IA & chatbot : Imiter les machines qui nous imitent, ou rester (redevenir) humain ?

Cette vidéo fait une bonne critique des réseaux sociaux, qui par essence transforment les humains en trolls, et où les humains finissent par imiter les « rationalités cybernétiques » (les « intelligences artificielles »).
Le chatbot « autonome » Tay de Microsoft vire vite à l’extrême droite nazie, et le pire c’est que ce n’est sans doute pas un bug...
Il est illusoire de « moraliser » les réseaux sociaux, comme il est illusoire de chercher à moraliser le capitalisme.

De même qu’après avoir détruit la planète, exterminé une immense partie des espèces animales et appauvri les neufs dixièmes des êtres humains au profit d’une minorité toujours plus réduite de bénéficiaires, le capitalisme finira nécessairement par se dévorer lui-même, les réseaux sociaux, par nature, ne seront plus un jour peuplés que par deux espèces : les trolls et les agents conversationnels, et ils seront indiscernables. Parce que le danger représenté par l’Intelligence artificielle n’est pas que des machines puissent commencer à penser comme nous.

Le danger, c’est que nous puissions nous mettre à penser comme elles. Le problème n’est pas que les agents conversationnels soient des cons. Le problème, c’est que, à force de coexister avec eux et de vivre dans un milieu favorable à leur expansion, nous finissions par éteindre notre sensibilité afin de devenir leurs semblables.

IA & chatbot : Imiter les machines qui nous imitent, ou rester (devenir) humain ?

Tay, le chatbot de Microsoft qui est parti en vrille, ou au contraire qui a trop bien marché...?

Imiter les machines sans avoir besoin d’en devenir une

Une vidéo à montrer aux jeunes et autres adeptes de réseaux, avant qu’ils ne soient perdus dans le Métavers et rejoignent définitivement le monde des machines ?

Il manquerait dans cette vidéo une critique de la haute technologie (intrinsèquement anti-démocratique et anti-écologique) et des ravages écologiques qu’elle implique, mais ce n’était pas le sujet de cette vidéo.

Dans le monde virtuel, les machines cybernétiques imitent les humains, puis les humains imitent les machines et perdent leur humanité. Ce qui correspond bien au fantasme de la délivrance si bien décrit par Aurélien Berlan dans le livre « Terre et liberté » : quitter la souffrance du corps et des réalités terrestres perçues comme des « prisons » pour tenter de fusionner avec les machines, pour se fondre dans le numérique virtuel. C’est impossible, mais l’humain ayant un esprit plastique il arrive/arrivera à tellement bien imiter les machines qu’il n’aura pas besoin d’en devenir une pour se comporter comme elles.

IA & chatbot : Imiter les machines qui nous imitent, ou rester (devenir) humain ?

Dans le monde virtuel, les machines cybernétiques imitent les humains, puis les humains imitent les machines et perdent leur humanité

Pour aller plus loin :

 Cet excellent livre : L’Intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle - Anatomie d’un antihumanisme radical - par Éric Sadin

 Des articles sur Ricochets, dont :

• Un robot humanoïde réaliste bientôt en magasin - La série TV Real Humans bientôt dépassée -Est-ce vraiment le monde que nous souhaitons ?
• Le téléphone portable, un outil non neutre dont la fabrication et l’usage entraîne de multiples conséquences fâcheuses... - Vivre sans téléphone portable ? Filmer la police comme seule liberté ? Imaginer une autre société reposant sur des basses technologies ?
• Critiquer radicalement la société technologique et capitaliste, pour ouvrir des voies d’émancipation sociale inventant leurs propres techniques - S’émanciper de la domination technicienne et capitaliste, ce n’est pas retourner à la bougie, c’est inventer d’autres techniques, correspondant aux choix collectifs

 Des livres et articles vivement conseillés au bloc des gens de-gauche qui sont toujours de fervents adeptes du numérique et des hautes technologies, du « développement des forces productives », de l’émancipation et du « progrès » par les technologies qui ont été forgées pour les besoins des pouvoirs, pour les intérêts de l’Etat et du capitalisme.