On entend beaucoup d’appels alarmants et de déclarations d’intentions concernant les catastrophes climatiques et écologiques en cours. Lesquelles vont s’aggraver dramatiquement si on laisse faire la civilisation industrielle, son capitalisme, ses Etats et ses systèmes antidémocratiques en vigueur, jusqu’à provoquer peut-être la disparition de l’humanité et de la plupart des restes du vivant.
Pourtant, je trouve que ces appels ne parlent pas assez de tout ce qu’il faudrait arrêter concrètement au plus vite pour limiter la casse dans des limites à peu près supportables pour l’humanité, et pour empêcher davantage de destructions du vivant.
Car en réalité il ne s’agit pas de lutter contre les catastrophes climatiques et écologiques, mais plutôt contre les systèmes, industries, cultures, institutions qui les causent et qui les laissent s’aggraver.
Et ces causes ont des noms, des adresses, des fonctionnements, elles font partie de notre quotidien, et de gré ou de force on y participe.
Pour éviter notre auto-destruction et l’anéantissement d’une grosse part du vivant, au lieu d’attendre « l’effondrement » ou de seulement s’y préparer, c’est plutôt à nous de faire s’effondrer au plus vite nos systèmes qui causent les destructions.
Car l’auto-emballement des catastrophes climatiques (+5°, +6°, voire pire) et l’anéantissement continue des bases de la vie pourraient bien rendre toute vie humaine impossible et accélérer la destruction de masse des autres animaux. La permaculture, la résilience locale et autres techniques d’adaptation promues par la plupart des collapsologues et des survivalistes ne résisteront pas longtemps à de telles cataclysmes.
Ce qu’il faudrait arrêter, faire s’effondrer, détruire et/ou remplacer pour vraiment limiter l’ampleur des castrophes écologiques et climatiques
Pour permettre de vous rendre compte de l’ampleur des transformations nécessaires, et pour dépasser les petits pas, les éco-gestes individuels et autres consom’actions (toutes ces actions inoffensives et/ou très insuffisantes), voici quelques exemples de ce qu’il faudrait arrêter au plus vite si on veut que la planète reste à peu près habitable pour la majorité du vivant :
- Arrêter toute construction d’aéroport, de TGV, d’autoroute, de grandes surfaces, de zones artisanales, de lotissements, de centres industriels de loisirs (parcs d’attraction, Center Parcs...), de centres aquatiques, etc.
- Ralentir très fortement l’import-export de marchandises plus ou moins lointaines, que ce soit via camions ou portes containers (ce qui implique bien sûr de produire localement l’indispensable et d’abandonner tout le « superflu ») - Finis les dizaines de marques du même produit, les emballages, les sur-emballages, le gaspillage, la sur-consommation de produits exotiques.
- Arrêter les objets à obsolescence programmée : tout objet doit être robuste, recyclable, facilement réparable, peu consommer pour sa fabrication et son usage (low tech)
- Arrêter au plus vite tous les pesticides et l’agriculture industrielle (et développer partout la permaculture, l’agriculture paysanne bio et la cueillette douce là où c’est possible)
- Diminuer fortement le nombre de voitures (quel que soit leur type) et le nombre de km parcourus (ce qui implique des changements dans les aménagements et les modes de vie, et l’abandon du capitalisme), ainsi que le nombre de routes et de parkings
- Favoriser partout la marche, le vélo, les transports en commun, les mini voitures en matériaux légers et naturels (bambou...)
- Arrêter le nucléaire (trop technologique, trop coûteux, trop centralisé, trop dangereux et trop polluant, et difficile à maintenir en cas d’effondrements)
- Arrêter à peu près toutes les productions de plastiques, et d’abord les plastiques jetables et les non-recyclables
- Démanteler toutes les grandes surfaces et toutes les zones commerciales
- Arrêter toute publicité commerciale quel que soit son support
- Arrêter toutes les grosses centrales à bois ou autres biomasses
- Stopper la mise en place d’éoliennes industrielles
- Arrêter la fabrication d’objets électroniques/électriques dont on peut se passer (et favoriser le partage, la mise en commun pour les autres)
- Arrêter les vols en avion courte distance (nationaux pour la France) et diminuer très fortement les vols internationaux
- Stopper les paquebots et d’ailleurs toutes les industries du tourisme
- Arrêter les yatchs et contrôler fortement le nombre de bateaux à moteur de loisir
- Arrêter tous les sports mécaniques, et surtout toutes les compétitions de ce genre (auto, moto, jet ski...)
