En qualifiant la violence politique de ’casse’, le pouvoir tente de lui ôter toute finalité politique, toute légitimité

FranceInfo : Pourquoi « gilets jaunes » et black blocs ont fini par faire cause commune

dimanche 21 avril 2019, par Auteurs divers.

Voici un article plutôt intéressant de France Info :

ENQUÊTE FRANCEINFO. Pourquoi « gilets jaunes » et black blocs ont fini par faire cause commune

A plusieurs reprises, « gilets jaunes » et militants de la gauche radicale ont manifesté côte à côte, donnant lieu à des affrontements d’une rare violence avec les forces de l’ordre. Mais comment ce rapprochement s’est-il opéré au fil des semaines ?

Extraits :

« En qualifiant la violence politique de ’casse’, le pouvoir tente de lui ôter toute finalité politique, toute légitimité », analyse Isidore, avant de concéder : « Force est de constater que ça a fonctionné au début puisque ça nous a d’abord rendu très impopulaires auprès des ’gilets jaunes’. Mais sur le terrain, ils ont appris à nous connaître au-delà de la propagande gouvernementale. »

Un message signé des black blocs et adressé aux « gilets jaunes », lors du treizième samedi de manifestation à Bordeaux, illustre cette tentative de dialogue : « Chers ’gilets jaunes’ qui ne souhaitez pas de nous, nous ne nous amusons pas (…) Nous faisons cela pour que nos vies et les vôtres deviennent supportables. Notre violence répond à la leur », pouvait-on lire sur la banderole.

Ces mains tendues ont fini par payer. Sur les groupes Facebook liés au mouvement, on constate une sympathie grandissante pour les black blocs. Ceux qu’on qualifiait les premières semaines de « racailles » ou d’« ennemis » sont désormais vus comme des « alliés » par beaucoup de « gilets jaunes ».

"A Nantes, j’ai même vu des black blocs calmer des « gilets jaunes » qui cassaient, en leur expliquant que, s’ils agissaient de la sorte, ils allaient se faire arrêter. Christophecréateur du site mouvement17novembre.fr

« Au début, je considérais leur présence comme quelque chose de très mauvais. Je les classais en tant que casseurs, mais mon avis a évolué, explique Sebastian. J’ai vu qu’ils ne s’en prenaient pas aux petits commerçants mais uniquement aux symboles du pouvoir et du capitalisme. » Même son de cloche pour Mary : « Je ne vais pas pleurer pour quelques vitrines cassées, alors que des milliers de manifestants ont été mutilés par la police. J’ai 50 ans, mais j’imagine que le gamin qui a 20 ans, sa seule envie, c’est de prendre des pavés et de tout casser, renchérit cette « gilet jaune » originaire du Morbihan. Peut-être que si j’avais eu son âge, j’aurais fait la même chose. »

Tous les « gilets jaunes » interrogés par franceinfo citent les premiers face-à-face avec la police comme un point de bascule. « Dans les manifs à Paris, j’ai vu les forces de l’ordre molester des femmes, des personnes âgées, des gens qui n’avaient rien fait. Ca m’a choqué », accuse Nicolas, un « gilet jaune » de l’Oise.


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