Si tu ne t’occupes pas de politique, l’Etat, les gouvernements, le capitalisme et les bourgeois s’occuperont de toi

Le vote est le degré zéro de la politique - Actus, infos, analyses, perspectives...

vendredi 28 juin 2024

A gauche comme ailleurs, la plupart des gens limitent leur vie politique au vote, et éventuellement à quelques manifs et protestations.
Mais le vote ce n’est pas la politique : se contenter de voter c’est remettre la vie politique à un parti, un régime politique non-démocratique, centralisé et autoritaire (et fusionné avec le capitalisme), c’est renoncer à renverser ce qui nous opprime, c’est se condammer à être déçu, floué, toujours plus frustré, démuni, isolé, impuissant...

Voter et attendre de voir ce qui se passe, c’est se livrer entièrement aux jeux féroces, anonymes et inhumains de l’Etat, des gouvernements et du capitalisme. Des jeux destructeurs que les classes bourgeoises essaient toujours de contrôler et canaliser pour maintenir, et augmenter, leurs pouvoirs et profits, pour que rien ne change, pour changer ce qu’il est nécessaire de changer pour que rien ne change.

Voter pour "mettre un coup de pied dans la fourmillière" et "renverser la table", c’est comme jeter un caillou dans l’océan et attendre le tsunami.
Voter pour l’extrême droite n’a pas d’effets positifs pour les pauvres et les travailleurs, en revanche ça aggrave les choses pour tout le monde (hormis les bourgeois et autres possédants), et encore plus pour certaines minorités, sans parler de la répression policière, merdiatique et judiciaire (déjà très élevée) accrue, dopée par les lois et pratiques pourraves des gouvernements Macron et des précédents.

La légitime détestation de la tyrannie macroniste (simple variante de l’autoritarisme froid de l’Etat) et des effets de la violence de l’Economie (productiviste, capitaliste, concurrentielle, destructrice de la vie sociale collective et personnelle, vecteur de précarité et de destruction de la biosphère) sur nos vies précarisées doit être dirigée fermement vers les causes structurelles du problème, sans s’enliser contre des boucs émissaires, des promesses, des régimes politiques encore pire ou des illusions réformistes.

Les précaires et classes moyennes ont bien raison d’avoir peur du "déclassement", de la précarité et du travail qui ne paie pas, mais ce n’est pas en votant extrême droite, droite LR ou droite macroniste que ça va s’arranger. Quel que soit le gouvernement, tout va empirer encore, car le capitalisme va continuer sa pente "naturelle" : diminuer les coûts (en diminuant les salaires et le nombre de salariés) et augmenter la productivité pour faire face à la concurrence, et ainsi continuer à faire vivre le Capital et à maintenir les profits pour les classes dirigeantes. La saturation des marchés, ne sera pas résolue par un quelconque gouvernement. Là dessus s’ajoutent la généralisation des robots et des IA qui remplacent les travailleurs. Les difficultés et précarités du monde du travail ne peuvent que s’aggraver sous le joug du système capitaliste. S’en remettre à d’autres capitalistes (comme le RN) à la place des capitalistes macronistes, c’est comme changer la couleur du fouet en espérant soulager l’esclavage.
Sacraliser le travail capitaliste et la "valeur travail", et réclamer des emplois à tout prix, empêche de se sortir de ce bourbier.
A quand de vrais débats et remises en cause au lieu de se limiter au ciblage des "élites" (sans toucher au système étatico-capitaliste, juste changer de bonhommes), ou du défoulement sur des encore plus précaires que soi ?

Si la venue officielle (elle est déjà là sous de nombreux aspects) de l’extrême droite au pouvoir est particulièrement dangereuse, c’est parce que les institutions anti-démocratiques en place laissent tout pouvoir aux vainqueurs, du sommet de l’Etat aux communes, les majorités (et alliances majoritaires) peuvent faire à peu près ce qu’elles veulent, l’autoritarisme et la centralisation sont la règle.

Il n’y a pas de démocratie ou "d’économie réelle" à "sauver", il y a un monde cohérent à démolir, celui de l’Etat-capitalisme, du productivisme et du chaos, il y a des mondes désirables, vivables et soutenables à construire.
Et ce ne sont pas les partis ni les gouvernements qui feront ce qu’il y a à faire.

Voter pour le Front Populaire, ok, mais on a surtout besoin de déplacer « la fenêtre d’Overton » du côté de la gauche radicale, de la révolution sociale, on a besoin d’une conjonction de "gilets jaunes au carré", de grève générale dure et longue, de "maisons du peuple" partout.

Législatives anticipées : que peut-on espérer ?

- Législatives anticipées : que peut-on espérer ? - Dans moins d’une semaine a lieu le premier tour des élections législatives déclenchées par Macron le 8 juin dernier. A l’issue du second tour, le 7 juillet, une nouvelle Assemblée nationale sera élue. En fonction du nombre de sièges obtenus par les différents partis et des coalitions qu’ils mèneront, un nouveau gouvernement sera désigné. Depuis l’annonce de la dissolution, beaucoup de choses ont évolué et il est désormais possible de dresser les différents scénarios auxquels on doit se préparer.
(...)

- et d’autres articles récents sur Frustration magazine

- Notamment : Après le vote, la politique – La chronique de Joseph Andras
Avant tout l’évidence : voter pour le très pondéré Front populaire. C’est rien mais c’est beaucoup – freiner l’ascension de la saloperie et, sans doute, sauver des vies. Pour l’heure nous n’avons que ça : un pauvre bulletin qu’on jette comme la première couverture venue sur le feu. Ni plus, ni moins. En cas de victoire, fort incertaine, la constitution d’un gouvernement « populaire » ne sera plus notre affaire. Car « populaire » il ne peut l’être.
(...)

Macron peut-il constitutionnellement prendre les pleins pouvoirs ? Eugénie Mérieau
par [lundimatin->https://www.youtube.com/@lundimatin3299]
https://youtu.be/TBQIWl6CZxc

Macron peut-il prendre les pleins pouvoirs en activant l’article 16 ?

