L’ogre économique veut produire et encaisser les profits, peu lui importe les morts et les souffrances

L’économie ou la vie. Le gouvernement a déjà tranché

samedi 4 avril 2020, par Auteurs divers.

Alors qu’Emmanuel Macron, en visite dans une usine de masques près d’Angers, a aujourd’hui qualifié « d’irresponsables » ceux « qui cherchent déjà à faire des procès » concernant la gestion du gouvernement, nous, nous qualifions d’irresponsables ceux qui cherchent déjà à faire du profit, et tentent de faire payer aux travailleurs le prix de la crise sanitaire et économique.

Tout est mis en place pour qu’à l’issue de cette crise sanitaire, l’économie reparte comme avant, avec son lot de pollution, ses émissions incontrôlables de gaz à effet de serre, le mal-être généralisé de la population partagée entre stress permanent dans un travail dont nous ne comprenons pas toujours les finalités et l’angoisse du chômage et de la précarité. Le tout masqué sous les chiffres mirifiques d’une croissance retrouvée.

Il s’agit bien ici de sauver l’économie, une économie démocratique dans laquelle usagers et salarié.es définiront ensemble ce qu’il faut produire, et non plus une économie capitaliste dont le profit est l’aiguillon de l’orientation de celle-ci avec tous les ravages sociaux et écologiques qu’elle a produits.

L’ogre économique veut produire et encaisser les profits, peu lui importe les morts et les souffrances

🆘 REPRISE DU TRAVAIL MALGRÉ LE RISQUE SANITAIRE

La situation actuelle aura eu le mérite de révéler le cruel dilemme de notre époque : L’économie ou la vie. Le gouvernement a déjà tranché. « Il faut sauver le soldat Economie ! », crient-ils tous en chœur. Face aux eaux glacées du calcul égoïste nous choisissons la vie.

En pleine crise sanitaire, les entreprises annoncent progressivement la reprise du travail, en écho au gouvernement qui incite l’activité économique avec la « prime macron ». MacDonald a déjà annoncé sa réouverture, malgré l’inquiétude des travailleurs. Ceux qui s’y opposent subissent pressions et menaces, alors que ni gant ni masque ne sont prévus pour eux.

Dans d’autres entreprises, les travailleurs s’opposent aux patrons qui forcent la réouverture. C’est le cas de l’usine Bosch dans l’Aveyron, qui va rouvrir lundi. « Quand on sait que le marché automobile est totalement à l’arrêt, que les concessionnaires sont fermés, que les usines de Renault aussi… on a du mal à voir l’urgence » remarquent les syndicats. « On se demande même si ce n’est pas le gouvernement qui les incite à reprendre… ».

Même chose chez Airbus ou dans le BTP, où le gouvernement a carrément validé un « guide de préconisations sanitaires » qui oblige les travailleurs à retourner sur les chantiers malgré l’opposition des syndicats.

Cependant, l’avis médical est clair : la reprise du travail n’est absolument pas la priorité face à l’épidémie
. Un médecin de Haute-Garonne déclare sur RTL : « Ces derniers jours, on a vu beaucoup de patients qui nous ont dit : ’Moi, mon entreprise reprend lundi’. Il faut savoir ce que l’on veut. La priorité, c’est la santé. »

Ces décisions patronales sont soutenues par le gouvernement, qui montre bien quelle est la priorité : l’économie avant la vie. Sans aucune gêne, le préfet de Loire-Atlantique Claude d’Harcourt, dans une déclaration à la presse, accuse les entreprises à l’arrêt et pousse les travailleurs à reprendre le travail sur les chantiers ou sur les routes, car « la continuité économique est la priorité dans cette crise ». Le code du travail va être assoupli pour les entreprises, qui peuvent imposer les RTT aux travailleurs. La santé et la solidarité n’ont jamais été les priorités du gouvernement, qui œuvre main dans la main avec le patronat en incitant et forçant les travailleurs, avec primes et menaces. Les professions les plus touchées sont les plus précaires.
Nous n’oublierons pas la mort d’Aïcha Issadounène, 52 ans, caissière chez Carrefour, morte du coronavirus, ni celle de tous les autres.

(post et visuel de Rouen dans la rue)

L’ogre économique veut produire et encaisser les profits, peu lui importe les morts et les souffrances
Pas de masques pour les travailleurs employés à des activités non vitales... Y en a même pas assez pour les soignant.e.s !

Forum de l’article

  • L’ogre économique veut produire et encaisser les profits, peu lui importe les morts et les souffrances Le 8 avril 2020 à 17:54, par Camille Pierrette

    - Le travail invisible derrière le confinement. Capitalisme, genre, racialisation et Covid-19 - « Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent leur vie quotidienne des premiers – qui apportent les denrées aux boutiques, qui rangent sur les étagères, nettoient, tiennent la caisse, les éboueurs, les postier.e.s, les livreurs (j’en ai vu 3 déjà depuis ce matin), les conductrices/conducteurs de transport, les femmes de ménage des hôtels et les serveuses/serveurs des hôtels (qui restent ouverts et assurent un room service), et tant d’autres. Classe, genre, âge, racialisation, santé traversent les deux groupes mais les non-confiné.e.s sont les plus exposé.e.s.

    Dans les éléments du confinement, il y a celles/ceux qui vivent dans 12m2 et celles/ceux dans 150m2, qui peuvent se faire livrer ou pas, qui ont de quoi s’abonner à des tas de sites de streaming ou pas, qui ont un grand débit pour assurer les cours à la maison ou pas, qui peuvent aider les enfants à faire les leçons ou pas, qui ont un ordinateur et une imprimante ou pas, qui sont totalement isolées ou pas, qui ont des papiers ou pas, qui sont financièrement à l’aise ou pas, les femmes et enfants qui vivent avec des compagnons violents, les femmes seules avec des enfants, bref, des milliers et milliers de situations noyées sous le discours d’union nationale dans un pays où les inégalités, les violences d’état, le racisme et le sexisme organisent la vie sociale depuis des années.

    Les actes de solidarité, nombreux, qui s’organisent et sont formidables ne doivent pas remplacer les responsabilités de l’État. (Je parle là de la vie quotidienne, pas du personnel médical et de toutes les personnes qui assurent la vie d’un hôpital – donc aussi celles et ceux qui nettoient, gardent, font l’administration… – évidemment très exposé). Le confinement est rendu possible grâce à toutes ces personnes invisibilisées et bien trop souvent mal payées et exploitées. »

    Ce que soulignais ici, c’est la permanence d’une structure : ce qui rend la vie possible en temps « normal » comme en temps de pandémie, ce n’est pas seulement l’exploitation, mais l’invisibilisation du travail effectué par des millions de femmes, mais aussi d’hommes. Notre solidarité avec le personnel soignant ne doit pas nous faire négliger la solidarité nécessaire avec tou·te·s les galérien·ne·s du capitalisme en temps de pandémie.

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