Voici une réflexion intéressante sur le rapport au travail et à sa durée, suivi d’extraits de mes articles en rapport, pour élargir encore la question du travail et de l’économie.
Il est particulièrement important de réfléchir plus loin en ces temps de grève, de ne pas se contenter de répondre aux attaques du régime, mais analyser la situation pour s’ouvrir d’autres possibles pour les luttes et les révoltes que le retour à la normalité qui est le problème.
⭕️ PRENDRE LE GOUVERNEMENT A CONTRE-PIED ⭕️
[Voici un texte reçu aujourd’hui qui questionne notre rapport à cette grève et à ses revendications]
On aura été des milliers de personnes à manifester pour ne pas travaillez plus longtemps et pour une allocation retraite digne. Mais, quelle est cette frontière magique qui retient cette grève à mettre en discussion le temps de travail tout au long de la vie et le montant de l’allocation chômage ? Ne pas travaillez plus longtemps, n’est-ce pas aussi travaillez moins. Il serait donc utile de parler de la réduction du temps de travail et du partage du travail. Lutter pour une allocation de retraite digne, n’est-ce pas aussi lutter pour une allocation digne quand on ne travaille pas ? Pourquoi ne parle-t-on pas de l’allocation chômage, de minima sociaux, voir même d’un revenu minimum ?
Étrange frontière encore, entre la volonté de « ne pas travailler plus longtemps » et l’absence de la critique de la valeur travail. Quand des milliers de personnes luttent pour ne pas travailler plus longtemps, c’est donc que travailler, ce n’est peut-être pas si bien que ça, que le travail comme centralité se discute et que peut-être, il serait bon d’en parler. Étrange frontière aussi, entre la volonté de « ne pas travailler plus longtemps » et l’absence de critiques des formes que prend le travail.
Si beaucoup ne veulent pas travailler plus longtemps, n’est-ce pas aussi parce que leur travail n’a pas beaucoup de sens ou que la forme dans lequel il s’exerce - salariat, autoentrepreneur... - n’est peut-être pas très agréable, ou que leur travail est tout simplement pénible, nul, bête.
Bref, c’est assez étrange cette grève massive sur les retraites sans que partout ne se multiplient des meetings sur le travail et sa place dans nos vies. C’est aussi à ça qu’on mesure la richesse d’un mouvement dans sa capacité à faire avancer le dit « progrès social ». En quoi les centrales syndicales sont-elles réellement débordées par la grève en cours ? En presque rien. Car rien ne vient dans ce mouvement déborder le mouvement - non pas seulement au niveau des actions - mais au niveau des énoncés. Et ce faisant la maîtrise reste toujours du côté du gouvernement. C’est lui, qui continue d’imposer les sujets, les énoncés. Et notre imaginaire n’aura pas beaucoup bougé. Et on aura sans doute gagner à travailler moins longtemps mais on travaillera toujours davantage, et ainsi, ce qui aura été gagné là, aura immédiatement été perdu ailleurs.
Alors, toi qui dépend financièrement d’une allocation chômage ou du RSA, toi qui ne veux pas construire ta vie autour de ton travail, toi qui envisage la richesse autrement qu’en monnaie... Rejoins la grève et fais ce lien entre le montant des retraites et le montant des allocations chômage, des minima sociaux. Toi qui est en surcharge de travail, rejoins la grève et fais ce lien entre travailler moins longtemps et travailler moins. Réduire le temps de travail, augmenter les allocations, questionner le travail, questionner le revenu en dehors du travail, c’est le sujet de cette grève.
Prendre le gouvernement à contre pied, sur l’une de ces réformes, c’est l’enjeu d’une lutte. Politiser la retraite c’est déborder les centrales syndicales et se ré-approprier la grève et la lutte sociale. Et quand on aura fait le chemin qui va de la retraite à l’allocation chômage et de l’âge de la retraite à la réduction du temps de travail et qu’on sera tout aussi nombreux et peut-être même plus, alors le caractère plan plan des manifs sera bien secondaire, au regard de ce qu’on aura réussi à énoncer collectivement et à hisser à l’ordre du jour.
Gagner, c’est faire la connexion entre la retraite et le chômage. Gagner, c’est faire la connexion entre travailler moins longtemps et travaillez moins tout court. Gagner, c’est connecter ce qui est tenu séparé. C’est conquérir des droits.
