Faire un jardin de légumes vivaces/perpétuels ou rustiques comestibles demande moins de travail et d’argent qu’entretenir une pelouse

Et les avantages sont nombreux, en commençant par avoir des trucs à manger

lundi 27 mai 2024, par Géo le punk.

C’est le printemps les tondeuses et débrousailleuses vrombissent partout, couvrent le chant des oiseaux survivants aux désastres climatiques et écologiques, ...et ratiboisent un peu plus le peu de biodiversité résiduel résidant dans le gazon.
Tout doit être « PROPRE », avec une belle surface verte, standing, habitude et réputation oblige, penchant pour imiter les riches et leur luxe ostentatoire...

Passer la tondeuse est un rituel de passage à l’été.
Tous les ans il faut recommencer, entretenir des machines coûteuses et gourmandes, faire du bruit, jeter les tontes à la déchèt, ...et recommencer plusieurs fois dans la saison pour que ça reste « propre » et bien ras, surtout si par chance ce n’est pas une année de sécheresse et que l’herbe repousse sans cesse.
Une grosse corvée qui ne produit rien d’autre qu’un sentiment d’appartenance. Mais le gazon n’est pas comestible pour les humains, il peut juste contribuer à fournir des apports azotés à d’autres plantes.
En Californie, région souvent très sèche, si sa pelouse n’était pas verte on pouvait avoir une amende... Ce qui entraînait de l’arrosage à donf ou des « pelouses » en plastoc. D’autres, y compris en France, ont appliqué de la peinture verte sur les herbes jaunasses...
Regardez toutes ses surfaces vertes et désertiques autour des bâtiments commerciaux/industriels qui auparavant ont détruit des terres agricoles fertiles pour s’implanter. Et ses villas ressemblant aux anachroniques terrains de golf.

Hormis pour des allées, zones de circulation, certaines aires de jeu pour animaux de compagnies, enfants et autres, les pelouses sont inutiles, néfastes, énergivores, improductives, quasi-désertiques.
Mais entretenir une pelouse ça paraît simple (en apparence), on n’a pas à se casser la tête, suffit de pousser une machine, ou d’être auto-tractée par elle, ou de lâcher les nouveaux robots autonomes qui tondent tout seul.

Faire un jardin de légumes vivaces/perpétuels ou rustiques comestibles demande moins de travail et d’argent qu’entretenir une pelouse

Les alternatives nourricières aux monocultures de gazon

- D’autres options sont possibles, qui, sur la durée, à la fois :

  • sont moins coûteuses en temps et argent
  • sont moins énergivores
  • favorisent de la biodiversité
  • protègent mieux les sols
  • plus jolies (pour peu qu’on élargisse ses horizons)
  • atténuent l’accumulation de chaleur par temps de canicules
  • produisent facilement de la nourriture pour humains, et donc un petit peu d’autonomie alimentaire
  • sont bonnes pour le corps et l’esprit (plein air, excercice physique, observation/réflexion, comtemplation, changement de rythme, contact avec le vivant, etc.)

Le plus simple serait de laisser pousser les herbes sauvages, et de couper rarement (à la faux ?). Ca pourrait aussi être une option pour que le sol se régénère (ça peut être long si le sol est très dégradé, compacté...). Mais alors on n’a toujours pas grand chose à manger...

Pour avoir de quoi manger sur des petites surfaces, il faut forcément planter.
Semer et planter les classiques « annuelles » (salades, tomates, poivrons, aubergines, haricots, choux...) ça reste quand même un peu compliqué, surtout quand on débute.
Mais il y a d’autres voies possibles. Et il sera toujours temps de venir aux légumes annuels habituels plus tard.

Ici je parle de cultiver sur des sols vivants. Donc sans engrais (de synthèse) ni pesticides, sans motoculteur et avec peu de bêchage (et sans retourner la terre, juste l’aérer si besoin avec grelinette and co). Car ce serait balot de remplacer une monoculture d’herbe par un désert de terre sans vies avec plantes sous perfusion d’eau et d’engrais/fumiers, et de remplacer la tondeuse par le motoculteur.

