Des associations dénoncent à raison l’implantation de centrales photovoltaïques à la place d’espaces naturels, la drôme n’est d’ailleurs pas épargnée par ce fléau.
Prétendre à une prétendue réduction des causes du réchauffement climatique en détruisant la biodiversité est évidemment une aberration totale.
Mais ces associations se plantent sur deux points :
- L’industrie photovoltaïque est gravement anti-écologique, même si elle ne s’implantait que sur des espaces déjà artificialisés. Donc il faudrait d’abord s’interroger en profondeur sur la civilisation industrielle, et donc sur l’industrie photovoltaïque elle-même.
- La civilisation industrielle est irréformable, et donc ne reculera sur aucun point un tant soit peu important pour elle. Ici, mettre des panneaux sur des terres naturelles coûtent moins cher et est plus rapide, donc le capitalisme aime.
« Demandons un arrêt immédiat des centrales photovoltaïques en milieux naturels » - 150 000 hectares d’espaces naturels devraient être détruits d’ici à 2050 par l’industrie photovoltaïque, dénoncent dans cette tribune plus de 60 scientifiques, politiques et personnalités. Pourtant, les alternatives existent.
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L’ensemble de la communauté scientifique ne cesse de tirer la sonnette d’alarme : l’effondrement de la biodiversité nous entraîne vers l’abîme, tout autant que le réchauffement climatique. Pourtant, la tendance reste irrémédiablement la même : pied au plancher vers le scénario du pire ! La COP16 biodiversité n’a pas fait exception.
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Selon nos calculs, l’industrie du photovoltaïque projette, d’ici à vingt-cinq ans, de détruire plus de 150 000 hectares d’espaces naturels, avec les paysages qu’ils constituent, incluant des espaces aux intérêts écologiques avérés (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique — Znieff —, parc naturel, réserve de biosphère…), voire protégés (Natura 2000). Cela correspond environ à la surface cumulée des départements du Val-d’Oise et du Val-de-Marne.
Le CNPN insiste également sur l’importance d’une « sobriété structurelle », qui vise à réduire la demande globale d’énergie et, in fine, à éviter l’utilisation d’espaces naturels. Or, dans les faits, cette dimension de la sobriété est absente de la politique du gouvernement : pas de diminution du nombre ni du poids des véhicules individuels, de développement des transports en commun, d’interdiction de la publicité pour les produits polluants, ni de conversion de l’agriculture à l’agroécologie...
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prétendre répondre au défi climatique en accélérant l’extinction massive d’une biodiversité déjà à genoux est la promesse d’un suicide collectif, car la biodiversité, c’est à la fois l’alimentation (que ferions-nous sans insectes pollinisateurs ?), des sols vivants (qui retiennent l’eau), des puits de carbone essentiels dans la lutte contre l’intensification du changement climatique, etc.
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Civilisation industrielle : arrêtons de demander à un train qui ne veut/peut pas s’arrêter de s’arrêter !
Bizarrement, ces associations font un constat plutôt juste : "Pourtant, la tendance reste irrémédiablement la même : pied au plancher vers le scénario du pire ! La COP16 biodiversité n’a pas fait exception." Mais ensuite elles n’en tirent pas les conclusions radicales qui s’imposent et semblent toujours espérer que le système en place devienne, par magie ?, plus sobre : "Le CNPN insiste également sur l’importance d’une « sobriété structurelle », qui vise à réduire la demande globale d’énergie".
Tout est bon pour s’éviter les visées révolutionnaires ?
On observe ce genre de discours tous les jours. Les actions et revendications ne sont pas en cohérence avec les exigences irréformables du modèle de société existant dont on peut voir les effets et les choix sans arrêt.
Tout le monde sait et peut constater que la civilisation industrielle ne veut absolument pas s’arrêter, c’est une sorte de train "fou" qui avance inexorablement.
Pire, cette mégamachine ne PEUT pas s’arrêter ni ralentir ni devenir plus "sobre" ou réduire sa demande d’énergies, sinon le techno-capitalisme s’effondre pour de bon et elle chute très lourdement.
Il est donc vain et absurde, comme le font encore de nombreux militants et écolos, de demander à la civilisation industrielle de se réformer, d’être plus sobre, de détruire moins d’espaces naturels, de polluer moins, etc. Pire, c’est participer aux enfumages et tentatives de palliatifs des dominants et de leurs officines.
La mégamachine, du fait de ses besoins structurels et de son idéologie, dévorera tout jusqu’au bout si on la laisse exister. Elle ne peut pas fonctionner autrement.
Elle continuera donc à détruire les « milieux naturels » pour ses mines, ses énergies industrielles alternatives, ses monocultures de biomasse, ses infrastructures...
Et elle le fait dorénavant au nom d’une prétendue « décarbonation ».
La seule chose qui pourrait alors arriver in fine dans ce cadre, c’est qu’une petite partie de l’humanité survive, difficilement, à l’aide de sociétés hyper-technologiques rigides dans des sortes de bulles, sur une planète en proie à des catastrophes climatiques dantesques et où la plupart des animaux, des plantes et des écosystèmes auront été détruits (soit directement pour les besoins des machines et de l’Economie, soit indirectement par les conséquences des activités). (en supposant que les guerres et les catastrophes climatiques n’aient pas signé la fin de l’humanité)
Est-ce ce que nous voulons ? Est-ce que ça vous fait rêver ? Est-ce un horizon désirable ?
Il ne peut pas exister la mégamachine ET une planète vivante riche de diversité humaine et animale/végétale au sein d’écosystèmes en bon état et variés.
On doit choisir, c’est l’un OU l’autre, contrairement à la plupart des discours planificateurs ambiants qui tentent de faire miroiter la possibilité (future) d’une mégamachine sobre, écolo, démocratique, intégrée harmonieusement aux écoystèmes par la magie de nouvelles technologies et d’économies dites « circulaires ».
La mégamachine et ses principaux acteurs ont choisi, ils ont décidé de continuer à tout prix, et donc de tout ravager au profit des machines et de l’accumulation d’argent et de puissance.
Si on fait l’autre choix, alors il faut être nombreux.ses à se dresser vigoureusement contre la mégamachine pour y mettre fin, pour la démanteler et faire autre chose. Car on ne peut pas compter sur son effondrement précoce spontané pour libérer d’autres horizons.