En france, il paraît qu’on vit dans une République démocratique laïque et sociale, donc tout va bien, on peut continuer tranquillement à protester, à envoyer des doléances bien tournées aux gouvernants, aux députés et ministres, et à attendre sagement leur réponse, ou à compter sur les prochaines élections de représentants.
Mais imaginons qu’on subisse, un jour, en France ou ailleurs, sait-on jamais où on va aller habiter, horreur malheur, un régime très autoritaire ultra-policier qui réduit/détruit les moyens légaux de contestations, ignore complètement ceux qui les utilisent et généralise une surveillance totale et permanente de tout le monde.
Je sais, c’est complètement irréaliste de dire ça, « on n’est pas en Chine voyons », mais, pour exciter l’imaginaire et la fantaisie de l’anticipation, imaginons malgré tout qu’on se réveille un jour par mégarde dans un système antidémocratique bien ancré, un régime de type totalitaire où la police et des tyrans dictent la loi, qui interdit de fait les manifestations sous un prétexte ou un autre et/ou les réprime systématiquement.
Si par malheur un tel régime voyait le jour chez nous, mais heureusement ça n’arrivera pas car nous sommes dans le pays des droits de l’homme et pas en Turquie, comment ferait-on pour résister et impulser des changements positifs ??
- Idées d’actions de résistance dans un hypothétique régime ultra-autoritaire et policier imaginaire
- Anticipation, imagination... au cas où le pire arrivait
En cas de système autoritaire avancé qui détruit la nature et nos droits sans vergogne, imaginons que par malheur des millions de gens ne se lèvent pas pacifiquement pour occuper durablement les rues et les centres industriels, et ainsi provoquer la chute du régime. Que resterait-il alors comme actions possibles aux plus ou moins grandes minorités rebelles ?
Anticipation : en cas de régime totalitaire ultra-policier imaginaire
Dans un tel régime, il y aurait peut-être encore quelques moyens légaux de contestations, comme :
- Des manifestations hyper filtrées avec nasses mobiles entre un point A et un point B
- Le droit d’écrire des articles subversifs dans quelques médias indépendants (malgré les risques de procès)
- Le droit de chanter, brièvement, dans les rues des textes pas trop dérangeants
- le droit de se réunir à pas trop nombreux et pas trop longtemps
- le droit de faire des pétitions non diffamatoires
- et ?
Evidemment, ces moyens légaux n’auraient aucun effet sur la marche en avant d’un hypothétique futur régime de type totalitaire, ils serviraient juste à ce que les rebelles se donnent de la force, ne se sentent pas seuls, et aussi à propager des idées. Tandis que le régime s’en servirait pour montrer qu’il n’est pas si méchant.
Pour ce qui est des grèves consistantes, même si elles ne sont pas interdites elles seraient de fait très difficiles à mener du fait de la pression économique et de la pression martiale de l’éventuel futur gouvernement de type totalitaire (et aussi des médias liés à ce régime), de la perte d’autonomie, des pressions et exactions policières, de la domestication par les loisirs et la consommation, de la peur du chômage ou d’une carrière brisée, des contrats précaires aux statuts peu protégés et de l’éclatement individualiste des travailleurs.
La grève pourrait rentrer suivant les cas dans les catégories illégales ou légales de masse.
Les résistants se retrouveraient sans doute à devoir utiliser des moyens dits illégaux, on peut en distinguer deux types :
1. Ceux qui se feraient en masse :
- Emeutes, avec incendies, pillages et destructions de bâtiments industriels ou commerciaux, etc. (voir révoltes en Biélorussie ou au Chili récemment)
- Blocages : de routes, de ponts, de raffineries, etc.
- Occupations de rues, de places, d’entreprises, etc. (voir « printemps arabes »)
Pour ce type d’action sous un (heureusement) hypothétique régime totalitaire, il faudrait vraiment être nombreux, soudés, pour arriver à empêcher la répression et submerger les forces de l’ordre.
Il persisterait malgré tout le risque de déplorer des blessés, morts ou arrêtés.
Malgré l’effet de masse, il serait conseillé d’être aux maximum masqués, non identifiables, pour ces actions là, notamment pour les émeutes et blocages.
2. Ceux qui se ferait plus ou moins clandestinement, par un individu ou un petit groupe, exemples :
- Entraides et cultures de résistance souterraines
- Expression : banderoles, tags, radios pirates, tracts, affichages, journaux pirates papier, sites web anonymes, etc.
- Réunions secrètes (avec l’aide de techniques secrètes de communication, voir résistance française en 40)
- Dégradations : de bâtiments, véhicules, engins...
- Sabotages (mise hors service) divers d’infrastructures clefs, d’engins, de réseaux...
Ce deuxième type d’actions se feraient sans doute presque toujours masqué intégralement, de préférence de nuit, loin des forces de l’ordre et des caméras (sauf si non identifiable et action rapide).
Les rebelles se méfieraient comme de la peste de tous les outils numériques, des GPS, des téléphones mobiles, des ordinateurs, des voitures hightech, ils cultiveraient le secret et des habitudes bien ancrées de sécurité. Et s’ils utilisaient ces outils modernes, ce serait avec moult précautions en tenant compte des risques par rapport à la situation et la surveillance.
Dans cette hypothèse imaginaire, les rebelles se feraient très discrets dans la vie courante, et éviteraient en toute circonstance au maximum les forces de l’ordre et assimilé.
Quand ils passeraient à l’action, il s’agirait plutôt d’actions éclair, rapides, furtives, imprévisibles, surprises. Les traditionnelles méthodes de guérilla utilisées contre des dictatures deviendraient pertinentes. En effet, dans un rapport asymétrique et face à une très forte répression, on constate dans les récits historiques que les rebelles évitent le plus souvent de se confronter aux forces armées et policières, ils les esquivent, les prennent à revers, les attirent à un endroit pour agir tranquille ailleurs, etc.
Pour éviter le risque d’impopularité et une répression encore plus féroce, les rebelles fuieraient autant que possible la lutte armée.
De plus, vu les risques et les enjeux, les rebelles éviteraient de perdre du temps (sauf en phase d’apprentissage) dans des actions ayant peu d’impact, dans des actions purement symboliques.
Ils prendraient plutôt le temps de faire du répérage et de bien choisir les cibles au lieu d’agir sous le coup de l’émotion ou de la « mode » du moment.
Conclusion
Mais heureusement, on est en France, la démocratie règne partout, et on n’aura pas du tout besoin d’en arriver là, de quitter nos habitudes pacifistes légalistes et de se former à d’autres méthodes de résistance qui spontanément nous révulsent et nous sont très étrangères.
Louons la république française, la démocratie, qui nous permettent de changer les choses tranquillement par des moyens légaux, nous épargnant les affres de la clandestinité et de la guérilla, nous évitant d’utiliser en désespoir de cause de multiples moyens illégaux.