Toute personne qui se balade à Crest peut remarquer qu’il s’y trouve d’assez nombreux bâtiments vides, notamment dans le centre ville et ses abords, mais aussi dans la zone industrielle.
Ces lieux vides sont de divers types (locaux commerciaux, usines, hangars, immeubles, appartements...) et sont dans des situations variées.
Voici en bas de l’article une série de photos de la plupart d’entre eux (au moins une centaine !), il en manque sans doute. Certains d’entre eux sont en vente, depuis plus ou moins longtemps. Certains autres sont peut-être utilisés comme logements ou lieu de stockage (difficile parfois de distinguer si un local est utilisé ou pas), ou en cours de rénovation, ou en attente d’un projet de travaux. Certains sont utilisés au RDC et pas aux étages, d’autres c’est l’inverse.
Néanmoins, un grand nombre d’entre eux sont vides et inutilisés, parfois depuis plus de 20 ans.
Quelques réflexions sur la question
Une bonne part de ces biens immobiliers se dégradent et sont à l’abandon depuis des années, mais les structures rigides de la propriété, les inégalités sociales et de richesse, le conservatisme municipal ?, ainsi que les habitudes bloquent les possibilités de les faire renaître.
Nombre de propriétaires, surtout s’ils sont fortunés, préfèrent laisser des bâtiments à l’abandon, en attendant une conjoncture économique plus favorable ou de pouvoir revendre plus cher ? Il y a aussi les propriétaires pauvres, les héritages compliqués, etc.
Pour les cas les plus anciens, l’actuelle majorité municipale n’a toujours pas imposé d’expropriations malgré certaines promesses qu’elle a pu faire.
Peut-être que certains bâtiments anciens seraient trop coûteux et compliqués à réhabiliter ? Dans ce cas, il faudrait les démolir, faire de la place pour d’autres constructions ou pour des espaces verts (avec des plantes comestibles, des arbres fruitiers, des vignes et autres kiwis). La lumière circulerait mieux.
Peut-être qu’il y a aurait besoin d’assouplir les normes, et les contraintes liées aux périmètres spéciaux de monuments historiques ?
Les bâtiments inutilisées seraient bien utiles pour créer des lieux de vie, des lieux d’activités à but non lucratif, des espaces non-marchands (expositions, cafés, cantines, ateliers, concerts...), des espaces publics autogérés conviviaux et gratuits. Seulement, les prix très élevés du marché ne le permettent pas, ou très difficilement, et ce n’est pas dans les projets du Sieur Mariton, qui préfère continuer les lotissements et le « tout pour le tourisme ».
Il faudra aussi des lieux pour accueillir dignement les migrants et réfugiés, qui viennent et viendront de l’étranger, plus ceux qui fuiront les grandes villes françaises quand elles seront invivables suite aux prochains effondrements de ce système thermo-industriel.
Rénover, utiliser, transformer, redonner vie est une bonne chose, mais à condition d’empêcher la hausse des prix de l’immobilier (et même de favoriser la baisse), pour éviter que petit à petit seuls les plus riches puissent rester au centre ville, ou qu’il se transforme en galerie proprette de magasins plus ou moins de luxe, un espace uniquement marchand où les plus pauvres sont exclus.
On touche là aux questions de classes sociales, de choix politiques, de qui décide de quelle ville on construit, vers quels objectifs.
Faire une ville par et pour tous les habitant.e.s en les intégrant aux prises de décisions, avec des objectifs de décroissance, d’autonomie locale et de résilience ne donnera pas les mêmes types d’aménagements que viser d’attirer des riches et des retraités, laisser le marché immobilier totalement libre, ou miser sur le commerce et le tourisme.
Faut-il continuer les leurres de la mixité sociale ou changer de société en faisant disparaître les classes sociales ?
Libérons-nous de la propriété privée immobilière ?
...qui contribue à entretenir les inégalités sociales, empêche des projets non-marchands, favorise le mal-logement (insalubrité, manque d’isolation...), enfonce les plus pauvres, favorise le chaos urbain, perpétue des rentes pour quelques uns et un calvaire pour le plus grand nombre, etc.
Pour changer la donne, sans attendre des changements législatifs d’ampleur qui ne viendront pas de si tôt, plusieurs leviers seraient possibles :
- une nouvelle équipe municipale, ouverte, poussée par les habitant.e.s, qui applique une politique volontariste pour qu’un maximum de propriétés reviennent à la commune ou à des structures à but non-lucratif gérées collectivement et démocratiquement (coopératives d’habitants, fonds de dotation...)
- des habitant.e.s de Crest, nombreux, qui s’allient pour prendre les choses en main eux-mêmes directement, par divers biais : occupations, squats revendicatifs, achats, chantiers collectifs, pressions diverses sur la mairie et des propriétaires pour obtenir des biens immobiliers à des conditions avantageuses (notamment de prix)...
- des propriétaires solidaires qui mettent à disposition leurs biens ou qui les donnent aux structures gérés par les habitant.e.s ou la commune
Des habitant.e.s de Crest en ont ils envie ? Veulent-ils sortir de leur impuissance et de l’isolement pour monter des projets collectifs d’émancipation sociale qui puissent répondre à leurs besoins ? Quels seraient au juste leurs besoins, leurs rêves ?
Ici je soulève des questions, des pistes, mais c’est aux habitant.e.s motivé.e.s de voir ensemble, de chercher une meilleure voie.
En tout cas il y a mieux à faire que de laisser le question immobilière entre les mains de l’actuelle municipalité ou dans les rouages du Marché.
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