Chronique de la technopolice : salon de l’armement, robot policier, surveillance export, JO 2024, voitures-radars privées, collégiens pucés, humain automate, numérisation de la santé...

L’asymétrie grandit entre les moyens de répression des polices et les moyens d’auto-défense des populations

vendredi 26 novembre 2021, par Chronique du régime policier.

L’asymétrie ne cesse de grandir entre les équipements et formations des forces de police et les moyens d’auto-défense et de rebellion des populations.
Dans le temps, la différence n’était pas si grande entre des flics qui disposaient de casques, sabres, matraques et fusils et les rebelles.
Mais depuis les rebelles n’ont guère évolué, ils utilisent banderoles, barricades, bâtons, pierres, coktails molotovs, alors que les flics disposent de blindés, drones, caméras ultra-HD, armes à visée laser, logiciels en tout genre, protections en kevlar, vision nocturne, taser, etc.
La rebellion récente à Hong Kong a pu innover intelligemment, mais ça reste rare, et elle s’est fait battre quand même.
Avant, en france, beaucoup de jeunes avaient une "formation militaire" à l’occasion du service militaire, à présent ils savent juste utiliser un téléphone portable, des réseaux "sociaux" et une messagerie.
Avec la technopolice, cet écart de formation et de moyens techniques entre les peuples en révolte pour l’émancipation et les polices chargées de les réprimer/surveiller/contrôler pour que rien ne change devient de plus en plus abyssal.
Il faudrait donc s’adapter. Prendre acte de l’asymétrie croissante et imaginer d’autres stratégies que le nombre et la prédominance de l’occupation des rues (émeutes, manifestations, blocages...) ?

Salon Milipol à Paris : technologies policières de pointe contre les migrants - Réprimer et exclure plutôt que faire cesser les causes des catastrophes

- Contre les migrants, toujours plus de technologie - Reporterre s’est rendu au salon Milipol pour découvrir les innovations technologiques sécuritaires. Elles sont de plus en plus déployées pour repousser les migrants.

(voir aussi : Plus d’argent pour refouler les migrants que pour aider les pays pauvres face au climat - Les pays riches, pires contributeurs au changement climatique, dépensent bien plus d’argent à renforcer leurs frontières qu’à contribuer au développement des pays pauvres : c’est ce qu’a étudié un rapport du Transnational Institute. Les habitants de ces pays sont pourtant les premières victimes de l’alliance occidentale entre business du pétrole et de la sécurité.)

+ Top 5 des technologies flippantes vues à Milipol - Milipol, c’est LE grand raout mondial pour « la sûreté et la sécurité intérieure des États ». On y expose des armes dernier cri ou le top de la reconnaissance faciale. Focus sur cinq de ces technologies qui peuvent être inquiétantes. (...) Chaque année, le gratin des entreprises de surveillance, d’armements et de répression s’expose au salon Milipol, au palais des expositions de Villepinte (93). Dans les couloirs, 30.000 visiteurs et 170 délégations étrangères vont voir le presque millier de stands où la devise principale, énoncée par Gérald Darmanin lors de l’inauguration, est : « La sécurité, première des libertés ». Une sorte de Noël avant l’heure pour les férus de technologies liberticides et candidats à l’élection présidentielle face à tous ces nouveaux jouets.
StreetPress a croisé le chien-robot tueur de la série Black Mirror. On s’est vu, comme les autres journalistes, refuser l’entrée au stand Alsetex, qui fabrique notamment les LBD. Sur le salon était également présente l’entreprise Cellebrite, producteur des logiciels qui fouillent dans vos portables et qui sont désormais installés dans plus de 150 commissariats. Bref, il y avait du beau monde. StreetPress s’est focalisé sur cinq technologies qui se veulent être l’avenir de l’armement et de la surveillance, et qui ne nous ont pas rassuré… (...)