- Macron peut-il prendre les pleins pouvoirs en activant l’article 16 ?
(PODCAST)

Eugénie Mérieau, juriste, politiste, constitutionnaliste, enseignante à l’université de Paris 1, a récemment publié deux ouvrages : La dictature, une antithèse à la démocratie ? et Géopolitique de l’état d’urgence. Sous couvert de petits livres sur le droit et les régimes politiques - sujet qui généralement nous échappent par leur formalisme et leur rigorisme tout abstrait -, ce sont peut-être les textes les plus denses, diaphanes et radicaux, les plus heureusement et puissamment critiques de la « tradition libérale-impériale » qu’on ait pu lire depuis bien longtemps. Dans cet entretien, non seulement la démocratie libérale représentative ne nous apparaît plus comme l’antithèse de la dictature mais comme l’une de ses modalités possibles ; mais la dictature même, par l’étude comparative des régimes politiques, se voit revêtue de toutes les propriétés que valorise en réalité le néo-libéralisme économique et ses critères de sanctification.

« Une autre caractéristique souvent associée au syndrome narcissique tient au désir de rester au pouvoir à vie. Or, la présidence à vie est également rationnelle : une fois hors du pouvoir miroite la perspective d’une condamnation, d’un assassinat, d’une saisine des biens ou les trois à la fois. (…) les dictateurs sont en ce sens les prisonniers de leur passé répressif. Pour la plupart d’entre eux, il n’y a pas d’« exit strategy », à l’exception de l’exil »

(...)
ce n’est pas à une démission présidentielle qu’il faudrait s’attendre, mais à la mise en œuvre – légitimée par la chaleur tendue des circonstances – de l’article 16 – octroyant les pleins pouvoir au Président. Alors, nouveau de Gaulle de la médiocrité historique, le monarque pourra se donner à cœur joie de « refonder », par le haut, les institutions dont le fonctionnement ordinaire aura été, pendant des années, par lui-même, démantelées.

« L’économiste Milton Friedman l’a finalement reconnu avec peine dans les années 1990 « il est possible de combiner un système économique d’économie de marché avec un système politique dictatorial ». De la même manière, il est possible de concilier dictature et État de droit, dictature et prospérité, dictature et pacifisme international, dictature et rationalité. Comme cet ouvrage l’a esquissé, la dictature peut être tout ceci à la fois. Elle est parfaitement compatible avec l’ouverture économique et la mondialisation, avec les élections multipartites et la justice constitutionnelle, avec la paix mondiale et l’excellence scientifique. »

Si les propriétés de la démocratie et celles de la dictature sont, grosso modo, les mêmes - dans ce continuum permanent qui est celui de l’État et de son fondement nécessaire contingent, mystique et brutal, si « comme l’affirmait Carl Schmitt, la dictature, [c’est] tout simplement le principe essentiel de l’État » - le retour critique sur nos démocraties implique d’en passer par la réfutation des préjugés que nous avons sur la dictature. Et à ce moment précis, nous découvrons alors que l’État constitutionnel français actuel, son histoire autant que son devenir proche, n’a plus rien à envier aux dictatures contemporaines

« la technique traditionnelle du coup d’État militaire au service de la conquête du pouvoir semble aujourd’hui dépassée. À ce « déclin du coup d’État militaire » se substitue désormais le coup d’État constitutionnel ou judiciaire : le droit devient l’outil privilégié des régimes autoritaires. »

Si nous continuons de croire que sous les dictatures, il n’y a plus de constitution, nous savons désormais que c’est faut. Si nous continuons à croire qu’en dictature, il n’y a plus d’élections, Mérieau répond : « aujourd’hui, l’immense majorité des dictatures y compris militaires se soumet régulièrement à des élections multipartites. » Ce qui devrait nous permettre de penser un au-delà à ce continuum infernal entre démocratie et dictature, et de sortir de cette folie de l’origine des États qui se fonde et refondent : « Historiquement, la démocratie illibérale n’est […] pas un dévoiement de la démocratie libérale –elle apparaît davantage comme son origine. »

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UNE BOULANGERIE INCENDIÉE PAR DES RACISTES À AVIGNON


Une boulangerie a été incendiée dans la nuit de mardi à mercredi à Avignon dans le Vaucluse. Des traces d’effraction ont été constatées, alors qu’à l’intérieur, des tags à caractère raciste et homophobe avec les mots "nègre", "PD", "dégage", ont été découverts. Avec 7 départs de feu constatés, le caractère criminel de l’incendie ne fait aucun doute.

Les tags semblent viser le jeune apprenti de la boulangerie, âgé de 17 ans et d’origine ivoirienne selon France 3. Il est en première année de CAP, placé depuis l’an dernier par l’Association Hébergement Accueil Réinsertion Provence (AHARP). « Il travaille avec moi au labo en production, à l’arrière, c’est un ange » explique le patron, choqué. « Le magasin est foutu, c’est ma vie qui est partie en fumée ».
La boulangerie avait ouvert il y a 10 ans. Elle sera fermée plusieurs mois et les deux vendeuses sont en chômage technique. Quant au jeune apprenti, son année de formation prend fin, et il devra trouver un autre établissement.

On parle beaucoup du programme du RN, mais l’extrême droite est avant tout une ambiance qui favorise le passage à l’acte. D’abord parce que si Bardella arrive au pouvoir, il n’aura pas beaucoup de lois à passer pour installer une dictature sur le plan institutionnel, Macron s’en est très bien chargé. Dissolution d’associations, fichage généralisé, état d’urgence dans le droit commun, surveillance algorithmique, lois xénophobes, police raciste, surarmée et toute puissante… Tout ça est déjà en place, il suffit d’appliquer et de renforcer. Ensuite parce que la montée de l’extrême droite dans les urnes s’accompagne toujours de défoulement en actes.

On le voit, la banalisation médiatique et l’augmentation de votes RN a déjà provoqué une explosion des violences et propos racistes. En cas de victoire de Bardella, les crimes racistes, agressions, incendies et les violences policières feront des ravages. La question de l’autodéfense devra être posée.

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🗳️DINDONS DE LA FARCE

🔴Côté pile

La bourgeoisie macroniste a fait son choix. Elle fera « barrage » à la gauche, et soutiendra donc le fascisme.
« Nous ferons barrage aux représentants de cette nouvelle Nupes qui veulent aller siéger à l’Assemblée Nationale, qui seront un danger du coup demain », assénait la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot le 21 juin. La ministre Aurore Bergé allait plus loin : « Le meilleur rempart, notamment face au Front populaire, ce n’est pas le RN, c’est nous ».
Chez les sympathisants Renaissance, 71% envisagent de « faire barrage » au Front populaire. Enfin, Jordan Bardella axe toute sa campagne sur le barrage à la gauche, aidé par une diabolisation extrême du Front Populaire par les médias : « Toutes les forces républicaines patriotes du pays doivent se rassembler pour faire barrage au pire du pire et à ce péril de voir l’extrême gauche remporter cette élection législative ».

