Désarmements en série en France et manifestations insurrectionnelles en Grèce

Le feu couve encore et toujours

samedi 1er mars 2025

Alors que parfois tout semble éteint, lessivé, domestiqué, ces quelques faits rappellent que le feu n’est pas loin, qu’il peut ressurgir et grandir n’importe où et n’importe quand, qu’une explosion de révolte salvatrice reste toujours possible.
Il suffit d’une étincelle et d’une conjonction d’âmes vaillantes pour briser les plus lourds carcans.

Désarmements en série en France et manifestations insurrectionnelles en Grèce

Désarmements en série en France

La période n’est pas si calme qu’on l’imagine et, partout, des luttes et actions directes ont lieu, parfois sous les radars des grands médias. Quatre désarmements ont eu lieu ces derniers jours dans le pays.

- Une gendarmerie part en fumée en Vendée

Dans sa fuite en avant sécuritaire, le gouvernement l’avait promis : 200 nouvelles brigades de gendarmeries devaient êtres créées sur le territoire national, et en particulier dans les petites communes. Dans un pays où les bureaux de poste et les gares ferment en zones rurales, où il manque des médecins et des écoles, l’objectif paraissait aussi absurde qu’indécent.

En Vendée, la commune de Bois-de-Céné a bien obéi aux consignes et a dépensé 400.000 euros pour transformer une ancienne maison en caserne de gendarmerie. Le local de 160 mètres carrés était flambant neuf, les travaux venaient de se terminer, 10 gendarmes devaient intégrer les nouveaux locaux. Mais le samedi 22 février, cette gendarmerie a été entièrement incendiée. La police estime qu’il s’agit d’un acte volontaire.

- L’agro-alimentaire pris pour cible en Bretagne

Connaissez-vous le collectif Frites ? Il a la patate, et enchaîne les actions en Bretagne. Frites, pour « Forces Révolutionnaires Intergalactiques et Territoriales En Sauce ».

Le 28 janvier, il a revendiqué l’attaque du siège social d’une coopérative d’éleveurs de porcs à Plouédern, dans le Finistère. Il s’agit de la firme Eve’l Up, qui compte déjà 12.000 porcs et dont l’agrandissement a provoqué l’opposition des riverains et des recours en justice. Un entreprise qui contribue au problème de l’élevage intensif qui pollue le littoral breton.

L’attaque a eu lieu aux environs de 4h du matin dans ce bâtiment de 1.800m². Des « activistes » auraient « fracturé des vitrages », puis introduit des « engins incendiaires dans le bâtiment principal » disent les autorités. La presse parle de centaines de milliers d’euros de dégâts. Dans un communiqué, Frites accuse l’entreprise porcine d’aller « à l’encontre des intérêts du monde paysan » et dénonce son patron, qualifié « d’engraisseur de paraît-il bientôt 26.000 porcs par an. La question que l’on pose : qui engraisse qui ? »

Un mois plus tard, le 25 février, c’est le siège social de l’entreprise d’Eureden, toujours dans le Finistère, qui était visée par le collectif Frites. « Nous avons été victimes d’une tentative d’intrusion avec un départ de feu » déplore Eureden. Il s’agit d’un géant de l’agro-alimentaire breton, réalisant 3,8 milliards d’euros de chiffre d’affaire et possédant les marques d’Aucy, Paysan Breton ou encore Magasin Vert. Eureden distribue à la fois de l’alimentation mais aussi des produits phytosanitaires.

Un nouveau message sarcastique a été diffusé : « La soirée frites précédente nous a beaucoup inspirées, agrémentée de sa sauce, elle fut savoureuse pour tous ceux ayant subi la malveillance des industriels qui ne veulent nous fournir que des patates chaudes… C’est pour ça que cette nuit, à Quimperlé, les Frites viennent ajouter du goût à Eureden avec leur fameuse sauce piment. Hé oui, la deuxième cuisson, ça pique ! »

Le président de la région Bretagne est très en colère : « Ces actes sont inacceptables : dangereux, criminels et indignes ! (…) L’autonomie alimentaire de notre pays est un enjeu trop sérieux pour être pris à la légère ».

- Un dépôt pétrolier de Bolloré désarmé à Strasbourg

Dimanche 23 février, une nouvelle action a visé l’empire Bolloré, quelques semaines après la grande vague d’actions nationale qui visait à désarmer les entreprises du milliardaire d’extrême droite. À Strasbourg, l’enceinte d’un dépôt pétrolier de Bolloré Energy a été désarmée.