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Bientôt chez nous, les technologies de mort circulent plus facilement que les humains non solvables

🤖DYSTOPIEELLE : "XAVIER", UN ROBOT POLICIER DANS LES RUES DE SINGAPOUR

– La France a signé un partenariat avec l’agence qui a développé ce robot autonome chargé de surveiller et punir les habitants –

➡️ Il s’appelle « Xavier », c’est le nom d’un petit robot-flic, une machine techno-sécuritaire. Xavier est la dernière innovation dans la Cité-Etat de Singapour, chargée de réprimander « les mauvais comportements » des passants, n’hésitant pas à distribuer des amendes à la pelle aux contrevenants. Doté de caméras à 360°, capable de voir dans la nuit, ce robot policier est en contact permanent avec les agents de la ville, et peuvent communiquer en temps réel les infractions constatées. Avec une voix synthétiques, ils doivent aussi « sensibiliser » le public sur ces comportements dits « indésirables » en diffusant des messages pré-enregistrés : « Veuillez ne pas fumer dans les zones interdites telles que les passages couverts », « Veuillez garder un mètre de distance, ne vous regroupez pas à plus de cinq personnes s’il vous plaît ». Extrêmement invasif et intrusif.

➡️ Les robots roulants Xavier sont testés depuis plusieurs semaines. Infatigables, oeil omniscient au cœur de la mégalopole, les robots patrouilleurs ont notamment été déployés dans un centre commercial et une résidence au mois de septembre à la recherche des « comportements sociaux indésirables ». Ce « bijou » technologique est développé par des agences publiques basées à Singapour. Notamment la Home Team Science and Technology Agency (HTX) avec qui la délégation ministérielle française « aux industries de sécurité et à la lutte contre les cybermenaces » – la Demisc – a signé un partenariat administratif de cinq ans en avril 2018.

➡️ La France, est le seul pays partenaire de la cité-État en matière de techno-securité. Le ministère de l’intérieur très sensible au développement des technologies de reconnaissance faciale suit de près la situation singapourienne et ses stratégies à l’œuvre en matière de surveillance. Une preuve supplémentaire des velléités de l’État français pour développer des outils à même de contrôler sa population. Préoccupant dans une période où le gouvernement Macron tente de se doter d’un arsenal législatif pour imposer sur le territoire son appareil techno-policier. La loi Sécurité Globale ou la toute dernière loi sur l’usage des drones en sont les sinistres exemples.

➡️ À Singapour, cette nouvelle arme vient s’ajouter à la liste déjà bien fournie de technologies de surveillance présentes sur l’île. Les dispositifs y sont nombreux. Plus de 90 000 caméras policières et des logiciels de reconnaissance faciale cachés dans les lampadaires peuvent traquer et identifier n’importe quel résident au sein d’une foule. Chronique d’une dystopie du temps présent.

(post de Nantes Révoltée)

Un robot équipé d’un fusil

- Des experts sont choqués par un nouveau robot militaire équipé d’un fusil de précision - « Comme des milliers de mes collègues experts en IA, je suis profondément inquiet »
Récemment, la société spécialisée dans le développement de dispositifs militaires Ghost Robotics a présenté un robot-chien digne des pires scénarios de science-fiction, équipé d’un fusil de précision. Comme prévu, cette annonce n’est pas passée inaperçue, des experts n’ayant pas hésité à critiquer lourdement le robot-chien destiné à un usage militaire. (...)

En fait, ce sont tous les robots militaires qui sont des saloperies, autonomes ou pas, et tous les systèmes à base d’IA, militaires ou pas.
On sait aussi que les technologies d’abord expérimentées dans le secteur militaire sont ensuite utilisées pour le maintien de l’ordre...

Dans la civilisation industrielle, les robots autonomes tueurs seront fatalement utilisés. Les éventuelles réglementations ne freinent pas grand chose. Voyez les mines, les sous-munitions, les munitions comprendant des métaux radioactifs, les gaz de combat...

🔴 EGYPTE : UNE SURVEILLANCE MADE IN FRANCE 🔴

Des technologies françaises de surveillance de masse au service de la dictature d’Al Sissi.
Les révélations du média Disclose (en partenariat avec Telerama) sur le soutien de la France au régime égyptien continuent. Trois entreprises françaises, Nexa Technologies (dirigée par les fondateurs d’Amesys, une société accusée d’avoir fourni du matériel de surveillance à la dictature de Mouammar Kadhafi), Ercom-Suneris (filiale de Thalès) et Dassault Systèmes ont vendu à l’Égypte un dispositif de surveillance hors norme de sa propre population, un équivalent égyptien de la NSA étatsuninenne, version dictature.