🔴Côté face
Le patron du PS Olivier Faure, la patronne des Écologistes Marine Tondelier et autres ténors de la gauche molle appellent dans une tribune à se désister au profit des macronistes au second tour, en cas de triangulaires.
Leurs interventions médiatiques disent la même chose : la gauche doit se retirer et appeler à voter Macron face à un candidat RN. Selon leur souhait, il faudrait que LFI soutienne des macronistes et réciproquement. Ce qui n’arrivera évidemment pas.
Avant même le scrutin, la gauche molle a donc déjà trahi. Non seulement il est insensé en terme de stratégie politique d’appeler le Front Populaire à s’éliminer par avance au profit d’une droite macroniste en position de faiblesse et loin derrière elle, mais c’est un déni total du réel. Depuis 7 ans, macron applique un programme d’extrême droite et écrase de façon sanguinaire toutes les oppositions sociales et écologistes. En s’aplatissant, ces gens rêvent d’une sorte de gouvernement socialo-centriste après le 7 juillet, alors que ce qui se dessine plutôt une coalition entre le RN et Renaissance.

Les macronistes feront comme d’habitude : ils prendront les voix de gauche, et s’ils gagnent, gouverneront à l’extrême droite. C’est ce qu’on appelle, être les dindons de la farce.

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🚨CHRONIQUE D’UNE FRANCE QUI S’ENFONCE DANS LE FASCISME

Un aperçu de l’explosion des actes et des paroles racistes en France, alors que les médias des milliardaires font tout pour donner le pouvoir à l’extrême droite.

⚫« Bougnoule » : un raciste tente d’écraser un chauffeur de bus
25 juin à Thiais, dans le Val-de-Marne. Un chauffeur de bus scolaire non-blanc est victime de menaces de mort, d’insultes et d’une tentative de meurtre de la part d’un automobiliste raciste. Ce dernier refusait de partir d’une place réservée aux bus scolaires devant une école maternelle, alors que le chauffeur devait garer son bus sur cette place. C’était à 8H30, à l’heure du début de l’école.
L’automobiliste a alors tenu ces propos : "J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer."
Puis il est remonté dans sa voiture avant de percuter délibérément le chauffeur de bus au niveau des jambes. Victime d’une tentative d’homicide, il a été hospitalisé, heureusement, ses blessures ne sont pas graves.
Le chauffard d’extrême droite a pris la fuite et n’a pour l’heure pas été identifié expliquent les autorités. Visiblement, cette fois ci, la police n’a pas organisé de course poursuite et ne lui a pas tiré dessus, comme elle le fait d’habitude pour des délits routiers mineurs dans les quartiers.

⚫Dunkerque : de l’eau empoisonnée pour empêcher les réfugiés de boire
C’est l’association d’aide aux migrants Utopia 56 qui révèle ce scandale, photo à l’appui, le 18 juin. « Près de Dunkerque, un liquide chimique a été mélangé à l’eau destinée aux centaines de personnes sans-abri. Cette eau, fournie quotidiennement par une organisation citoyenne, est utilisée pour boire, cuisiner et se laver. Une plainte va être déposée. » On y voit sortir du robinet sensé verser de l’eau, un liquide bleu vif artificiel, signe que le contenu du récipient a été empoisonné.
Cette pratique inhumaine n’est malheureusement pas nouvelle. Des CRS ont été accusés d’avoir mis du gaz lacrymogène dans les récipients d’eau lors d’expulsion de camps de migrants à Calais. Et dans la même ville en 2023, des rochers ont été déposés par les services de la mairie pour empêcher les réfugié-es d’installer leurs tentes et d’accéder au point de distribution d’eau du centre-ville.

⚫« Tu es marron » : une fillette tabassée, la direction de l’école indifférente
Dans une école de Marseille, une jeune fille, en CM1, a été « hospitalisée pour un traumatisme crânien sévère avec perte de connaissance initiale et un syndrome de stress aigu ». Elle a été « massacrée », selon les mots de sa mère, rouée de coups, de pieds et de poings en pleine cour d’école par 5 élèves qui la harcelaient.
En cause, un élève qui la harcèle depuis des mois : « Tous les jours, il lui dit ’tu es grosse’, ’tu es marron’, il lui tire les cheveux ». Suite aux plaintes de la maman, la direction a répondu que parler de « harcèlement » était un « grand mot ».
La fillette a passé une semaine à l’hôpital et est aujourd’hui « murée dans le silence », « son frère a été témoin de la scène, il est resté traumatisé ». Une carte de soutien qui était destinée à la fillette a été dégradée par certains camarades de classe. La mère s’étonne de l’attitude de la direction de l’école, qui semble vouloir étouffer l’affaire. Elle hésite à déménager.
Les chaînes d’info en continu n’ont pas monté en épingle cette acte d’ultra-violence agrémenté de propos sur la couleur de peau.

⚫« Bonobo » : la raciste de Montargis travaillait au tribunal
La vidéo réalisée par France 2 a fait de tour du web. Dans le cadre d’un reportage sur le RN, on découvrait une aide-soignante noire prénommée Divine et vivant à Montargis, voisine d’une maison recouverte d’affiches du RN, et racontant être victime d’insultes racistes de la part de ses voisins. Elle expliquait notamment avoir été traitée de « bonobo ».
Il s’avère que les voisins en question étaient tellement décomplexés qu’ils sont sortis insulter leur voisine devant les caméras, pendant le reportage ! On les voit donc aboyer sur Divine : « On est chez nous, on fait ce qu’on veut... va à la niche ».
Le procureur de Montargis a annoncé l’ouverture d’une enquête, mais a demande le « dépaysement » de l’affaire, c’est à dire que l’enquête soit confiée à un autre tribunal. Pourquoi ? Parce que, révèle la presse, la raciste travaille justement… au tribunal de Montargis !
Voilà le genre de personne qu’on retrouve même dans la justice, à gérer les dossiers. Imaginez une affaire qui mettrait en cause une personne non-blanche dans les mains d’une fonctionnaire dont le racisme est totalement débridé.

