit immédiat ou d’un privilège mondain. Opportuniste, Dogny est suivant son meilleur intérêt du jour pro-CIA, pro-sioniste, pro-fantoche musulman, propagateur de la doctrine de la secte Moon, pro-immigration de travail, pro-terroristes cabindais, et même favorable au néo-paganisme de la Nouvelle Droite du GRECE ! Seulement tout cela s’explique très bien moyennant un démontage du comte en carton. En effet, Dogny est avant tout le pantin du petit théâtre de Georges Chamboulive, homme de l’ombre, mais vrai homme fort de l’extrême droite dans le département du Cher. C’est Chamboulive qui arrose financièrement Dogny pour le lancer. Or Chamboulive est un néo-païen anticatholique grenouillant dans la nébuleuse du GRECE.
2. CHAMBOULIVE ET CHAMBOULE-TOUT OU DOGNY LE FORAIN
Pied-noir expulsé de son Algérie natale après les accords d’Evian en 1962, Georges Chamboulive s’inscrit à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, (Sciences Po Aix). Il suit l’évolution des groupes auxquels il appartient et où il noue des amitiés durables et profitables. D’abord, Georges Chamboulive adhère à la Fédération des Etudiants Nationalistes de François d’Orcival et d’Alain de Benoist parce qu’elle défend avec acharnement la cause de l’Algérie française, et s’oppose à la politique gaulliste d’acceptation de l’autodétermination de la population algérienne au point de frayer avec l’OAS. Chamboulive devient néo-païen au contact de Pierre Vial, Jean-Claude Valla, et Alain de Benoist, mais suit François d’Orcival quand éclate en 1963 la "question militaire". François d’Orcival et son équipe, la tête de la FEN, se lancent dans une virulente critique de l’armée, dont Charles de Gaulle, au terme d’une forte épuration rendue possible par la guerre d’Algérie, a fait un instrument à sa dévotion. Ils entendent mener une opposition sans concession à la politique gaulliste, une opposition fondée sur une rupture totale avec les institutions, y compris l’armée. Alain Robert, ancien de la FEN exclu par d’Orcival, crée le Groupe Union Droit (bientôt transformé en Groupe Union Défense), puis son émanation, Ordre Nouveau, conçu comme un satellite politique. Chamboulive entre à Ordre Nouveau, qui va muter en Parti des Forces Nouvelles (PFN), puis participe intensément aux activités du Groupe action jeunesse (GAJ), issu d’une scission anti-FN du GUD, GAJ et GUD se réconcilieront bientôt grâce Philippe Péninque sous l’égide du PFN. Pour le pied-noir Chamboulive, le fil conducteur de ces appartenances successives est simple à suivre : c’est celui de l’Algérie française. En effet, le GAJ fusionne plus ou moins avec le Mouvement jeune révolution (MJR – solidariste) où Chamboulive fraternise étroitement avec Jean-Pierre Stirbois qui a sous lui les Francis Bergeron, Bernard Antony, Christian et Myriam Baeckeroot qu’on retrouvera dans les réseaux du Cher du faux comte Dogny, soi-disant "d’Ogny". Or les militants du GAJ se réclament du parrainage du capitaine Sergent, le plus prestigieux des exilés de l’OAS et plaident, dans le prolongement de la cause à présent dépassée de l’Algérie française, pour l’"Eurafrique".
