Entretien — Libertés : Barbara Stiegler : « Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle » - « Société de contrôle », démocratie « suspendue »... Pour la philosophe Barbara Stiegler, les décisions du gouvernement contre le Covid-19 nous plongent dans une « impasse politique et sanitaire » inquiétante. Et elle interroge la façon dont est menée la politique de vaccination.
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Depuis le début de l’épidémie, le gouvernement n’a cessé de brandir des solutions miracles : le confinement d’abord, le couvre-feu, les nouveaux vaccins et maintenant le passe sanitaire... Mais cela ne fonctionne pas comme ça. En santé publique, il faut une stratégie diversifiée, une panoplie d’outils ciblés, de l’accompagnement, de la précision. Là, au contraire, les dispositifs mis en place sont extrêmement brutaux et simplistes.
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Le passe sanitaire en est l’illustration. Le caractère « sanitaire » du dispositif n’est nullement démontré. Pour que la vaccination soit réellement efficace, il faudrait cibler en priorité les personnes à risque, les personnes âgées, celles et ceux qui vivent avec des facteurs de comorbidité aggravants et qui sont éloignés du système de santé. Il faudrait recueillir leur consentement éclairé, les suivre, les accompagner. Ce qui implique un ensemble d’actes de soin et non des mesures de police. Et qui suppose donc le déploiement massif de personnels de santé, eux-mêmes formés et informés des risques et des bénéfices du vaccin.
Mais le gouvernement préfère [utiliser la menace. Au lieu de cibler les populations à risque, il exerce sur l’ensemble des Français un véritable chantage. Si la menace au code QR fonctionne pour les populations les mieux insérées socialement, elle est globalement inopérante pour les publics précaires et fragiles. Le gouvernement laisse les citoyens livrés à eux-mêmes, seuls devant leurs applications numériques.
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Pourquoi le gouvernement a-t-il fait ce choix ?
Parce que, outre l’ivresse que procure l’excès de pouvoir, il refuse de revenir sur sa doctrine néolibérale. Depuis le début du quinquennat, le gouvernement démantèle les services publics et mène des politiques d’austérité qui affaiblissent l’hôpital, les services sociaux, le système éducatif. Au lieu de reconnaître ses torts et ses responsabilités, il transforme les victimes de sa propre politique — à savoir les citoyens — en coupables. Il les rend responsables de la situation présente. Il pointe leur prétendu « relâchement », insiste sur leur ignorance, leur irrationalité ou leur penchant sectaire. Depuis un an et demi, son état d’esprit n’a pas changé. Il privilégie toujours la répression, le contrôle et la mise au pas de la population. Il n’hésite pas non plus à manipuler les chiffres et à diffuser des informations fausses ou tronquées.
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Le Covid-19 ne nous menace pas tous à égalité. C’est une maladie létale et dangereuse pour des publics déjà fragilisés. Elle vient révéler le tableau sanitaire négatif des pays occidentaux, avec leur population vieillissante et souffrant de polypathologies chroniques. En creux, le Covid-19 pose une question sociale et écologique. Dans les pays industrialisés, plus les inégalités augmentent, plus les maladies chroniques explosent et plus le Covid-19 flambe. Notre mode de vie est aussi, en partie, responsable de la situation actuelle avec la sédentarité, l’alimentation industrielle, le stress, l’augmentation de l’obésité et des cancers, etc.
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Il faut bien comprendre que le Covid-19 n’est qu’une répétition générale. Ce n’est qu’un épisode parmi d’autres de la crise écologique. Des événements similaires risquent de se reproduire à l’avenir, avec la dégradation des écosystèmes et le réchauffement climatique. Il faut donc dès maintenant les anticiper, réfléchir à la manière dont nous souhaitons les surmonter, démocratiquement et non sur un mode autoritaire. Je suis très étonnée de voir qu’Europe Écologie—Les Verts ne s’empare pas réellement du sujet. Ils devraient se positionner beaucoup plus clairement contre le passe sanitaire. La gauche et les écologistes doivent se réveiller. Il est temps que les partis qui se disent progressistes rejoignent le front de la contestation, au Parlement comme dans la rue.