Ces dispositifs, vendus à l’Egypte avec l’accord tacite des autorités françaises, aident le pouvoir égyptien à soumettre sa population en réprimant les voix discordantes par rapport au discours officiel. Depuis cinq ans, tous ceux qui ne pensent pas ou ne vivent pas selon les préceptes du régime militaire risquent la prison – près de 65 000 opposants croupiraient dans les geôles du régime, tandis que 3 000 autres auraient « disparu » après leur interpellation, selon le département d’Etat américain.

Depuis son accession au pouvoir par la force en juillet 2013, le dictateur Abdel Fattah Al-Sissi peut compter sur un allié de poids, l’Etat français : celui-ci lui apporte un soutien diplomatique, militaire et commercial.

- https://egypt-papers.disclose.ngo/en/chapter/surveillance-dassault

(post de Cerveaux non disponibles)

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La France vend des armes et des technologies de surveillance aux dictatures, puis célèbre « les droits de l’homme »

"Métropoles mortifères"

☣️ Écoutez le podcast « Métropoles mortifères », entretien avec Guillaume Faburel sur la métropolisation et l’urbanisation du monde
"La critique de la civilisation passe nécessairement par une critique de la ville en tant qu’organisation sociale, spatiale et politique. C’est pourquoi, dans cet épisode nous nous attardons sur la construction des métropoles, l’écocide qu’elles engendrent, les visions et imaginaires technicistes qu’elles véhiculent. Selon Guillaume, « nos corps sont devenus des véhicules. En étant en ville, nous sommes tous des agents involontaires de cette construction biopolitique d’un pouvoir qui a d’abord pour essence et pour raison l’économie du capital. » Ainsi, au nom de vertus écologiques, les décideurs métropolitains mettent en œuvre des politiques de classe. Des classes urbaines qui voient dans l’écologie la santé personnelle et le bien-être.
Quitter la ville, oui mais pour aller et pour faire quoi ? Comment construire une écologie de l’autonomie ? Nous verrons les possibilités de relocalisation écologique dans les périphéries et les avenirs qu’elles dessinent. Pour ne plus participer « à son corps défendant de la réalité écologique de cet environnementalisme gestionnaire ». Quitter le bateau amiral, le déserter, c’est ne plus servir de « combustible premier » au développement métropolitain, de sa gentrification et de sa ségrégation. C’est mettre le capital urbain face a ses propres contradictions."

JO 2024 : la frénésie sécuritaire

- JO 2024 : la frénésie sécuritaire
En 2024, Paris organisera les Jeux Olympiques d’été, l’occasion pour le gouvernement français et les industriels de s’allier pour tester, déployer et normaliser leur arsenal de nouveaux dispositifs de surveillance : drones, reconnaissance faciale, analyses de comportements… On revient ici sur ce que l’on sait aujourd’hui de ce projet dystopique, sur ce qui a déjà été testé et sur la résistance qui s’organise.

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Les futurs auxiliaires de la police : des robots autonomes armés

