Et si le projet du recul de l’âge de la retraite que veut imposer le régime était l’étincelle qui fait s’embraser la marmite ?
Pour l’instant, ça bouillonne au fond de la cocotte, mais la situation reste calme, atomisée et soumise malgré des grèves pour l’augmentation des salaires ici et là.
Mais la destruction du système de retraites en place pourrait peut-être faire exploser les murs de la résignation et du chacun pour soi ?
Syndicats et partis pourraient alors être dépassés et débordés...
- Retraites à 65 ans : c’est non ! - L’étincelle d’un conflit social majeur ?
- Du frémissement épars à l’embrasement général ?
Retraites : que répondre à cette déclaration de guerre sociale ?
C’est officiel, le gouvernement va présenter sa réforme des retraites ce mois-ci, pour une adoption d’ici le printemps. La mesure phare de cette réforme est le recul de l’âge de départ de 62 à 65 ans. Ce n’est rien d’autre qu’une déclaration de guerre sociale. Celle que la bourgeoisie fait aux classes laborieuses depuis son origine, et la poursuite d’un plan de liquidation progressive des droits sociaux arrachés par nos anciens tout au long du siècle dernier. Mais c’est aussi l’occasion pour nous de répliquer, de faire mordre la poussière à cette classe et son leader, le président Macron qui poursuit cet objectif politique par égo et volonté d’aller jusqu’au bout de ce qu’il a promis à son entourage et la frange la plus égoïste de son électorat. « Déclaration de guerre sociale, n’y allez-vous pas un peu fort ? » Non, et voici pourquoi.
Réforme des retraites : l’ensemble des organisations syndicales envisage « un conflit social majeur »
La nouvelle réforme des retraites vise à reculer l’âge légal de départ en retraite à 65 ans. Pour la première fois depuis au moins une décennie, l’ensemble des syndicats lui oppose un front commun. Voici leur communiqué.
Au délà de la question des retraites, les gauches, les travailleurs et chômeurs vont-ils un jour décider de s’attaquer franchement au monde capitaliste et à ses racines (productivisme, délivrance, toute puissance, croissance, technologisme...) ?
ILS RECULENT L’AGE DE LA RETRAITE MAIS AVANCENT CELUI DE LA MORT
NOEL DE LUTTE ET TOUS DANS LA RUE EN JANVIER POUR METTRE MACRON A LA RETRAITE
C’est un affrontement d’ampleur qui s’annonce et qu’il faut préparer.
Macron a décidé de repousser à 65 ans l’âge de départ en retraite. De plus, parce qu’il est minoritaire à l’Assemblée nationale, le pouvoir envisage le recours à l’article 49-3 en s’asseyant sur le peu de démocratie qui reste. Plus qu’une nouvelle « réforme », cette offensive en faveur des capitalistes porte en elle le projet d’une contre révolution et d’une société de sur-exploitation, sans droits ni protections.
Aux yeux de l’Histoire, la valeur d’une civilisation s’est toujours mesurée à l’attention qu’elle porte aux plus faibles de ses membres : les enfants et les vieillards. Avec le sort qu’elle réserve aux retraites après les chômeurs et les migrants, on voit clairement ou va la « Macronie », après cinq ans de « Hollandie » de sinistre mémoire.
L’ensemble des directions syndicales annoncent une journée de mobilisation dans la seconde quinzaine de janvier tandis qu’un certain nombre d’organisations de jeunesse ont déjà fixé une date de mobilisation le 21 janvier.
Très bien.
Mais prenons-y garde, il ne s’agit plus de se lancer dans une journée d’action sans suite, sans plan de lutte pour négocier des miettes comme les directions syndicales en ont souvent l’habitude.
Nous devons faire infiniment mieux. Et nous le pouvons. Nous avons déjà fait reculer Macron et son projet de réforme systémique contre le droit à la retraite par la mobilisation fin 2019-début 2020. Nous devons cette fois-ci, l’envoyer, lui, en retraite et tout de suite. Car c’est de cette volonté là qu’il s’agit pour envisager gagner.
Or, le 1er décembre 2018, le soulèvement des Gilets Jaunes a montré que c’était possible. Ils ont couvert les champs Elysées de barricades, l’Arc de triomphe est pris d’assaut .Des milliers de ronds-points et de routes sont bloqués. Plusieurs métropoles sont en révolte. Les quartiers bourgeois de Paris sont envahis. Des hôtels particuliers sont investis. La préfecture du Puy en Velay est en feu. C’est l’insurrection. Malgré les dizaines de milliers de grenades tirées, la situation est hors de contrôle. La police a perdu et bat en retraite. Macron se cache et envisage la fuite en hélicoptère.
Aujourd’hui, l’opposition des français est encore plus générale. Près de 77% sont opposés à la réforme des retraites. Et surtout, cette ambiance s’accompagne d’une rage plus générale qui se fait entendre avec les luttes massives, souvent gagnantes, pour les salaires et contre la hausse des prix qui durent depuis plus d’un an et qui menacent de paralyser la période de Noël par la grève des cheminots, des gaziers et électriciens, des agents de l’aérien ou des employés de commerce et bien d’autres. Cette situation de grogne générale est encore additionnée de l’exaspération contre les menaces de coupure d’électricité, de l’inquiétude de tous ceux qui se demandent comment ils paieront l’énergie cet hiver, du désespoir des privés d’emploi à qui la prochaine loi en janvier va encore plus couper les allocations chômage, des luttes de ces ouvriers sans papiers depuis un an à la Poste ou sur les chantiers des Jeux Olympiques, qui se révoltent parce qu’ils sont corvéables à merci, sans aucune protection sociale et menacés d’expulsion par une nouvelle loi de Darmanin sur l’immigration. Et puis enfin, l’indifférence à la tragédie écologique qui vient et qu’on mesure une nouvelle fois à la 15e Conférence des Nations unies sur la biodiversité, la COP 15, qui s’est ouverte ce mercredi à Montréal, et qui complète le tableau en faisant monter l’exaspération de la jeunesse à qui les gouvernements laissent une planète dévastée en guise d’avenir.
Alors oui, tous les ingrédients sont là pour construire la grève générale et nous donner par là, les moyens de faire reculer et, surtout, tomber Macron, Élisabeth Borne et les 18 autres millionnaires du gouvernement, ces riches en bande organisée qui gouvernent pour les intérêts d’une classe ou d’un petit groupe de privilégiés au détriment des hommes et de la planète.
« La propriété, c’est le vol ! » disait Proudhon. Il est temps de redevenir propriétaires de cette terre, collectivement, et d’en chasser les parasites qui détruisent la vie. A commencer par Macron et sa bande.
C’est l’enjeu de cette lutte pour la défense des retraites qui s’annonce et la détermination qu’il faut pour la gagner.
La retraite ou la mort, c’est le choix qu’ils nous laissent. La grève générale ou la marche vers l’anéantissement de la civilisation. Ils ne reculeront que s’ils sentent que nous avons cette détermination.
Jacques Chastaing le 11 décembre 2022