- L’opposition à la société de contrôle symbolisée et amplifiée par le passe sanitaire s’affermit - Administrer les désastres ou y mettre un terme ?
- Mobilisation en hausse le 31 juillet dans la rue contre le passe sanitaire
Administrer les désastres ou y mettre un terme ?
Voir aussi cet article essentiel : Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable - L’idéologie catastrophiste, progressisme sous crack, est une arme de propagande et un programme politique-technologique au service du renforcement de l’État et de la réorganisation de la production capitaliste.
Notes de lecture du livre Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, de René Riesel et Jaime Semprun, publié aux Éditions de l’Encyclopédie des nuisances.
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1. De quel désastre parle-t-on ?
Le désastre est notre avenir officiel
« L’extinction finale vers laquelle nous entraîne la perpétuation de la société industrielle est devenue en très peu d’années notre avenir officiel ». Les « rubriques du catastrophisme ne manquent pas » : pénurie énergétique, dérèglement climatique, démographie, mouvements de population, empoisonnement ou stérilisation du milieu. L’infernal catalogue des menaces est connu, prédit, chiffré, certifié et mis à jour en temps réel par les experts officiels.
« La catastrophe est comme la bande-annonce, projetée en boucle sur tous les écrans, des temps à venir ». Et c’est par l’administration de cette catastrophe que nous sommes à présent gouverné·es. Il ne faudrait pas en conclure que la crise écologique totale est une pure fiction destinée à nous soumettre, mais il s’agit de comprendre qu’elle est aujourd’hui utilisée comme « une forme de propagande en faveur de l’organisation sociale existante ».
La société industrielle
Pour les auteurs, le véritable désastre, c’est la société industrielle de masse elle-même. Et sa capacité à capitaliser sur ses nuisances présentes ou à venir pour justifier son propre développement.
« La société de masse […] ne pose jamais les problèmes qu’elle prétend “gérer” que dans les termes qui font de son maintien une condition sine qua non. » Cela consiste à retarder son effondrement aussi longtemps que possible « en renforçant toutes les coercitions et en asservissant plus profondément les individus à la collectivité ».
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En complément : La résilience sert d’idéologie du consentement et de co-gestion du désastre - Non pas résister contre le désastre — social et écologique — en cours mais juste nous y adapter
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- En France comme en Chine : bureaucratie totalitaire centralisée et extrême capitalisme brutal
NOTES :
Mme Barbara Stiegler (article de Reporterre plus haut) fait un entretien intéressant, mais veut-elle nous libérer de l’idéologie libérale pour mieux nous mettre entre les mains de l’idéologie étatiste ? Se rend-elle compte que l’Etat et le capitalisme marchent ensemble dans la civilisation industrielle, avec la quête commune de puissance et de profits, et donc de productivisme destructeur et de gestion autoritaire ?
Se rend-t-elle compte qu’on a en réalité jamais été en démocratie ? Et donc que la démocratie ne peut pas être oubliée ou suspendue puisqu’il n’y en a pas. Et c’est bien parce qu’il n’y en a pas que des mesures si autoritaires et centralisées sont possibles.
On voit bien que la manière de gérer la crise pandémique du coronavirus par les Etats et le techno-capitalisme est la même pour les plus vastes désastres climato-écologiques en cours. Ils veulent profiter de toutes les situations, même les carnages qu’ils produisent en série, pour perdurer en imposant leur inévitable gestion autoritaire, centralisée, anti-démocratique et technocratique.
Le passe dit sanitaire et l’appareil totalitaire de contrôle policier qui va avec sont dans la continuité du passé, avec cette fois une forte accélération et un basculement dans le monde « sans contact » tout numérique.
- La croissance détruit tout ? Accélérons la croissance pour avoir les moyens de résoudre les problèmes qu’elle pose !
- La technologie consomme énormément d’énergies et de matières premières ? Multiplions les hautes technologies pour soi-disant économiser de l’énergie, contrôler les foules et faire de soi-disant énergies vertes !
- Au lieu de supprimer et diminuer les voitures, multiplions les voitures électriques, les taxi volants, les fusées spatiales, les satellites, la mobilité partout !
- Le numérique consomme énormément d’énergie ? Multiplions la 5G, les objets connectés, l’obsolescence des appareils électroniques, les bases de données stockées dans d’énormes centre serveur, la collecte automatique d’informations, la surveillance biométrique via logiciels algorithmiques, le commerce en ligne, les applis, etc. !
- Les peuples civilisés n’ont plus de capacité d’autonomie, de responsabilisation et de vie politique ? Accentuons leur dépendance, leur irresponsabilité, leur impuissance, mettons les sous cloche contrôlés par des flics, des injonctions médiatiques, sous perfusion de grands systèmes technologiques et numériques pour satisfaire tous leurs besoins, des plus élémentaires ou plus complexes ! (et ensuite reprochons leur d’être décérébré et irresponsable, pour bien les enfoncer et les perdre dans la double pensée et la double contrainte contradictoire impossible)
Les contestations légitimes du passe sanitaire se heurtent à deux obstacles importants :
- Le régime de démocrature en place : qui comme toujours ne cédera rien (ou presque) face à de simples manifestations et des autres moyens de communication. Les protestataires auront-ils la volonté et la force d’étendre les objectifs et surtout de passer réellement à l’action, et sans ce soucier des médias des pouvoirs ? Sauront-ils agir de manière pertinente sans attendre de bien hypothétiques mouvements de masse censés pouvoir changer la donne par des moyens uniquement « pacifiques » ? (le pouvoir ne cessant de vouloir rabattre les gens sur des communications, et sur des communicaitons pacifiques de surcroît (pétitionner ou marcher d’un point à l’autre encadrés par des flics), qu’il sait inoffencives et contrôlables)
- Les possibles limites des critiques : que veut-on ? Juste critiquer et rejeter ce gouvernement ou/et ses mesures (passe sanitaire, réformes libérales, privatisations...), et vouloir conserver le même système (la civilisation industrielle, le capitalisme et l’Etat, en résumé), qui inévitablement produit des désastres et nécessite obligatoirement une gestion autoritaire centralisée des masses via des dispositifs techno-policiers croissants ? Ou approfondir la réflexion et l’observation et rejetter tout en bloc ? Veut-on juste un supposé meilleur gouvernement, un impossible meilleur capitalisme, des hautes technologies fantasmées comme « gentilles » et une croissance plus « humaine » et maîtrisée, OU en finir avec les gouvernements, le technologisme, la croissance, le capitalisme et le productivisme ? Veut-on laisser des « élites » quelconques (contrôlées par les peuples ou pas) gérer mieux les désastres en laissant perdurer le système qui les produit ou veut-on en finir avec les sources des désastres ? Veut-on de meilleurs bergers ou veut-on l’autogestion radicale des moutons responsables ne formant plus de troupeaux passifs ? Veut-on continuer à dépendre des supermarchés et du commerce international ou veut-on une automomie locale fertile et ouverte ?
Comme à chaque fois, des réponses collectives à ces questions dépendront les suites du mouvement actuel.
Enlisement, découragement, débats sans fin, répétition de manifs rituelles, éparpillements sectoriels, épuisement, simple réformisme superficiel circonstancié, échec, OU basculement dans une large lutte radicale, acharnée et profonde, qui rejoint toutes les autres luttes puisque les sources des innombrables problèmes qui nous affectent sont à peu près les mêmes ?
- L’opposition à la société de contrôle symbolisée et amplifiée par le passe sanitaire s’affermit - Administrer les désastres ou y mettre un terme ?
- Grosse manifestation à Valence le 31 juillet
PASS SANITAIRE : NOUVELLE REUSSITE DE LA MOBILISATION, LE MOUVEMENT MONTE EN PUISSANCE
Selon les autorités, qui minimisent fortement le nombre de personnes dans la rue, il y avait ce 31 juillet, 204 090 manifestants et manifestantes contre le Pass sanitaire. Selon la même source, il y en avait 161 000 la semaine dernière, et114 000 la semaine d’avant. Au delà des batailles comptables, cela veut dire non seulement que nous étions plusieurs centaines de milliers dans la rue ce samedi, en plein creux de l’été, mais qu’en plus le mouvement monte en puissance de l’aveu même du ministère de l’Intérieur. Un phénomène inédit à cette période de l’année.
