Extinction Rébellion : derrière l’écologie, le bon vieux gauchisme archaïque

Avec l’annonce de la grève du 5 décembre, c’est un autre aspect d’Extinction Rébellion qui s’est dévoilé auprès du grand public. En sabotant 3600 trottinettes électriques, les écolos se sont réveillés gauchos !

vendredi 6 décembre 2019

Un article antédiluvien par Par Frédéric Mas

Ce jeudi, les activistes d’Extinction Rébellion se sont attaqués aux trottinettes électriques en libre-service. À Paris, 2020 engins auraient été mis hors d’usage, 1500 à Lyon et 90 à Bordeaux, le tout pour soutenir le mouvement de grève générale qui prévoit de bloquer le pays pour les jours à venir.

Pour les écolos radicaux, il s’agissait de faire d’une pierre deux coups, à savoir saboter des véhicules à la fois polluants et anti-sociaux, « briseurs de grève ».
Les militants écolos avaient sans doute lu dans Contrepoints que lebilan environnemental des fameuses trottinettes n’était pas franchement positif. Seulement, plutôt que de choisir la contestation démocratique, ils ont préféré le sabotage et le blocage. C’est un choix délibéré, qui nous indique qu’une partie des écolos professionnels qui investissent le débat public ces dernières décennies a surtout une vision de l’écologie assez instrumentale. Elle n’est belle et bonne qu’une fois associée aux critiques les plus radicales, éculées et nihilistes du capitalisme.

On se souvient du happening millénariste d’Extinction Rébellion dans les capitales européennes, et dernièrement à Paris, début octobre, sur fond d’urgence climatique. Sans mobiliser les foules, le groupuscule avait réussi en peu de temps à attirer sur lui les feux médiatiques, et à normaliser un certain type de discours catastrophiste sur la question écologique.

UN AUTRE VISAGE D’EXTINCTIONBELLION

Avec l’annonce de la grève du 5 décembre, c’est un autre aspect d’Extinction Rébellion qui s’est dévoilé auprès du grand public. Dans un communiqué publié sur twitter, on peut lire, dans un style qui n’est pas sans rappeler celui des sectes trotskystes des années 1970, qu’Extinction Rébellion est un mouvement « visant à protéger le vivant », et que « Protéger le vivant, c’est aussi protéger la vie des travailleurs et des travailleuses du monde entier ».

Plus encore, « La grève illimitée est […] l’un des moyens d’action les plus efficaces pour ralentir notre économie et nous donner l’opportunité de sortir de cet impératif productiviste […]. » Derrière l’écologie, il y a donc la décroissance assumée, ou plutôt la décivilisation perçue comme un retour aux origines nécessairement bonnes de l’Humanité. L’écologie sauce Extinction Rébellion remet en selle l’idéologie gauchiste la plus archaïque, ça fait partie du package.

Bien sûr, la position idéologique du groupe écolo n’est pas très profonde, et se contente de ressasser un certain nombre de clichés à la mode dans les milieux politiques d’extrême gauche (et d’extrême droite) pour un public d’ados. Associer l’expérience historique du capitalisme à la pire période de l’Humanité est faux, Steven Pinkernous l’a rappelé récemment, et estimer que la question écologique lui est étrangère est aussi grotesque, les travaux de Max Falque sur le sujet le montrent par exemple.

Seulement le choix de bloquer et de saboter (même des trottinettes électriques ! Symbole ô combien mesquin de l’esprit révolutionnaire à deux pas des Carrefour Market !) en dit long sur la fascination d’une partie de la gauche de la gauche pour le chaos, le désordre et la glorification juvénile de la révolte. La volonté de détruire et de vouloir le rien, qui est, selon Leo Strauss, à la racine des idéologies totalitaires, séduit davantage que la protection des libertés publiques ou le maintien de l’État de droit face à la violence des factions. La France a-t-elle vraiment besoin de ces nouveaux marchands de chaos ?

Voir en ligne : Extinction Rébellion : derrière l’écologie, le bon vieux gauchisme archaïque

P.-S.

L’auteur ; Frédéric Mas, est journaliste et rédacteur en chef de Contrepoints.org. Après des études de droit et de sciences politiques, il a obtenu un doctorat en philosophie politique (Sorbonne-Universités). Il s’intéresse en particulier à la politique internationale, aux théories économiques contemporaines et à la vie des idées.


Forum de l’article

|

  • Extinction Rébellion : derrière l’écologie, le bon vieux gauchisme archaïque Le 6 décembre 2019 à 17:45, par zapata

    Ben alors camarades qu’est ce qu’il se passe, vous publiez aussi des articles réactionnaires ? On se croirait sur média citoyen diois...

    Répondre à ce message

    • Extinction Rébellion : derrière l’écologie, le bon vieux gauchisme archaïque Le 6 décembre 2019 à 19:20, par Maltese 26

      La seule ligne éditorialiste de RICOCHETS est la libre expression.
      Cela vous évite d’être dans l’entre soi. Ce qui est plutôt sympa pour des gens qui prônent le participatif. Dont je suis un défenseur.

      Répondre à ce message

    • Extinction Rébellion : derrière l’écologie, le bon vieux gauchisme archaïque Le 6 décembre 2019 à 20:20, par Etienne

      On aime ou on n’aime pas Rousseau, Montesquieu, Marx, Locke. Quoi qu’il en soit, quoi qu’ils furent, ils contribuèrent à diffuser l’idée démocratique.
      La bataille, maintenant, est d’abord celle des idées, des représentations : comment particulièrement, la servitude se fait volontaire. Il est important de comprendre les nuances – qui peuvent s’élargir et devenir des fossés – entre libéralisme, hyper libéralisme, libertarisme, socialisme libéral, communisme vertical, communisme libertaire, où chacun est l’égal politique de l’autre, parce qu’il n’y a de propriété que d’usage.

      Il est important de bien comprendre l’adversaire pour démonter ses sophismes. S’armer intellectuellement en se sortant du pré carré de l’entre-soi. L’entre-soi : c’est l’énorme problème de la Macronie, et pour être juste de toutes les oligarchies.

      La société est coincée, chaque strate dans son étage, chacune se croyant universelle à l’horizon de son tiroir. Regarder large et latéral, pour inventer, agir neuf.
      Sans oublier une autre dimension : viser de biais l’angle de l’œil. Affirmer une chose pour dire son contraire.

      Déjà, on voit des réactions qui éclaircissent le terrain.

      Répondre à ce message

|

Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Partagez la page

Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft