Cette société hyper technologique rêve de robots perfectionnés et de pseudo « intelligences artificielles ».
Le système technicien est déjà omniprésent et déterminent, il ne cesse de s’étendre, au détrimant du vivant qu’il remplace ou contribue à détruire directement (pollution, déforestation, pesticides...) ou indirectement (climat déréglé).
L’Etat et le technocapitalisme ont absolument besoin de poursuivre les chimères cybernétiques pour se maintenir, mais nous ? Est-ce vraiment le monde que nous souhaitons ?
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- Donner une apparence humaine aux robots autonomes, pour mieux faire accepter leur radicale singularité ?
La société robotique « Engineered Arts » se paye un gros coup de com :
Le « robot à forme humaine le plus avancé au monde » a récemment été dévoilé par la société de robotique britannique Engineered Arts. Et c’est absolument incroyable.
Nommé Ameca, ce robot présente un certain nombre d’expressions faciales parmi les plus convaincantes à ce jour, avec des mouvements musculaires synthétiques et des commandes de motricité ultra fine. Pour l’heure, Ameca n’est qu’une plate-forme de test pour l’innovation des expressions, mais il est prévu, à terme, de coupler la forme du robot avec une IA embarquée afin qu’il puisse interagir avec les humains.
Plus d’infos sur ce robot « humanoïde » hightech
Bientôt, la série TV Real Humans et ces « hubots » pourrait devenir réalité.
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- Série Real Humans : bientôt rattrapée par la réalité ?
La quête prométhéenne de certains humains (pour la puissance et/ou l’immortalité) rejoint les besoins des structures impersonnelles de la civilisation industrielle (puissance, valorisation du Capital, contrôle...).
A l’heure où la planète Terre pourrait devenir (quasi) inhabitable (pour les espèces les plus volumineuses, mais les bactéries survivront), des milliardaires et des Etats projettent d’établir des colonies extractivistes sur Mars ou la Lune. Pour y parvenir, ils accentueront les saloperies qui rendent la Terre invivable.
A l’heure où les humains se dissolvent déjà dans les flux logistiques des marchandises et les habitus numériques et virtuels, le système en place vante les robots humanoïdes, le sans-contact et les rationalités cybernétiques. Pire, il nous présente ces saletés technologiques comme des « solutions » géniales et fun aux désastres créés par la techno-industrie.
A l’heure ou les écosystèmes et les êtres qui y habitent sont massacrés en masse par les nombreuses conséquences néfastes et inévitables du système techno-industriel productiviste, les puissants et leurs admirateurs rêvent de machines autonomes, de robots détachés des conditions permettant à la vie de s’épanouir, de cultures végétales hors sol et hors soleil, ...afin de continuer le plus longtemps possible le productivisme et perfectionner la techno-industrie.
A l’heure où il faudrait vraiment dire STOP et virer de bord, le système et ses agents criminels veulent accélérer dans la même direction, avec les mêmes idéologies et les mêmes outils meurtriers.
Pour prendre un exemple parlant : au lieu de sauver les insectes pollinisateurs en arrêtant le système en place et donc les produits qui les tuent, il s’agit de créer des plantes OGM se passant d’insectes, de créer d’autres produits qui poseront d’autres problèmes et des drones miniatures pour polliniser à la place des espèces disparues.
La mort générale plutôt que tuer la Machine ?
Les graves pénuries et les catastrophes mortelles imposées à tout le monde sur fond de dystopies totalitaires OU l’arrêt forcé de la Machine, la mise à l’écart de ses défenseurs acharnés et la décroissance radicale choisie, égalitaire, solidaire et démocratique ?
Les multiples agents du système en place, ses soutiens et profiteurs... ont choisi d’idôlatrer la Machine et ses marchandises jusqu’au fond de l’abîme, jusqu’au coeur de l’apocalypse consécutif à ce choix. Et vous ?
Ne pas choisir, ne rien faire, revient à laisser la main à la méga-Machine.
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- Préférer la singularité binaire des machines à la place de la mystérieuse complexité du vivant qu’on éradique ?
