Dans un communiqué assez hallucinant relayé par MCD, le président de la communauté de communes du Diois Alain Matheron parle de deux projets de société incompatibles et invite à le rejoindre le 19 juin pour défendre in situ son projet d’extension de zone industrielle à Chamarges qui détruirait près de 5ha de terres agricoles fertiles. Il fera en même temps un « meeting » de promotion de sa politique en matière d’aménagements.
Dans son communiqué, Mr Matheron auto étiquette son rdv du 19 juin de « Rendez-vous Républicain », et s’auto-congratule en qualifiant ses projets d’« économie équilibrée »...
Comme Macron, il se donne des bonnes notes et des qualificatifs flatteurs, pour mieux descendre les visions différentes, pratique.
Mais effectivement, il y a bien deux projets de société distincts et inconciables qui s’opposent, même s’il y a des tas de nuances possibles entre ces deux projets, et des tas de divergences, variations, différences... à l’intérieur de chacun de ces projets.
Après une rapide mise à plat de ces deux projets, on vous propose une réécriture « satirique » de l’article de Mr Alain Matheron président de la CCD.
- Die : deux « projets de société » s’affrontent autour des terres agricoles de Chamarges
Léa Nature renonce aux terres agricoles, mais la CCD s’entête
Le 2 juin, Léa Nature (et donc sa filiale Nateva installée à Die) renonce à s’étendre sur les terres agricoles de Chamarges de la CCD : Victoire : un géant du bio renonce à s’étendre sur une zone agricole
Nateva devait initialement acheter environ la moitié des presques 5 ha que la CCD de Matheron veut détruire pour bétonner et goudronner.
Pourtant, la CCD et Alain Matheron continuent visiblement à s’entêter dans leur projet d’un autre âge.
Soyons nombreux et nombreuses pour que ce projet spéculatif et immobilier soit abandonné pour de bon.
[Prochain RDV important annoncé par la Confédération paysanne Drôme et le collectif de la Tulipe Sauvage : dimanche 18 juin après midi à Die->6863].
Soyons très nombreux.ses, car les travaux de destruction des terres sont annoncés pour le 20 juin !
Projet de société 1.
Mr Matheron, comme Macron, comme tous les grands les capitalistes et les lobbys industriels, défend le projet « consensuel » rabaché partout du « en même temps », c’est à dire le mensonge irréalisable de protéger ET détruire la nature (les terres, la biodiversité, le climat, les animaux et autres humains...). De bétonner ET de restaurer, de technologiser ET d’utiliser du low-tech, de déveloper économiquement ET de faire de la sobriété, etc. Sauf que l’histoire nous a montré que c’était un doux songe pour technocrates et aménageurs indécrottables rivés à leurs lubbies, un songe qui se traduit en cauchemar pour la plupart des habitants de la planète.
En pratique, la mégamachine dévore tout, utilise tout, marchandise tout, et les ravages et destructions continuent, voire accélèrent, au mieux parsemés de mesurettes, d’îlots, de refuges, de niches pour faire joli, endormir, et satisfaire les touristes (et accessoirement développer de nouveux marchés opportunistes au passage).
Mr Matheron, la CCD et leurs amis s’enfoncent dans le déni de réalité et les promesses mensongères tout en essayant de se faire passer pour raisonnables et « écolos ».
On n’est pas dans une expérience de physique quantique du type « chat de Schrödinger », une terre agricole n’est pas « en même temps » protégée et détruite, là ou pas là. Des bulls la défoncent et coulent du goudron et des fondations dessus, la flinguant « à vie », ou on y cultive de quoi se nourrir en respectant les sols.
Une société capitaliste, productiviste, croissantiste et industrielle ne peut pas, et ne pourra jamais, être écolo, soutenable, vivable. Ca fait mal, ça déplait, surtout aux personnes qui ont de gros intérêts de pouvoir ou/et d’argent à préserver dans ce système, mais c’est comme ça.
Projet de société 2.
L’autre projet, celui de la Tulipe Sauvage et de la Confédération paysanne (plus ou moins, peut-être qu’ils-elles ne seront pas d’accord avec tout ce qui suit), de la plupart des écologistes, des personnes raisonnables qui tiennent compte de la réalité, des jeunes qui veulent vraiment un avenir vivable...
Le projet 2. c’est d’accepter qu’il est grand temps de tirer le frein d’urgence, d’arrêter ce qui alimente le réchauffement climatique catastrophique et la destruction des plantes et des animaux, de stopper donc le modèle de société capitaliste/industrielle/croissantiste (le projet 1., celui de Matheron, Macron...), de préserver les terres, zones humides, rivières, bois, qui restent contre l’avancée des machines, des zones industrielles/artisanales, des lotissements, des routes, des ronds points, des échangeurs autoroutiers, des déviations et de l’urbanisation en générale, etc.
Le projet 2. c’est sortir du capitalisme et des autres formes de productivisme, et « inventer » des modèles de société où la qualité de vie prime sur la quantité de biens et d’innovations technologiques.
Ce projet 2. c’est celui de l’autonomie collective, du bien vivre pour toute et tous, de la convivialité et du partage en assurant directement notre subsistance, de la démocratie directe, de la paysannerie, de la sécurité alimentaire et sociale, de l’entraide et de l’égalité sociale, des techniques qu’on maîtrise et qui n’ont pas besoin de longues chaines logistiques mondialisées, etc.
Projet contre projet
Du côté du projet de Matheron et de ses amis élus ou non élus, des intérêts privés, un système politique non-démocratique, un système économique totalitaire et ravageur, des lois pondues d’en haut, des médias dominants, des flics et des préfets, des lobbies, certaines entreprises, parfois des groupuscules d’extrême droite ou des « milices patronales » qui s’ajoutent (on verra si ça se manifeste dans le Diois)...
