La colère gronde sur les réseaux sociaux, et même dans les commentaires des posts préfectoraux qui annoncent des restrictions supplémentaires de déplacement avec ce couvre-feu avancé à 18h à partir de mardi 12 janvier 2021.
Pour différents motifs, de plus en plus de gens en ont plus qu’assez de subir des directives d’en haut qui tombent sans qu’ils soient consultés, sans qu’ils participent aux décisions de près ou de loin, sans que ces mesures correspondent vraiment aux contraintes du quotidien.
Nombreuses aussi sont les personnes qui s’interrogent franchement sur l’intérêt ou la portée de certaines mesures, comme le port du masque en extérieur, le couvre-feu, les anciennes interdictions de se promener dehors plus d’une heure et à plus d’un km, etc.
- Madrid, bataille de boules de neige géante dans les rues
On entend sur les marchés et on lit sur les réseaux internet des commentaires rebelles concernant des problèmes des petits commerçants étranglés, de petits entrepreneurs sans aides spécifiques, de consommateurs pour s’approvisionner sans s’entasser ou faire la queue indéfiniment, des restaurateurs qui vont perdre des produits, des gardes d’enfants, du besoin de promenades de santé ou d’une vie sociale basique pour ne pas déprimer, des étudiants isolés, etc.
Dans ce système politique autoritaire et antidémocratique, où les gens sont considérés comme des pions malléables et corvéables à merci (« Travaille, consomme et ferme ta gueule ! »), sont traités comme des irresponsables et des « mineurs », il n’est pas étonnant qu’à force un ras le bol s’exprime avec cette pandémie et sous cet état d’urgence sécuritaire qui durent.
D’autant que le gouvernement et les institutions ont montré souvent leur mépris, leur isolement, leurs mensonges, leur incompétence à comprendre les besoins populaires, leur priorité donné aux plus riches, leur volonté de détruire les services publics de santé et de ne pas leur donner les moyens adéquats tandis que des milliards pleuvent sans contrôle ni contreparties sur des multinationales richissimes dont les actionnaires se gavent sans limite.
Le chantage à la santé, la culpablisation permanente des contestatations qui ne seraient pas assez responsables par rapport aux contagions (« Obéissez sans discuter pour votre sécurité et celles de autres » râbachent les forces de l’Ordre et autorités, avec les menaces d’amendes et d’arrestations), la répression envers les critiques et interrogations semblent moins marcher qu’avant.
Les gens apprennent, ils réfléchissent, ils se rendent mieux compte des approximations et méthodes inacceptables du gouvernement, de ses alliés et officines.
Le gouvernement par la peur s’érode lentement.
Malgré la propagande permanente et la soupe médiatique mainstream, la population sait mieux faire le tri entre les mensonges, les affabulations, les théories délirantes, les manipulations, les faits avérés et les faits incertains.
Davantage que les mesures prises, absurdes ou pas, c’est la méthode centralisée, l’autoritarisme, la précarité généralisée inhérente à l’économie de marché dès qu’il y a la moindre perturbation, la découverte qu’on a aucun pouvoir et qu’on ne vit pas en démocratie qui révoltent et attisent le ras-le-bol.
- Des couvre-feux partout alors que bars, restaurants et lieux de spectacle sont fermés ??!
Pour autant, tout ça va-t-il déboucher sur des prises de conscience critiques sur la nature profondément néfaste du système en place (la civilisation industrielle) et sur un large mouvement de contestation radicale persistant et déterminé ?
Rien n’est moins sûr tant les habitudes à la passivité, à l’individualisation des problèmes, à l’éparpillement entre de multitudes de sous classes sociales et de focalisation sur certaines conséquences au lieu de s’en prendre aux causes, au fond des choses.
On a été tellement privé d’autonomie, de libertés, de moyens de subsistance, de capacités à lutter, de vie commune, de propension à s’engager dans la conflictualité, qu’il semble très difficile de dépasser les simples protestations, les doléances, les soulèvements éphémères.
Mais la vie, individuelle comme collective, reste imprévisible, les êtres changent et évoluent sans cesse, souvent malgré eux, ils mutent et se transmettent des idées contagieuses comme les virus, certains événements font déborder des vases et exploser des cocottes minute.
Alors tout est possible, le pire reste bien sûr le plus probable vu le contexte, mais le meilleur peut aussi survenir de manière impromptue, et si on l’accueille, qu’on s’y prépare et qu’on s’y jette à coeur perdu, alors le futur pourrait « agréablement » surprendre.
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