D’autres voies sont possibles : Critiquer radicalement la société technologique et capitaliste, pour ouvrir des voies d’émancipation sociale inventant leurs propres techniques - S’émanciper de la domination technicienne et capitaliste, ce n’est pas retourner à la bougie, c’est inventer d’autres techniques, correspondant aux choix collectifs
Compléments
LIVRE : L’Intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle - Anatomie d’un antihumanisme radical - par Éric Sadin
C’est l’obsession de l’époque. Entreprises, politiques, chercheurs… ne jurent que par elle, car elle laisse entrevoir des perspectives économiques illimitées ainsi que l’émergence d’un monde partout sécurisé, optimisé et fluidifié. L’objet de cet enivrement, c’est l’intelligence artificielle.
Elle génère pléthore de discours qui occultent sa principale fonction : énoncer la vérité. Elle se dresse comme une puissance habilitée à expertiser le réel de façon plus fiable que nous-mêmes. L’intelligence artificielle est appelée, du haut de son autorité, à imposer sa loi, orientant la conduite des affaires humaines. Désormais, une technologie revêt un « pouvoir injonctif » entraînant l’éradication progressive des principes juridico-politiques qui nous fondent, soit le libre exercice de notre faculté de jugement et d’action.
Chaque énonciation de la vérité vise à générer quantité d’actions tout au long de notre quotidien, faisant émerger une « main invisible automatisée », où le moindre phénomène du réel se trouve analysé en vue d’être monétisé ou orienté à des fins utilitaristes. Il s’avère impératif de s’opposer à cette offensive antihumaniste et de faire valoir, contre une rationalité normative promettant la perfection supposée en toute chose, des formes de rationalité fondées sur la pluralité des êtres et l’incertitude inhérente à la vie. Tel est l’enjeu politique majeur de notre temps.
Ce livre procède à une anatomie au scalpel de l’intelligence artificielle, de son histoire, de ses caractéristiques, de ses domaines d’application, des intérêts en jeu, et constitue un appel à privilégier des modes d’existence fondés sur de tout autres aspirations.
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- Laisser la main aux machines pour renoncer à la liberté et aux difficultés de l’existence ?
Articles :
Quand l’humain rêve d’IA - « La question de l’IA s’incarne par la fonction recherche qui s’installe dans nos têtes à force d’utiliser google » - Pour le cinquième épisode de notre rubrique cyber—philosophique, voici une réflexion sur le lien entre humanisme et intelligence artificielle. Derrière les promesses ou les menaces d’intelligences sur-humaines tantôt bienveillantes (le Watson d’IBM), tantôt hostiles (Terminator), le texte propose d’envisager les effets présents et concrets des technologies numériques. Et de fait, les drônes tuent, les algorithmes mettent au travail et google imprègne nos modes d’existence toujours plus profondément.
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Que font exactement les machines et l’IA ? Leur introduction est souvent brandie (par les patrons) comme source de chômage, voire de disparition des ouvriers. Pourtant, de la chaîne fordiste à aujourd’hui, les machines ne nous remplacent pas. Elles mettent toujours plus au travail, quitte à réduire ce travail à du clic (L’automatisation transforme le travail mais ne l’abolit pas. Elle ne crée pas même de nouveaux emplois)
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Les leçons de l’IA se trouvent donc moins dans la preuve qu’une machine peut penser comme nous que dans l’extension de ce que penser peut signifier. Pour faire avec la technique, nous avons tendance à l’anthropomorphiser, manière de nous rassurer nous-mêmes sur ce que sont les machines qui nous entourent. « Par exemple, nous parlons de connectiques mâle ou femelle pour les prises jacks, et dans ce cas, l’acte de genrer la technologie n’a rien à voir avec les processus de traitements informatiques mais bien plus avec notre besoin d’anthropomorphiser ». L’intelligence, telle qu’on l’a décrit le plus souvent à propos des machines, n’est souvent qu’une façon de nous projeter nous et nos habitudes dans le monde des machines, d’abolir l’altérité pour nous rassurer.
