Quelques remarques, puis des actus et analyses.
Puisqu’aux législatives les partis du NFP doivent leur arrivée en tête aux actions et votes d’innombrables anonymes, ces partis doivent à présent se mettre un peu en retrait pour laisser la place au « Front Populaire d’en bas » (s’il monte en puissance et déborde).
Puisque la politique et la démocratie, ce n’est pas l’oligarchie, la brutalité froide et anonyme de l’économie de marché, l’insécurité de la concurrence, les jeux de partis et de coalitions foireuses, c’est aux peuples et aux mouvements sociaux d’entrer vraiment dans la danse et d’entraîner tout le monde vers des sociétés vivables, donc forcément loin de l’étatisme, de la technocratie, de la représentation et du capitalisme.
Puisque dans cette non-démocratie, les partis et élections n’ont pas de légitimité et sont contraints par l’Economie, c’est à nous de prendre nos vies en main.
Finies les « têtes d’affiche », les directions centralisées, les contraintes du Marché et de la Dette, les impératifs de la Croissance et de la création d’emplois, aux chiottes les républiques bourgeoises proto-dictatures, place aux tumultes et rêves des peuples, place à la démocratie directe et aux luttes loin des contraintes et calculs électoraux.
Quand formerons-nous de nombreux et grands cercles endiablés pour des va et vient inexorables, comme les vagues et les marées, pour tout submerger et transfigurer ?
Be Water, car l’eau c’est la vie.
Quand ? Pas dans un an, pas en 2027, mais maintenant, en septembre, cette année ci, peut-être une des dernières avant une possible grosse submersion brune, avant des déserts politiques sous le soleil de la dictature affirmée, des canicules sociales brûlées par le Capital et la Machine ou des tsunamis de merde chariant des tonnes de flics et de bombes sales.
Dans la pratique, après la « non victoire du RN » et la « non défaite » du Nouveau Front Populaire, rien n’a vraiment bougé, si ce n’est les salutaires élans antifascistes. Les macronistes et autres bourgeois sont toujours là avides de nuire et de reconstruire le bloc de l’extrême centre, et leur créature « de secours » l’extrême droite s’est encore renforcée.
Après l’écroulement des blocs droite-PS de la fausse alternance mais vraie continuité de l’oppression étatico-capitaliste, l’extrême centre des bourgeois ultra-capitalistes qui a pris le relais s’est aussi, en grande partie, écroulé. Il ne reste alors guère aux bourgeois, technocrates et capitalistes, que ça leur plaise ou non, que l’option de l’extrême droite pour mater/occuper les foules et faire perdurer l’Etat-capitalisme.
Ce qui explique mieux le choix de Macron, en apparence suicidaire et irrationnel, de procéder à la dissolution de l’Assemblée. Lui et ses sbires ont misé sur deux options : soit « au pire » la victoire du RN (ça n’a pas marché), soit une nouvelle recomposition du bloc central pour que rien ne change (et il y a toujours l’état d’urgence et l’article 16 des pleins pouvoir à Macron si besoin). A nous de faire en sorte que la 2e option ne marche pas, et que la victoire du RN ne soit pas possible non plus à l’avenir (l’extrême centre lui offrira pour de bon le pouvoir si elle échoue encore, ce qui est fort probable), ce par une véritable rupture qui déborde les partis, les institutions non-démocratiques en place, le capitalisme et son monde, le carcan de l’Etat-nation...
Si on teste l’outil du Monde qui simule des coalitions à l’assemblée, on voit vite qu’il est plus simple pour les macronistes et l’extrême droite d’avoir une majorité pour voter leurs lois de merde que pour la gauche d’avoir un vote majoritaire pour des textes de rupture.
- Après les législatives, la vraie bataille commence, et elle aura lieu (surtout) en dehors de l’Assemblée Nationale
Je coupe le son, oh, et je remets le son » - Un dimanche soir électoral, place de la République
Soulagé.es nous étions
ce dimanche soir d’élections
mais aussi comment dire
quelque peu désapointé.es
Comment à la fois se réjouir
de la non victoire du R haine
et de la non défaite d’un Front
aussi large qu’électoral et de paille
Le barrage nous on voulait
le barricader dans la rue
dès l’annonce des résultats
On voulait bordéliser la bardellamania
et faire courir ses flics jusqu’à épuisement
Mais non
Place de la Repu ça dansait
ca chantait ça exultait
On a gagné ! on a gagné !
Merci la gauche ! taguait-on tout ravi.es
Nous - les désapointé.es- on cogitait
en petit comité de résistance populaire
sur d’autres tags disons alternatifs
Sophie sur la carte du métro République
se lançait la première avec cet inquiétant
& la guerre est à peine commencée
David détournait avec humour
l’humeur de la nuit
C’est extra... parlementaire !
et rappelait l’évidence
Il faudra bien un jour se battre
Avec Notre sursaut est un sursis
Zoé cassait l’ambiance festive
et remportait la palme de la formule
intempestive et ô combien nécessaire
par ces sales temps qui courent
(source : https://lundi.am/Je-coupe-le-son-oh-et-je-remets-le-son )
- Après les législatives, la vraie bataille commence, et elle aura lieu (surtout) en dehors de l’Assemblée Nationale
Ne soyons pas dupes, ceci n’est pas une victoire
L’alliance du nouveau front populaire arrive en tête, certes, mais sans capacité à gouverner. De plus, cette alliance, regroupant toute sorte de traîtres ne nous garanti aucunement qu’elle tiendra dans le temps et qu’elle appliquera son programme (sachant qu’elle n’en à pas le pouvoir).