Un sondage paru aujourd’hui dans la presse dit que 51% des Français « comprennent les revendications », contre le pass sanitaire. Ils étaient quasiment deux fois moins il y a deux semaines. Parmi ces personnes, on trouve essentiellement les jeunes de 25 à 34 ans (69 %) et les classes populaires (71%). 40% des personnes interrogées « soutiennent » le mouvement. Les soutiens du mouvement le sont très largement parcequ’ils refusent qu’on leur « impose des mesures », loin devant « l’inquiétude à l’idée de se faire vacciner ». Les sondages ne sont pas toujours peu fiable, mais il suggère ici une montée en popularité de la mobilisation, observée dans la rue.
Il y a tous les ingrédients pour un mouvement massif, populaire et peut-être victorieux, si les infiltrés d’extrême droite et récupérateurs politiciens ne s’emparent pas des défilés. Il y a urgence à clarifier les revendications. Liberté pour toutes et tous, égalité pour toutes et tous. Ni mesures liberticides, ni mesures anti-sociales.
(post de Nantes Révoltée)
STRASBOURG 31/07
Nouvelles images de l’énorme mobilisation de samedi en France contre le pass sanitaire. Ici à Strasbourg où l’on avait rarement vu autant de monde, en plein été. Le pouvoir annonce 204 000 manifestants. Clairement, il devait y en avoir au moins 500 000. C’est énorme. Reste que Macron ne bouge pas d’un millimètre sur ce pass sanitaire. Il va donc falloir réfléchir à l’avenir de cette mobilisation... Pour ne pas enchaîner les samedi comme on pu le faire, courageusement mais en vain, les Gilets Jaunes.
(post de Cerveaux non disponibles)
🛑NON SOIGNÉE CAR NON VACCINÉE ?🛑
Dans une vidéo diffusée sur les réseaux, un ambulancier explique qu’une clinique a refusé une patiente venant pour effectuer un examen du cœur car elle n’avait pas de pass sanitaire.
Présentée comme un fake par de nombreuses personnes, la vidéo, et surtout l’histoire, se révèle malheureusement vrai.
Contactée par 20 Minutes, la société d’ambulance a en effet confirmé les propos de son salarié.
(post de Cerveaux non disponibles)
Valence le 31 juillet
3000, 4000... CertainEs disent beaucoup plus ! En tout cas beaucoup de monde à Valence ce samedi 31 juillet. Avec un pôle anticapitaliste et libertaire et quelques néo nazi tentant de prendre la tête de la manifestation sans succès. Liberté, Résistance sont les mots d’ordre les plus partagés. Les 500 tracts du NPA ont disparus en quelques minutes. La CNT, Solidaires, les Gilets Jaunes ont été essentiels pour animer le cortège et reléguer les néo nazi à l’état de suivistes.
(post de Anticapitalistes Valence nord Drôme Ardèche - NPA)
- L’opposition à la société de contrôle symbolisée et amplifiée par le passe sanitaire s’affermit - Administrer mieux les désastres ou y mettre un terme ?
- Grâce aux manifestations plus ou moins pacifiques, les flics ne perdent pas la main ! lol
🚒✊POMPIERS ANTI PASS✊🚒
Images fortes hier à Nice et en Guadeloupe où des pompiers ont participé aux manifestations contre le pass sanitaire. A noter qu’il y avait également de nombreux soignants un peu partout en France. Ceux qu’on a applaudi en 2020 se retrouvent menacés de licenciement en 2021... Drôle de reconnaissance ! En tout cas, cette mobilisation des pompiers montre que le mouvement s’amplifie et se diversifie, et gagne en popularité puisque la majorité des Français comprennent et approuvent ce mouvement contre le pass sanitaire !
(post de Cerveaux non disponibles)