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« Il est de toute évidence bien plus simple de fabriquer un robot auquel un humain attribuera des émotions (et pour lequel, en retour, il aura donc des émotions, positives ou négatives) que de fabriquer un robot qui a effectivement des émotions »
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Une IA développée n’est pas une intelligence « pour nous », modelée comme la nôtre. Pour notre propre éclaircissement, l’IA n’est pas à regarder comme une intelligence prétendant être humaine. « Ce n’est pas seulement d’une grande naïveté épistémologique, cela peut aussi conduire à des souffrances horribles. Ce qu’on ne définit pas comme nous indiffère. Par exemple, les cétacés, telles les baleines et les dauphins ont un langage, mais qui n’a rien du nôtre, et pendant des siècles la philosophie ne pouvait rendre compte de leur intelligence, et donc de la souffrance qu’on leur infligeait »
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En percevant l’IA comme miroir de nous-mêmes, la discussion prend la forme d’un débat moral sur les limites qu’il faudrait imposer ou non à la puissance humaine. Cette façon de poser le problème masque ce que vivre au milieu et parmi des intelligences synthétiques très différentes de l’intelligence humaine signifie dès maintenant. Dès lors que des capteurs, des senseurs, des systèmes de captures et de traitement de données à l’échelle massive se répandent un peu partout dans l’environnement, l’intelligence des machines prend corps, s’inscrit matériellement dans les diverses infrastructures qui la font exister et qui connectent entre elles l’ensemble des machines. Depuis 1945, il existe plusieurs systèmes mondiaux de géolocalisation, de suivi de l’envoi des missiles, de connaissances du climat et de collecte d’informations. Le monde est d’ores et déjà strié de systèmes d’informations, qui sont l’existence concrète et non mythique de l’IA aujourd’hui. Aujourd’hui, les systèmes de données massives sont omniprésentes et plus de 12 milliards de puces RFID connectent des marchandises et des choses à travers le monde. L’IA n’est pas qu’une potentialité future, mais elle n’est pas non plus l’ultime menace qui nous attend.
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Saisir ce qu’est l’IA implique de constamment prêter attention à son incarnation concrète, au basculement entre le calcul abstrait dont elle relève et sa concrétisation dans des machines. Cette incarnation matérielle dépend d’une multiplicité de réseaux et bases de données. Un seul et unique ordinateur n’incarnera jamais la puissance menaçante convoquée par Elon Musk. L’argument n’est pas à entendre seulement comme un rappel de la matérialité des choses. Il s’agit de rendre indissociable l’informatique et sa matérialisation concrète. De fait, l’intelligence des machines repose avant tout sur des machines.
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La sur-exposition d’une menace masque l’avancée des calculs. Il s’agit plutôt d’envisager, c’est là où les machines inquiètent, que l’histoire de l’esprit humain soit liée à celle des techniques.
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Que l’on adopte ou non cette conception des techniques comme extériorisation, il faut bien admettre que les technologies numériques influent sur nos comportements et nos manières de penser. La question de l’IA s’incarne par la fonction recherche qui s’installe dans nos têtes à force d’utiliser google, par la redéfinition des relations avec l’extension des smartphones, par la conjonction qu’effectuent les réseaux sociaux avec nos liens réels, par l’indistinction entre le réel et le virtuel, entre nos processus de pensée et ceux qui dépendent en partie des machines qui nous entourent. Le calcul informatique s’est massivement dispersé et disséminé dans l’environnement. D’ailleurs, le terme d’IA fut, entre les années 1950 et 1980, peu à peu abandonné pour privilégier celui « d’apprentissage machine » (Machine Learning), moins effrayant à priori. Les visées de l’IA changent. Par l’apprentissage machine, chaque entité peut devenir intelligente dès qu’elle peut apprendre. Il ne s’agit pas de recréer une copie informatique du cerveau humain mais d’imiter le fonctionnement des neurones. Cet apprentissage, pour être possible, a dû se matérialiser dans une multiplicité de bases de données, de réseaux et d’infrastructures. L’emprise de l’IA telle qu’elle existe repose sur ces multiples couches informationnelles plutôt que sur une forme d’intelligence surpassant toutes les autres. C’est la multiplicité des calculs qui prennent sans cesse des décisions à notre place, et décident froidement, robotiquement, les distinctions à établir selon des modalités chaque fois spécifiques. Comme le souligne là encore Bratton : « Chacun d’entre nous sera confronté à diverses formes d’intelligence des machines, certaines sont contrôlées à distance ou programmées par des humains, d’autres sont très largement automatisées, et la plupart se composeront d’un mélange des deux, simultanément objet de formes de contrôles humains et de contrôles non-humains. Les vérifications de CAPTCHA, que les sites internets utilisent pour identifier les usagers humains, sont une sorte d’inversion du Test de Turing dans lequel l’usager passe ou échoue, oui ou non. Mais dans le champ des interactions quotidiennes entre humains et robots la question de localiser l’intelligence ne se réduira pas en une alternative binaire oui/non. Il faut cesser de poser ainsi le débat. »
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Le mythe de l’IA sur-puissante brandi par Elon Musk et d’autres est une manière de nous rendre partiellement moins perceptible ce fonctionnement ordinaire des technologies numériques et la façon dont l’intelligence des machines, telle que répandue aujourd’hui, construit déjà le cours des choses.
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- De la conquête destructive du vivant à son impossible imitation ?
La Cybernétique à l’assaut de l’Homme
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Et, dans l’autre camp, un bon indice de la guerre d’extermination lancée à l’animal par le rationale est ce triomphe de l’Intelligence Artificielle à l’état pur, incarné, ou plutôt dés-incarné par les robots de Boston Dynamics (le chien-robot « Spot », l’androïde « Atlas »…) qu’on peut voir danser le rock sur de niaises vidéos accumulant 35 millions de vues sur YouTube, lesquelles vidéos débonnaires ne servent qu’à dissimuler le soubassement militaire et contre-insurrectionnel de ces expérimentations cybernétiques.
Car, comme tant d’autres agences américaines et internationales, la compagnie Boston Dynamics, filiale de Hyundai, est financée par la DARPA, la Defense Advanced Research Projects Agency, laquelle agence appartient au Département de la Défense américain dont le budget secret pour la Recherche et le Développement en 2020 est estimé à plus de 100 milliards de dollars…
Rien de nouveau sous le transistor électronique : depuis ses origines, en pleine Seconde guerre mondiale, la Cybernétique est intégralement redevable au financement du Département de la Défense. Et c’est encore à la DARPA que l’on doit le monde cauchemardesque vers lequel le Numéricain s’achemine, du « forçage génétique » (gene drive) à la communication neuronale sans paroles, et des « imprimantes d’adn » aux aeronefs hypersoniques sans pilote en passant par les robots-chiens, les robots-guépards (« capable de courir plus vite que n’importe quel être humain »), et le sympathique androïde de Boston Dynamics surnommé « Atlas ».
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- De gentils robots qui « dansent » sur ordre pour faire passer crème des machines financées par l’armée
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on quitte un monde qui se meurt, mais on quitte aussi un monde que l’on fait mourir par le désir fomenté et fermenté de le quitter. On ne se contente pas de s’en dissocier, on s’en exonère, c’est-à-dire qu’on ne se soucie plus de s’en soucier. Tout ce qui va dans le sens de cette exorbitation – réelle (la NASA) ou imaginaire (Hollywood) – participe de la dévastation.
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Ce dont se distingue, et en un sens ce à quoi s’oppose un dispositif comme le servomoteur, ce qui va devenir l’obstacle majeur à abattre pour la Cybernétique, c’est la dextérité instinctive du dauphin dans la mer, de l’albatros dans le ciel, du guépard sur la terre, du chimpanzé dans les arbres, de la chauve-souris dans l’obscurité, etc. Et non seulement celle de l’animal, mais aussi la virtuosité de l’artisan utilisant son outil, d’un médecin écoutant son stéthoscope, d’un musicien maniant son instrument, d’un artiste usant de son pinceau ou d’un écrivain son stylo pour penser – et non son « traitement de texte », un texte n’ayant pas à être traité puisqu’il n’est pas une maladie.
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On ne manquera pas de remarquer le rapprochement avec le sanitarisme et l’évaluation purement statistique de la pandémie, répondant au rôle central de la statistique dans toutes les polémiques autour des protocoles de tests et de soins qui entourent cette pandémie, et corrélativement l’évaluation purement statistique – résumée par la formule des « bénéfices-risques », peut-être issue de la « théorie du jeu » – de ce qu’est la santé et la maladie, la mort et la vie, la liberté et la sécurité.
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Ce qui sépare Minsky de Picasso est tout entier résumé dans la manière dont le premier explique qu’un « système intelligent disposera de deux types d’agents, des spécialistes et des gestionnaires. Les spécialistes peuvent implémenter les techniques connues d’intelligence artificielle pour résoudre des problèmes précis (systèmes à base de règles, réseaux sémantiques, réseaux bayésiens). Les gestionnaires sont chargés de planifier, de sélectionner les spécialistes, d’évaluer les résultats obtenus. »
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Or la Cybernétique n’est pas un concept inventé. C’est un complexe de fantasmes dévorateurs appliqué à se jeter comme sur une proie à l’assaut de l’ensemble de la réalité : la nature, les animaux, les humains, les sociétés.
