En Drôme comme ailleurs, les élections municipales 2020 sont une occasion parmi d’autres d’essayer de faire avancer les idées et pratiques d’écologie sociale et solidaire dans les têtes comme dans les faits.
Et ça urge plutôt, le C02 et les températures augmentent chaque année, en France les quantités de pesticides utilisées continuent d’augmenter, les animaux et les glaciers disparaissent toujours plus vite, etc.
Si on ne contient pas au plus vite les catastrophes climatiques et écologiques (et sociales bien sûr) en arrêtant ce qui les cause, la planète pourrait devenir plus ou moins inhabitable après des emballements auto-alimentés et la destruction des bases même de la vie.
Le numéro 198 des Épines drômoises, édité par la FRAPNA Drôme évoque ces questions. Voir aussi ces textes de la Frapna :
Depuis 1980, Carbonbrief, site spécialisé dans les sciences du climat, informe que, sur notre région particulièrement touchée par le dérèglement climatique, la moyenne des températures s’est élevée déjà de 1.6° (carbonbrief.org). Selon notre capacité à agir, celle-ci pourrait dépasser les 2° entre 2030 et 2050. Le dernier rapport du GIEC indique qu’à partir d’une hausse de 1°, la plupart des hypothèses nécessaires à la vie humaine sur terre sont impactées. Au-delà de 2°, ces hypothèses risquent d’être compromises d’une manière irréversible.
Cette situation nous oblige à réfléchir : à notre survie, à nos envies, à notre bonheur.
Température, qualité de l’air, qualité et disponibilité de l’eau, état de la biodiversité, population, solidarité, habitat, transport, activité, énergie, commerce, agriculture : le projet de la commune est-il adapté aux urgences écologiques ? Sinon quel autre projet pourrait-on construire avec la population ?
Dans les épines drômoises, Frapna Drôme Nature Environnement rassemble des pistes pour engager nos villes et villages dans la transition écologique et construire ensemble un monde vivable et enviable.
Cette démarche se rapproche de celle du PACTE pour la TRANSITION.
- Le mensonge du développement durable
Dans ces initiatives on note de bonnes idées et sans doute un élan sincère pour bien faire, malheureusement ...elles restent insuffisantes et surtout risquent fort d’échouer à limiter les catastrophes et à construire un avenir viable et vivable.
En effet, ces initiatives de transition écologique ne remettent pas en cause les bases et présupposés de la croissance et du capitalisme, elles ne s’attaquent pas aux causes des problèmes. Elles se contentent d’essayer d’agir à la marge, par l’action individuelle et les correctifs institutionnels apportés par l’Etat et les collectivités locales.
L’impact et l’application de ces idées de transition sont et seront hélas vite empêchés et limités par les exigences de l’économie de marché et ses lobbys puissants (nucléaire, FNSEA, chasseurs, finance, multinationales, milliardaires et leurs entreprises...).
Le capitalisme impose partout la croissance pour sa survie, il implique la compétition de tous contre tous, la concurrence généralisé, le pillage des ressources et l’exploitation des humains pour maintenir un taux de profit pour les actionnaires et financiers, la consommation accrue de matières premières et d’énergies, la destruction du vivant gratuit pour le remplacer par des marchandises payantes et lucratives. Et partout ses exigences de compétitivité, d’attractivité économique des territoires (leur féroce mise en concurrence), de rentabilité, de priorité à l’avoir sur l’être prennent le dessus sur les jolis projets.
Quand une grosse entreprise promet tout plein de création d’emploi via une implantation pollueuse ou antisociale (Amazon ou Center Parcs par exemple), il va se passer quoi ? Toutes les autorités déroulent le tapis rouge et les subventions, éventuellement en obtenant quelques coups de peinture pour la forme (plantation d’arbre, récupération de l’eau de pluie, économies d’énergie...).
Quand des grosses entreprises du BTP réclament des projets inutiles et du bétonnage pour des routes et autres, que ce passe-t-il ? Tout le monde s’exécute parce que le BTP c’est des emplois et qu’il faut bien des routes et des ronds points pour que tourne l’économie.
Quand la FNSEA s’oppose aux interdictions de pesticides et à la paysannerie locale, que se passe-t-il ? Les militants FNSEA manifestent, débordent, cassent, en toute impunité, et les gouvernements obéissent.
Partout, sauf exceptions qui confirment la règle, les exigences de l’économie prennent le dessus sur les impératifs écologiques, les intérêts des entreprises sont plus importants que ceux des humains, des autres animaux ou de la préservation d’un climat vivable.
La réalité sous le joug capitaliste, c’est ça.
Le capitalisme, le système économique totalitaire en vigueur, sera donc structurellement toujours opposé et incompatible avec les visées écologiques de transition et de sobriété, a fortiori dans une optique sociale et solidaire.