⚫Des journalistes maghrébins harcelés
Deux journalistes français d’origine maghrébine ont fait savoir qu’il subissent des campagnes racistes ces derniers jours.
Le journaliste de C à vous sur France 5, Mohamed Bouhafsi, a révélé les messages haineux dont il est victime sur Internet en les publiant dans sa propre story Instagram. « Les maghrébins et africains ne vont jamais s’intégrer chez nous », « Bientôt c’est la fin de la France pour les b*******es comme toi ! », « sale arabe », « racaille », a montré le journaliste.
Le présentateur de C ce soir Karim Rissouli a lui aussi reçu une lettre raciste envoyée directement à son domicile, dont il a lu le contenu sur les réseaux pour « qu’on se souvienne collectivement que le racisme c’est pas une opinion, c’est un délit ».
« Franchement Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. Ce n’est pas le pouvoir d’achat, ce n’est pas la retraite à 60 ans, ce n’est pas la privatisation de Radio France, la seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots, le reste c’est du bla-bla. Le “Souchien” [Français de souche] ne t’acceptera jamais, ni toi, ni tes frérots, et même malgré le nombre vous ne posséderez jamais la France ». il dit recevoir « régulièrement » des insultes et des menaces de mort sur les réseaux sociaux.

⚫Villefranche : un ex-gendarme impliqué dans une attaque raciste
Mardi 4 juin, quatre personnes d’une cinquantaine d’années ont été jugées par le tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône pour avoir proféré des injures racistes et agressé un groupe de jeunes en raison de leurs origines. Manque de chance, l’une des victimes est un champion de boxe.
Les quatre personnes avaient d’abord uriné sur un kebab, puis proféré des injures racistes et agressé trois jeunes hommes d’origine Maghrébine. Le champion d’art martial qui se trouvait sur place a riposté et neutralisé le groupe, qui a été remis aux policiers. Parmi les raciste se trouvait… un ancien gendarme. Celui ci à d’ailleurs sorti sa plaque de gendarme réserviste lors de l’agression, pour intimider ses victimes.
Les racistes ont écopé d’une amende et d’un stage de citoyenneté, l’ancien gendarme de 6 mois de prison.

⚫Des policiers tabassent un SDF en proférant des propos racistes
Mardi 25 juin, des policiers du commissariat d’Angoulême passaient en procès. Ils avaient arrêté un SDF et l’avaient violenté en pensant que leur caméra piéton ne filmait plus.
Sur les images, on voit le SDF leur demander : « Y a pas de caméras, vous allez me frapper ? ». Réponse d’un des agents : « Bien sûr on va te frapper, nous on n’aime pas les bougnoules. » L’autre lui dit : « Si ça te plaît pas, t’as qu’à retourner dans ton bled de merde. » Cette affaire de violence raciste quotidienne de la police n’aurait jamais dû être connue : c’est l’exploitation des caméras piétons dans le cadre d’une autre enquête qui a provoqué, par hasard, la découverte de ces injures. 6 mois de sursis ont été requis.

Ce ne sont ici que quelques affaires qui donnent une illustration de ce qui est en train de se passer. Par ailleurs, le nombre d’agressions commises sur tout le territoire contre des militant.e.s qui distribuent des tracts pour le Front Populaire explosent. Nous vivons la campagne la plus sale de l’histoire récente, dans un climat politique crépusculaire. Personne ne pourra dire qu’il ne savait pas.

« CHEZ NOUS » UNE PROJECTION ANTIRACISTE SUR L’ASSEMBLÉE

La nuit dernière à Paris, le collectif anti-raciste « banlieue climat » a projeté sur la façade de l’Assemblée nationale des portraits de personnalités françaises non-blanches, avec le mot d’ordre « chez nous », pour dénoncer le RN et protester contre sa possible arrivée au pouvoir.
On y voit Aya Nakamura, la chanteuse francophone la plus écoutée au monde, des tirailleurs sénégalais en arrière plan, et d’autres personnes issues de l’immigration.
La police est immédiatement intervenue pour mettre fin à la projection, explique le journaliste Rémy Buisine. Le régime est tellement pressé de terminer sa mue néofasciste que de simples rayons de lumière sur une façade entraînent une réaction policière instantanée.

- vidéo : https://www.facebook.com/reel/526258006395210

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FACEBOOK CENSURE UNE PAGE DU PLANNING FAMILIAL

Face au danger que représente l’extrême droite pour les femmes et les minorités de genre, plus de 150 collectifs féministes ont appelé à des manifestations massives contre le Rassemblement National, le dimanche 23 juin dernier. Parmi ces collectifs, le planning familial, plus grand réseau associatif et militant travaillant sur les questions de santé sexuelle en France.
La veille de la manifestation, la page Facebook du planning familial du Finistère (29) est suspendue. Le motif ? L’activité de la page ne respecterait pas les « standards de la communauté ». Le compte est désactivé pour « 3649 jours ». Soit presque dix ans.
Que s’est-il passé ? Quels « standards de la communauté » n’ont pas été respectés ? Le fait d’appeler à résister à l’extrême droite est-il devenu une infraction aux yeux de Facebook ?
Quelques jours plus tard, après que l’association ait effectué un recours auprès du réseau social, le motif se précise : il s’agirait d’une « usurpation d’identité ». Pourtant, personne du côté de Facebook n’a pris la peine de vérifier cette accusation. La page a donc été suspendue sans preuve, sur simple délation mensongère.
Pour rappel, Facebook a été accusé en 2016 d’avoir fait fuiter les données de 60 millions d’utilisateur.ices au profit de la firme « Cambridge Analytica », une entreprise spécialisée dans l’analyse comportementale à des fins politiques. Cette société a vendu les données au parti conservateur des États-Unis, qui s’en est servi pendant la campagne électorale qui vit Donald Trump accéder au pouvoir.
Le patron de la multinationale Facebook l’annonçait dès 2021 : les contenus politiques ne sont plus les bienvenus sur la plate-forme qui compte 2,5 milliards d’utilisateurs. Depuis 2023, de nombreuses pages engagées ont été rendues invisibles par Facebook, voir même purement et simplement supprimées de la toile.
C’est aussi le cas de Contre Attaque. Depuis l’automne 2022 notre audience, qui avait déjà connu une très forte baisse, s’est littéralement effondrée. Notre page est devenue quasiment invisible et les images de répression que nous diffusons sont régulièrement censurées par la plate-forme, ou « masquées ». Facebook nous signale que ce type de contenu n’est pas « interdit » mais qu’il peut « choquer » par sa « violence » et qu’il faut donc le dissimuler au public. À présent, la page est classée « rouge », « à risque », et un bandeau nous annonce qu’elle pourrait être supprimée définitivement à la moindre « infraction », selon les critères de Facebook. Pas plus tard que ce jeudi 27 juin 2024, Facebook a censuré notre article sur la présence de néo-nazis chez les CRS, tirée d’une enquête du Canard Enchaîné. Cet article, sourcé, a été qualifié de « fake news » et supprimé sans autre forme de procès.
En mai 2019 déjà, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg était convié à l’Élysée pour discuter « des moyens de lutter contre les contenus haineux sur Internet ». Le chef de l’État demandait une plus grande marge de manœuvre pour réprimer l’usage contestataire du réseau social. Peu après, Facebook s’engageait à délivrer systématiquement les adresses IP lorsque la justice française le lui demanderait
Revenons à cette censure inadmissible du Planning Familial. Pour rappel, les élu.e.s RN s’opposent systématiquement à toute avancée juridique en terme d’égalité de genre. Sur les bancs de l’Union Européenne, ils se sont opposé·e·s à une résolution condamnant la Pologne pour son interdiction de l’avortement. Se sont abstenus lors de l’adoption de la Convention d’Istanbul, sur la prévention de la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, ainsi que sur la directive européenne sur la transparence et l’égalité des rémunérations entre les hommes et les femmes. Entre autres. Pourtant, le Rassemblement National se fait passer pour un parti qui « défend les droits des femmes ».
Alors, qui vole et usurpe l’identité de qui ?