DIVERS

  • Les voitures-radars privées se déploient - Après trois années d’expérimentation, les voitures-radars vont être déployées partout sur le territoire. Vous serez susceptible d’être flashé n’importe où. Ce ne sera pas des policiers ou gendarmes qui s’en chargeront, mais des sociétés privées.
  • Souriez lors de votre prochain contrôle TCL, vous êtes filmé ! - Un centaine de « caméra de protections individuelles » en cour de déployement au sein des contrôleurs et agents de sécurité SYTRAL / TCL sur le réseau de transport « en commun » lyonnais. Face à la crise sociale, toujours plus de surveillance et de contrôle.
  • La France, fournisseur d’armes officiel des pires dictatures - Quel est le point commun entre l’Afrique du Sud de l’Apartheid, la dictature de Franco ou l’Égypte qui réprime férocement ses opposants ? Ils ont tous acheté des armes à la France, comme le rappelle le livre Ventes d’armes, une honte française.
  • Reconnaissance faciale : Facebook se fout bien de notre gueule - La multinationale capitaliste Meta, propriétaire de Facebook, Instagram, Whatsapp entre autres, a annoncé le 2 novembre 2021 qu’elle va bientôt désactiver la reconnaissance faciale sur Facebook, y compris pour les utilisateur·rices qui l’avaient activée volontairement. (NOTE : sauf que nous on ne vise pas le "contrôle autogestionnaire du monstre", mais sa destruction)
  • UNE PUCE COLLÉE SUR DES UNIFORMES SCOLAIRES - Surveillance en Chine en temps réel - Grâce à cette nouvelle invention, des informations sur la trajectoire des élèves ou le temps qu’ils passent dans telle ou telle zone seront collectées puis transférées sur une plateforme d’information à disposition de la direction de l’école, des professeurs et des parents d’élèves.
  • Comment Israël utilise la reconnaissance faciale pour surveiller les Palestiniens - Des témoignages d’anciens soldats israéliens, révélés lundi par le Washington Post et l’ONG israélienne Breaking the Silence, décrivent une vaste base de données de photos et d’informations sur les Palestiniens mise en place par Tsahal. (...) Le réseau de caméras de surveillance installé à Hébron y a également accès. Ce dispositif, baptisé “Hebron Smart City”, permet ainsi de “reconnaître les Palestiniens avant même qu’ils présentent leurs papiers d’identité lors d’un contrôle à un check-point” (...) Des critiques qui ont permis de bloquer - du moins temporairement - l’adoption du texte en Israël, mais qui n’ont nullement empêché Tsahal de déployer la technologie en Cisjordanie “à l’insu de la population”, note le Washington Post. Pour Breaking the Silence, c’est une “nouvelle démonstration que lorsqu’il s’agit des Palestiniens, l’armée juge que les droits humains les plus basiques ne s’appliquent même pas”.
  • Void Balaur, un groupe de cybermercenaires entre criminalité et espionnage d’Etat - Depuis plusieurs années, ces pirates informatiques vendent leurs services au plus offrant, et attaquent tous azimuts, en prenant pour cible des activistes, des défenseurs des droits humains, des journalistes… et des responsables politiques français.
    Journalistes, politiques, salariés d’entreprises de télécommunication, défenseurs des droits humains : des centaines de personnes, dont des Français, ont été visées ces dernières années par un groupe de cybermercenaires travaillant parfois pour le compte d’Etats, selon un rapport publié mercredi 10 novembre par Trend Micro, une entreprise de sécurité, spécialisée notamment dans les études sur les pirates informatiques.
  • Singapour : Le déploiement de robots de surveillance choque la population - SURVEILLANCE Les robots mis en place par Singapour pour lutter contre les comportements « indésirables » se heurtent à de nombreuses protestations

Minority Report à Libourne

- Libourne, ville sous surveillance - Cette ville moyenne de la périphérie de Bordeaux est en pointe sur la sécurité : caméras qui parlent et logiciel prédictif y sont à l’essai.
(...)
« Le dispositif joue sur la honte publique. C’est très efficace », résume Jean-Louis Arcaraz, adjoint au sport, à la sécurité et la prévention. L’évolution de la technologie permet de cadrer une plaque d’immatriculation ou de rechercher un homme en tee-shirt rouge à travers la ville. Les images sont envoyées dans les voitures de police et à la gendarmerie. Conservées trente jours, elles peuvent être réquisitionnées, en cas de besoin, par un officier de police judiciaire.
(...)
Nourri des « mains courantes », des remontées d’interventions et de tout ce que peuvent y ajouter, selon les circonstances, bailleurs, soignants, assistants sociaux, etc., il fait pour ainsi dire basculer le service de police municipale de Libourne dans Minority Report (2002), le film de Steven Spielberg, avec Tom Cruise, dans lequel trois mutants doués de précognition peuvent prédire les crimes à venir.
Lire aussi Article réservé à nos abonnés A Toulouse, l’Etat et la mairie signent le premier « contrat de sécurité intégrée »
Sur l’écran de son ordinateur, M. Horrut fait défiler différents types d’agression : atteintes aux personnes, disparitions, cambriolages… Smart Predict mouline des statistiques, classe et analyse des faits, calculant la fréquence de tel délit dans tel quartier, intégrant même les conditions météo à ses calculs. Son but : établir autant que possible la probabilité des infractions.
(...)
A l’avenir, il est prévu d’agrandir le CSU, qui devrait fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre. D’autres villes et villages de la région sont venus voir ce que fait Libourne.

