Tic, tac, tic, tac, tic
Trois heures du matin, je referme les yeux
A nouveau mon cerveau fixe ces gens en sang
Les membres amochés la gueule fracturée
Leur cri triture encor’ ma tête sidérée
Ma bulle alors s’envole et le rire s’étiole
Quand l’insulte surgit parmi les gaz et frappe
Une manifestante, qui de son auréole
Veut raisonner les flics.
***
Tic, tac, tic, tac, tic
Je suis loin maintenant tout au fond de mon lit
L’heure passe et je pleure, l’eau salée adoucit
Mes joues creusées d’angoisse et de honte subie
Le conflit me fait mal, la douleur me fait peur
En deçà des étoiles, la matraque s’abat
Comme un coup de tonnerre sur un vieux pacifique
Gilet jaune en colère : dos au mur il fait face
A un Pouvoir inique
***
Et je saute et j’attrape
Des bulles d’hélium
Des bulles de savon
Des bulles de couleur
Pour nettoyer ma tête
De tout ce sang versé
Pour nettoyer mes yeux
De tous ces coups portés
Et laver mes oreilles
De tous ces maux criés.
Enfin, pour m’envoler
Vers la douce folie
De baisers, de baisers
De baisers infinis.
Marjorie Keters, Pantin, le 4 février 2020