Après avoir interdit tous les marchés couverts et de plein air, le gouvernement fait marche arrière et autorise finalement la réouverture d’environ 25% d’entre eux, par dérogation, sous conditions strictes. Ce qui signifie aussi que 75% de ces marchés de proximité restent fermés. . .
Pendant la période de confinement, seule la vente confinée, et la fréquentation en famille ou en bande, tous accrochés au chariot, dans les rayons de grandes surfaces, reste entièrement libre. Comprenne qui pourra ! En situation d’urgence sanitaire, la logique sécuritaire et militaire quelque peu kafkaïenne s’impose dans tout le pays. La pédagogie et le recours à l’intelligence disparaissent pour laisser la place à des consignes strictes qui sont parfois un défi au simple bon sens. La grande distribution est certainement l’un des rares secteurs qui tirent profit de cette pandémie, parfois même, en renforçant considérablement les rythmes de travail de ses salariés et au mépris de leur santé. A Vitrolles, des employés du groupe Carrefour qui avaient menacé de faire valoir leur droit de retrait sont particulièrement inquiets (lire ici). La vente en hypermarchés, la vente en drive, la vente par l’intermédiaire de géants du commerce en ligne comme Amazon, tout ce système de grande distribution concentrationnaire, déjà hypertrophié, et qu’il nous faut impérativement abandonner face à la crise écologique, sort gagnant des décisions gouvernementales. Les représentants de la dérive ultime d’un système de production et de distribution alimentaire aberrant sont en train, à la faveur du coronavirus, de gonfler leurs chiffres d’affaires et de préparer leurs investissements de demain. Dans le même temps, s’abritant derrière les mesures d’interdiction du gouvernement, beaucoup de municipalités et/ou de préfectures refusent d’endosser la responsabilité du maintien de marchés fermiers ( qui restent possibles par dérogation) pourtant essentiels à l’écoulement de la production des petits producteurs locaux adeptes des circuits courts.
Mais des citoyens se rebiffent et réfléchissent : pourquoi faire ses courses sur un marché à l’air libre avec des stands de producteurs espacés et en respectant des distances de sécurité entre chalands serait-il plus dangereux que d’acheter en grande surface ? Dans beaucoup d’endroits, ils se mobilisent pour réclamer la réouverture de ces lieux de convivialité - évidemment à mille lieues du concept de distanciation sociale - qui permettent de tisser un lien direct entre producteurs et consommateurs, certainement un des moyens les plus efficaces pour promouvoir
une agriculture de qualité respectueuse de l’environnement.
C’est le cas à Crest dans la Drôme, où une pétition a été lancée pour demander le maintien des deux marchés hebdomadaires pendant le confinement.
Et en bonus une chanson, écrite en soutien, à chanter, diffuser, répliquer ; pour que vive tant que possible, à petite ou grande échelle, le militantisme, même avec des moyens de confiné-e-s…
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