Les acteurs du théâtre politicien servent de défouloir et font écran aux pouvoirs capitalistes

Au Chili, le gouvernement tente l’étouffement par un referendum et un accord pour la paix

jeudi 5 mars 2020, par Camille Pierrette.

Les chiliens continuent la lutte pour faire tomber Pinera et son monde
Le Chili a quitté la une des médias, mais la lutte continue :
- Le Chili toujours en ébullition contre un pouvoir néolibéral et répressif - Alors que le président chilien tente de faire peur, en renforçant son discours répressif et réactionnaire et en réaffirmant son mépris pour les manifestants et toutes les victimes de violences policières, les chiliens se mobilisent contre la répression et la mascarade du gouvernement et son « accord pour la paix » pour continuer la lutte et faire tomber Pinera et son monde.

- Extraits :

Pinera et ses crimes demeurent au pouvoir, et dans les rues, les jeunes, les travailleurs et les travailleuses s’organisent pour faire plier le régime. « Jusqu’à ce que la justice soit une habitude », peut-on lire sur les murs de Santiago, pour dénoncer tous les meurtres impunis de l’Etat.

Pinera tente d’institutionnaliser le mouvement à travers le référendum, rêve de retrouver son « oasis » et réaffirme une ligne répressive pour empêcher les mobilisations.

Aujourd’hui, le référendum du 26 avril polarise la situation politique au Chili. C’ est, de fait, une mascarade du régime main dans la main avec des partis de l’opposition (Frente Amplio et parti communiste). Ce référendum propose de voter oui ou non pour la réécriture d’une constitution. Si le oui l’emporte, le gouvernement propose un comité de citoyens et parlementaires et l’opposition propose une assemblée constituante. Dans les deux cas, l’instauration d’une telle organisation serait totalement soumise aux institutions du régime.

Un gouvernement fragile et impopulaire

Seulement 12% des chiliens soutiennent le président, alors que 92% attendent de nouvelles mobilisations de masse. Un gouvernement qui cherche à semer la peur en annonçant la répression, et en modernisant les appareils de sécurité. Une loi répressive cependant, attire particulièrement l’attention. Un projet qui date du mois de novembre, qui avait été annoncé à la suite de la grève générale du 12 novembre, qui a paralysé 70% des exportations chiliennes et bloqué l’économie du pays. Terrifié à l’idée d’une grève qui mettrait à l’amende Pinera, le gouvernement porte une loi prévoyant que les entreprises et secteurs clés de l’économie ports, transports, industries minières soient protégés par l’armée.

La fausse assemblée constituante proposée par Pinera ne pourrait pas modifier les traités internationaux ou de libre-échange qui sont au service de la « protection des investissements étrangers » sans garanties pour les travailleurs qui finissent par recevoir des miettes. Face à ça, il s’agit de revendiquer une assemblée constituante indépendante de l’Impéralisme et ses capitaux, une assemblée avec des élus révocables a tout moment, sans restriction de participation, ni pour les femmes et minorités de genre, ni pour les peuples autochtones. Une assemblée libre et souveraine, qui pourrait remettre en cause les institutions héritées du régime de la dictature.

Chili, la révolte continue, vers quelle direction ?
Les acteurs du théâtre politicien servent de défouloir et font écran aux pouvoirs capitalistes

Remarques sur le théâtre politicien et sa fonction de masquage des pouvoirs économiques

Il est instructif d’observer ce qui se passe au Chili et ailleurs pour comprendre les tactiques de pacification et d’enfumage des gouvernements qui, quand ils sont acculés par la contestation, lâchent quelques miettes afin d’essayer de préserver l’essentiel de la tyrannie étatique et du pouvoir capitaliste.
Soyons vigilants pour ne pas se faire avoir ici en France par les manoeuvres des pouvoirs. Au lieu de se contenter de ses miettes, le mieux est de pousser l’avantage pour aller encore plus loin dans les transformations.
Des peuples avertis en valent deux.

