Nous republions en hommage à Zeev Sternhell, mort le 21 juin 2020 notre discussion critique des analyses existantes du phénomène rouge-brun s’inspirant notamment de son analyse dans Ni droite, ni gauche. L’idéologie fasciste en France. Dans ce dossier, nous analysons rapidement la critique antifasciste et anti-confusionniste militante, plus longuement celle de Jean-Loup Amselle dans Les nouveaux rouges bruns et celle des libéraux ; et nous essayons de cartographier les différents courants rouges-bruns.
La critique anti-fasciste (lesenrages-antifa.fr, la Horde) et anti-confusionniste (confusionnisme.info) du phénomène rouge-brun, en se limitant parfois à une approche journalistique en termes de réseaux et de contacts, souffre d’un manque d’analyse, d’une certaine confusion et de raccourcis. Néanmoins, elle effectue un travail de veille qu’il convient de saluer, même s’il faut rester critique vis-à-vis de ses analyses souvent trop rapides et de certaines personnalités « anti-fascistes ».
La critique de Jean-Loup Amselle dans Les nouveaux rouges-bruns (Lignes, 2014), intéressante à certains égards, notamment sa condamnation de l’idéalisation primitiviste des sociétés de chasse et de cueillette (principalement écologiste et du MAUSS), du fétichisme de l’identité collective, de l’ethno-différencialisme, du populisme de Jean-Claude Michéa (même si on ne qualifiera pas celui-ci de rouge-brun, mais plutôt comme incarnant l’extrême-droite de l’extrême-gauche en raison de son populisme et de son conservatisme) et des dérives brunes-rouges (antisémitisme, négationnisme, conspirationnisme) d’un certain anti-colonialisme (Serge Thion, Dieudonné, Kémi Seba), souffre néanmoins d’un manque de rigueur analytique sur un certain nombre de sujets. Il effectue ainsi de nombreux raccourcis, se livrant à un amalgame fréquent des conservateurs de gauche (qu’il faut critiquer comme tels, et non comme rouges-bruns) et de l’extrême-droite. [...]
Notre analyse se distingue enfin complètement du discours libéral d’une prétendue « convergence des extrêmes », d’une indifférenciation de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite, voire d’interprétations fallacieuses du nazisme et du fascisme comme des mouvements d’extrême-gauche simplement en raison d’un discours « ouvriériste » et du rouge du drapeau nazi, alors même que ces mouvements une fois au pouvoir ont menées une féroce répression du mouvement ouvrier et n’avaient auparavant qu’un discours pseudo-anticapitaliste ne s’attaquant jamais aux fondements du capitalisme et des classes dominantes. [...]
La brochure entière mise à jour :
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Voir des émissions de Sortir du capitalisme sur ce sujet ou en lien :
Analyse critique du populisme
Une analyse critique des idées d’Étienne Chouard
Le fascisme qui vient
Fascisme, capitalisme et classe ouvrière
Au-delà des Lumières capitalistes, contre l’extrême-droite anti-Lumières
L’antisémitisme de l’extrême-droite néo-païenne
Voir sur le sujet la nouvelle émission d’Histoire radicale : Aux racines historiques du fascisme et du néo-fascisme