Au cours des "années PFN" Georges Chamboulive, le Geppetto du faux comte "d’Ogny", se lie avec François Brigneau (Présent) et surtout Anne Méaux, 20 ans, qui fera bientôt carrière dans le monde des affaires et au sein de la droite giscardienne affublée d’un sobriquet éloquent : Eva Braun ! Au cours de ses années GAJ, le Groupe Action Jeunesse fusionnant plus ou moins avec le Mouvement Solidariste, Chamboulive copine étroitement avec Jean-Pierre Stirbois, issu du Mouvement jeune révolution (MJR – solidariste). Quand le PFN se voit doublé sur sa droite par le RPR de Chirac, il se trouve contraint à la soumission au Front National. Quant au GAJ, il a fusionné à tel point avec les solidaristes qu’il disparaît en 1978 après le ralliement de Jean-Pierre Stirbois à Jean-Marie Le Pen. Cela est capital, car Stirbois devient Secrétaire général du FN en 1981. Du fait de son sionisme frénétique et de son soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël (notamment après le massacre de Sabra et Chatila commandité par le gouvernement israélien et perpétré, en septembre 1982, par les Libanais des phalanges chrétiennes, exécuteurs des basses oeuvres), Stirbois n’a aucun problème à faire alliance en 1983 à Dreux (Eure-et-Loir) avec le candidat RPR Jean Hieaux qui remporte la mairie et dont Stirbois devient l’adjoint.
Dans le Cher, Stirbois veut renouveler ce type d’exploits en fusionnant listes de droite libérale et du Front national. Il pense naturellement à son vieux camarade Georges Chamboulive, devenu un gros exploitant viticole et fruitier à Saint-Georges-sur-Moulon. Celui-ci décline, il ne croit plus à la voie électorale, mais il pense aussitôt à envoyer à Stirbois le guignol qu’il a déjà mis en vitrine et qui se fera une joie d’accepter de jouer les activistes en carton s’il lui en donne l’ordre. Il s’agit, naturellement, du faux comte soi-disant "d’Ogny", invariablement désargenté comme tout parasite et avide comme tout profiteur d’honneurs immérités. Ce n’est pas la seule chose que Chamboulive fait pour Jeannot ; il réactive également ses contacts avec Anne Méaux qui, grâce à ses connivences avec les Pinault, orchestrera en faveur du faux comte Doigny une campagne d’intox le présentant non seulement comme un authentique châtelain enraciné dans le Berry depuis les croisades, mais encore comme un doux romantique aux idéaux généreux. Chamboulive, de plus, lance des "missions punitives" (sic) qui rossent nuitamment, à Bourges et alentours, ceux qui s’opposent au comte pourri, son poulain. Cela sera même mentionné dans le rapport de la commission d’enquête sur les agissements du DPS diligentée par l’Assemblée nationale en 1999 (éd. Grasset). Heureusement que Dogny bénéficie de la protection des nervis de Chamboulive, car ce preux écuyer à la triste figure qui pleure comme un Oigny quand on lui retire son Tintin ne tiendrait pas longtemps face à une poignée de rudes antifas. Dans la revue Item, un des multiples torchons de la Nouvelle Droite PFN des années 1970, Chamboulive se vantait de défendre "la reconnaissance d’une élite fondée sur la compétence, la connaissance, le sacrifice et le mérite", tout en exploitant la main-d’œuvre maghrébine dans ses vignes et ses vergers de pommiers : ce n’est pas parce qu’on est en Berry qu’il faut renoncer à faire suer le burnous ! Madame Chamboulive, née Giuliani, gérante au "Grand Bouy" de la société civile immobilière ALGERCORSE – un nom qui fleure bon le terroir berrichon – n’est pas en reste. Le 26 janvier 2021 encore, elle trouvait le moyen de signer la pétition lancée contre la dissolution de Génération Identitaire sur france-petitions.com au nom de la France blanche.