- Diminuer fortement le nombre de piscines individuelles, arrêter toute construction de nouvelles piscines individuelles
- Diminuer le nombre de chaînes TV (la plupart sont néfastes ou sans intérêt)
- Consommer beaucoup moins de vidéos « youtube » et aussi d’internet (tout ça étant à remplacer par diverses formes de culture locale moins gourmandes en énergies et matières premières)
- Habiter des logements plus petits et de meilleure qualité (rénovations thermiques et acoustiques), faciliter les habitats légers, encourager fortement les habitats partagés (bioclimatiques si possible) au lieu des villas individuelles
- Augmenter la qualité de vie dans les villes et villages, pour éviter les concentrations dans les mégalopoles, l’étalement et le mitage, les trop fréquentes migrations de week-end en voitures...
- etc.
On est loin en tout cas des mesurettes étatiques en mode greenwashing ou des palliatifs capitalistes !
Bien sûr, cette liste est incomplète et ces mesures seraient à adapter suivant le contexte.
Il faudra forcément sortir du capitalisme et en finir avec le marché de l’emploi, la concurrence et la course au profit, pour imaginer d’autres manières de vivre et se procurer le nécessaire.
Il faudra aussi forcément dépasser l’Etat et autres institutions autoritaires centralisées, et imposer des formes de démocraties locales et directes.
Certains « mouvements climat », certaines ONG et même Extinction Rebellion demandent aux Etat de bien vouloir déclarer « l’état d’urgence climatique », ce n’est pas une bonne idée selon cet article de Groseille.
Pour plusieurs raisons selon moi :
- Une déclaration de ce type n’engage à rien, et risquerait de laisser croire aux activistes que ça y est les choses avancent
- Etats et capitalistes ne feront rien de mieux que du greenwashing et du capitalisme « vert », leur objectif est de ne rien changer au fond, de garder le pouvoir en faisant muter un peu le capitalisme pour qu’il puisse durer et continuer à s’imposer, ce qui continuera le désastre
- Tardivement, trop tard, Etats et capitalistes prendront peut-être des mesures plus conséquentes, mais ce sera là aussi pour garder le contrôle sur nos vies et le pouvoir politique et économique. De manière autoritaire et technologique, ils gèreront les désastres et pénuries qu’ils auront créés . Ca se fera au détriment des plus pauvres et au profit de sociétés sécuritaires et toujours aussi inhumaines. La dictature soft du gouvernement Macron en est un petit avant goût.
C’est donc aux peuples de faire ce qu’il y a faire, d’arrêter et faire s’effondrer tout ce qui contribue à la destruction, de faire naître de toutes autres manières de produire, de travailler et de distribuer, d’imposer diverses formes de démocraties locales (directes, de type zapatistes, municipalisme libertaire, Rojava kurde, Zads...).
C’est aux peuples de destituer les classes dirigeantes et de mettre en place eux-mêmes les transformations radicales adéquates au lieu de laisser les classes dirigeantes ne rien faire ou imposer aux peuples des mesures inadéquates.
Les gilets jaunes donnent depuis plus de 6 mois une forte impulsion de révolte concernant la démocratie et l’amélioration des conditions de vie des plus pauvres et classes moyennes, il est important de continuer, d’étendre et multiplier les actions comme les perspectives.
- Ferme du Bec Helloin en permaculture
Diminuer fortement le temps de travail
Même des médias mainstream évoque la nécessité de diminuer l’activité économique fortement, et donc le temps de travail :
Pour sauver la planète, il faudrait passer à la semaine de 6 heures
À l’échelle mondiale, les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), dont la France fait partie, devraient limiter leur temps de travail à 5 heures et demie par semaine au lieu des 40,5 heures hebdomadaires actuelles. (...)
Des études précédentes affirmaient déjà que la réduction du temps de travail permettait de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. En un sens, les résultats de cette étude sont logiques : si la production baisse, la consommation baisse aussi. C’est un changement radical de la société que ce rapport préconise.
« Je dirais que la crise climatique nécessite une baisse sans précédent de l’activité économique », écrit l’auteur qui cite Le droit à la paresse de Paul Lafargue.
Au XIXe siècle, cet économiste faisait l’éloge de l’oisiveté car il estimait que les travailleurs n’avaient pas assez de temps pour profiter de la vie. Sauf qu’aujourd’hui, c’est pour résoudre l’urgence climatique que Philippe Frey propose de limiter le temps de travail...
Dans un monde débarrassé de l’étatisme, de la Croissance et du capitalisme, s’activer pour la production et les services autour de 6 heures par semaine semble envisageable.
Il resterait alors plein de temps pour plein de choses :
- la sieste, les loisirs
- la politique au sein d’assemblées locales diverses
- la création en tout genre
- la vie locale : fêtes, discussions, apéros...
- et bien sûr, pendant quelques années, des actions utiles "non productives" : plantation massive d’arbres (pour absorber le CO2), isolation et amélioration des bâtiments, démantèlement de sites pollués et d’usines, démantèlement de parking et zones artificialisées, etc.
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