Gilets jaunes : le gouvernement Macron veut diviser et gagner du temps pour mieux essayer de réprimer

Ne tombons pas dans le piège des « négociations », des représentants et de la division

vendredi 30 novembre 2018, par Camille Pierrette.

Ces derniers jours, sur le front de la révolte des gilets jaunes, on a vu naître des pseudo portes-paroles ou représentant.e.s, des débuts de dialogues plus ou moins confus avec l’Etat, ses préfets et son gouvernement, et aussi des discussions sur certains médias.

Macron, son gouvernement et ses députés godillots ont essayé d’enfumer avec des « je vous ai entendus » (mais je vais juste changer de méthode pour tenter de mieux vous avoir) et un « haut conseil au climat » aussi bidon qu’inutile.

Ces discours dérisoires n’ont fait qu’exacerber la colère de la plupart des gilets jaunes (dont je fait partie comme je peux, que j’essaie d’observer et de comprendre de l’intérieur), ça a aussi confirmer la justesse et la légitimité de la révolte.

A la télé, les prétendus experts, les journalistes et les politiciens discutent et débattent entre eux, ils dissertent abondamment sur les gilets jaunes, mais le plus souvent sans eux, et on retrouve la langue de bois habituelle, le mépris de l’expression « grogne sociale » (Sachez que nous ne sommes pas des animaux, nous sommes des humains révoltés et nous avons des revendications, des objectifs...), les discours creux, la réduction des révoltes à une question de taxes et de gasoil, alors que on sent et on entend une révolte plus profonde, qui vient de loin.

Bref, politiciens et médias grognent, font leur show et leur business, essaient de récolter des marrons du feu. Ce qui n’a rien d’étonnant.
Soyons vigilant.e.s à ne pas tomber dans leurs pièges.

Méfions nous de tous les partis politiques, et aussi des syndicats réformistes (je ne parle pas des militant.e.s, mais des instances dirigeantes), toujours tentés de récupérer à leur profit et de réduire la révolte, évitons de gaspiller de l’énergie dans ces histoires de porte paroles et de représentants auprès de l’Etat. C’est une stratégie de Macron pour diviser et réduire nos objectifs à des petites choses secondaires auxquelles il apportera peut-être quelques réponses pour tenter de calmer le jeu.
Il est plus urgent me semble t-il de discuter, de faire des assemblées sur les points de rassemblements/blocages que d’élire des portes paroles.
Notamment parce qu’il est vain de dialoguer avec un gouvernement sourd et dangereux, un gouvernement irréformable lié à des institutions non-démocratiques qui veut maintenir son cap. Mieux vaut s’organiser dans chaque groupe local, en ayant des liens/contacts/coordinations avec les autres groupes.

A ce stade, face à un système politique non démocratique, pro-riches et arrogant, il n’y a rien à demander aux politiciens, à Macron et aux autres, si ce n’est leur départ, et il n’y a rien à négocier si ce n’est les conditions de leur départ.

Même si des soi-disant porte parole sont au départ sincères et révoltés, le Pouvoir fera tout pour les retourner, les corrompre, les entraîner dans des bourbiers de négociations, de promesses bidons et de fin des actions militantes pour qu’on rentre dans le rang contre quelques sucucres dérisoires (un peu de sous, une taxe en moins).

Sauf que le système politique et économique (la non-démocratie autoritaire et le capitalisme totalitaire qui détruit le climat et le monde vivant) qui nous broie sera toujours là, et continuera à nous broyer, à nous maintenir dans l’impuissance et la misère !

Gilets jaunes Drôme, blocage par barrage du dépôt pétrolier Porte-lès-Valence 28 novembre 2018