source : https://lagrappe.info/?Ne-soyons-pas-dupes-ceci-n-est-pas-une-victoire-908
- Après les législatives, la vraie bataille commence, et elle aura lieu (surtout) en dehors de l’Assemblée Nationale
- Après les législatives, la vraie bataille commence, et elle aura lieu (surtout) en dehors de l’Assemblée Nationale
- Après les législatives, la vraie bataille commence, et elle aura lieu (surtout) en dehors de l’Assemblée Nationale
Gauche en tête aux législatives : un sursis à mettre à profit
Gauche en tête aux législatives : un sursis à mettre à profit
Le résultat du second tour des élections législatives est un immense soulagement. Voici 3 semaines que l’ensemble des grands médias nous annoncent la victoire du Rassemblement National, et nous étions toutes et tous conditionnés à l’idée que la question serait de savoir s’ils auraient une majorité absolue ou non. Le retournement de situation qui s’est produit hier soir éloigne donc cette perspective. Emmanuel Macron a, en outre, perdu son pari, et pourrait perdre le contrôle du pays, à ce jour. Les grands médias sont aussi complètement désavoués. Non seulement leurs prédictions se sont avérées fausses mais en plus leur stratégie de diabolisation de la gauche semble avoir échoué puisque celle-ci est en tête. Bref, d’excellentes nouvelles. Pour autant, il semble difficile, ce matin, de parler de victoire. Il serait plus juste de parler d’un sursis qui nous a été accordé après 3 semaines de rude travail militant, médiatique et intellectuel pour empêcher le RN de l’emporter. Alors, qu’en faire ?
Reprendre à zéro, partout, la lutte contre l’extrême-droite
(...)
Le vote pour un parti raciste et réactionnaire reste une option viable pour un grand nombre de personnes. S’organiser localement, en particulier dans les petites villes et le monde rural, pour briser le nouveau conformisme qui fait du vote RN quelque chose d’estimable et de valorisant, comme le montre le sociologue Benoît Coquard dans un entretien publié la semaine dernière, est plus que jamais nécessaire, par exemple.
(...)
Les analyses sociologiques du vote RN montrent qu’il s’agit bien d’un vote raciste, mais que ce racisme prend racine dans des rapports sociaux et une atmosphère médiatique sur lesquels il est possible d’agir.
(...)
La gauche gagne une bataille mais pas la guerre
Il ne faut pas bouder son plaisir : à écouter les grandes chaînes de télévision, publiques ou privées, la radio et la plupart des journaux, l’alliance de gauche était condamnée à la défaite. La couverture médiatique de ce bord politique a été calamiteuse : l’accent a été mis sur les conflits entre ses membres, une campagne d’intense dénigrement a été orchestrée pour associer la gauche à l’antisémitisme et pourtant le Nouveau Front Populaire est en tête à l’issue de second tour. Cela signifie que tout l’écosystème militant, associatif et médiatique qui soutenait cette alliance a fait du beau travail, dans des conditions pourtant très difficiles.
Nous avons donc appris une chose : nous avons d’ors et déjà des outils efficaces pour contrer une propagande médiatique intense et ce malgré un climat de division palpable au sein de la gauche. D’ailleurs, cette victoire semble au moins autant le fait des “simples” citoyennes et citoyens de gauche qui ont fait un gros travail de mobilisation de leur entourage et de tout le milieu de gauche, au sens large, que celui des appareils, qui ont perdu un temps important à se diviser. On pourrait dire que c’est, comme on dit, la “société civile” qui a permis cette victoire. Ce qui montre la force que l’on a et l’écosystème dont on dispose pour agir. Il faut s’en féliciter et célébrer ce qui est tout de même un sacré succès.
(...)
Le rapport de force est donc globalement mauvais, même si les règles sont telles que c’est bien à la gauche que peut revenir la composition d’un premier gouvernement.
Mais pour faire quoi ? Sans majorité absolue, un gouvernement ne peut pas faire adopter des textes de loi sans le concours d’autres groupes politiques. Or, aucun autre groupe dans la nouvelle Assemblée n’a soutenu, par le passé, la moindre mesure sociale qui figure dans le programme du NFP. Rien que la hausse du SMIC est combattu par les deux autres forces RN et macronistes, Bien que le programme du NFP soit très modéré, plus modéré que celui de la NUPES en 2022, il contient des éléments impensables pour la classe dominante qui a misé, cette année, sur le RN et les macronistes
(...)
Que faire dans ce cas-là ? Le précédent gouvernement a utilisé un très grand nombre de fois l’article 49-3 de la Constitution, qui permet de faire passer un texte sans vote du Parlement. Le problème, c’est que l’utilisation de cet article donne le droit aux groupes d’opposition de voter une motion de censure pour faire tomber le gouvernement. Du temps de Gabriel Attal et Elisabeth Borne, ces motions de censure échouaient faute d’accord entre des groupes d’opposition très différents. Mais dans le cas présent, la droite et les macronistes peuvent faire tomber, au moindre 49-3, un gouvernement NFP. Jean-Luc Mélenchon parle de gouverner “par décret”. Mais ce système a des limites : un décret a un champ d’application qui est nécessairement inférieur à la loi. Aucun grand changement de fond n’est possible en disposant uniquement du pouvoir d’émettre des décrets.
(...)
Partir de cette semi-victoire pour reprendre la main
(...)
Si l’on veut gagner la guerre, c’est-à-dire redonner à notre camp social une partie des richesses produites et les ressources d’un Etat mis au service prioritaire des actionnaires et des patrons, il ne faut pas se satisfaire de cette semi-victoire à l’arrachée. Il faut éviter l’auto-satisfaction et le repli identitaire sur une gauche qui reste, en nombre de voix, minoritaire dans la société.
Gouvernement faible = mouvement social fort
(...)
