L’EFFONDREMENT, C’EST LA SOLUTION,
...du problème, qui est la civilisation. C’est pourquoi il est assez gênant de lire les commentaires de connaissances ou d’amis disant qu’il n’y a plus rien à faire, que c’est foutu, qu’il n’y a plus qu’à « amortir l’effondrement à venir de la civilisation industrielle », alors, d’une part, que cet effondrement ne se profile aucunement, que tout continu d’empirer tous azimuts – et d’autre part qu’il ne serait pas une fin tragique mais de bien des manières une délivrance, la fin de la catastrophe,
- L’effondrement ...de la civilisation industrielle, c’est la solution
- La catastrophe c’est que tout continu comme avant
« c’est ce que ne parviennent pas à comprendre ces réclamants d’une dystopie durable, d’un expansionnisme dont on aurait domestiqué la sauvagerie, dont des objections de bon sens auraient modéré la mégalomanie, le sauvant de lui-même et nous ménageant des siècles d’Internité. Que c’est au contraire, que s’il est à l’heure enfin de s’autodétruire, de précipiter lui-même son désagrègement et de parvenir à son apocalypse au terme de tous ses accomplissements selon les prémisses, de toutes ses logiques conduites jusqu’à leurs dernières prétentions aberrantes, que s’il est trop tard pour autre chose, tout retardement l’est aussi d’en être libéré. Et puis c’est vainement, on sait – on a bien vu – que depuis le début ont échoué – désabusement et amertume – chaque tentative de lui faire renoncer à quelque démiurgie que ce soit, à la moindre de ses innovations, de le distraire ici ou là de son programme, de le réfréner d’aller au bout de tout dévorer – la dévoration étant son mode d’existence – en lui opposant des raisons humaines ou simplement sensées ; sentimentalités d’âmes débiles à son jugement, qu’il extirpait pour faire place à ses bagnes fumeux, ses fabrications en masse, ses villes énormes, ses lignes à haut voltage et ses pistes d’aviation, ses vivisections et ses fécondations in-vitro. Et c’est le naïf aussi de ces navrements humanistes et de leurs doléances, de ces veilles à la bougie sous un ciel muet, que d’imaginer lui faire épargner, au nom de conjecturales générations futures, des “valeurs” pour lui dépourvues de signification – qui n’existent que dans leurs têtes –, des valeurs dont il a déjà consigné les rapports d’autopsie après les avoir éviscérées : de simples illusions qui cessent avec la vie. Leur méprise et courte vue : c’est au contraire : plus accéléré son métabolisme, plus total l’achèvement de son empire sur toutes choses, plus hâtée sa ruine – la fin de cet égarement et la restitution de la vie. » (Baudouin de Bodinat, Dernier Carré n°1).
(Bien entendu, sont encore plus égarés ceux qui rêvent d’en revenir au « monde d’avant », dont nous ne sommes en réalité jamais sortis, duquel est en revanche sortie cette pandémie, qui en promet d’autres comme il promet une myriade de catastrophes ultimes, diverses et variées, écologiques et sociales, en aboutissements des innumérables désastres d’ores et déjà en cours depuis bien avant le covid19 (voir en PS plus bas).
Tandis que les écologistes et autres « militants pour le climat », ces « réclamants d’une dystopie durable » qui en appellent à une « vraie loi climat », à ce que les États prennent les mesures nécessaires pour neutraliser le problème carbonique de la civilisation techno-industrielle, rivalisent de naïveté avec tous les bonimenteurs ayant signé des tribunes exaltant quelque « monde d’après » plus bio, plus juste et plus gentil durant les premiers mois de la pandémie).
Post de Nicolas Casaux
Faire s’effondrer la civilisation au lieu d’attendre son effondrement terminal qui nous entraînerait au gouffre
Si on attend que la civilisation fasse tout effondrer, alors on crèvera toustes avec elle dans le désastre final, alors effondrons la au plus vite, pour nous et les autres vivants.
Le problème, c’est que la civilisation industrielle (Etat, capitalisme, économie, patriarcat...) ne s’effondrera pas avant d’avoir tout ravagé, avant qu’elle ait "effondré" tout le reste (climat, vie sociale, êtres vivants, substrat de la vie...).
Une hypothétique décabornation de l’Economie permettrait, au "mieux", de laisser un petit peu de sursis avant que la civilisation ne rende la planète inhabitable, ce qui nous permettrait en théorie d’avoir davantage de temps pour faire s’effondrer la civilisation pour de bon.
L’ennui, c’est que, même si la planète restait habitable, la civilisation aurait quand même produit entre temps d’immenses carnages non-rattrapables (destruction d’animaux, de plantes, d’arbres, d’humains, de cultures...).
Une course contre la montre est donc engagée entre les actions volontaires de résistance pour faire s’effondrer la civilisation industrielle et les forces qui veulent faire durer la civilisation industrielle qui détruit tout et fait s’effondrer le règne vivant et ses habitats.
Si on bâtit en grand partout des autonomies, des démocraties directes, des activités autogérées, des espaces libérés, alors le nécessaire effondrement provoqué/hâté de la civilisation sera moins rude et moins susceptible de conduire à de nouveaux régimes autoritaires. Et ces mondes intersticiels, communaux, seront d’autant plus attractifs s’ils sont forts et étendus.
Profitons de la crise structurelle de la civilisation industrielle, de ces moments de faiblesse, de la révélation croissante de sa violence structurelle, suicidaire et irréformable pour pousser le bouchon.
Des soulèvements et insurrections pourraient alors accélérer les basculements révolutionnaires et asseoir la puissance d’attraction des espaces déjà libérés.
A l’avenir, l’Etat, le régime policier et les forces capitalistes ne pourront plus en même temps contenir et masquer les catastrophes qu’ils provoquent partout ET écraser les soulèvements et les espaces libérés conséquents.
Si la civilisation industrielle essaie de se réformer franchement, ce qui est fort improbable et assez impossible, ça ne fera que l’enfoncer, l’affaiblir, et révéler, en creux, la nécessité de faire sans elle.
Ne soyons plus dupes des futurs jolis discours et des éventuelles velléités de nouvelles constitutions, de nouveaux gouvernements. Au mieux, ces contre-feux opportunistes atténueront temporairement notre joug et permettraient de consolider les espaces libérés, mais il n’en reste pas moins que la destitution de la forme Etat/gouvernement devra se poursuivre au profit des fédérations de lieux communaux et autogérés surgis des luttes et des autonomies.
(voir le livre de Jérôme Baschet, Basculements, pour de plus amples développements et perspectives)