Délation généralisée via outils numériques

- Vanessa Codaccioni : La société de vigilance, auto-surveillance, délation et haines sécuritaires
[PODCAST] Via Lundimatin — « Durant le confinement du printemps 2020, la Préfecture de Police avait alerté sur une saturation du "système d’urgence" du fait d’une augmentation des #délations (pour signaler des manquements aux règles du confinement), et demandé à ne plus alimenter le 17 avec ce type de dénonciations. Dans d’autres pays, le problème a été réglé par la mise en place de plateformes numériques (par exemple en Nouvelle-Zélande, en Belgique ou au Canada), qui n’est pas sans rappeler l’expérimentation de la ville de Nice quelques années auparavant. Il y a quelques semaines, Darmanin, annonçait le lancement d’une plateforme "permettant à chacun de signaler à la police et à la gendarmerie les points de deal se trouvant près de chez lui". Au delà du surinvestissement politique des questions sécuritaires en prévision de l’élection présidentielle, que disent de notre époque ces réflexes de délation et ces injonctions au "#signalement" ? S’agit-il réellement d’un retour ? Quel rôle joue ici la #numérisation des rapports (la dénonciation derrière son clavier étant déjà un moteur des #réseaux sociaux) ? Avec Vanessa Codaccioni.

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Des hommes-machines, ou, plus probables, des ersatz d’humains perdus dans des mondes virtuels infinis

XENOBOT, PREMIER « ORGANISME VIVANT PROGRAMMABLE »)

« Aimeriez-vous que les hommes vivent dans un monde virtuel ? Aimeriez-vous que les machines soient plus intelligentes que les humains ? Aimeriez-vous que les hommes, les animaux et les plantes deviennent des produits de la technologie ? Si cette idée ne vous plaît pas, les sciences informatiques et biologiques sont manifestement dangereuses pour vous. Voilà qui est très simple, et n’a rien à voir avec la morale, le théorème d’incomplétude de Gödel ou d’autres questions philosophiques abstraites. »

– Theodore Kaczynski, extrait du documentaire Voyage en cybernétique.

Aidés d’une intelligence artificielle, des scientifiques ont récemment conçu un premier « xenobot » en utilisant des cellules souches d’une espèce de grenouille (Xenopus laevis). Cette « machine vivante » (bel oxymore) de la taille d’une tête d’épingle est capable de se régénérer après avoir subi des dégâts et peut se déplacer en transportant une charge utile. Ces robots peuvent aussi s’autoassembler pour travailler en essaim.

« Via un algorithme, un superordinateur s’est chargé d’imaginer une multitude de designs selon les demandes des chercheurs, comme la manière de se déplacer par exemple. Il a par la suite éliminé les moins convaincants, puis a finalement sélectionné plusieurs modèles. Les scientifiques ont alors assemblé les cellules selon les résultats de l’algorithme, et les ont laissé se développer entre elles.
Les cellules de cœur ont ainsi permis aux organismes, qui mesurent quelques centaines de microns et ont été baptisés xenobots, de se déplacer de façon autonome grâce à leurs battements. “Ce sont des formes de vie entièrement nouvelles. Elles n’ont jamais existé sur Terre auparavant”, a affirmé Michael Levin de l’université de l’université de Tufts. »

Comme à chaque fois, on désactive la peur et neutralise la résistance naturelle que suscite le progrès technoscientifique en énonçant longuement les merveilleuses applications médicales et écologiques qui pourraient en découler (dépollution des océans, décontamination d’une zone radioactive, médecine régénérative, etc.). Pour couronner le tout, contrairement aux robots mécaniques les xénobots sont « biodégradables », ce qui devrait ravir les Cyril Dion et les Greta Thunberg de ce monde. On en revient toujours au même adage : « La civilisation n’est qu’une course sans espoir visant à trouver des remèdes aux maux qu’elle génère. »
Mais qui donc sont les généreux donateurs finançant cette recherche si bénéfique à l’humanité et à la biosphère ?