Côté médias indépendants, être capable d’agir ensemble et d’élargir à notre gauche notre fenêtre d’Overton (le spectre de ce qu’il est acceptable de penser et qui s’est surtout, ces dernières décennies, déplacé à droite). Il faut que nous puissions lancer nos propres polémiques, controverses et propositions, et dicter aux autres notre agenda.
(...)
deux idées :
Une boucle de coordination et d’échange entre tous les médias indépendants, nous organiser ensemble des campagnes médiatiques intenses capables de bouleverser l’agenda du débat public. Par exemple, en septembre, lancer un matraquage sur l’absurdité de la propriété lucrative immobilière en France, les abus des propriétaires, la nécessité de bloquer les prix et, en attendant, lancer une grève des loyers.
Un fond de financement co-géré par l’ensemble des médias indépendants, qui permettrait à n’importe quel citoyen de donner pour ce secteur et s’assurer que son soutien soit réparti équitablement entre des médias qui partagent un fonctionnement et des valeurs communes. Un tel fond sortirait les médias indépendants, notamment les plus petits, de leur précarité financière. Il permettrait en outre de favoriser l’émergence de tout un secteur de médias indépendants locaux, partout sur le territoire.
Côté mouvement social : préparer un vaste mouvement de grève pour la rentrée dans tous les secteurs qui ont pâti des 7 années de macronisme autour d’un programme de revendication simple et transsectoriel : recrutement dans la fonction publique, revalorisation salariale d’ampleur dans le public et le privé, indexation des salaires sur les prix, baisse des loyers, par exemple. Une semaine de grève dans tous les secteurs en même temps – ce qui n’a jamais été fait ces dernières décennies – suffira à faire plier n’importe quel gouvernement, d’autant plus dans ce contexte où on aura forcément à faire à des dirigeants affaiblis par la crise institutionnelle qui résulte des élections législatives.
(...)
Cette semi-victoire n’a pas tout résolu, loin de là. Mais elle nous a permis de relever la tête. Gardons-la haute et demandons plus. Car c’est en entretenant cette culture de la réussite et du collectif que nous attirerons à nous celles et ceux qui nous ont tourné le dos.
- Après les législatives, la vraie bataille commence, et elle aura lieu (surtout) en dehors de l’Assemblée Nationale
ELLE A OSÉ LE DIRE : YAËL BRAUN PIVET « INQUIÈTE » DE L’USAGE DE 49.3
S’il fallait une incarnation humaine du culot, elle s’appellerait Yaël Braun Pivet.
Celle qui était la présidente tyrannique de l’Assemblée Nationale jusqu’à la dissolution affirme tranquillement, ce mardi 9 juillet sur France Inter : « Le nouveau front populaire n’est pas en capacité de gouverner parce qu’il a une assise parlementaire beaucoup trop faible. Lorsque j’entends certains de ses dirigeants dire qu’ils vont gouverner à coups de 49.3 ou à coup de décret je suis extrêmement inquiète de cette vision de la démocratie » puis elle ajoute : « aujourd’hui il faut respecter le parlement. »
Le mot important dans la dernière phrase, c’est « aujourd’hui ». Parce que jusqu’ici, jamais personne n’avait autant maltraité le parlement et la démocratie que Yaël Braun Pivet et les macronistes. Depuis 2022, le gouvernement a dégainé 23 fois le 49.3. Un record absolu sur un laps de temps si court. Et c’était pour imposer les pires reculs sociaux depuis la Libération, précariser encore les plus pauvres, détruire les retraites ou même imposer une loi raciste directement inspirée du programme de Jean-Marie Le Pen. Yaël Braun Pivet et ses amis ont gouverné sans les députés et ont aboli, de fait, le régime parlementaire.
Ce n’est pas tout, en tant que présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet a été la plus répressive de l’histoire contre les députés : elle a prononcé 106 sanctions entre juin 2022 et mai 2024, contre 39 dans toute l’histoire de la Ve République, en 60 ans.
En 2022, Yaël Braun-Pivet punissait une députée de sa propre majorité parce qu’elle avait dénoncé « l’ADN xénophobe vieux de 50 ans » du Rassemblement National. Visiblement, cette intervention a irrité la présidente de l’Assemblée, au point qu’elle adresse une peine disciplinaire à la députée. Il faut dite que Yaël Braun Pivet représente l’aile pro-RN du macronisme : elle dirige l’Assemblée avec un élu d’extrême droite, Sébastien Chenu, qu’elle qualifie d’ailleurs de « très bon vice-président ».
Le 28 mai 2024, le député Insoumis Delogu était sanctionné au maximum par Yaël Braun-Pivet pour avoir déployé quelque secondes un drapeau palestinien à l’Assemblée. En revanche, quand le député macroniste Remy Rebeyrotte a fait un salut nazi en 2022 en pleine Assemblée, Yaël Braun Pivet ne lui avait donné qu’un simple rappel à l’ordre, sans inscription au procès-verbal. Soit le plus faible niveau de sanction que prévoit le règlement.
Le 30 mai 2023, il y a quasiment un an, en plein mouvement contre la réforme des retraites, qui venait d’être imposée par 49.3, c’est la même personne qui déclarait : « J’entends des gens dire, ce serait antidémocratique d’empêcher le vote. Je trouve ça dingue » puis « Il ne doit pas y avoir de débat sur cet article ». Refuser un vote du Parlement concernant une loi rejetée par 9 français sur 10, ça passait crème à l’époque pour Yaël.