(post et montage photo de Cerveaux non disponibles)
- Grève et travail : Prendre le gouvernement à contre pied
Compléments perso
Il faudrait même aller plus loin, par exemple :
- Remettre en cause le fait qu’il y a quasi zéro démocratie en entreprise, ce sont les patrons et actionnaires qui décident de tout en fonction de leurs intérêts et des dictats du Marché.
- Requestionner la division et le partage du travail. Au lieu que certaines personnes passent tout leur temps de travail sur des taches pénibles les partager. Exemple : au lieu d’avoir des éboueurs qui font 35h/semaine, répartir ça vers plein de gens qui feraient 3h par semaine (et pas forcément toutes les semaines), et qui auraient bien sûr d’autres activités - Une étude écolo indiquait en gros que pour garder une planète habitable, faudrait que la population mondiale ne dépasse pas les 10h de travail par semaine...
- Pour la limitation des catastrophes écologiques et climatiques, il faut impérativement produire moins, surtout pour tout ce qui cause des nuisances, donc moins de temps de travail, donc répartir autrement temps de travail et revenus, donc décroître. Les capitalistes n’en veulent pas bien sûr. Mais les syndiqués et les gilets jaunes n’en parlent guère...
- Dans la lignée : pouvoir décider nous-mêmes de ce qu’on produit, comment, où, quelles quantités, pour quoi, pour qui, comment on le distribue
- Remettre en cause la valorisation personnelle et le progrès par le travail, la croissance et la possession matérielle
Bref, se limiter aux retraites c’est rester dans la normalité qui nous tue ainsi que le vivant, c’est faire le jeu du capitalisme et du régime macron.
Aller plus loin, comme les gilets jaunes l’ont fait en dépassant les questions initiales de taxes et de précarité, c’est (re)conquérir nos vies, notre avenir, sortir enfin de l’impuissance qu’aime tant le régime et ses chefs petits ou gros.
Même sans aucune vision politique ou sociale préalable, la question de notre propre survie (qui se pose déjà depuis longtemps à d’autres peuples et créatures) impose de remettre complètement et rapidement en cause le travail et ses fondements idéologiques/matériels, de détruire le capitalisme ou au moins de le mettre en laisse courte avec grosse muselière solide. (voir Détruire le capitalisme avant qu’il ne nous détruise !)
Voici donc des questions qu’on devrait se poser, et auxquelles il faudrait répondre concrètement :
- Quel travail pour faire vivre et épanouir les humains, et respecter le monde naturel ?
- Gagner plus d’argent au sein du système salarial de l’économie de marché ne peut satisfaire notre besoin vital de sens et de vie sociale ?
- Créer davantage d’emplois au sein d’une économie qui maltraite nombre d’humains, détruit le climat et le monde vivant ?
- Comment résoudre le paradoxe de devoir gagner de l’argent pour vivre avec la nécessité d’avoir le temps de vivre, et le fait que l’économie doit fortement ralentir pour garder une planète habitable et vivable ?
Extraits d’autres articles :
Les gouvernements et ses merdias sont les spécialistes dans l’art d’enfumer et de réduire les colères fortes à des petites revendications catégorielles, à des défoulements ou à des problèmes personnels (tendance suicidaire, fragilité...), alors que tout le monde sait que le problème est bien plus profond.
Les problèmes sont structurels, le problème c’est l’absence de démocratie réelle et la tyrannie qui règne par la force des flics, des merdias et des tribunaux aux ordres, le problème c’est notre impuissance politique et économique, c’est l’économie de marché qui nous dresse à la compétition de tous contre tous déjà à l’école, c’est le marché du travail qui a besoin de précaires et de chômeurs pour maintenir les salaires bas et les profits faramineux d’actionnaires déjà richissimes, c’est l’idéologie de Croissance qui détruit le climat, le vivant et notre avenir vivable, c’est les loyers qui augmentent toujours conformément aux lois de l’offre et de la demande, c’est « l’uberisation » du travail et de la vie, c’est la marchandisation de tout, c’est la destruction accélérée des liens humains authentiques, c’est les idées et pratiques néo-fascistes du gouvernement et de ses merdias, c’est la surveillance et la répression policière toujours plus fortes, etc.La précarité et le capitalisme tuent, mais la précarité et la destruction du vivant sont inhérentes au système mortifère dont le gouvernement et le tyran en chef Macron sont les promoteurs et les artisans sans pitié.