(posts de Contre Attaque)

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L’antisémitisme largement plus marqué à droite

Poussé par les médias et partis fascistes, l’antisémitisme est devenu un thème central de la campagne, avec des accusations dirigées contre la France insoumise (LFI), parfois mise sur le même plan (voire pire) que l’extrême droite sur cette question.
Problème de timing pour cette campagne de diffamation ; la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a publié son rapport annuel, qui souligne l’augmentation significative des violences antisémites, notamment après les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre.
Mais ces violences ne sont pas principalement le fait de personnes « de gauche », le rapport précisant que l’antisémitisme chez les personnes de gauche est « sans comparaison avec celui observé à l’extrême droite et chez les proches du Rassemblement national ».

En 2023, les actes antisémites ont quadruplé par rapport à 2022, et les trois premiers mois de 2024 ont connu une hausse de 300 %.
La CNCDH reconnaît que l’antisémitisme existe à gauche, mais à un niveau bien inférieur à celui observé à l’extrême droite et parmi les sympathisants du Rassemblement national.
Le rapport fait une distinction entre le « vieil antisémitisme », plus présent à droite et à l’extrême droite, et le « nouvel antisémitisme », souvent lié à l’islamisme radical et aux perceptions autour du conflit israélo-palestinien.

L’idée que l’antisémitisme aurait migré à l’extrême gauche est réfutée par la CNCDH, qui rappelle que ces préjugés ancestraux restent majoritairement enracinés à droite.
S’il est essentiel de combattre l’antisémitisme sous toutes ses formes, sans minimiser ou ignorer les différences dans son expression à travers le spectre politique, le faire en ne regardant que la gauche et/ou les arabes, c’est faire le jeu de l’extrême droite, clairement islamophobe, mais aussi fondamentalement antisémite.

(post de CND)