C’est aussi Yaël Braun Pïvet qui a hurlé son soutien « inconditionnel » à Israël au moment du lancement de l’opération génocidaire à Gaza, puis qui s’est rendue avec le député d’extrême droite Meyer Habib en Israël pour asséner : « rien ne doit empêcher Israël de se défendre. »
En 2023 Yaël Braun Pivet hurlait depuis le perchoir de l’Assemblée contre une députée insoumise qui rappelait qu’elle avait caché dans sa déclaration d’intérêt une partie de ses biens spéculatifs, en l’occurrence, 40.000€ d’actions chez Total qui auraient été « oubliées ». L’ancienne présidente de l’Assemblée possède aussi 1,5 million d’euros d’actions chez L’Oréal. Surprise, son mari est justement cadre chez L’Oréal…
Voilà, en résumé, le pedigree de celle qui ose parler de respect de la démocratie et du Parlement aujourd’hui. Mais ce n’est pas tout. Ce mardi 9 juillet sur France Inter, elle a aussi osé : « Moi je vais même plus loin, si nous arrivons à composer un gouvernement, moi je suis extrêmement favorable à ce que ce gouvernement demande un vote de confiance à l’assemblée nationale […] pour avoir cette légitimité parlementaire que lui confèrerait ce vote pour pouvoir gouverner. »
Ni Élisabeth Borne ni Gabriel Attal n’ont fait voter la confiance du Parlement, tout simplement parce qu’ils étaient minoritaires à l’Assemblée et qu’ils auraient perdu.
Perdants dans les urnes, les macronistes exigent le respect de règles qu’ils ont méthodiquement piétiné ces dernières années.
Source de la déclaration : https://x.com/i/status/1810574044699246788
PARIS, LILLE ET AILLEURS : LA POLICE MAUVAISE PERDANTE
Dimanche 7 juillet au soir, des milliers de personnes se sont réunies dans les grandes villes françaises pour partager ensemble le soulagement de ne pas être gouverné dès maintenant par des néofascistes et la percée inattendue de la gauche.
Dans plusieurs villes, la police a attaqué ces rassemblements.
➡️ À Lille, dès le début, des grenades lacrymogènes et des charges ont visé le cortège. La police a nassé une partie des manifestant-es, a intimidé les journalistes et a sérieusement blessé à la tête un jeune militant insoumis. Selon la journaliste Louise Bihan, « 3 personnes ont passé la nuit à l’hôpital, au moins 1 pour une blessure à la tête. D’autres blessés légers sont à déplorer ».
➡️ À Paris, la place de la République a été encerclée et les tentatives de départs en cortège violemment gazées et chargées. Une stratégie de la tension qui a conduit à des affrontements jusqu’à 1 heure du matin. Plusieurs arrestations et blessé-es sont à déplorer.
➡️ À Rennes, 25 personnes ont été arrêtées et le rassemblement a été purement et simplement interdit par le préfet.
➡️ À Nantes, les forces de l’ordre, très nombreuses, ont immédiatement gazé les milliers de personnes qui partaient en cortège, puis ont multiplié les provocations et les charges. Trois personnes ont été arrêtées.
La police vote à 80% pour la droite et l’extrême droite. Les gouvernements successifs ont donné les pleins pouvoirs à un corps armé qui prête majoritairement allégeance au RN. Dimanche soir, la police a été mauvaise perdante, et ce n’est qu’un avant goût de ce qui nous attend.
vidéo : https://www.facebook.com/reel/504584672000467
LES MÉDIAS DE MILLIARDAIRES PÈTENT LES PLOMBS
Ils en rêvaient, ils ont tout fait pour et ils sont déçus : il n’y aura pas de gouvernement RN dès cet été.
Les éditorialistes avaient tout donné contre la gauche et pour favoriser la montée de l’extrême droite. Cela n’a pas marché, et maintenant ils ont « la gueule de bois ». La population est moins fasciste qu’eux.
Maintenant, ils aboient comme jamais contre le Front Populaire, avec une virulence toujours plus décomplexée : « antisémite », « ennemi de la République », « fiché S », « sans valeurs », « destructeur de la France », amenant la « guerre civile » et mettant des « balles dans la tête »… Pourquoi pas zoophile et cannibale ?
Rendez-vous compte : ce déchaînement hallucinant vise à détruire une coalition de centre-gauche mollassonne avec François Hollande. Imaginez ce que ce clan néofasciste dira en cas de grand mouvement social, voire de soulèvement anticapitaliste...
Les choses sont claires, il n’y a plus aucune régulation dans les médias télévisuels français, plus aucun filtre, plus aucune retenue. Tous les coups sont permis pour imposer le fascisme à grand coup de propagande. La meute de chiens qui peuple les plateaux télé est enragée. Il est temps de les faire rentrer à la niche.
vidéo : https://fb.watch/tb_bQDGfJA/
- Après les législatives, la vraie bataille commence, et elle aura lieu (surtout) en dehors de l’Assemblée Nationale
DÉSINTOX : LE RN MENT SUR LE NOMBRE DE VOIX
Le Front Populaire a obtenu plus de suffrages par candidats que l’extrême droite -
Depuis dimanche soir, une petite musique trumpiste circule sur internet et dans les médias de Bolloré : l’élection aurait été « volée », puisque le RN a obtenu plus de voix que le Front Populaire au second tour des législatives. En valeur absolue, l’extrême-droite a fait 10 millions de voix contre 7 millions seulement pour le Front Populaire qui, pourtant, obtient plus de sièges à l’Assemblée. Le RN a notamment publié ce montage grotesque, ne respectant pas les proportions. Non seulement c’est mal fait, mais en plus c’est une intox qu’un écolier en cours de math pourrait déjouer. Voilà pourquoi.
Le 30 juin, 76 députés ont été élus dès le 1er tour. Il restait donc 501 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale. C’est à partir de là que des négociations intenses ont eu lieu pour se désister contre l’extrême droite.