Dans la permaculture, il existe plein d’idées/règles/méthodes pour cultiver avec des sols vivants, sans exposer les sols aux intempéries, et même sans apports de fumier/compost (voir « agriculture syntrotique », là c’est plus compliqué, à éviter peut-être aux débutants, quoi que...).
- Voir aussi du côté du jardin punk (ici aussi + https://sosoir.lesoir.be/le-jardin-punk-le-mode-de-jardinage-qui-va-nous-faire-gagner-du-temps).

Il faut bien sûr adapter et créer en fonction de votre terrain, de son exposition au soleil et aux vents, de votre temps disponible, de si vous avez de l’eau ou pas (les vivaces demandent toujours moins d’eau que les annuelles), de vos goûts, etc.

Si vous n’avez pas de terrain et êtes sans accès à des jardins partagés ou des jardins ouvriers/municipaux, c’est souvent compliqué (dans les régions peuplées et demandées) de louer ou acheter une parcelle (et encore faut-il avoir l’argent pour ça). Reste alors l’éventuel balcon, ...et les luttes collectives pour pouvoir accéder à de la terre cultivable.

- Voici les types de plantes possibles, faciles à cultiver généralement :

  • Petits arbres fruitiers rustiques (ne nécessitant pas de traitements, peu ou pas de taille)
  • plantes à fruits grimpantes (kiwi, vigne)
  • arbustes à petits fruits (framboises, groseilles, cassis, goji...)
  • légumes vivaces ou perpétuels (voir des listes ci-dessous)
  • légumes annuels faciles (voir ci-dessous)

Le mieux serait un mélange de ces 5 catégories, mais tout dépend de vos goûts, de la place, de votre temps, etc.
Pour dépenser peu, possible de récupérer des plantes sauvages (thym, ortie, fenouil sauvage...) lors de vos balades ou des plantes « échappées » de jardin sur des talus de déchets (iris, hémérocalle, romarin...). Sinon, des voisins ou des jardiniers pourraient vous donner des plants en excès ou issus d’éclairissements/renouvellements (bourrache, mauve, iris, tanaisie, glaieul, sauge, thym, origan....). Voir aussi du côté des SEL (systèmes d’échanges locaux).
Idem pour la matière organique (surtout au début, après vous pourrez peut-ête en « produire » assez sur place) : possible de récupérer gratos cartons (sans encres ni revêtements plastifiés), fumier (origine bio de préférence), compost, herbes de tonte (!), broyats de haies (en évitant les trucs épineux et trop de thuyas), feuilles mortes...

- Penser aussi aux fleurs vivaces rustiques (même celles qui ne se mangent pas sont utiles pour la biodiversité et les pollinisateurs), dont certaines sont comestibles, voici celles que j’ai testées :

  • iris, ancolies, euphorbes, achillées, tanaisies, primevères..., glaieuls et autres bulbes faciles
  • hémérocales (fleurs et feuillage comestibles)
  • roses trémières
  • mauves (feuilles et fleurs comestibles)
  • consoudes (comrestible, à ne pas surconsommer) - une excellent fertilisant pour les plantes gourmandes, en potasse notamment
  • l’ortie (très nourissant et rustique), plutôt pour zones un peu humide et riches
  • et toutes les plantes aromatiques (thym, sauge, lavande, romarin, sarriette, origan, fenouil aromatique, estragon...)
  • ... Il y en a plein d’autres, en choisissant de préférence les plus locales et les plus rustiques

- Exemples de plantes comestibles vivaces ou perpétuelles :

- Une fois que vous êtes un peu aguerri et que votre terrain a commencé à se transformer, possible d’ajouter des légumes annuels faciles, tels que :

  • bettes
  • oignons, ails (en achetant les bulbes) (plus facile si plantés à l’automne)
  • fèves (planter à l’automne) (mieux si à l’abri des vents du nord froid d’hiver)
  • roquette
  • après possible de tenter aussi :
    • tomates, courgettes, haricots grimpants, salades (surtout les rouges, scaroles ou amères), mais là c’est plus « technique » (faut voir avec la météo, les limaces/escargots...)

Suivant l’état du terrain de départ et votre travail, il faut compter 3-4 ans pour qu’émerge vraiment une biodiversité productive (moins si vous avez de la bonne terre et y passez du temps).

Faire un jardin de légumes vivaces/perpétuels ou rustiques comestibles demande moins de travail et d’argent qu’entretenir une pelouse

ok, mais comment démarrer ?