« Il faut toutefois noter que l’étude ayant mené à la création des xenobots a été en partie financée par la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), l’agence américaine chargée de développer des nouvelles technologies à usage militaire, on peut donc supposer que les xenobots pourraient également être utilisés dans ce domaine.

Les scientifiques vont encore plus loin et ont confirmé qu’à l’avenir, les xenobots pourraient atteindre une taille plus imposante grâce à des cellules de mammifères par exemple. “Le but est de comprendre le logiciel de la vie. Si vous pensez aux malformations congénitales, au cancer, aux maladies liées à l’âge, toutes ces choses pourraient être résolues si nous savions comment créer des structures biologiques pour avoir le contrôle ultime sur la croissance et la forme”, a détaillé Michael Levin. »
On ne remerciera jamais assez le complexe militaro-industriel pour sa contribution au Progrès de la civilisation. C’est à lui par exemple, ainsi qu’à des scientifiques humanistes comme John von Neumann, que nous devons l’ordinateur, ce dernier étant le coproduit d’une extension du projet Manhattan destiné à développer la bombe à hydrogène.

« Selon les chercheurs, la construction de ces xenobots est un petit pas vers le déchiffrage de ce qu’ils appellent le code morphogénétique, qui fournit une vue complète de l’organisation des organismes, mais aussi de la façon dont ils gèrent l’information en fonction de leur histoire et de leur environnement.
Cette percée et celles qui viendront dans les prochaines années mèneront fort probablement à des changements technologiques rapides et à des manipulations biologiques encore plus poussées et plus complexes, qui pourraient mener à des dérives éthiques. »

https://www.facebook.com/philippe.oberle.5/posts/4380539275387088

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Xenobot : assemblage de robots cellulaires, des sortes de morts-vivants auto-répliquants

L’humain automate sous contrôle des machines numériques

- Un capitalisme de surveillance ?
Il y deux ans sortait L’âge du capitalisme de surveillance de Shoshanna Zuboff, unanimement salué par toute la gauche occidentale comme le manuel de référence pour comprendre l’évolution des vingt dernières années. Plusieurs critiques ont aussi été formulées, qui insistent en général sur la posture réformiste assez naïve de Zuboff : il y aurait un bon capitalisme, jusque dans les années 90, mais il a été perverti par un monstre, le capitalisme de surveillance, qui sévit depuis deux décennies maintenant. Ces critiques sont justes mais l’enquête de Zuboff étant conséquente, il nous semblait pertinent d’y consacrer une discussion plus approfondie pour le quatrième épisode de notre rubrique cyber-philo-technique.
(...)
’nous avons besoin de repenser de manière radicale les systèmes sociaux. Nous devons créer un système nerveux pour l’humanité qui puisse consolider nos systèmes sociaux partout sur la planète’. Or, cela est possible puisque, ’pour la première fois dans notre histoire, la plupart des êtres humains sont liés [...] Par conséquent, on peut ’exploiter le réel’ de notre infrastructure de téléphonie sans fil pour [...] contrôler nos environnements et planifier le développement de notre société’
Ce que l’approche de Pentland indique selon Zuboff, ce sont les signes d’une nouvelle figure du pouvoir qu’elle nomme Big Other, par opposition à Big Brother. Alors que Big Brother incarne une figure personnelle de la surveillance, Big Other représente plutôt une figure automatique, impersonnelle, d’un pouvoir qui repose sur les statistiques et la certitude particulière qu’ils offrent. Quand le premier veut répandre une religion politique totalitaire, l’autre repose l’indifférence radicale des processus algorithmiques, ce que d’autres ont nommé la ’gouvernementalité algorithmique’. La masse laisse place à la population, la rééducation forcée à l’ingénierie du comportement. Alors que le pouvoir de Big Brother reposerait sur la violence et une théorie qui légitime la pratique, Big Other repose sur la modification douce des comportements et du cadre de vie et les pratiques quotidiennes dissimulent la théorie qui leur est sous-jacente.
(...)
On trouve d’ailleurs sous la plume d’E. Schmitt et S. Thurn (anciens directeurs de Google et du X lab de Google) l’idée que l’intelligence des machines doit nous inspirer car elle est plus collective que la nôtre : prenez telle voiture autonome, on remarque qu’elle ’apprend’ des erreurs d’une autre voiture situé à des milliers de kilomètres, ce qui n’est pas le cas des humains. Et les deux zozos d’en conclure : ’La leçon que nous enseignent les voitures autonomes, c’est que nous pouvons apprendre et agir de manière plus collective’. Non seulement les machines ont un mimétisme qui rappelle celui des animaux grégaires, mais en plus il faudrait les imiter pour apprendre à être ensemble. On croît rêver.

