Sur la crise covid-19 et ses développements (passe sanitaire, vaccins...), de nombreuses personnes partagent sans s’en rendre compte des publications liées à des médias ou personnalités penchant (souvent en sous-main) plus ou moins fortement pour l’extrême droite ou la droite dure. Il est important de regarder tout ça de plus près pour déceler l’idéologie et les personnes qui relient ces médias dits de "réinformation" :
- La désinformation sous couvert de « réinformation » - Avis orienté, concept marketing voire désinformation : les sites très droitiers Egalité et réconciliation, Fdesouche ou encore Russia Today ont pour objectif de « réinformer » les citoyens.
- Les sites de « réinformation », la stratégie payante de l’extrême droite sur internet - Des sites comme Fdesouche, LDC-News, Novopress ou TV Libertés visent à rendre acceptables les thèses d’extrême droite auprès de l’opinion publique. Et leur pari n’est pas loin d’être tenu.
(...) L’originalité de cette stratégie repose sur l’utilisation d’outils et d’interfaces mettant à contribution les internautes en terme de propositions de contenus, de partage de connaissances et d’actions : au-delà de la réactivité que permet l’utilisation d’internet pour un tel mouvement et de l’interactivité propre à ce média, c’est dans l’intercréativité de chacun –militants, sympathisants, visiteurs– que Les Identitaires tirent leur épingle du jeu. Ils multiplient les espaces d’information, de mobilisation, de débat et de conversation, qui s’agrègent entre eux, comme l’a montré l’excellent numéro 35 de la revue Réseaux.
Ces espaces numériques ont un statut parfois ambigu : mi-politique, mi-page personnelle, ni espace privé, ni espace public. Cette ambiguïté contribue à confondre les lecteurs. Comme le montre un article du Monde consacré aux trolls d’extrême droite sur internet, il est d’autant plus important de savoir reconnaître et distinguer les différentes plateformes liées de près ou de loin à l’extrême droite et à ses idéologues.
Crise Covid-19, vaccins... pour aider à faire le tri entre les experts ou prétendus tels et les diverses infos souvent contradictoires, ce bon article :
- Le vaccin, quand tout le monde devient expert, qui croire ? - Ça fait un an et demi qu’on voit passer un flux continu d’informations contradictoires sur la crise dans laquelle on semble s’enfoncer inexorablement. Chaque jour de nouveaux chiffres, chaque jour une nouvelle opinion dans un post revanchard ou moqueur, chaque jour une nouvelle étude qui semble dire le contraire de celle qu’on a “vu passer” la veille.
Je ne veux pas expliquer dans cet article pourquoi j’aurais raison de penser ce que je pense de la situation actuelle à grands coups d’études scientifiques. Je veux simplement tenter d’exposer pour celles et ceux que ça intéresse comment je sélectionne progressivement les sources de confiance qui participent à construire ce que je pense savoir du vaccin et de la crise actuelle.
Pour celles et ceux qui se sentent perdus face au flux d’informations contradictoires sur la crise sanitaire, la gravité de la maladie et la balance bénéfice risque des vaccins, voici mes quelques méthodes pour y voir un peu plus clair.
- La désinformation et la diffusion de discours d’extrême droite sous couvert de « réinformation »
- Les médias et personnalités plus ou moins liés à l’extrême droite se répandent à l’aide de kits « militants » et de discours calibrés
Sur Reinfocovid & co, on trouve des personnes d’extrême droite ou sympathisantes, elles y avancent souvent masquées :
- Reinfocovid – quand l’extrême droite s’empare de l’épidémiologie - Le piège, pour celles et ceux qui sont moins informés, réside dans le fait que ces mouvements, souvent, se présentent comme apolitiques et citoyennistes. Ils ne veulent être pliés aux vérités scientifiques, ni aux politiques gouvernementales, mais utilisent des plateformes comme Odyssee, des blogs et web-tv’s assimilées à l’extrême droite, pour diffuser leur propagande. (...) La manœuvre est insidieuse. Ces liens entre les Reinfocovid, Baslesmasques, BonSens et FranceSoir ou Cnews, ne sont pas le fruit du hasard. L’idée est, à travers les thèmes de société et en l’occurrence la crise du covid-19, d’induire délicatement une ligne idéologique caractérisée politiquement à l’extrême droite.
Quand un visiteur se rend sur FranceSoir à travers une connexion au sujet de la santé, proposée par BonSens, site internet auquel il fait confiance ; il va alors avoir toute confiance dans FranceSoir, puisqu’il se trouve dans une logique de confidence. C’est ainsi, que le visiteur qui cherche à s’instruire sur le covid-19, se retrouve face à toute une gamme d’idéologies et de propagande extrémiste. - Lettre à propos de ReinfoCovid (mai 2021, donc avant le mouvement de cet été)- Si nous ne rejoignons pas les "anti-masque" ce n’est pas par peur d’être traité de « complotistes » mais parce que nous nous opposons à leurs discours et au champs politique dans lequel ils s’inscrivent.