Le Front Populaire a désisté 131 de ses candidat-es en lice au second tour, dont certain-es avaient pourtant fait de très gros scores : parfois plus de 30% des voix, mais arrivés derrière le RN et un-e candidat-e LR ou Macroniste. Ces 131 candidat-es ont donc renoncé à leur candidature : ce sont des millions d’électeur-ices du Front Populaire qui n’ont pas été représenté-es au second tour dans ces 131 circonscriptions.
Le 7 juillet, il ne restait ainsi plus que 275 candidat-es du Front populaire au second tour. Le RN, lui, n’a désisté aucun-e candidat-e. Il en présentait donc 446.
Mathématiquement, un parti qui a 275 candidat-es fait moins de voix qu’un parti qui en an 446, même si le premier réalise de meilleurs scores que le second là où il est présent ! C’est de la logique arithmétique de base.
Si on ramène le nombre de voix obtenue pour le Front Populaire pour 275 candidats, cela représenterait 11.360.880 voix s’ils avaient eu 446 candidats, et 6.300.858 voix pour le RN s’ils avaient eu 275 candidats. Autrement dit, la gauche a obtenu beaucoup PLUS de suffrages par candidats que l’extrême droite.
Si un parti présente 100 candidats qui ne font que 25% des voix chacun, il n’aura aucun élu mais aura récolté autant de voix qu’un parti qui n’en a présenté que 50 mais qui ont tous obtenu 50%, et sont donc tous élus. Même nombre de voix, mais l’un a perdu tous ses candidats, l’autre a tout gagné. C’est le principe même du scrutin majoritaire que nous expliquions dans un précédent article, et c’est pour cela qu’un scrutin proportionnel comme pour les élections européennes ne fait qu’un seul tour.
À la rigueur, s’il fallait comparer les voix en valeur absolue, il faudrait donc prendre les résultats du Premier tour. Le raz-de-marée RN a obtenu 9.377.297 voix. Le Front Populaire, diffamé pendant des semaines, 8.974.566. Soit 400.000 voix d’écart seulement.
(posts de Contre Attaque)
Organisons-nous en comités de quartier !
Organisons-nous en comités de quartier ! - Dimanche soir le RN a explosé ses scores et obtenu un nombre historique de député.es à l’Assemblée nationale. En plus de pouvoir désormais faire la loi dans le pays, les fascistes se sentent aujourd’hui d’autant plus à l’aise d’employer la violence et de s’organiser par eux-memes pour mener des expeditions punitives racistes, homophobes ou transphobes.
Après le 7 juillet, que faire face au fascime ?
(...)
Agir contre l’extreme-droite et ses idées ça commence autour de nous. Alors créeons des comités de quartier ouverts, accessibles et tournés vers l’action. Il suffit de quelques personnes motivées et de se lancer avec des objectifs simples :
- Présence-visibilité : affichage, tractage, tenues de stands, évènements de quartier etc
- Information-sensibilisation : sur le danger de l’extreme-droite, sur le tissu solidaire local, sur l’actualité des luttes, sur les manières d’agir etc.
- Mobilisation-engagement :. participation et construction des luttes, manifestations, actions etc
Face au fascisme, la bataille ne fait que commencer
Face au fascisme, la bataille ne fait que commencer - Le vote du 7 juillet marque un rejet massif du fascisme. Et dans la nouvelle bataille qui s’engage à l’Assemblée, la pression populaire doit continuer à s’exercer pour ouvrir cet horizon émancipateur et écologique.
La France a rejeté le fascisme. Deux tiers des Françaises et Français ont rejeté un parti raciste. Voilà ce qui a été dit au monde dimanche 7 juillet et qui constitue une magnifique nouvelle. Elle ouvre la lumière dans un monde obscurci par les thèmes nauséabonds propagés par les mouvements d’extrême droite et les médias aux mains de divers milliardaires. Après trois semaines de campagne d’une dureté rarement connue, où insultes et attaques diffamatoires ont plu sur la gauche et sur les écologistes, les électeurs ont remis la raison au milieu du pré.
Tout cela n’aurait pas été possible sans une mobilisation magnifique, où ce ne sont pas tant les partis qui ont mené la bataille que des centaines de milliers, des millions de citoyennes qui ont, chacune et chacun, à leur façon, tenté de convaincre leurs proches, leurs voisins, voire les inconnus dans la rue ou sur les réseaux sociaux que le RN pouvait nous faire basculer dans un monde de haine et de rejet de l’autre.
(...)
Tout ceci souligne, s’il en était besoin, le rôle vital des médias indépendants pour faire vivre un vrai débat dans ce pays.
L’HEURE DU CHOIX
Répétons-le, encore et encore : si nous ne bloquons pas tout, sans attendre, nous n’obtiendrons rien du tout et Macron continuera comme si de rien n’était.
Autre conséquence : si nous commettons cette grave erreur, nous n’aurons fait que retarder l’arrivée au pouvoir du RN.
Tout ça pour rien ? Vraiment ?
Yannis Youlountas
DIVERS
- Brèves du fascisme bien de chez nous - Des nouvelles des fachos AOC Bourgogne, en ces troubles temps électoraux.
- Un Premier ministre NFP ? « Ce n’est pas du tout réglé » - La division de l’Assemblée nationale en trois blocs sans majorité claire fait entrer la Ve république dans une situation inédite. Les négociations à venir risquent de durer, prévient le constitutionnaliste Bastien François. (...) Puis il s’adressera au deuxième groupe par la taille — qui serait Renaissance. C’est de la politique fiction, mais Emmanuel Macron pourrait donc se permettre de contourner le Nouveau Front populaire. C’est d’ailleurs pourquoi il a dit qu’il attendait de voir la « structuration » de l’Assemblée pour « prendre des décisions ».