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DIVERS

  • Extrême droite : les médias complices et coupables (vidéo)
  • Face à l’extrême droite : l’urgence d’informer sans complaisance
  • Nouveau Front populaire : halte aux mensonges politiques et médiatiques
  • Sans luttes, pas de Nouveau Front populaire. Six thèses pour une discussion - Né avec la prétention de faire barrage à l’extrême droite, le macronisme a signé la convergence entre néolibéralisme et néofascisme. Il a par ailleurs constitué un accélérateur de la torsion autoritaire de la Ve République, qui fonctionne comme un dispositif contre-insurrectionnel, en réaction au formidable cycle de luttes françaises depuis 2016.
    Dans ce texte, les auteur·rices défendent l’idée que la situation ouverte par la défaite des macronistes et la dissolution de l’Assemblée nationale pourrait constituer la crise terminale de la Ve République, si du moins un pouvoir constituant par le bas, populaire et décolonial, parvient – par une dialectique entre insurrection sociale et représentation politique – à vaincre l’arc antipopulaire, dans lequel l’extrême-centre et l’extrême droite convergent avec l’intention d’une nouvelle stabilisation réactionnaire.
  • Bulletin de vote, lutte des classes et écocide - Dans la période présente, nous constatons souvent un fort décalage entre les pratiques et positions politiques de l’extrême gauche au sens large (partis et groupes marxiste-léninistes, trotskistes de diverses obédiences, anarchistes, mouvement autonome) et les pratiques émergentes et spontanées issues de nécessités stratégiques du moment. L’isolement relatif des révolutionnaires par rapport au reste de la population tend à cristalliser les positions pratiques du passé en postures et en positions de principes vécues comme des marqueurs d’une identité collective indépassable et intemporelle. Cela aboutit parfois à l’incapacité pour les révolutionnaires de se remettre en question et de se diriger vers les solutions stratégiques adéquates. Il nous semble pourtant nécessaire de savoir faire preuve de clairvoyance sur la pertinence ou non de certaines pratiques. Souvent des jeunes récemment politisé.es font preuve d’une souplesse plus intelligente sur le plan stratégique que des militant.e.s de longue date ancré.es au sein d’une chapelle ou d’une autre de l’extrême gauche.
    Il en est ainsi de la question électorale : s’abstenir systématiquement ou voter pour un parti « révolutionnaire » (NPA, LO, PT) constitue bien souvent une position de principe bien ancrée dans nos milieux politiques. Aujourd’hui, alors que nous faisons face à la menace bien réelle d’un retour de l’extrême droite au pouvoir, inédite depuis 1940 et le régime de vichy, cette
  • Pour une riposte antifasciste vraiment populaire - Depuis le 9 juin au soir et la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, les élections législatives à venir sont au coeur de l’actualité.
    Mais l’urgence de la séquence politique en cours ne doit pas nous faire oublier quelques points.
  • Faire campagne c’est refuser de lutter ! - Le 9 juin dernier, le RN arrive en tête des élections européennes. Dans la foulée Macron dissout l’Assemblée. Et hop ! Nous revoilà dans une période électorale intense. On pensait être tranquilles jusqu’en 2027 mais voilà qu’on nous bassine de nouveau avec des injonctions au vote et des discours culpabilisants et pacificateurs.
  • Législatives : la surveillance sur un plateau brun - Alors que le choix d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale au lendemain des élections européennes risque de renforcer le poids de l’extrême droite, nous partageons l’inquiétude exprimée par beaucoup face au risque important que ce tremblement de terre politique fait peser sur la démocratie et les libertés. L’idéologie du Rassemblement National, entièrement tournée vers la création de droits différenciés sur des fondements racistes et réactionnaires, ne peut exister sans une structure de pouvoir forte et centralisée. C’est pourquoi nous ne doutons pas qu’un gouvernement d’extrême droite utilisera et renforcera la surveillance de la population pour exercer son pouvoir. Il aura, par exemple, besoin du fichage pour identifier les personnes à qui retirer des droits, de l’écosystème de surveillance pour traquer les personnes qu’il veut expulser, maltraiter ou enfermer ou encore des lois de censure et coercitives pour faire taire les oppositions anti-fascistes.
  • Faire front - L’histoire du Front populaire de 1936 commence en 1934 par une manifestation ouvrière massive pour éviter un coup de force fasciste. Comment s’est créée cette alliance au sein de gauches qui se détestaient ? Retour sur un mouvement par en bas qui a ensuite contraint les formations politiques et syndicales.
  • Du RN, du NFP et de la clarification d’un clivage historique ? Une invitation à penser ensemble la séquence politique en cours - L’ascension du lepénisme marque-t-elle une rupture fasciste ou incarne-t-elle une forme de populisme autoritaire distincte ? Quelle est la place du Nouveau Front Populaire dans ce nouveau contexte ? S’agit-il d’une alliance de circonstance ou peut-on y percevoir les échos d’une restructuration de la gauche ? Quelles perspectives s’ouvrent face à une possible absence de majorité absolue ? Les élections se transformeraient-elles alors en facteurs de chaos plus général ? Dans une époque de stagnation salariale, d’inflation, de chantage à la rigueur budgétaire, de crises des compromis sociaux hérités de l’État-providence, de crise climatique et de tensions géopolitiques accrues (guerre en Ukraine, génocide en Palestine, guerre commerciale entre Chine et US) comment les clivages émergents se répercuteront-ils sur une société française, déjà fragmentée ?
    Autant de questions qu’il nous semble nécessaire de discuter publiquement, comme un préalable pour sortir de l’état de spectateur atomisé auquel cette politique politicienne des macro-événements électoraux nous accule.
  • Casser la montée du parti national : quelle carte jouer ? - Construction révolutionnaire VS union sacrée de la gauche radicale.
  • « C’est la sinistrose » : les agents de l’environnement redoutent une victoire du RN - « J’ai envie de jeter l’éponge » : de nombreux agents et fonctionnaires de l’environnement se disent très inquiets d’une victoire du RN aux législatives.
  • En terres rurales, « les oubliés de la politique » prêts à choisir le RN - Dans la commune rurale de La Ferté-Gaucher, le Rassemblement national a obtenu plus de 47 % des voix aux européennes. Sentiment d’abandon, peur de l’immigration... Les habitants veulent miser sur le RN.
  • Racisme, crise de l’eau : « Le RN est dangereux pour Mayotte »
  • « Peuples d’outre-mer, le RN fera basculer la France vers plus de racisme et de misère » - Le RN est un « parti colonialiste » qui entraînera « le délaissement » des outre-mer par l’État, écrivent les auteurs de cette tribune, spécialistes en écologie décoloniale. L’urgence : voter pour le Nouveau Front populaire.

Bâtir un front de l’espoir. Entretien avec Ugo Palheta

- Bâtir un front de l’espoir. Entretien avec Ugo Palheta - Dans quelle situation politique se trouve la France ? Comment comprendre la résistible ascension de l’extrême droite et, en particulier, quel rôle ont joué les élites politiques et les médias dominants ? Que fera le FN/RN s’il accède au pouvoir ? Comment l’affronter et empêcher sa victoire ? Auteur d’une série de livres sur la renaissance du fascisme et animateur du podcast « Minuit dans le siècle » (sur le site Spectre), Ugo Palheta tente ici d’apporter quelques éléments de réponse à ces questions.
(...)
Si on ajoute à cela la défiance très profonde dans le pays à l’égard des élites politiques, en particulier macronistes, et les importantes luttes sociales depuis 2016 qui ont déstabilisé encore un peu plus le pouvoir (Gilets jaunes, mouvements contre la réforme des retraites, mobilisation dans la santé publique, etc.), il est clair que la Macronie n’était plus du tout en mesure d’entraîner des forces derrière elle et que la situation était devenue en grande partie ingouvernable.
(...)
Le FN/RN dispose donc d’une assise ancienne, qui n’a pas été érodée par des expériences de pouvoir à l’échelon national puisque ce parti a toujours refusé de gouverner en position subalterne dans le cadre d’une coalition de droite. Il peut jouer ainsi une carte « dégagiste » ou « anti-système », liée au simple fait de ne pas avoir gouverné au cours des dernières décennies, même si son programme économique est aujourd’hui en pleine continuité avec les partis qui se sont succédé au pouvoir depuis 40 ans : une politique libérale, en faveur des entreprises et qui n’apportera rien de bon, au contraire, aux salarié·es.

Ce qui me semble au cœur des succès de l’extrême droite, c’est le fait que l’extrême droite est parvenue à politiser les peurs qui traversent notre société (en particulier la peur du déclassement, pour soi ou ses enfants, la peur du chômage, de la précarité, de l’insécurité, etc.) sous l’angle de la menace de l’immigration, des étrangers, des musulmans, etc., et à transformer ces peurs en l’espoir qu’on pourrait vivre mieux si on stoppait l’immigration, si on « mettait au pas » les minorités, etc. Cela a pu fonctionner parce que, dans le même temps, les forces politiques dominantes ont-elles-mêmes diffusé des discours xénophobes, islamophobes, sécuritaires, etc.
(...)
En outre, tout un matraquage politique et médiatique a imposé l’idée dans une bonne partie de la population que, de toute façon, il n’est pas possible de parvenir à un partage des richesses plus égalitaire entre travailleurs et patrons, entre riches et pauvres, qu’on ne peut plus vraiment changer la société, qu’il n’y a pas d’alternative. Tout ça a favorisé l’idée que la seule chose qu’il est possible d’espérer c’est une politique consistant à prendre aux étrangers pour donner aux Français (ou aux « vrais Français » dans une vision raciste), et à s’en prendre aux minorités pour favoriser la majorité.