Lettre au Réseau Mutu à propos de ReinfoCovid et des anti-masque - Louis Fouché, gourou d’une pépinière d’extrême droite - ReinfoCovid, Un Nôtre Monde et les influenceurs anti-masques et anti-vax [Enquête]
Des personnalités et une idéologie pas si "neutres" que ça
En réalité, derrière Reinfocovid & co on trouve donc assez souvent certaines personnalités et une idéologie pas si "neutres" que ça.
Ces personnages médiatisés se disent apolitiques, mais en fait on les retrouve beaucoup et surtout sur des médias liés à l’extrême droite , et discourant avec des personnalités de cette mouvance.
On voit d’ailleurs sur Reinfocovid des vidéos de "Putsch media", où Philippot, RT France, Di Vizio, Nicolas Dupont Aignant sont bien présents.
Ils se prétendent apolitiques pour accrocher et rassurer le chalant, mais en réalité leurs liens et leurs « stars » sont très souvent situés dans les divers courants d’extrême droite.
Au final, beaucoup de personnes sincèrement, légitimement, en colère contre la politique sécuritaire et autoritaire du gouvernement, et méfiantes à raison contre certaines infos officielles, se retrouvent engluées sans le vouloir dans les filets des mouvances d’extrême droite qui ratissent large, jouent sur le flou, la confusion, l’envoi par petites touches vers des sites et personnalités de son bord.
Le problème n’est pas tant de savoir ici si ces sites et personnalités disent des choses justes ou fausses, mais surtout qu’ils utilisent les interrogations et défiances légitimes pour propager (la plupart du temps sciemment) un discours du champ politique d’extrême droite et davantage de confusion. Ce qui pourrait imbiber et influencer l’esprit de pas mal de personnes, rendant acceptables les sempiternelles idées rances de l’extrême droite, donc méfiance, faisons le tri.
Autre exemple : divulgation.fr
Un tract de conseils juridiques était distribué à la manif de Valence du 14 août ("Pourquoi les employeurs n’ont pas intérêt à appliquer la loi sur le pass sanitaire ?"), il provenait du site divulgation.fr
Sur ce site, il y a des préventions récurrentes contre les francs-maçons, sur la page FB d’un des fondateurs des obsessions sur les extra-terrestres.
Un des deux fondateurs/animateur de Divulgation, Angelo Alers, remercie sur sa page FB : TV-libertés, Sud Radio, France Soir, l’UPR (des médias et un parti lié à l’extrême droite)
Dans l’urgence et l’émotion, il est parfois plus facile d’utiliser et de suivire des médias pas si nets qui diffusent des articles et des kits clés en main, néanmoins prenons la peine d’utiliser des médias plus sûrs ou de créer des automédias.
Voir aussi ce dossier de 2016 : Ces sites « d’informations locales » qui vous veulent du mal
Comme nous le disions encore hier, si l’extrême droite peine à réunir dans la rue, elle est très puissante sur internet.
A coté des « poids lourds » de la fachosphère, comme fdesouche, dreuz, novopress et compagnie on trouve une multitude de sites secondaires. Et toute cette galaxie obéit à des « lois » internet bien précises.
Aujourd’hui, pas de hoaxes proprement dit, mais une tentative d’explication de ces techniques de manipulation bien rodées et surtout d’une catégorie d’outils utilisés : les sites d’informations « locaux ». Car la fachosphère n’a pas que des sites de réinformation/désinformation « généraux », mais aussi des sites capables d’attirer la personne approchant la fachosphère.
(...)
On rappellera pour mémoire à ce moment de notre article le concept de « réinformation » de la fachosphère :
Le paradigme est simple et bien connu : tout étranger au corps de la Nation est par essence inassimilable. Breton, Italien hier. Rom et musulman aujourd’hui.
La communication de « réinformation » consiste à asséner cette vérité première au moyen de présentation de faits divers à sens unique : uniquement ceux commis par des étrangers ou descendants directs d’étrangers.
(...)
La fachosphère a très bien compris comment fonctionnait le système internet/capitalisme. Les moteurs de recherche, les sites de réseaux sociaux, les sites de vente, etc… utilisent tous des algorithmes capables de dégager vos centres d’intérêts. On ne vous apprend rien.
(...)
si vous fonctionnez avec ce système de « bulles de filtres » il ne faudra pas compter sur les algorithmes pour vous proposer autre chose !
Un système de fonctionnement qui explique immédiatement la profusion de sites de la fachosphère et leurs liens.