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De futurs Terminator s’assemblent déjà dans des labos ?

Des algorithmes Facebook échappent à leurs auteurs

Ici, il ne s’agit pas directement de technopolice, mais de voir comment des logiciels complexes échappent au contrôle de l’humain.
Que se passerait-il pour des robots et drones policiers ou militaires pilotés en automatique par des rationalités cybernétiques complexes (IA) ...??

- Comment l’algorithme de Facebook échappe au contrôle de ses créateurs - Facebook Files | Dans des documents internes de l’entreprise, ses ingénieurs avouent leur incompréhension face à un code informatique aux effets imprévus, qui fait du réseau social une machine complexe, difficile à maîtriser.
(...)
Ils montrent que Facebook consacre davantage de ressources à limiter ses effets néfastes en Occident, au détriment du reste du monde. Ils attestent que ces effets sont connus en interne mais les signaux d’alerte pas toujours pris en compte. Enfin, ils prouvent que les algorithmes de Facebook sont devenus d’une complexité telle qu’ils semblent parfois échapper à leurs propres auteurs.
(...)
« Les différentes parties des applications de Facebook interagissent les unes avec les autres de façon complexe » et chaque équipe développe des modifications sans qu’il y ait une « vision systémique unifiée », regrette ainsi l’employée Mary Beth Hunzaker, dans une longue note rédigée à l’occasion de son départ de Facebook, en août 2020. La conséquence ? « Un risque accru de problèmes facilités ou amplifiés par des interactions imprévues entre des fonctions ou des services de la plate-forme. »
(...)
A de multiples reprises, des employés témoignent, dans des documents internes, de leur incompréhension face à des comportements problématiques de leur code informatique. En Inde, ce sont des vidéos pornographiques soft qui se retrouvent subitement mises en avant dans l’onglet Watch, sans que personne ne comprenne pourquoi. Aux Etats-Unis, des ingénieurs s’arrachent les cheveux pour comprendre pourquoi certains groupes politiques continuent d’être recommandés aux utilisateurs alors qu’ils ne devraient plus l’être.
« Chaque expérience change la composition du fil d’actualité de manière imprévue », note un document de 2018. Deux ans plus tard, les analystes de Facebook se réjouissent de constater que le nombre de contenus engendrant de la colère semble en forte baisse dans les fils d’actualité, mais ils sont bien en peine d’expliquer pourquoi. « Ce résultat pourrait en théorie être la conséquence d’un ou plusieurs changements apportés à l’algorithme dans les deux derniers mois. En dernière analyse, il pourrait être difficile de déterminer lesquels », note un document.
(...)
« Ces algorithmes […] perpétuent des biais et affectent la société d’une manière que leurs créateurs comprennent à peine. Facebook a eu quinze ans pour démontrer que les algorithmes de classement des contenus en fonction de l’engagement [le nombre de commentaires, de partages…] peuvent être conçus de manière responsable ; s’ils n’ont pas réussi à le faire jusqu’à présent, ils n’y arriveront jamais. »

- et aussi sur Le Monde

Paradoxe, la dérégulation imposée et réclamée à tue tête par le capitalisme est impossible, et sans cesse des régulations en tout genre ont lieu.
Capitalisme et Etats ont besoin l’un de l’autre, ils marchent ensemble malgré leurs conflits, et la technopolice est là pour les servir tous les deux.

LE SCANDALE DU BUSINESS DES DONNÉES DE SANTÉ

Traçage épidémiologique, dossier médical partagé, capteurs qui suivent nos rythmes biologiques en temps réel… Cette numérisation a de graves conséquences : nos données de santé sont devenues un business juteux sur lequel le gouvernement ferme les yeux, quand il n’en est pas complice.