Le gouvernement veut gagner du temps et diviser

Macron et ses sbires chercheront à séparer ceux qui veulent négocier des autres, ceux qui filtrent de ceux qui bloquent, ceux qui font des barricades de ceux qui font des manifs déclarées, ceux qui mettent un masque pour se protéger des lacrymos et ceux qui n’en mettent pas, ceux qui lancent des objets sur les flics et ceux qui préparent des repas, etc.
Et si nous les gilets jaunes on se laisse séparer en plusieurs petits sous groupes, notre force de frappe sera moins forte, et le gouvernement pourra réprimer ensuite plus facilement de manière ciblée des groupes plus petits.
Macron et son gouvernement ont choisi la tension, ils veulent augmenter la répression pour que certaines personnes répliquent, afin de pouvoir justifier une répression accrue. Ne tombons pas dans le panneau, restons calmes, et si des gilets jaunes en viennent à des actions d’auto-défense plus « forte », soutenons-les également.
Pour faciliter la répression policière et son « acceptation », Macron et ses ami.e.s essaieront aussi de désigner à la vindicte populaire via les merdias complices : « casseurs-casseuses », « illégaux », « manifestant.e.s contre la démocratrie », irresponsables « destructeurices de l’économie et de l’emploi ».
Déjà, on entend des commerçants et des industriels se plaindre des atteintes à la prétendue « liberté économique », déjà les médias et les politiciens dénigrent partout en boucle les « casseurs » (ainsi que nombre de gilets jaunes) et les « irresponsables ».

Déjà, c’est assez comique de voir des politiciens, industriels et médias acteurs d’un système irresponsable et violent qui casse tout, nos vies, le climat, la nature, les solidarités, les services publics, les trains..., traiter des émeutiers amateurs de « casseurs » et des révoltés légitimes d’irresponsables !

Ensuite, de qui parle-t-on ? A Paris le 24 nov, les émeutiers étaient très divers. Il y avait malheureusement des petits groupes de militants d’extrême droite, mais aussi et surtout toute sorte de gilets jaunes en colère montrant une détermination exemplaire.
Il y avait quelque chose de beau, de punk, de têtu et rebelle, dans cette volonté simple d’aller chercher Macron à l’Elysée pour le virer ! :-)
Quelle belle manière de faire de la politique !

Et, de quoi parle-t-on ? Ériger et enflammer des barricades n’a rien de violent au regard de la situation, c’est juste de la légitime défense, de l’auto-défense.
Encore une fois, quelques bris de matériels de chantier, quelques fauteuils brûlés de bars richissimes des Champs Elysées ne sont rien du tout par rapport aux innombrables violences et destructions structurelles que subissent quotidiennement les peuples, surtout les plus pauvres, ici et ailleurs.
Bien sûr ça peut faire peur, on n’est pas habitué, alors que chacun.e agisse comme il l’entend. Mais on a vu aussi que nombre de gilets jaunes, au départ « pacifistes », voyant et subissant la réalité des violences policières qui servent à protéger Macron et à garder tel quel le système en place, se sont énervés et voulaient en découdre avec les CRS.
- Voir aussi : Violences policières : « Ma vision de la France a changé : je suis choquée mais j’y retournerai » - Nous publions un nouveau récit poignant d’une manifestante, à propos de la violence policière qui s’est abattue sur les gilets jaunes samedi dernier à Paris.

Le coût humain du capitalisme, 20 millions de morts chaque année !

Quand un système non-démocratique, autoritaire et verrouillé, méprise et réprime des gens, quand le capitalisme lié complètement aux Etats et aux lobbies détruit le monde vivant partout, pas étonnant qu’à un moment des gens se révoltent. Ce qui est étonnant, c’est qu’ils ne se révoltent pas plus souvent et plus fortement.
Face à ce système politique et économique violent, extrémiste, cynique et illégitime, c’est notre droit et notre devoir de nous révolter, pour le bien vivre de toustes, pour la solidarité, pour stopper ce qui nous détruit, pour commencer à envisager ensemble d’autres voies (démocratie directe ?, sortie du capitalisme ?, auto-organisation ?, écologie au service du vivant et des plus pauvres ?...).

Bref, restons divers, comprenons les diverses formes d’action des un.e.s et des autres au lieu de faire le jeu de l’Etat, de ses flics et des merdias en attisant la répression et des débuts de dénigrements mutuels.


- Voir aussi : Petits conseils amicaux aux gilets jaunes et autres révolté.e.s inexpérimenté.e.s - Afin de tenir dans la durée, de virer Macron et toute la clique des exploiteurs et politiciens, et de continuer une insurrection libératrice, solidaire et anti-autoritaire
Voici quelques conseils simples et de bon sens, notamment pour les personnes « novices » n’ayant jamais beaucoup manifesté/contesté.

P.-S.

- Le 8 décembre, il y une journée de mobilisation pour le climat et la vie sur Terre. Ce serait l’occasion de faire rimer fortement écologie avec justice sociale, écologie et justice sociale avec luttes collectives déterminées.
Les gilets jaunes ont ouvert courageusement la voie, élargissons-là.


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