Le site Seveso a été envahi par « une dizaine de personnes » au petit matin, et « des dégradations ont été commises sur plusieurs camions citerne et le robinet d’une cuve ». Des « vitres ont aussi été cassées, et des câbles et des systèmes arrachés » relate la presse locale. Aucune interpellation n’a eu lieu. Cette action vise à la fois le capitalisme fossile, qui provoque l’emballement du climat, et les intérêts d’un ultra-riche qui fascise la société.

- source, avec liens : https://contre-attaque.net/2025/02/28/desarmements-en-serie-en-france/

Grèce : grève générale et manifestations insurrectionnelles contre le néolibéralisme

« La Grèce tue ses enfants » : c’est l’un des slogans entendus ce vendredi 28 février 2025 dans les rues d’Athènes. Le pays entier était à l’arrêt, paralysé par une grève générale. Écoles, universités, administrations et magasins avaient fermé leurs portes, les transports ne circulaient plus et une marée humaine était dans les rues.

La police parle de plus de 325.000 personnes dans les manifestations. Un chiffre qu’il faut sans doute multiplier par 3, ce qui en fait l’une des plus importantes mobilisations de l’histoire du pays.

Deux ans plus tôt, un drame ferroviaire a traumatisé la Grèce : la catastrophe de Tempi, qui a tué 57 personnes. Le 28 février 2023, un train interurbain de voyageurs au nord d’Athènes était percuté par un convoi de fret bourré de produits chimiques, qui se trouvait sur la voie sans que personne ne s’en rende compte, faute de personnel. Un enregistrement sonore a récemment été rendu public par la mère d’une des victimes. On y entend sa fille suffoquer, avant de conclure en agonisant : « Je n’ai pas d’oxygène ». Cette phrase est devenue un cri de ralliement.

La vétusté du réseau est liée à sa privatisation, en 2017, suite à la crise économique qui a frappé le pays. Les organismes capitalistes internationaux – la Troïka composée de l’UE, de la BCE et du FMI – ont obligé la Grèce à adopter des mesures néolibérales, notamment des privatisations, en échange d’une « aide » financière. Le rail est donc possédé par une entreprise privée italienne. La « compétitivité » et la recherche du moindre coût ont provoqué la mort de 57 personnes.

L’accident de février 2023 a été un catalyseur de l’immense colère du peuple Grec, qui souffre depuis des années des plans d’austérité. À chaque anniversaire de l’accident de Tempi, une grève générale est organisée. Le 26 janvier dernier, comme pour préparer la mobilisation de ce jour, une déferlante avait déjà pris les rues des villes grecques, réunissant des centaines de milliers de personnes.

À Athènes ce vendredi, une pluie de cocktails Molotov a visé la police et des affrontements au corps à corps ont eu lieu. Un policier a moto a même été sérieusement bousculé. Le collectif anarchiste Rouvikonas a accroché des banderoles sur le bâtiment de la compagnie ferroviaire responsable en criant « ce crime ne doit pas être oublié, ces jours sont pour Tempi ».

Si la Grèce a été sacrifiée pour l’exemple par les néolibéraux au début de la décennie 2010, la soif de justice n’a jamais été étanchée et l’esprit de révolte y est plus vivant que jamais.

- Source, avec liens et Vidéo : https://contre-attaque.net/2025/02/28/grece-greve-generale-et-manifestations-insurrectionnelles-contre-le-neoliberalisme/


Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
[Se connecter]
Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Retrouvez Ricochets sur :
- MASTODON (en .onion)
- SEENTHIS
- FACEBOOK

Partagez la page

- L'article en PDF : Enregistrer au format PDF
Site réalisé avec SPIP | | Plan du site | Drôme infos locales | Articles | Thèmes | Présentation | Contact | Rechercher | Mentions légales | Suivre la vie du site RSS 2.0
Médial local d'information et d'expression libre pour la Drôme et ses vallées, journal local de contre-pouvoir à but non-lucratif, média participatif indépendant :
Valence, Romans-sur-Isère, Montélimar, Crest, Saillans, Die, Dieulefit, Vercheny, Grane, Eurre, Loriol, Livron, Aouste sur Sye, Mirabel et Blacons, Piegros la Clastre, Beaufort sur Gervanne, Allex, Divajeu, Saou, Suze, Upie, Pontaix, Barsac, St Benois en Diois, Aurel...
Vous avez le droit de reproduire les contenus de ce site à condition de citer la source et qu'il s'agisse d'utilisations non-commerciales
Copyleft