Pseudomorphoses de la démocratie - Le bug des législatives
Les apparences de la démocratie, mais avec un contenu tout autre...
Un article intéressant, qui se situe dans la continuité des analyses éclairantes de
Eugénie Mérieau, voir : La dictature est dans la démocratie libérale représentative occidentale, et inversement - Faire tomber les préjugés sur la dictature et sur « la-démocratie », pour voir leurs convergences
Pseudomorphoses de la démocratie - Le bug des législatives - Il y a deux manières de juger du sens d’une situation. Du dedans ou du dehors. Du dedans : en développement le point de vue que confère une position relative en son sein. C’est-à-dire : prétendre répondre à la question qu’elle pose. Du dehors : prendre un point de vue qui fasse disparaître le problème et sache éteindre le Sphinx de sa résolution. Lorsque nous sentons que nous pouvons adopter un point de vue du dehors, que ce sentiment se fait de plus en plus tenace, qu’il en devient impérieux et viscéral, au point d’exiger une hypothèse et une formulation, c’est que la situation est devenue « révolutionnaire ». (...) La forme-État « démocratique » est, dans les conditions réelles, une pseudomorphose. Il suffira de passer le doigt à la surface du minéral pour en découvrir le contenu exotique. (...)
Dans le cerveau de Le Maire, la suppression du « populaire » dans la démocratie monarchique oblige à se tourner vers le « national » - non plus la réparation de la démocratie, mais la restauration de la « France ». C’est le côté LR-RN de Le Maire. Mais n’allons pas trop vite, en un sens, Le Maire a toujours devancé intellectuellement le macronisme – anticipé son destin. Sauf que le macronisme, lui, ce n’est pas encore le Rassemblement national, ce n’est pas le vote du racisme ouvrier du Nord désindustrialisé, ce n’est pas le vote du racisme petit propriétaire du Sud, le macronisme, ce n’est pas encore le « racisme intranquille » (Félicien Faury) transformé en politique. C’est beaucoup plus osef – c’est beaucoup plus Machiavel.
(...) Alors il faut que le centre (la réalité matérielle-économique) caché derrière la droite et la gauche se pose lui-même, consciemment, comme un parti explicite. Dangereux commencement de la fin : ce parti quantique révèle sa nécessité en remettant en jeu, dans la sphère de la représentation politique, la question super grossièrement marxiste de la classe. Sauf que cette fois, la classe bourgeoise se représente elle-même comme « centre », et plus comme tantôt Gauche, tantôt Droite, avec toutes les nuances de libertés politiques et de droits que l’oscillation implique.
Cela a été dit et redit, le macronisme, l’extrême-centre, n’est pas ce moment où le « bloc bourgeois » sortirait victorieusement du bois obscur de l’alternance où il se dissimule ordinairement. Le macronisme, c’est bien plutôt le loup qui sort du bois lorsqu’il a décimé toutes les proies de sa forêt. Lianos disait : le partage symbolique entre « les-extrêmes » et l’affirmation conscient du « centre » et de son « ni-nisme » est le signe d’un effondrement de la base sociale générale du « bloc bourgeois » tapit, économiquement et socialement, sous le manteau coloré des alternances. La question n’est pas de renvoyer dos à dos le PS et les Républicains, on s’en fout. La question est de comprendre la situation. Or, la situation, a cet aspect-là : qui n’a aucun intérêt ni aucune socialisation affective de caste ou de classe à se laisser avoir par un « compromis » avec la classe dominante, bourgeoise, règne de l’économie, libéralisme autoritaire ou libéral-fascisme, ne se laisse désormais, presque plus, « duper » par elle. Cela ne signifie pas que les non-dupes de la classe dominante, exprimée par le « centre », soient, inversement, « éveillés », « conscients », « lucides ». Ils peuvent, ils sont, qui ne l’est pas ? certainement pris sous d’autres stratagèmes et dans d’autres duperies (gauchisme ou Rassemblement national), d’autres illusions. On sort plus souvent d’une illusion pour entrer dans une autre que pour s’en dépouiller devant la maturité du frais rée
(...) L’anecdote rapportée par Arié Alimi où Macron lui aurait cité, dramatiquement, en allemand, le constat théorique de Carl Schmitt selon lequel « le souverain est celui qui décide de l’état d’exception », si elle est authentique, enfoncerait le clou dans le sens de ce retour conscient et assumé à l’exception qui « fonde » la souveraineté sans pour autant la légitimer « démocratiquement ». (...) La spirale d’étatisation est si violente et son vortex si intense que rien n’y échappe – et cela à tient peut-être à la fusion du spectacle audiovisuel et de la politique étatisée (...) Cette figure de l’État que l’on dira sans peuple ne peut être que violence, policière comme institutionnelle, dès lors qu’elle fait de l’abandon du principe de politique publique l’un de ses credo (...) Autrement dit : à la suite du deuxième tour, les électeurs peuvent rentrer chez eux, c’est au tour des délibérations partisanes pour fabriquer du ministre et des alliances politiques (...) L’étatisation de la politique et de la société, tant concrètement, matériellement, opérationnellement que symboliquement et spectaculairement, en s’accompagnant de ce « devenir post-représentatif » tout en restant « parlementaire » dont parle Hass, peut être ramené à ce que dit Eugénie Mérieau à propos des « dictatures » contemporaines : elles naissent de coup d’État constitutionnelle plutôt que militaire, elles sont multipartites, organisent des élections (parfois truquées mais parfois pas), redécoupent les régions électorales, les circonscriptions, monopolisent certains médias, s’allient avec des oligarques dans la logistique et dans l’information, ont des parlements, ont des constitutions, sont efficaces pour la croissance et l’excellence scientifique. C’est peut-être là que le concept de pseudomorphose démocratique a le plus de sens : toutes les propriétés de la démocratie sont présentes, toutes ses qualités, sauf une – la démocratie.