La montée d’une forme de fatalisme de classe à partir des années 1980 (un scepticisme quant à la possibilité d’imposer un rapport de force aux possédants, au capital) a en quelque sorte été compensée par la progression d’un volontarisme raciste.
(...)
Concernant les motivations de l’électorat d’extrême droite, il faut insister sur le fait que fonctionnent ensemble, de manière articulée, la volonté d’un côté d’avoir davantage de pouvoir d’achat, et de l’autre côté de stopper l’immigration et de s’en prendre aux « immigrés », « étrangers », « minorités » (toutes ces catégories étant utilisées de manière volontairement floue par l’extrême droite). C’est toute une perception racialisée et raciste du monde – elle-même ancrée dans un monde racialisé (ségrégation raciale de l’espace, de l’école, du monde du travail, etc.) et raciste (discriminations systémiques) – qui joue le rôle de ciment idéologique pour l’électorat d’extrême droite.
(...)
Dans une deuxième période, qui commence dans les années 2010, l’extrême droite commence à coloniser l’espace médiatique. D’abord, on voit bien davantage de responsables politiques du FN invités sur l’ensemble des plateaux (y compris les radios publiques), mais c’est surtout la constitution de l’empire Bolloré qui va changer la donne en décuplant l’audience de pseudo-journalistes (mais vrais idéologues racistes et réactionnaires) de Valeurs actuelles, Causeur, Boulevard Voltaire, etc., et en décomplexant certains vieux briscards de la presse de droite (Zemmour, Thréard, etc.).

Le cocktail est assez terrible puisqu’à la « fachosphère » qui était déjà puissant sur le web et les réseaux sociaux depuis une quinzaine d’années s’est donc ajouté un certain nombre de médias traditionnels (CNews, Europe 1, JDD, etc.), diffusant en continu le sens commun de l’extrême droite.
(...)
Pourquoi la gauche ne parvient-elle pas davantage à parler aux classes populaires ? La première raison, à mon sens, c’est l’échec de toutes les expériences de pouvoir de gauche dominées par le Parti socialiste (de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin), dans la mesure où ces gouvernements ont pour l’essentiel trahi les espérances qui avaient été placés en eux. Mitterrand devait « changer la vie », il a opéré le tournant de la rigueur. Jospin prétendait rompre avec les gouvernements Balladur et Juppé, il a privatisé plus que tous les gouvernements de droite réunis. Hollande affirmait « mon ennemi c’est la finance », il a fait une politique de l’offre hyper favorable aux riches et au capital.

Il y a d’autres aspects évidemment, par exemple la légitimation d’idées racistes et sécuritaires du fait notamment du matraquage médiatique et de leur reprise par des dirigeants politiques de premier plan, mais c’est d’abord le bilan de la gauche au pouvoir, en particulier du Parti socialiste, que l’on doit affronter. Le paradoxe, c’est qu’une partie des classes populaires pense que la gauche et les élites les ont abandonnées au profit des immigré·es et des minorités, alors que les immigré·es (et bien souvent leurs enfants) et les minorités sont les premiers·ères à avoir pâti (et à pâtir), en tant que travailleurs·ses notamment, des politiques de régression sociale, du chômage, de la précarité.
(...)
Il y a d’abord le militantisme de terrain, particulièrement là où la gauche et les mouvements sociaux (syndicats notamment) sont peu présents (territoires ruraux, petites villes, petites et moyennes entreprises), pas simplement pour réfuter les mensonges de l’extrême droite, sur l’immigration notamment, mais pour faire exister un discours d’égalité et de justice sociale, construire des solidarités, etc., défendre l’idée qu’il est possible collectivement de construire un avenir meilleur en s’en prenant non pas aux immigrés ou aux minorités, mais en imposant un rapport de force avec les classes possédantes.

Il y a ensuite la bataille politico-culturelle, qui passe par ce travail de terrain où on diffuse des idées mais aussi par la construction de médias indépendants, la production et la diffusion de savoirs critiques (sur les inégalités de classe, les discriminations racistes, les violences d’État, etc.). Et il y a enfin la question de l’alternative politique : on ne fera pas régresser durablement l’extrême droite si un gouvernement de gauche ne parvient pas à montrer concrètement qu’améliorer les conditions de vie de la majorité (hausses de salaire, baisse de l’âge de la retraite, diminution du temps de travail, etc.) n’est pas contradictoire avec le fait, par exemple, d’accueillir dignement les exilé·es, qu’ils ou elles soient d’ailleurs reconnue·s ou non comme réfugié·es.
(...)
Donner des gages à son électorat ne passera pas par des mesures sociales (toutes les annonces récentes de Bardella montrent qu’ils sont en train de renoncer à toutes les mesures « sociales » de leur programme). Cela signifiera une intensification des attaques racistes ciblant depuis des années les groupes constitués comme « ennemi de l’intérieur » (les exilé·es, les musulman·es, les Rrom·es, les quartiers populaires et d’immigration)
(...)
Rassurer le pouvoir économique impliquera de prolonger la politique de l’offre qui a été appliquée par tous les gouvernements avant eux : baisses d’impôts pour les entreprises et pour les riches notamment, application des réformes des retraites et de l’assurance-chômage initiées par la Macronie, coupes budgétaires drastiques pour compenser l’affaiblissement des recettes liées aux baisses d’impôts évoquées, etc.

Et il ne faut pas oublier qu’en accédant au pouvoir, l’extrême droite contrôlera l’institution policière, dont les membres sont déjà largement acquis à ses idées et qui attendent avec impatience un grand « nettoyage ».
(...)
On ne battra pas l’extrême droite simplement en mobilisant des peurs (qui sont légitimes au demeurant vu ce qu’est le projet raciste, réactionnaire, du FN/RN). Il faut impérativement que ce front populaire soit une véritable alternative aux politiques de régression sociale et au monde tel qu’il est, à une société capitaliste, raciste, patriarcale, productiviste, qu’il soit perçu comme un front de l’espoir.