Tout dépend d’où vous partez, de là où vous voulez aller et de l’énergie/temps disponible.
Partir d’une prairie riche sera plus facile qu’un terrain pauvre et très compacté.

Le plus simple dans la plupart des cas (surtout si le sol de départ est pauvre, avec juste de la terre et une pelouse maigre) est de faire table rase du passé, de recouvrir votre terrain à transformer (pelouse ou autre) d’une « couverture » opaque (mais pas étanche à la pluie) qui va tuer les herbes existantes et leurs repousses, nourrir et ameublir le sol. Idéalement à faire au moins 6 mois avant les plantations.
Il s’agit de couper/faucher tout ce qui existe (sauf les éventuels arbres et vivaces existantes que vous voulez conserver bien sûr) et de tout laisser au sol.
Puis recouvrir d’une bonne couche de diverses matières organiques mêlant carbone et azote (environ 50/50). C’est à dire d’avoir (par couches successives ou en même temps) des matières ligneuses (bois broyé, carton, paille) et des matières azotés (tontes, herbes sans leurs graines, feuilles vertes...). Certaines sont plus équilibrées en carbone/azote (feuilles d’arbres, foin).

- Par exemple :

  • au sol ce ce que vous avez coupé sur place
  • puis une couche de carton
  • des déchets verts divers
  • puis une bonne couche de feuilles mortes (en évitant les plus coriaces type platane)

ou :

  • au sol ce ce que vous avez coupé sur place
  • puis une couche de carton
  • du fumiers ou du compost
  • de la paille, du foin ou des feuilles mortes

Après ces 6 mois où tout ça se décompose et se mélange (à l’aide des bestioles du sol et de la pluie), les vivaces indésirées restantes seront plus faciles à déraciner.
Durant cette période, vous pouvez réfléchir à ce que vous allez planter et où.
Et le moment venu, un coup de bêche, un peu de fumier décomposé ou de compost (si la plante est gourmande, pas pour les aromatiques), et vous plantez.

Possible aussi d’y aller par petites touches, en « traitant » une zone après l’autre (voir sans le couvert épais de plusieurs mois), en ajoutant progressivement des éléments, mais ça risque d’être plus long et plus compliqué.

Classiquement, je conseille des plates-bandes d’environ 1m20 de large (un peu plus si vous mettez au milieu des grosses plantes vivaces et/ou des arbustes ou plantes grimpantes, un peu moins pour si vous êtes de petite taille et qu’il y a surtout des petites plantes) avec des chemins autour entre 40 et 60 cm. C’est plus facile si c’est droit, mais si vous êtes motivé par des formes rondes c’est bien aussi.
Avec ces dimensions, on peut accéder aux plantes sans marcher sur le sol cultivé (pour ne pas le tasser).
- Pour les chemins, plusieurs méthodes :

  • compter sur le piétinement pour contenir les plantes « sauvages »
  • recouvrir de paille ou de bois broyé, ou encore de gravier ou de planche (faut en avoir...)
  • y mettre régulièrement ses déchets de coupe en trop (quand y a plus de place sur la plante-bande ou que ce n’est pas le moment.
  • possible aussi d’y semer, après désherbage, du trèfle vivace (ça fait de l’azot et matière organique en plus)

Sans doute que vous aurez plus de temps de travail qu’avec la tondeuse les premières années, mais une fois les nouvelles habitudes prises et les plantes bien acclimatées, ce sera moins de travail que la tondeuse, et avec tous les nombreux avantages cités plus haut.
Il suffit de remplacer les plantes mortes, de tailler/désherber (en gardant des plantes sauvages, surtout les non-invasives), de densifier, ...et de cueillir !

Des remarques complémentaires :

- à garder en tête :
Certes, les légumes perpétuels et plantes vivaces sont parfaits pour tendre vers un potager durable. Pour autant, ils présentent quelques inconvénients qu’il ne faut pas ignorer au risque d’être déçu. Beaucoup comme le topinambour se montrent un peu envahissants donc il faudra veiller à les maintenir dans la zone qui leur a été dédiée.
Lorsque vous plantez des légumes perpétuels, il vous faut aussi bien réfléchir à leur emplacement car certains, comme les asperges ou la rhubarbe, vont y rester plus de 10 ans.
Retenez aussi que votre jardin sera, d’une façon générale, moins productif car les légumes perpétuels et les plantes vivaces occupent leur espace toute l’année. En revanche, si vous avez une superficie importante, n’hésitez pas.
Enfin, d’un point de vue culinaire, ces végétaux ont souvent des saveurs plus fortes que leurs cousins annuels. Des saveurs qui peuvent rebuter les palais les moins habitués.