Le capitalisme, par nature, ne peut se réformer, on ne peut l’obliger à être « vert », c’est structurellement impossible.
Aussi, ces belles initiatives de transition écologique qui ne critiquent pas le capitalisme et ne proposent pas des voies pour le remplacer radicalement sont vouées à être des leurres, des impasses, des échecs, voire pire, elles servent parfois d’alibis communicationnels pour continuer le désastre sous une variante à peine modifiée (voir tous les jolis programmes des listes candidates aux élections municipales 2020 à base d’« écologie industrielle », de « développement durable », d’« économie circulaire » et autres fables suicidaires). (voir articles en lien en post scriptum)
Voyez l’exemple typique de la communication de Mr Mariton, maire sortant LR conservateur et pro-capitaliste, de tout temps hostile aux considérations écologiques sérieuses, qui accentue son verbiage autour du « développement durable » pour les élections 2020. (dans toutes les listes on retrouve ces mêmes éléments de langage creux et trompeurs)
Comme le montre jusqu’à la nausée la politique écocidaire du gouvernement Macron (lui aussi très doué pour la novlangue, les mensonges et autres enfumages prétendument « verts »), le capitalisme veut/doit continuer exactement sur la même voie désastreuse, en l’aggravant.
S’ils restent dans les clous, les élus et le système institutionnel anti-démocratique en place ne sont pas en mesure de contrecarrer vraiment les plans du capitalisme, d’autant qu’ils dépendent de lui de plus en plus.
Tout ce qu’ils feront, ce sont des bricoles cosmétiques, et surtout accompagner et financer les nouveaux business antisociaux, antidémocratiques et antiécologiques de l’économie en mode Green New Deal (numérique, énergies industrielles dites renouvelables, voitures électriques, intelligence artificielle, 5G, bus sans chauffeur comme ici à Crest/Eurre...), ...et gérer autoritairement les désastres et la pénurie, avec les risques de guerres et de dictatures qui vont avec.
Localement, des communes et habitants associés arriveront peut-être à mener quelques réalisations intéressantes, mais si l’économie et le capitalisme ne sont pas radicalement remis en cause et en place, ça restera négligeable dans la balance.
Pour notre survie et celle du vivant, pour des vraies transitions écologiques et sociales, l’économie capitaliste doit donc être attaquée dans ses bases et remplacée partout, localement, et bien sûr aussi à d’autres échelles.
Le capitalisme repose sur deux piliers :
- l’idéologie : assénée partout par les médias dominants, par la pub, l’école et la culture ambiante
- ses bases matérielles : propriétés privées d’usines, de terres, de logements, d’entrepôts, de brevets, ses banques, sa finance, ses médias, ses capitaux... Et aussi des Etats (éducation, institutions, police) de plus en plus à son image et à son service.
Si ces belles idées de transition écologique peuvent écorner un peu les bases idéologiques du capitalisme, elles touchent trop peu à ses bases matérielles.
Aussi, il pourra sans entrave continuer ses oeuvres de destruction sociale, climatique et écologique.
A ce stade, on se heurte à deux problèmes.
1. Les dogmes intériorisés du capitalisme
Tant que les humains restent inféodés à la croyance en la primauté de la compétition, de l’égoïsme sur l’entraide, en la sacralité du marché du travail et de la propriété privée, ils auront du mal à inventer/imposer d’autres voies
2. la légalité
Les intérêts capitalistes étant très puissants et protégés légalement, il est difficile de s’y attaquer en restant dans la légalité, surtout quand on doit tout changer en quelques années ! Pour pouvoir construire d’autres voies, deux options complémentaires sont possibles :
- Exproprier directement les gros capitalistes par le rapport de force, la grève dure, l’insurrection, la révolution
- Changer les lois, les règles sociales et économiques - Ce qui implique là aussi des insurrections et révolutions tant le système en place s’opposera à de tels transformations radicales
On voit bien que les mentalités comme les modes d’action ont encore du chemin à faire si on veut espérer changer la donne en faveur du vivant et d’une vie décente pour toutes et tous...
Mais ça bouge, comme on a pu le voir avec l’occupation de BlackRock à Paris récemment, où des jeunes disaient : Nous ne demandons plus rien, nous voulons mettre le système hors service
Il est grand temps qu’un maximum de monde se réveille.
En ces temps d’élections municipales, faites élire les listes les plus écologistes/sociales, et faites pression sur elles maintenant et dès le lendemain de leur élection pour qu’elles agissent vraiment.
Par ailleurs, rejoignons les luttes sociales et écologistes solidaires et populaires, et construisons collectivement au quotidien notre autonomie matérielle et politique hors des institutions étatiques et du capitalisme.
Pour finir, écoutez cette conférence édifiante sur l’énergie et l’écologie, conclusion :
l’écologie c’est les luttes, et l’écologie doit se tenir loin de tout ce qui est technocratie, sciences physiques et économie