Du côté des défenseur.es des terres à Chamarges et de la biosphère en général, juste de la bonne volonté, un peu de courage et de détermination, de l’expérience, des sciences, du nombre parfois, de l’analyse et de l’observation, des bras des jambes et du coeur...
Mr Alain Matheron, la CCD et leurs amis sont peut-être dans la légalité. Vu que la légalité permet et encourage très facilement les dévastations ce ne serait pas étonnant. Mais être dans la légalité ne signifie pas être légitime ou porter un bon projet.
Mr Alain Matheron prétend avoir levé les « contraintes » réglementaires, il aura plus de mal à « lever » les « contraintes » climatiques (+4°C ou pire) et écologiques générées par son projet (qui est dans la continuité du projet de ses nombreux complices, ici et ailleurs).
Comme disait le préfet Lallement à Paris dans un rare accès de franchise : « nous ne sommes pas dans le même camp ».
Tristement, deux « camps » semblent s’affronter ici et ailleurs, comme ça a très souvent été le cas dans l’histoire.
Entre des « camps », parfois la « guerre » s’intensifie, comme on a pu le voir dans des ZADs, à Sainte Soline, dans de nombreuses manifestations ce printemps et auparavant.
En l’absence de démocratie et dans un système batit de longue date sur des intérêts antagonistes à tous les niveaux dirigé par des minorités d’oligarques, de notables et de possédants, les conflits sont inévitables, et ils risquent de s’intensifier tant les nombreuses conséquences désastreuses et inévitables du projet 1. se précisent et s’aggravent.
Les enjeux deviennent plus clairs et plus vitaux, les deux « projets » divergents ne peuvent que s’entrechoquer.
- Die : deux « projets de société » s’affrontent autour des terres agricoles de Chamarges
Travaux de destruction des terres le 19 ou le 20 juin 2023
Vu les propos de Mr Alain Matheron et les infos de la CCD, il semble que les travaux de destruction des terres voudraient démarrer à Chamarges le 20 juin.
Mr Matheron sera peut-être en première ligne, écharpe tricolore à la main, pour ouvrir la voie aux engins de chantier ?
Au fait, pas de nouvelles de la réunion publique annoncée par Matheron pour mai ?? LOL
Inversion des réalités
Comme Macron, Mr Alain Matheron inverse souvent les réalités. (remarquons au passage que la Confédération Paysanne n’est jamais citée par Matheron dans ses articles, alors qu’elle participe à part égale aux actions et communiqués publiés par la Tulipe Sauvage - Mépris ou basse manoeuvre pour éviter de se faire mal voir du monde paysan et réduire les contestataires à des « écologiste hors sol » ?)
Alors pour finir sur une note « humoristique » voici une version inversée, donc remise à l’endroit, de son article :
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Aujourd’hui, un groupe d’élus illégitimes et minoritaires conteste l’utilité vitale et l’urgence de protéger de belles terres agricoles fertiles à Chamarges. Ce groupuscule agit depuis plusieurs années au mépris de la réalité, au mépris du travail et des décisions de nombreux habitants, au mépris de la démocratie.
Par la voix d’Alain Matheron, chef de la CCD, ce groupe d’élus s’exprime en votre nom citoyens diois, dicte votre avenir, écrit ce qui doit être, impose sa vision territoriale, par la crainte, par des menaces, par un matraquage de communications, en utlisant les pouvoirs d’un système représentatif loin d’être une démocratie, et en captant l’argent publique.
De nombreux habitants du Diois, écologistes ou non, regrettent cette situation, mais constatent avec regret l’impossibilité de dialoguer. Nos projets de société diffèrent trop. Ce groupe d’élus nous propose une économie croissantiste, un "en même temps" impossible, un repli dans les mêmes ornières du "développement" qui a mené, on le voit, aux désastres !
Peut-être nous trompons nous ? Peut-être que notre territoire n’a besoin ni de terres agricoles, ni de paysans, ni d’autonomie collective, ni d’assurer sa subsistance, ni de stopper ce qui cause le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité, ni de sobriété et de bien vivre ? Peut-être partagez-vous l’avis de ce petit groupe d’élus ? Peux être que notre territoire n’a pas besoin d’assurer un avenir vivable pour les jeunes ?
Si vous le pensez, alors laissons lui la place ! Et nous nous retrouverons pour éteindre des incendies de forêts récurrents, aller chercher de l’eau potable livrée par camions citernes, faire la queue pour de (rares) rations alimentaires distribuées par l’armée, regarder les cultures crâmer sous les canicules et les sécheresses, pour nous lamenter sur une rivière Drôme à sec tout l’été.
Sinon, si vous croyez encore en l’avenir d’un Diois terre d’accueil, à un Diois équilibré, où autonomie collective, subsistance, écologie, démocratie, bien vivre et agriculture ne s’opposent pas, on vous donne rendez-vous : le dimanche 18 juin à 15 heures à Die, place de la République.
A cette occasion, nous programmerons une nouvelle mise en culture collective de parcelles et nous pourrons discuter de :
Comment traiter les enjeux environnementaux et établir un plan de transformation positive, vivable et durabler du Dois
Comment lever les menaces policières et politiques
Comment continuer les plantations
Comment réhabiliter des friches et s’occuper de la maîtrise foncière pour que le logement soit accessible et pas réservé aux riches et touristes.
Quels aménagements nous allons ensivager ensemble pour rendre la région fertile, accueillante, solidaire, soutenable...
Votre présence est indispensable !
Rendez-vous nombreux le dimanche 18 juin à 15 heures à Die, place de la République !
Quelques habitants du Diois
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Note : les auteurs de cette page ne sont pas partie prenante de la Tulipe Sauvage ni de la Confédération paysanne.