« Tout un programme d’un parfait cynisme pour ces pieds-noirs néo-païens "proches de la Nouvelle Droite, très antichrétienne et séduite par les mythes germaniques" qui "pratiquent les rites druidiques indo-européens et participent chaque année à des "solstices" (source : Jean-Philippe Roy, Le Front national en région Centre, 1984-1992, L’Harmattan, 1993) »
Mais les activités païennes ne sauraient déranger la quiétude du très grenouillant Dogny, qui fait célébrer son second mariage (sa première femme étant décédée dans un accident d’auto) par l’abbé intégriste Philippe Laguérie, négationniste de la FSSPX qui a célébré les obsèques de Paul Touvier, condamné pour crimes contre l’humanité en 1994 pour l’exécution de sept Juifs lorsqu’il était chef de la Milice lyonnaise sous l’Occupation allemande. Laguérie célèbre chaque 23 juillet une messe de requiem pour le maréchal Pétain. En 2008, c’est à Saint-Éloi qu’il baptise le quatrième enfant de l’humoriste Dieudonné, enfant dont le parrain est Jean-Marie Le Pen, présent à la cérémonie selon le journal Libération. Dogny ne se formalise pas non plus quand ses maîtres du Front National lui intiment l’ordre d’héberger Francisco Xavier Lubota, chef du Front (terroriste) de libération de Cabinda, qui, en contrepartie d’armes et de médicaments, est accusé par les autres tendances de violer les traditions africaines et catholiques des Cabindais en soumettant les populations sous son contrôle aux pratiques de la secte Moon à laquelle seraient liés ses principaux dirigeants. On invoque en l’occurrence des pratiques matrimoniales propres à "l’Église de l’Unification", des viols de jeunes filles et mariages forcés pratiqués dans les zones naguère sous son contrôle (Mabeko Tali Jean-Michel. La question de Cabinda : séparatismes éclatés, habiletés luandaises et conflits en Afrique centrale. In : Lusotopie, n°8, 2001. Timor Les défis de l’indépendance. pp. 49-62.)
Et dans cette affaire cabindaise pas propre, on retrouve toujours – devinez qui ? – mais voyons ! les mêmes anciens potes de Chamboulive à Ordre Nouveau : Bergeron, Alain Sanders, etc. (Jean-François Boyer, L’Empire Moon, Editions La Découverte, 1986, page 393 : "Avec les guérilleros du Cabinda")
Oui, décidément, le torchon de Pinault a raison : il faut en convenir ; pour avoir "les idées larges", il a les idées larges, le Dogny ! Mais tout le monde y trouve son compte, à la Chapelle-d’Angillon : les faux comtes font les bons nazis !
BIBLIOGRAPHIE
Limore Yagil, L’Homme nouveau et la révolution nationale de Vichy, Presses Universitaires du Septentrion, 1997
Jean-François Boyer, L’Empire Moon, Editions La Découverte, 1986
Mabeko Tali Jean-Michel. La question de Cabinda : séparatismes éclatés, habiletés luandaises et conflits en Afrique centrale. In : Lusotopie, n°8, 2001. Timor Les défis de l’indépendance. pp. 49-62
Jean-Philippe Roy, Le Front national en région Centre, 1984-1992, L’Harmattan, 1993
Marie-Madeleine Martin, Souvenirs de dix années au château de Béthune 1966-1976, Reconquista, 1983
Pierre Blanche, Dictionnaire et armorial des noms de famille de France, Editions Fayard, 1974
Philippe du Puy de Clinchamps (Charondas), À quel titre ?, Cahiers nobles, Patrice du Puy Éditeur, volume 37, page 7, Paris, 1970
Jean de Bonnefon, La Ménagerie du Vatican, 1906
Revue Item, "L’Ordre", 1977
Jean-Pierre Martin, Le Monde des Martin, Editions de l’Olivier, 2022
Léon Gaultier, Siegfried et le Berrichon : Parcours d’un collabo, Perrin, 1995
Jean-Yves Camus, René Monzat, Les droites nationales et radicales en France, 1992
Dominique Chagnollaud, Etat politique de la France : année 1991
Rapport fait au nom de la Commission d’enquête sur les agissements, l’organisation, le fonctionnement, les objectifs du groupement de fait dit "Département Protection Sécurité" et les soutiens dont il bénéficierait, Bernard Grasset, Guy Hermier · 1999
Roland Gaucher, Les nationalistes en France : La montée du Front, 1983-1997, 1995
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