Voici un programme réjouissant, qui parle non seulement de résistance et de blocages de projets écocidaires, mais aussi d’alternatives et d’offensives pour le vivant les communs :
Appel des Soulèvements de la Terre
La catastrophe écologique n’est pas à venir, elle est déjà là. Nous ne nous résoudrons pas à la contempler, impuissants, isolés et enfermés chez nous. Nous avons besoin d’air, d’eau, de terre et d’espaces libérés. Les causes et les responsables de la destruction des sols nous entourent : bétonisation, industries polluantes, et accaparement des terres vivrières par l’agro-industrie. Nous voulons cibler et bloquer ces responsables. Nous voulons aussi occuper et cultiver les terres qui nous ont été arrachées. Parce que tout porte à croire que c’est maintenant ou jamais nous avons décidé de jeter nos forces dans la bataille.
- Planche d’Alessandro Pignocchi
(L’appel est aussi publié sur Reporterre)
extraits :
Depuis longtemps, l’économie nous a séparé·es de la terre pour en faire un marché. Erreur fatale qui nous mène droit au désastre. La terre n’est pas du capital. C’est le vivant, le paysage et les saisons. C’est le monde que nous habitons, en passe d’être englouti par la voracité extractiviste. Après avoir enclos et privatisé les communs, le marché capitaliste et ses institutions précipitent aujourd’hui le ravage de la biodiversité, le bouleversement climatique et l’atomisation sociale.
3 - Nos luttes comme nos alternatives sont absolument nécessaires mais, séparées les unes des autres, elles sont impuissantes. Syndicalisme paysan, mouvements citoyens, activismes écologiques, agitations autonomes, luttes locales contre des projets nuisibles, ne parviennent pas, seuls, à renverser la situation. Il est nécessaire d’unir nos forces pour impulser et inventer des résistances nouvelles, à la mesure du ravage auquel nous assistons stupéfait·es.
1- Pour faire cesser le ravage, nous appelons à enclencher le frein d’urgence, à concentrer nos forces pour cibler, bloquer et démanteler trois des industries toxiques qui dévorent la terre : celles du béton, celle des pesticides et celle des engrais de synthèse. Nous nous retrouverons en juin et à l’automne pour des grosses actions de blocage d’industries.
2 - Remettre la terre entre nos mains et l’arracher des griffes des accapareurs exige que nous soyons chaque jour plus nombreux à remettre les mains dans la terre. Des centres urbains jusqu’aux confins des périphéries, nous appelons à des reprises de terres, par l’installation paysanne, le rachat en commun ou l’occupation. Nous nous retrouverons dès ce printemps pour des actions d’occupations de terres contre l’artificialisation.
3 - Pour restituer aux habitant·es et aux paysan·nes de chaque localité le pouvoir de décider de l’attribution, l’usage et la destination des terres, nous appelons à s’introduire en masse, chaises en main, dans les diverses institutions et lieux de pouvoir où se décide sans nous le devenir de la Terre. Nous ne pouvons laisser plus longtemps ce pouvoir entre les mains de la FNSEA et de l’agro-industrie, des aménageurs et des bétonneurs. Nous nous retrouverons à partir de la rentrée prochaine pour occuper ces lieux de décision.
La première saison des soulèvements de la Terre sera marquée par une première vague d’occupations de terres et de blocages contre le bétonnage : 27 mars aux Vaites à Besançon (jardins populaires vs extension urbaine), les 10 et 11 avril à Rennes à la Prévalaye (cultures collectives vs métropole), les 22 et 23 mai au Pertuis en Haute-Loire (paysans expropriés vs construction d’une déviation routière), les 19-20-21 juin à St-Colomban en Loire-Atlantique (défense du bocage menacé par les carrières de sable et le maraîchage industriel), au cours du printemps sur le plateau de Saclay dans l’Essonne (terres agricoles vs technopole), à partir du 29 juin (semaine d’actions de blocages d’envergure et simultanées ciblant l’industrie de la construction et du Grand Paris). Les 3-4 juillet, un grand rassemblement festif aura lieu pour célébrer la fin de la saison 1 sur des terres à défendre en Île-de-France.
Faire date. Agir ensemble au fil des saisons. Jeter toutes nos forces dans la bataille. Remuer ciel et terre. Entre la fin du monde et la fin de leur monde, il n’y a pas d’alternative. Rejoignez les soulèvements de la Terre.
Des actions A SUIVRE sur lessoulevementsdelaterre.org, avec un calendrier et des actus
Dans la région, l’action la plus proche prévue pour l’instant se situe en Haute-Loire :
Le Pertuis (entre Saint-Etienne et le Puy en Velay), Du 22 mai 2021 au 23 mai 2021
Lorsque l’on quitte Saint-Etienne pour descendre vers le Puy-en-Velay, via la RN88, on traverse deux petits villages de moyenne montagne que sont Le Pertuis et Saint-Hostien, entourés de sucs volcaniques, de terres agricoles, de forêts et ruisseaux.
Voilà plus de 30 ans qu’un projet de déviation est envisagé pour les détourner, et continuer de fluidifier l’axe Lyon-Toulouse. Projet dont les travaux ont été entamé en janvier 2021 avec défrichement de haies et de parcelles forestières, sans respect des mesures environnementales de l’arrêté préfectoral. Un recours juridique a été déposé par trois associations pour suspendre les travaux au plus vite.
(...)
Ce projet impacte 29 fermes, et plus de 140 hectares de terres (dont 80 hectares de terres agricoles, et 20 hectares de zones humides). Laurent Wauquiez attaque l’agriculture paysanne depuis son investiture à la région, il a retiré un grand nombre de subventions à des associations qui travaillent depuis des années à l’aide à l’installation et l’accompagnement des petits paysans, non « conventionnels ». Plus directement, il soutien et porte des projets contestés qui impactent directement le foncier agricole : TGV Lyon-Turin, RN88, et anciennement A45.