J’écrivais d’ailleurs début janvier dans l’article En France les motifs de révolte collective ne font qu’augmenter ! Luttons ensemble pour gagner au lieu de subir secteur après secteur - Quelques analyses et mises en perspective pour les gilets jaunes et autres :

Ne nous focalisons plus sur Macron et ses députés laquais, mais ciblons plutôt le pouvoir économique, la remise en cause radicale de la propriété des moyens de production, les multinationales qui possèdent les terres, les bâtiments, les usines.... et font et défont la loi et les régimes suivant leurs intérêts.
C’est là qu’est l’enjeu et le pouvoir, macron n’est qu’un sinistre pantin, un larbin minable, un tyran brutal et cynique interchangeable. Sa démission et de nouvelles élections ne seraient qu’un piège de plus pour étouffer la révolte générale et tuer le soulèvement dans les jeux politiciens et vains des appareils institutionnels inchangés.
Si on veut des changements radicaux, la justice sociale, la protection du vivant, il faudra non seulement changer radicalement les institutions politiques, mais on devra s’attaquer aux vrais donneurs d’ordre, les grands systèmes capitalistes et leurs propriétés, pas aux simples exécutants comme macron et sa clique d’éborgneurs et menteurs professionnels qui servent de paravent et de punching ball.

Peut-être qu’une des raisons pour laquelle Macron et sa bande de tueurs à gage sont aussi provocants, insultants et méprisants est qu’ils veulent être sûr d’attirer l’attention vers eux au lieu qu’on s’intéresse aux grands maîtres du capitalisme, aux milliardaires et aux multinationales ?
En multipliant les propos infamant envers les contestataires et les classes de pauvres, le régime excite la colère contre lui seul pour épargner les vrais pouvoirs liés au monde de l’économie...

De plus, en donnant l’illusion aux peuples que les gouvernements décident réellement, ceux-ci justifient leur existence et servent d’éponges aux coups à la place du système capitaliste. Ainsi les dogmes idéologiques et les bases matérielles du Capital ne sont pas remis en cause ; les peuples, aveuglés par les spots du théâtre politicien, se contentent de critiquer certaines conséquences, de conspuer les acteurs, mais laissent intacts les metteurs en scène, ceux qui écrivent la pièce et sont propriétaires des locaux, ceux qui décident des décors et des éclairages.
Car de nos jours davantage encore qu’hier, les donneurs d’ordre sont d’abord les détenteurs de capitaux, les grands propriétaires de terres et d’usines, les grands investisseurs, les banques...
C’est le Marché et ses saigneurs qui écrivent les partitions, définissent les rôles, ensuite les acteurs et les instrumentistes que sont les politiciens jouent le jeu, le morceau, avec plus ou moins de talent, de conviction, de marges d’interprétation, d’empathie ou de sympathie pour le public.
Si un acteur turbulent insiste, il peut éventuellement changer une ou deux répliques, mais il ne pourra pas changer l’histoire. Les acteurs, leurs étiquettes (LR, FN, RPR, RN, LREM, PS...) et les répliques varient, mais l’histoire est toujours la même, au profit des mêmes puissants et riches.

Dans tous les cas, nous ne sommes que des spectateurs impuissants qui subissent la pièce, même si on la finance ! Notre seul rôle consiste à voter pour tel ou tel acteurice, de choisir celui ou celle dont la qualité d’interprétation nous déplaît le moins. Les acteurs doivent donc séduire les spectateurs, par de jolis discours et des promesses, pour obtenir le rôle.

Et les rouages bureaucratiques de l’Etat, la milice du théâtre, sont là pour que ça tienne debout, pour que l’argent public finance la Croissance et empêche le capitalisme de s’auto-dévorer de trop, pour que les récalcitrants et rebelles soient ramenés à l’ordre par la force brutale de la police et la répression judiciaire.
Rien à voir avec du complotisme, ces mécanismes sont connus de longue date.

Donc, bien entendu, pour améliorer nos vies et construire des sociétés vivables et soutenables il ne suffira pas de changer d’acteurs ou de redécorer la scène, on ne pourra pas se contenter de meilleurs discours, de davantage de glaces et de pop corn. Jeter des tomates pourries aux acteurs ne changera pas grand chose, il faudra plutôt cramer le théâtre, virer tous les acteurs et machinistes, écarter les metteurs en scène et les directeurs d’établissement. Il faudra reprendre la main sur la création, et écrire collectivement d’autres partitions, d’autres récits, sur d’autres bases, sans grands Maîtres qui dirigent tout et font ce qu’ils veulent dans les coulisses en fonction de leurs intérêts.

Au lieu de subir ce théâtre néfaste qui détruit nos vies, le climat et le vivant, anéantissons-le, et faisons de grands banquets autour du feu, imaginons d’autres scénarios, jouons collectif.


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