Cyberattaques et censures orchestées par des fafs
Après une série de cyberattaques contre mon blog et d’autres sites qui ont soutenu le NFP, je suis maintenant la cible d’un grand nombre de signalements sur ce réseau, lancés par les néofascistes depuis deux jours.
COUPS BAS
Beaucoup d’entre vous ont eu l’occasion de le remarquer et de m’alerter : vos partages récents et anciens disparaissent massivement, d’heure en heure.
J’ai reçu plusieurs dizaines d’annonces automatisées de suppression : textes et photos. Même le lien vers la bande-annonce de mon dernier film a été supprimé, tout comme le texte que j’ai lu au rassemblement des Glières, des infos concernant les fascistes en Grèce, des traces de mon procès contre Defend Europe et, bizarrement, un texte écrit après mon agression par les néonazis au Pirée. Cela touche à la fois des publications récentes et anciennes, la plupart ayant en commun la lutte contre l’extrême-droite.
Maud n’arrive plus du tout à publier sur ce réseau les nouveaux articles de mon blog, comme elle le faisait habituellement sous mes publications ici. Faites l’expérience : est-ce que pour vous, ça marche ? Est-ce que vous arrivez à choisir un article de mon blog, n’importe lequel, et à publier le lien sur ce réseau ?
Finalement, avec les fascistes, c’est toujours pareil : ils n’ont jamais le courage de nous défier dignement. Ces bas du front sont des adeptes des coups bas depuis toujours avec nous, comme avec nos camarades antifascistes :
lâcheté d’attendre que nous soyons deux ou trois seulement, à la fin d’une projection-débat, sur un parking désert ou dans une rue mal éclairée ;
lâcheté de ne pas venir en personne au procès qu’ils m’ont intenté avec Defend Europe, ni en première instance à Nice, ni en appel à Aix, préférant à chaque fois être représentés par leur avocat ;
lâcheté d’envoyer des lettres anonymes et des messages de mort non signés ;
lâcheté d’essayer de m’empêcher de travailler dans certaines écoles et médiathèques de l’hexagone, en envoyant des lettres de dénonciation concernant mon militantisme libertaire et en alertant sur d’hypothétiques risques de prosélytisme dans mes ateliers de philosophie ;
lâcheté d’attendre que je sois seul et que la nuit tombe pour me tendre une embuscade au Pirée, puis lâcheté de fuir face à l’arrivée des secours pourtant peu nombreux ;
lâcheté d’attaquer anonymement mes seuls moyens de communication, puisque je ne fréquente pas les médias du pouvoir, en l’occurrence mon blog, les sites de mes films et ce modeste compte, ici même, sur ce réseau.
Ces coups bas montrent ce que sont vraiment ces gens : des minables sans courage, des peureux de la diversité, des crétins sans cervelle, des abrutis finis.
Ce soir, j’ai envie de leur répondre : peu m’importe les complications que vous occasionnez, pour moi comme pour mes ami.e.s qui partagent parfois ce que je publie, il est trop tard ! Une fois de plus, vous avez perdu, vous vous êtes lamentablement ramassés et nous avons ri de vous à gorge déployées, de vos candidats crétins et de votre ambition râtée.
Cela nous rappelle, par exemple, l’échec retentissant de votre bateau C-Star, il y a quelques années : d’Egypte à Chypre et de Crète en Tunisie, avant de déserter piteusement le navire à Malte. Vous nous avez tellement fait rire que votre procès ridicule, quelques mois plus tard, n’était qu’un rappel, comme au théâtre.
Vous devriez arrêter la politique et vous convertir au registre comique. C’est le seul domaine dans lequel vous êtes brillants, même si c’est à votre insu.
Yannis Youlountas
LE SUCCES DU 7 JUILLET N’EST PAS UN RESULTAT COMME UN AUTRE, C’EST UN APPEL A CONTINUER LA MOBILISATION POUR ASSURER LA REUSSITE DU FRONT POPULAIRE PAR LA RUE
Le succès du 7 juillet n’est assurément pas un succès électoral comme un autre.
Il s’est fait par des mobilisations jamais vues : la création du Nouveau Front Populaire en un jour, les accords de désistement en deux jours, eux-mêmes réalisés grâce à la pression générale de manifestations continues et même parfois de grèves appelées par des syndicats, doublées d’une mobilisation comme jamais de la société civile depuis les artistes et scientifiques jusqu’aux diplomates et architectes en passant par les enseignants d’histoire ou même les chanteurs d’opéra ou encore le festival d’Avignon. La France n’a jamais connu de son histoire un tel mouvement concentré en si peu de temps contre la menace fasciste, contre les manœuvres du gouvernement de Macron, contre tous les partis de droite et d’extrême-droite, contre l’essentiel des médias et les instituts de sondages d’opinion, contre le monde de l’argent derrière Bardella, contre la démoralisation des classes populaires, bref contre les tendances dominantes de la situation générale et contre l’air du temps raciste et réactionnaire qui nous empoisonne depuis trop longtemps. C’est pourquoi, cette mobilisation hors du commun et son succès ont été suivis avec passion par le monde entier comme peut-être la planète n’a pas connu un tel frémissement depuis dix ou vingt ans, et peut-être plus selon ce qui va se passer maintenant.