Si tu ne t’occupes pas de politique, l’Etat, les gouvernements, le capitalisme et les bourgeois s’occuperont de toi

FASCISME ET GRAND CAPITAL

« Le fascisme et la guerre ont été tous deux les conséquences, les conséquences différentes bien qu’enchevêtrées, d’une seule et même cause. Ils ont pris racine dans le même fumier. [… L’un et l’autre ont eut pour objet de prolonger artificiellement, par des moyens d’exception, un mode de production et d’appropriation périmé, qui ne pouvait plus survivre par des moyens réguliers et pacifiques : l’État fort, d’un côté, les armements à outrance, de l’autre, ont été (et sont aujourd’hui encore) les suprêmes expédiants par lesquelles la bourgeoisie s’efforce de renouveler la pitance sans laquelle elle périrait d’inanition : le profit. »

« Il eût fallu en finir avec le régime capitaliste avant que les convulsions de son agonie ne nous plongent dans le fascisme et dans de nouvelles guerres. »

« On voudrait avoir convaincu le lecteur qu’il n’est qu’un seul moyen vraiment efficace de barrer la route au fascisme, c’est d’abattre le capitalisme. »

« Les porte-parole des fronts populaires déclament contre le fascisme, mais sans prendre des mesures radicales en vue d’en extirper les racines matérielles. »

« L’éradication du fascisme ne sera totale et définitive que le jour où nous présenterons à L’humanité, et où nous ferons triompher, par l’exemple, une forme nouvelle de gouvernement des hommes, une démocratie authentique, totale, directe, associant tous les producteurs à l’administration des choses. »

« Ainsi les magnats capitalistes réussissent ce tour de force : canaliser à leur profit la révolte des classes moyennes qui aurait dû être dirigée contre eux-mêmes ; enrôler, dans des organisations dont le but véritable est la défense des privilégiés, les victimes du privilège. »

« Un parti soutenu par les subsides du grand capital et dont le but est de créer et de défendre les privilèges des possédant n’a pas intérêt à faire appel à l’intelligence de ses recrues ; ou, plutôt, il considère comme plus prudent de ne faire appel à leur entendement qu’après les avoir complètement envoûtés. À partir du moment où le fidèle croit, rien n’est plus facile que de jouer avec la vérité et avec la logique. »
« La grande astuce du fascisme, c’est exhumer la forme la plus ancienne du sentiment religieux : le culte de l’homme providentiel »

« Le fascisme, au fur et à mesure qu’il se rapproche du pouvoir, atténue son programme – en attendant de le trahir. »

FASCISME ET GRAND CAPITAL
Daniel Guérin - 608 pages – 20 euros
Éditions Libertalia – Collection « Ceux d’en bas » – Montreuil – Novembre 2014

http://editionslibertalia.com/catalogue/ceux-d-en-bas/daniel-guerin-fascisme-et-grand-capital

Daniel Guérin adopte un modèle comparatif pour dégager les grandes tendances du fascisme, puis l’analyse, au cas par cas, en Italie et en Allemagne, avant, pendant, et après sa prise du pouvoir. Il étudie l’origine de ce mouvement, de ses troupes, et la mystique qui les anime ; sa tactique offensive face à celle, légaliste, du mouvement ouvrier ; le rôle des « plébéiens » ; la place des classes moyennes dans la lutte des classes ; son action antiouvrière et sa politique économique. Il dissipe ainsi les illusions anticapitalistes entretenues par le fascisme lui- même en montrant que son action bénéficie avant tout au capital économique et financier. L’auteur en tire un enseignement : « L’antifascisme est illusoire et fragile, qui se borne à la défensive et ne vise pas à abattre le capitalisme lui-même. »

LITTÉRATURE ETVOLUTION

« Il n’y a que trois voies qui s’offrent au monde contemporain : le clan, l’accumulation ou l’égalité. » (Joseph Andras)

« La grande majorité de ces personnes qui ont, pour un temps, élu domicile sur les ronds-points ont posé la question de la survie matérielle. Pas celle de la survie identitaire. On peut d’ailleurs dire que les Gilets jaunes ont été haïs par le pouvoir du fait que leur haine avait pour objet l’inégalité de classe. Ce point est fondamental. » (Kaoutar Harchi)

« Mon problème, ce n’est pas de répéter que l’ennemi est un danger – on sait –, c’est de réfléchir à pourquoi nous ne sommes pas majoritaires alors que notre invitation répond au désir majoritaire, fut-il informe ou confus : la vie est bonne pour les sans-fortune. Si nous n’y parvenons pas, révolutionnaires comme réformistes, ce n’est pas l’ennemi qu’il faut tenir pour responsable. » (Joseph Andras)

LITTÉRATURE ETVOLUTION
Joseph Andras et Kaoutar Harchi
240 pages – 16 euros
Éditions Divergences – Paris – Janvier 2024
https://www.editionsdivergences.com/livre/litterature-et-revolution

Appel aux révolutionnaires à rester ingouvernables.

- Appel aux révolutionnaires à rester ingouvernables.
Appel à diffuser. Face à la montée du parti national et l’hégémonie du front populaire qui se construit en retour construisons un bloc révolutionnaire résolument ingouvernable.
(...)
1. L’instabilité politique est une occasion de faire tomber ce régime : la crise n’est pas feinte, c’est une brèche, enfonçons-là ! Tous promettent le changement, notre seule affaire est de trancher. Dans la communauté nationale, les places sont d’autant plus chères que le vaisseau coule. Il ne s’agit pas de se trouver un canot de sauvetage. Il faut attaquer le Titanic.
(...)
6. En 1936, en France comme en Espagne, la stratégie du Front populaire et de l’unité antifasciste était un renoncement à la possibilité révolutionnaire. Nous ne ferons pas la même erreur. Seul un bloc révolutionnaire cassera la montée du parti national. Tout réformisme antifasciste ne fait que nourrir la bête, alors qu’il faut abattre ce qui la légitime : la politique civilisée.
(...)
7. Notre tâche est d’installer un climat révolutionnaire, de rendre saillant ce qui se joue dans la confusion : abstention de masse, généralisation du geste émeutier, refus du « barrage » républicain. Allons plus loin, refusons d’être un peuple = un troupeau, refusons d’être gouvernables !
(...)


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