Une « bonne » organisation de sites plus ou moins coordonnés (non les responsables de la fachosphère ne se réunissent pas avec des chapeaux pointus à la pleine lune-à part ceux du KKK) donnerait des galaxies différentes de centres d’intérêts agrégés : ultra catholicisme, les « juifs », les « musulmans », le « bilderberg » etc… afin d’attirer le chalant tenté par des idées fascistoïdes. Par le système de liens hypertextes et sites amis vous l’emmener dans d’autres galaxies afin de couvrir petit à petit son champs de connaissance internet et lui boucher la vue à toute autre vision contradictoire.
D’où l’intérêt de créer des sites « portes d’entrée » vers une de ces « galaxies ».
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Ces sites suivent une trame quasiment immuable. Il s’agit dans un premier temps de « passer inaperçu ». La démarche consiste à diffuser des idées d’extrême-droite en les mêlant à des informations plus généralistes. La présentation est souvent calquée sur celle des sites réels de « PQR » (presse quotidienne régionale). Le design est assez épuré et est souvent coloré aux couleurs des régions. On y adjoint souvent des emblèmes culturels régionaux. Pas de titres plus chocs et racoleurs que la presse PQR mainstream ou pureplayer habituelle. Le langage est calibré et sent bon la novlangue facho.Vous n’y trouverez pas le langage direct des bones ou violemment raciste, ce sera plutôt du neo facho.
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Mais les médias de l’extrême droite de « réinformation/désinformation » ont une manière bien spécifique de traiter de ces faits divers. Ils trient les affaires…
Ils concernent exclusivement des crimes commis par des personnes au nom ou au faciès visé par l’extrême droite, ou bien à la sexualité « anormale », ou concernant des « politiques ennemies » (le grand remplacement » et tutti quanti). Ils permettent, par la répétition de ces faits, l’absence totale d’analyse, le choix des mots et des comparaisons, parfois l’absence totale de sources, et aussi l’absence de ces mêmes faits divers commis par, disons des « caucasiens » de suggérer dans l’esprit du lecteur que ces problèmes sont l’apanage des musulmans/juifs/homos/gauchistes/francs maçons etc…
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D’où cette création très logique de médias locaux de « Réinformation/désinformation » !!! En effet, les médias locaux, par essence parlent de faits divers, dont l’intérèt est renforcé puisqu’ils se passent « près de chez vous », ce qui renforce les aspects psychosociaux décrits ci-dessus ! Avantage non négligeable, ils permettent une présentation relativement « neutre » qui permet de faire passer les idées de la fachosphère en douce.
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Exemple en Rhône-Alpes (n’est plus actif depuis 2018)
Extrait d’un article sur Ricochets de juillet 2021
Par ailleurs, bien que très minoritaire, l’extrême droite et toute sa mouvance est très présente en ce moment (l’avocat Di Vizio, Louis Fouché...), d’une part parce que les médias du pouvoir et des milliardaires ont intérêt à la mettre en avant (pour discréditer la contestation actuelle, et parce que le pouvoir préfère avoir l’extrême droite comme "adversaire"), et d’autre part parce que l’extrême droite et ses discours simplistes a développé une forte présence protéiforme sur internet (réseaux sociaux, vidéos, orateurs starisés, médias "alternatifs"...).
Une galaxie de sites et de médias plus ou moins travestis essaient de drainer à elle les très nombreux mécontents du gouvernement et de sa politique, les exclus du capitalisme, en leur proposant en douce de fausses « solutions » et « explications » simples et rances (éternel recyclage de c’est la faute à l’Europe, aux migrants, aux élites mondialisées liées au milieu juif, aux délinquants musulmans des quartiers, etc.).
Ainsi, l’extrême droite se pose comme étant la seule force de contestation et d’opposition au régime en place.
Dans ses versions softs ça plaît aux souverainistes, aux personnes qui ne remettent pas en cause l’Etat, la France et les frontières, l’armée et la police.
En proposant sans annoncer sa couleur des images virales et vidéos clés en main, des pétitions en ligne, des aides pour des plaintes en justice, la mouvance d’extrême droite fournit des kits pratiques que les non-habitués aux contestations utilisent sans réfléchir.
Nombre de gilets jaunes et de « primo-militants » relaient des posts à toute vitesse (comme nous y incitent l’actualité et les fonctionnalités des réseaux dits « sociaux ») sans chercher qui il y a derrière, participant ainsi aux habiles campagnes technico-médiatiques de la mouvance d’extrême droite.
Se faisant, l’extrême droite en profite pour mettre en avant divers orateurs et sites web, du plus soft ou plus hard, qui sont mécaniquement relayés et popularisés, ce qui accroît leur visibilité et leur bon score dans les algorithmes de classement des espaces web, faisant boule de neige.
Malgré tout, espérons que tout ça ne soit que du soufflé, et que l’extrême droite retournera ensuite à son insignifiance une fois que les contestataires plus ou moins « confus » ou abusés auront pris le temps de discuter et de réfléchir.
Yannick
Perso, je ne suis ni neutre ni apolitique, je suis anarchiste, enfin j’essaie.
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