- Attention à votre Zone géographique, zone de rusticité (niveau de gel) : Ici je parle de plantes pour la Drôme (pour le centre Drôme, y a sans doutes des ajustements à faire pour le nord et le sud Drôme). Pour d’autres régions et d’autres climats il faut adapter certaines variétés.
Mais si vous utilisez des plantes locales, ou déjà vues dans les jardins du coin ça ira.

- Pensez à toujours nourrir le sol (qui lui nourrit les plantes) :

  • fumier/paille
  • foin
  • compost
  • déchets végétaux de cuisine : à étaler direct au sol (recouvrir de foin/paille pour masquer éventuellement - pas d’odeurs), ou faire un compost (plus compliqué et un peu moins nourricier)
  • déchets verts divers
  • et si vous plantez suffisamment dense et varié, vous aurez alors suffisamment de biomasse pour nourrir le sol toute l’année

- Pour les plantes grimpantes, il faut avoir un mur (si c’est un mur de maison au soleil, ça protégera la maison des coups de chaud), un grillage, ou sinon créer une structure (pergola avec zone repas/sieste dessous). Possible aussi de les faire aller sur des arbres existants, mais ça risque d’être plus compliqué (hauteur, concurrence).

- La question de l’eau : même si les plantes vivaces rustiques ont besoin de moins d’eau que des annuelles classiques, il en faut quand même, surtout dans les moments de canicules, et les premières années (le temps que les plantes s’enracinent et que l’humus du sol s’améliore). Il faut alors, tant que tout n’est pas vert, couvrir le sol de divers « paillages », éventuellement ombrer avec des voiles.
L’eau du robinet coûte cher et devient précieuse. Reste la solution de récupérer l’eau de pluie des toitures, avec cuves et tonneaux (fermés), mais les quantités sont limitées par le faible volume de ces récipients.
Protéger votre parcelle des vents desséchants d’été est aussi une bonne solution, avec une palissade, une haie coupe vent, des plantes vivaces un peu hautes (type Romarin, cardons, artichauts, roses trémières, mauves...)
- voir aussi : Comment rendre son potager résistant à la sécheresse

- Pour « gérer » les principaux ravageurs de surface et de sous-sol :

  • Limaces/escargots : à long terme créer de la biodiversité pour avoir plus de prédateurs de limaces et moins de dégâts - Sinon, protéger les plants jeunes avec des bouteilles/cloches, des cadres avec grillages fins (type voile anti-moustiques), et si besoin par moment un peu de granulés bleus anti-limaces.
  • Les campagnols bouffent un peu tout (racines, bulbes) et peuvent devenir vite envahissants : bêcher les zones « attaquées » ne suffit souvent pas - Reste alors à mettre enterré du grillage fin pour protéger des petits bacs (planches), mais pour le reste le plus efficace ce sont les pièges type « guillotine » à mettre dans les galeries principales. A tester les plantes répulsives type fritillaire impériale et incarvillée. Sinon, compter sur les chats ou sur un regain de prédateurs (rapaces, couleuvres, belettes...) naturels.

Conclusion

Alors ça y est : vous revendez la tondeuse et vous réduisez au minimum votre surface de pelouse au profit d’un jardin potager en mode « punk » ou permaculture, de haies fruitières, de zones « sauvages » ou d’un mélange de tout ça ?
Bravo, c’est un pas vers un peu d’autonomie et de stimulation locale du vivant.
...qui ne remplace pas des luttes et alternatives collectives pour stopper le système en place (et donc ses désastres) et le remplacer par des sociétés vivables.

Pour plus d’infos, il y a de nombreuses ressources sur le web, des vidéos, des bouquins... Sélectionnez celles qui vous plaisent et qui semblent les plus sérieuses.
Et le reste vient par la pratique, les réussites et les échecs, et l’observation.


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