A l’heure d’une possible grève générale dès le 7 mars, il est important de regarder les motifs, idées et modes d’action du passé.
La révolte Luddite est de ces livres qui aident à reconsidérer les objectifs des luttes actuelles, qu’elles soient locales ou de plus grande envergure.
- Faut-il casser les machines ? - La révolte Luddite
- Livre aux Editions l’Echappée
Faut-il casser les machines ? Quand la révolte luddite nous inspire
L’Echappée réédite La Révolte Luddite : briseurs de machines à l’ère de l’industrialisation de l’essayiste américain Kirkpatrick Sale, l’occasion de revenir sur ce mouvement de révolte ouvrière contre les machines et sur ce qu’il nous enseigne aujourd’hui sur le rapport du capitalisme à la technologie et l’existence de méthodes de lutte moins classiques.
(...)
Celia Izoard le relève, dans le passage intitulé « la lutte entre l’ouvrier et la machine » du Capital, Karl Marx dit des briseurs de machines qu’ils n’avaient pas appris « à distinguer la machinerie de son utilisation capitaliste ».Or, et c’est tout l’objet du livre et de la résistance luddite, poser la technologie ainsi est une forme de réification des machines, voire de fétichisme : « Peut-on réellement séparer l’objet, ou l’infrastructure, de ce pour quoi ils ont été conçus et de l’usage qui en est fait ? » demande Célia Izoard. Prendre la technologie comme un fait donné et indépendant, c’est la sortir du domaine de la politique, alors qu’elle est un déterminant politique majeur.
Concrètement : « Si les machines industrielles rendent les ouvriers étrangers à la production, c’est parce que les machines de l’usine sont essentiellement conçues pour faire d’eux leurs exécutants, privés de pensée et de paroles »
De la même façon, « la révolution informatique » a joué un rôle décisif « dans la mise en place du néolibéralisme » et dans « la mondialisation des chaînes de valeur ». Kirkpatrick Sale cite le philosophe canadien George Grant « les ordinateurs ne nous offrent pas des moyens neutres pour construire n’importe quelle société. Toutes les alternatives qu’ils nous présentent mènent droit à l’État universel et homogène ». Kirkpatrick Sale en conclut, qu’en effet, par sa nature même l’informatisation nous mène à la société de contrôle et de surveillance.
(...)
Sur les moyens, si le sabotage reste peu répandu, on constate toutefois sa réapparition dans certains mouvements écologistes radicaux. Célia Izoard cite notamment les activistes s’en prenant aux antennes-relais, où l’on apprend que tout de même 20 % de la population y serait favorable (IFOP).
La Révolte Luddite est un livre d’histoire qui se lit comme un roman, avec les luddites pour héros collectif, et grâce à une traduction de qualité. Il s’avère particulièrement utile en ces moments où l’on voit les problématiques majeures posées par la technologie. Il nous invite à sortir d’une vision de la technologie neutre, réifiée, imposée comme une nécessité historique et nous propose de nous inspirer de héros oubliés de la classe ouvrière.
(....)
En complément, le livre « Histoire du sabotage » en deux tomes