Émilie la caissière (un peu punk à l’aube)

Une revolte commence par là

vendredi 15 mars 2024, par Armand.

Quand on en marre, ça pète !

Arrivé à la caisse, Ernest posa son cabas sur le tapis. Ce truc étrange qui s’arrête tout seul quand un article survient devant le capteur caché on ne sait où, mais à proximité. Un couple de personnes du troisième âge (des vieux cons quoi), chargeait péniblement un Caddie de leurs achats. Ernest se demandait si c’était par pur sadisme, histoire d’emmerder le monde ou par simple connerie que ces gens venaient faire leurs courses le samedi matin, alors qu’ils avaient tous les autres jours de la semaine. Et que lui n’avait que ce jour-là : attendre à la caisse que ces braves gens (qui lui laissaient une planète ravagée et pourrie en héritage et qui en plus venaient lui rappeler vertement le samedi matin en achetant des conneries dont ils n’avaient pas besoin !).
Bref, il avait tout le temps d’admirer le doux visage d’Émilie dont le nom était inscrit sur le badge qui ornait sa veste réglementaire. Le coup de « bonjour Émilie » qu’il lui avait déjà fait ne marchait plus. La première fois elle avait été surprise, oublieuse qu’elle était, que son prénom inscrit comme une marque avec le logo du magasin. Et depuis il inventait à chacun de ses passages une blague qu’il pensait bonne : « ha zut, c’est payant aujourd’hui ? Je croyais que c’était gratuit pourtant... » Un « Ha ha Ha ha » forcé lui répondait en retour, avec un « Ernest, t’en as pas marre » ?

Elle s’empressa de poser le bandeau « caisse fermée » dès qu’Ernest eu posé ses maigres courses. Le vieux couple bataillait avec leurs emplettes dans le Caddie, mal rangé et le sac de madame était dessous. Pétard, la carte bancaire était ensevelie sous des kilos de bouffe qu’ils n’arriveront jamais à manger avant la date de péremption...
- Émilie le regarda avec un air désabusé, genre : « tu vois ce que j’endure chaque jour... ».
- Ernest lui répondit avec un simple sourire, genre : « je comprends, et moi aussi je me fais chier dans cette vie... ».
- Et elle lui répondit par un autre sourire bien plus espiègle, genre : « tiens-toi bien, là, ça va chier ! ».
- Merci, et bonne journée dit elle aux deux fossiles. Elle n’avait pas refermé la caisse comme le veut la consigne.
Elle prit en vrac les courses d’Ernest qu’elle jeta dans un sac en lui disant : « mon p’tit gars, tu vois là (désignant la caisse pas refermée), y’a 4500 boules, on les prend et on se tire d’ici, je passe vite fait choper celui des collègues, et c’est au moins 30 000 qu’on rafle » !
- Pardon mademoiselle Émilie, mais je ne comprends pas bien, pouvez-vous me … Il n’a pas eu le temps de finir, elle lui a foutu une baffe : « Mais t’es con ou quoi ? On prend le fric et on se tire ! Vas sur le parking je te rejoins, file bordel ! »
Elle ramasse ses affaires à toute vitesse, et lui : « je suis venu en bus, alors pour le parking... »
Et elle : bordel, le gros lot ! J’ai tiré le gros lot ! Bon mon chérie, fonce au parking, une coccinelle couverte de fleurs, tiens : vlà les clefs. Qu’elle lui lance adroitement et qu’il rattrape de justesse, maladroitement.

Arrivé sur le parking, il n’eut pas de mal à repérer la petite Wolsvagen fleurie. Il a ouvert la porte arrière et s’est dit, « au moins je ne rentre pas en bus ».
Émilie est arrivée en courant, ses cheveux volaient dans tous les sens et elle avait un sac dans chaque main.
Et d’un coup Ernest a réalisé : ce n’était pas qu’un buste derrière des capteurs électroniques ! C’était une jolie fille ! Et bien foutue en plus !
- Pardon mademoiselle Émilie, mais je vous trouve bien jo... Il a pas eu le temps de finir. Seconde baffe.
Elle était sacrément énergique (même à l’aube) : « Putain de bordel, mais démarre la bagnole nom de dieu ! »
- Mais Mademoiselle Émilie, je ne sais pas conduire, et les autos m’ont toujours fait peur... »
Elle a sauté au volant pendant que lui s’asseyait péniblement sur le siège passager.
- On se tire, j’ai récupéré les autres caisses des copines en service, mais on a moins de trois minutes pour disparaître d’ici. Dit-elle tandis que les pneus vivaient leurs dernières heures, avec des volutes de fumée inquiétante...
Et déjà des sirènes jetaient leurs sons stridents dans une atmosphère tendue. Tendue comme un …., comme un truc autour d’un corps qui s’épanouit ?

L’aube d’une histoire.

Jeu : La dernière phrase évoque un objet. Celles et ceux qui le trouvent gagnent un bon d’achat dans un supermarché, à condition qu’ils ou elles ne passent pas à la caisse. Bonne chance !


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