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- Ajouter des couches de technologies et de contrôle pour tenter, en vain, de réparer le chaos créé par chaque couche de l’innovation techno-productiviste ?
- Métavers, centre du monde - Accepterons-nous de laisser la définition des contours de ce qui est collectif à l’initiative des géants de la Silicon Valley ?
Il n’aura échappé à personne que Facebook s’insère désormais dans un groupe plus large intitulé « Meta ». Cette restructuration, similaire à la création d’Alphabet, la maison mère de Google, joue évidemment un rôle stratégique : installer l’idée de « Metaverse » (ce monde numérique parallèle voulu et promis par Zuckerberg) dans les esprits ; se positionner en pionnier sur le marché de la réalité augmentée ; et, bien sur, faire oublier les scandales des derniers mois au cours desquels il a été clairment démontré que Facebook était au moins aussi nocif que l’industrie du tabac. Cet article revient sur cette opération de communication et les enjeux qui vont avec.
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Enfin, c’est le monde du travail qui devrait profiter des avancés du métavers. Après l’explosion et la surexposition médiatique du télétravail dues à la crise sanitaire, le bilan semble contrasté. Les salariés plébiscitent cette pratique, pourtant, les heures de plates réunions Zoom parsemées de bugs de connexion ont parfois laissé un goût amer. C’est pourquoi Horizon Workrooms devrait permettre un renouvellement des pratiques de télétravail en connectant de façon plus immersive les travailleurs épars – tout en permettant une meilleure surveillance de leur travail par leur hiérarchie. Méta prétend donc révolutionner le travail et, pourquoi pas, en parallèle, l’enseignement. C’est ce qui permet à Zuckerberg d’affirmer sur le sujet de l’écologie, par ailleurs très peu évoqué, qu’adopter ces pratiques sera « sûrement mieux que tout ce que vous faites d’autre pour l’environnement ». La suppression des bureaux, et des transports pour s’y rendre, devraient permettre certaines économies d’énergie profitables, donc, à l’ensemble de la planète.
(...)
C’est bien cette position dominante d’architecte qui relativise l’altruisme du géant. Les logiques économiques des plateformes numériques sont claires : éradiquer la concurrence, devenir incontournable, incarner le marché. Une fois ce schéma établi, les plateformes vivent généralement de la ponction d’une commission – sous différentes formes, directement financières ou non – auprès de leur communauté (Amazon prend un pourcentage sur chaque échange, Facebook vend des données et impose de la publicité, etc.). Mais cette fois la logique est poussée encore plus loin. Zuckerberg souhaite construire le monde du futur dans lequel nous pourrons travailler, jouer, lire, nous rencontrer, vivre. C’est donc sur l’ensemble de cette vie numérique, amenée à supplanter la vie « réelle », que Méta prétend prendre sa commission en la transformant en données, traitables et monétisables. La vie, devenue numérique, doit être calculable dans chacun de ses aspects.
(...)Alors, il faut bien voir ce qu’est le métavers : c’est une insulte. Une insulte à toute forme d’espoir de changement, ou même, tout simplement, d’espoir de survie face aux catastrophes écologiques à venir. Mais c’est aussi une proposition fictionnelle. Une proposition que nous pouvons encore espérer refuser.
(...)
Méta paraît surtout chercher à façonner nos imaginaires, à construire une fiction désirable dans laquelle elle se donne déjà le rôle de grand architecte. Méta cherche à modeler notre vision du futur. Comme souvent, les évolutions de la technique sont essentiellement le résultat d’un travail fictionnel de construction de l’acceptable et du possible dans nos imaginaires, travail réalisé par les acteurs les plus influents.
(...)
Choisirons-nous cette proposition fictionnelle confortable et ludique, au risque de sacrifier les capacités des générations futures à vivre sur cette planète ? Ou, sommes-nous en mesure d’appuyer sur leurs contradictions et de refuser, en bloc, leur proposition pour esquisser d’autres fictions, d’autres imaginaires ?
(...)
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- Laisser les machines répondre à tout, à leur manière, pour s’éviter l’incertitude la difficulté du choix ?