Elle m’avait marqué cette fille, adossée au mur du préau. Elle avait la classe avec ses cheveux en bataille, sa clope entre ses lèvres pulpeuses et son large T shirt noir avec le A se Anarchie dans le dos. Elle avait ce style avec le pantalon déchiré et les baskets toutes gribouillées au stylo et à l’acrylique.
Elle m’intimidait, dans la salle d’arts plastiques, quand elle passait et qu’elle me regardait avec ses yeux sombres en amende. Elle m’intimidait avec sa tête haute. Elle avait ce comportement hautain presque péteux qui m’étonnait un peu. Pourtant, la froideur de ses yeux et sa manie de snober étaient compensés par sa classe et par les couleurs qu’elle portait.
Un jour, je me suis assise en face d’elle sur cette large table toute peinte. J’étais plutôt loin de mes camarades, partagées autour de la grande table, et elle était là en face avec sa frange qui cachaient ses yeux, son masque noir sur le visage et ses écouteurs. Elle était coupée du monde.
J’étais penchée sur ma feuille, absorbée par mon travail. J’ai baissé mon masque, j’avais besoin de respirer, de réfléchir, et j’ai mis mon casque avec la musique, en me noyant dans le dessin moi aussi.
Je me fais couper par sa main sur ma feuille. Je lève la tête et enlève mon casque et reçois ses éclairs dans les yeux. Elle marmonnait des mots à mon attention derrière son masque.
« Désolée, j’ai pas entendu.. »
De son bout de table, cette belle fille au T shirt anarchiste, cette ’’bad girl’’ à la clope, m’avait demandé de remettre mon masque correctement.
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