Citoyennes, citoyens, ami(e)s, camarades,
En décembre 1851, 10 000 drômois se dressaient contre le coup d’état de Louis Napoléon Bonaparte. Le 7 décembre, ils étaient près de 4 000 à Crest, venus des vallées de la Sye et de la Gervanne, de Chabrillan et puis de Grâne, armés de faux et de quelques rares fusils. Les canons leur répondront, puis une sauvage répression. Mais malgré le régime policier du second Empire, la résistance perdure, clandestine, opiniâtre.
C’est en 1906, alors que la République laïque vient de voter la loi de 1905, de Séparation des Églises et de l’État, que nait l’idée de cette statue de l’Insurgé. Elle sera érigée en 1910, sur la place de la Liberté, puis déboulonnée sous le régime de Vichy, sous prétexte d’en récupérer le métal. C’est grâce à une souscription, lancée par Albert Fié, décédé l’an passé, et soutenue par le maire de l’époque Jean-Pierre Tabardel, qu’en 1991 une nouvelle statue, identique à la précédente, retrouva la place qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
Robert Serre, auteur du livre « 1851, 10 000 drômois se révoltent », résumait ainsi l’histoire des insurgés d’alors : « Ni des bandits, ni des héros, ces hommes et ces femmes poussés à bout luttaient, de manière indissociable, pour renverser un pouvoir dictatorial, rétablir la démocratie, instaurer la République espérée et trahie en 1848, obtenir la satisfaction de leurs besoins élémentaires et la reconnaissance de leur dignité ».
Les symboles ont la vie dure. Celui-ci et bien d’autres, témoignent de cette mémoire qui traverse les générations et resurgit de manière imprévisible, incarnant l’exigence inlassablement réitérée, de justice sociale, de paix, de liberté et de démocratie.
Nous sommes aujourd’hui face à un pouvoir sans légitimité, aux ordres des possédants, sourd aux revendications, sourd à la colère qui monte, devant cette volonté bonapartiste, pétainiste, de détruire méthodiquement la totalité des acquis ouvriers et démocratiques.
L’écho d’hier résonne aujourd’hui à travers ces paroles du chant de l’Insurgé :
Contre la classe patronale,
Il fait la guerre sociale
Dont on ne verra pas la fin
Tant qu’un seul pourra, sur la sphère
Devenir sans rien faire
Tant qu’un travailleur aura faim !
A la bourgeoisie écœurante
Il ne veut plus payer de rente
Combien de milliards tous les ans ?
C’est sur vous, c’est sur votre viande
Qu’on dépèce un tel dividende
Ouvriers, mineurs, paysans.
Devant toi, misère sauvage,
Devant toi, pesant esclavage,
L’insurgé se dresse
Le fusil chargé.
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La Libre Pensée est laïque, démocratique et sociale, c’est à dire qu’elle rejette, au nom de la dignité humaine, ce triple joug : le pouvoir abusif de l’autorité en matière religieuse, du privilège en matière politique et du capital en matière économique. À la place qui est la sienne, depuis 170 ans, elle participe aux débats et aux questionnements en cours, elle agit et se développe, en toute indépendance.
Si nous avons décidé d’avancer cette année la date de ce rassemblement devant la statue de l’Insurgé, c’est parce que nous serons le 8 décembre, avec les organisations attachées à la laïcité, devant les préfectures de l’Ardèche et de la Drôme comme dans tout le pays, pour dire haut et fort au tout petit Jupiter en mal de paratonnerre « Ne touchez pas à la loi de 1905 ! » À Prives le 8 à 11h, à Valence le 8 à 14h30.
Ni dieu ni maître et vive la Sociale !
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