Nous avons en effet plus que repousser le danger de trois ans. En réalisant l’impossible, en secouant l’esprit de résignation qui accablait nombre d’entre nous, nous avons commencé à ébranler le monde. Bien sûr, tout n’est pas fait et aux quatre coins de la planète on se demande si nous allons maintenant rentrer chez nous après ou au contraire continuer et retrouver les accents révolutionnaires qui ont fait le peuple français dans l’histoire.
C’est pourquoi si nous soufflons légitimement quelques jours après le 7 juillet, nous devons en profiter pour bien réaliser et faire réaliser autour de nous l’immense retournement de situation que nous avons mené à bien et nous appuyer sur cette prise de conscience pour se dire que s’il y a encore bien du chemin à faire, nous avons fait le plus difficile et que nous sommes à deux doigts d’une victoire encore plus importante. Nous pouvons inverser dans le domaine social et environnemental le retournement que nous avons exécuté dans le domaine politique.
Bien sûr, les partis d’extrême-droite, de droite et leurs médias ont repris leur travail de sape et tentent de dissimuler notre exploit à nos propres yeux et nous empêcher ainsi de prendre conscience de notre immense force. Ainsi ils rabâchent que le nombre des députés du RN a fortement augmenté, qu’ils ont eu dix millions de voix, qu’il n’y a pas de majorité parlementaire possible pour le NFP, que ça va être les vacances et que tout le monde va se disperser, etc., etc… Mais non ! Le RN a perdu malgré les immenses soutiens dont il bénéficiait, de Macron au Medef en passant par les médias, sa marche ascendante est stoppée le réduisant à une baudruche qui peut rapidement se dégonfler ; il n’y a pas besoin de majorité parlementaire pour gouverner – Macron vient de le montrer- et la constitution de la Ve République est faite pour permettre à une minorité parlementaire de gouverner ; c’est pendant les vacances que certains des plus grands mouvements sociaux du pays se sont déroulés, etc., etc…
En fait, les forces de l’argent et les partis de la réaction ont peur. Ils ont peur qu’il se forme un gouvernement du NFP et que ce gouvernement augmente le smic de 200 euros comme il l’a promis – ce qui peut se faire par décret - et annule la dernière réforme des retraites, pour revenir à 62 ans avec effet immédiat pour des centaines de milliers de travailleurs, ce qu’il pourrait réaliser par la loi au Parlement, parce que le RN pour éviter que son échec se transforme en déroute et que s’envolent ses millions d’électeurs, a déjà annoncé qu’il voterait une telle mesure. Ces deux mesures ne sont pas grand-chose et en même temps c’est énorme. Ce n’est pas beaucoup au regard de tout ce que nous avons perdu mais c’est énorme parce que c’est cela qui peut redonner espoir et confiance aux classes populaires et faire que le début de mobilisation électorale qu’on a vu dans les quartiers et dans la jeunesse se transforme en un formidable élan par la rue et la grève – comme en 1936 - pour récupérer tout ce qu’on nous a volé depuis des décennies, pour obtenir tout et changer le monde. C’est tout à fait possible parce qu’il y a une combinaison de soutien au NFP et en même temps il n’y a pas de grandes illusions à son égard, ce qui est exactement la même combinaison qui a amené à la grève générale 1936. Si le NFP n’est certainement pas prêt à renverser la table, il est tout à fait capable sous la pression de la base d’augmenter le Smic et d’abroger la dernière réforme des retraites, dans le prolongement de ce qu’il a déjà fait jusqu’à présent, se constituer, mettre en route le désistement et éviter le piège de la grande coalition poussée par les médias allant du LR au NFP en passant par LREM, même si bien sûr, on peut s’attendre à quelques sorties de route et trahisons de certains de ses membres, mais sans que ça n’infléchisse la trajectoire principale.
La mobilisation pour la réalisation de l’unité populaire qui a mené au succès du 7 juillet est cette combinaison de soutien au NFP et de méfiance à son égard qui donne son caractère si particulier au NFP et à la victoire du 7 juillet. Ce n’est pas une mobilisation comme une autre et ce n’est pas un succès comme un autre. C’est un appel au soutien à un gouvernement du Nouveau Front Populaire et en même temps un appel pour la réalisation de son programme par la mobilisation de rue, par des manifestations, rassemblements et grèves dans les ateliers, usines, universités, lieux de culture, places publiques en même temps que des Assemblées et comités structurant cette mobilisation. C’est tout à fait possible parce que ça correspond à l’état d’esprit actuel de beaucoup. Des appels à la lutte sans soutien au Front populaire sont voués à l’échec tout comme l’est également le seul soutien à un gouvernement de Front populaire sans appel à la lutte. Le NFP s’est fait sous la pression de la base, la réalisation de son programme et au-delà ne peut se faire qu’avec la mobilisation du vrai Front populaire qui est celui d’en bas. Evidemment, Macron va tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de la constitution d’un gouvernement de Front populaire et de la réalisation de son programme, mais chacune de ses manœuvres pour ralentir ou empêcher la mise en place de ce gouvernement et ses avancées sociales a de fortes chances de se transformer en autant de coups de colère populaires et avoir l’effet inverse de relancer ou amplifier la mobilisation et la réalisation du vrai Front populaire, celui d’en bas, celui de la grève générale.
Cela fait un mois que nous sommes entrés dans une période mouvementée. Ça va continuer. Mais nous avons gagné la première étape défensive, empêcher l’extrême-droite d’arriver au pouvoir. Nous entrons dans une deuxième étape plus offensive, reprendre tout ce qu’ils nous ont volé et construire un monde meilleur. Nous étions le dos au mur. Ce sont maintenant eux qui sont le dos au mur. Poussons encore un peu, c’est à notre portée, nous avons un monde à gagner.
Jacques Chastaing 9 juillet 2024