La précarité et le capitalisme tuent tue, et on ne les arrêtera pas avec des réformettes et des dialogues « constructifs » et « démocratiques » avec des tyrans aux mains tachées de sang, on les arrêtera seulement si on impose des changements radicaux dans tous les domaines.
Le « retour à la normale » est le carburant empoisonné de la précarité et de toutes les saloperies voulues ou induites par le système en place.
Dit autrement, la plupart des travailleurs n’arrivent pas vraiment à remettre en cause l’économie, ses dogmes du travail et de la croissance, et au contraire réclament des emplois et du développement économique, sans se rendre compte qu’ils réclament ainsi plus d’épaisseurs à leurs chaînes et demandent la poursuite du désastre écologique et climatique qui les affecte en premier.
Ayant intériorisé leur rôle et n’ayant que le travail pour vivre et être valorisés socialement, les opprimés par l’économie en viennent à glorifier leur capacité à supporter n’importe quel travail sans broncher ni faire grève.
C’est là qu’on voit la puissance de la propagande et des conditionnements, la force destructrice de la lutte quotidienne pour la survie qu’imposent les conditions inhumaines du capitalisme et de la civilisation industrielle.
Sans doute aussi que c’est un moyen pour les exploités de sauver la face et de supporter l’oppression.
Il faudra briser ce cercle vicieux si on souhaite vraiment un changement radical au niveau social et écologique.
A présent, dirigeants sociopathes et capitalistes vampires ne veulent plus (cynisme et extrémisme) et ne peuvent plus (baisse de la croissance oblige) lâcher quelques miettes pour que les peuples restent à peu près tranquilles et supportent bon gré mal gré leur exploitation et la destruction de leurs conditions de vie.
Les capitalistes et leurs obligés politiciens comptent à présent sur la matraque et le LDB plutôt que sur « le pain et les jeux » pour que le bas peuple se tienne sage.
(...)
A présent, il faudra que les travailleurs et les syndiqués débordent les syndicats réformistes, et organisent eux-mêmes une grève générale longue et dure, en faisant jouer comme d’antan la solidarité pour tenir. Car les dirigeants syndicaux se coucheront très vite dès que macron lâchera quelques miettes.
De plus, obtenir une amélioration, un non-recul ou un report de certaines réformes libérales ne changera en rien la domination et la destruction capitaliste, ne touchera en rien au régime politique antidémocratique, et n’arrêtera en rien la destruction du vivant orchestrée par ces deux structures totalitaires et écocidaires.Tant qu’on reste dans le cadre économique existant, on sera prisonnier, on pourra seulement allonger ou repeindre nos chaînes.
Tant qu’on reste dans le cadre verrouillé des institutions politiques antidémocratiques en place, on pourra seulement choisir la couleur des dirigeants et de leurs matraques.On ne peut donc plus se contenter de lutter secteur par secteur, revendication catégorielle par revendication catégorielle, de contrer telle ou telle réforme libérale plus pourrie que les autres.
Le problème, l’attaque, étant globale et sans pitié envers les peuples et la nature, on doit y répondre aussi de manière globale et déterminée, en attaquant les sources des problèmes et pas telle ou telle conséquence plus néfaste que la moyenne.
Suite sur : https://www.ricochets.cc/En-France-les-motifs-de-revolte-collective-ne-font-qu-augmenter-Luttons.html
Le gouvernement s’en contrefout des hôpitaux, des étudiants, des services publics, des cheminots, des profs comme du reste. Leur projet est de piller les poches des pauvres, des services publics et de l’Etat pour remplir au maximum celles de leurs potes actionnaires et richissimes ploutocrates, tout en privatisant ce qui est rentable pour là aussi filer des activités lucratives à leurs alliés et bailleurs de fond.
Le capitalisme se contrefout des travailleurs et du vivant, son projet est de faire tourner la Machine, que le business continue, que les actionnaires et les déjà riches s’enrichissent. Le capitalisme utilise les merdias et les gouvernements pour sa propagande et ses lois, afin que les exploités se battent entre eux, ou au pire s’en prennent aux gouvernements (rôle de fusible et de punching ball) au lieu de s’en prendre au système économique et à ses défenseurs intéressés.
Forum de l’article