LE SCANDALE DU BUSINESS DES DONNÉES DE SANTÉ
par [BLAST, Le souffle de l’info->https://www.youtube.com/c/Blast-info]
https://www.youtube.com/watch?v=byBisQaLh54

FORUM MONDIAL SUR LA PAIX - 30 chefs d’état en guerre se réunissent à Paris.

il n’y a jamais eu autant de grandes conférences sur la paix et la sécurité et, pourtant, le monde ne s’est jamais aussi mal porté.
Ce sommet qui a lieu ce 11 novembre et qui durera deux jours rassemblera une trentaine de chefs d’État. Parmi eux, ceux des pays les plus répressifs envers leur propre population. Ceux qui vendent le plus d’armes autour du globe (France, USA), et certainement certains menant actuellement des guerres contre leurs frontaliers. Ce sommet sera l’occasion pour certains de remplir leur carnet d’adresses, pour d’autres de montrer un visage respectable. On y retrouvera des hommes politiques en charge de la défense et la sécurité, des galonnés bardés de médailles militaires, des officiers généraux reconvertis dans la sécurité privée ou l’intelligence économique, des universitaires complaisants ainsi que quelques journalistes et acteurs de la société civile accommodants. Mais aussi des marchands d’armes qui viennent leur catalogue à la main, en espérant décrocher des commandes.

Des chefs d’états de tous les continents posent donc leurs bagages à Paris, brûlant par leur venue des milliers de litres de kérosène alors qu’une des thématiques du forum sera la question écologique. Les dirigeants du libéralisme autoritaire se retrouveront côte à côte avec les dictateurs les plus sanguinaires. À l’image du chef d’état Égyptien Al-sissi qui en septembre 2019 fit feu sur sa population afin d’empêcher une révolte de grandir et qui enferma par centaines des opposants politiques. Le président Nigérien sera aussi présent. Lui qui avait ouvert le feu sur sa population il y a un an, tuant les opposants au régime par dizaines. Ce dernier ouvrira officiellement le forum au côté de Emmanuel Macron et Kamela Harris, dont les guerres impérialistes ont fait des milliers de mort, en Irak ou au Sahel.
Le vendredi 12 aura d’ailleurs lieu une conférence sur la Libye, pays rasé par la France en 2011

Le tout se passera à Paris, capitale du pays du mouvement des gilets jaunes qui fût réprimé pendant des mois, faisant plusieurs milliers de blessés. Pays qui depuis des décennies mène une guerre meurtrière dans les quartiers populaires.
Ce sont bien des dirigeants en guerre qui se retrouveront à Paris pour parler de paix. Avec cette année pour thème central les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle. Le but ? Tenir une fiche de route commune, partager les savoirs autour du développement des technopolices. De quoi envisager un avenir réjouissant.

(post de Cerveaux non disponibles)

Chronique de la technopolice : salon de l’armement, robot policier, surveillance export, JO 2024, voitures-radars privées, collégiens pucés, humain automate, numérisation de la santé...
Des barricades pour stopper des essaims de drones, des blindés, des robots policiers ?

Reconnaissance faciale en grand en Inde

- Reconnaissance faciale  : l’Inde sur le point de choisir la surveillance totale
En Inde, la ville d’Hyderabad construit un immense centre de traitement de données de surveillance. Cela fait craindre le développement massif de la reconnaissance faciale, une technologie qui menace gravement les droits humains. Enquête.
En Inde, Hyderabad est connue comme «  la ville de perles et des diamants ». Une présentation de carte postale qui cache une autre facette de la capitale de l’État de Télangana  : Hyderabad est l’une des villes les plus surveillées au monde.

Selon une étude de la Internet Freedom Foundation, la région compte le plus grand nombre de projets de technologies de reconnaissance faciale enregistrés dans le pays. Ce vaste réseau fait craindre que la ville d’Hyderabad ne sombre dans la surveillance totale. Le gouvernement indien a déjà dépensé 9.6 milliards de roupies en équipements, soit plus d’un million d’euros.


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