Faut-il porter une capote lorsqu’on fait l’amour et qu’on est atteint du Sida ? Sans doute non, puisqu’on nous dit que porter un masque est accessoire, si l’on n’a pas de symptömes.
Déplacement impératif à la poste ce matin. Sur la route, je suis contrôlé, à raison, par la gendarmerie. J’ai le papier qu’il faut. Les gendarmes ne portent pas de masque : « Messieurs, vous devriez porter des masques ». « On sait, on sait » répondent les pandores navrés. Leur ton me laisse comprendre qu’ils aimeraient bien en porter.
A la Poste, certains employés portent des masques, d’autre pas. « Ce n’est pas obligatoire lorsqu’on n’est pas malade » me répond une préposée qui n’en porte pas. Inutile de discuter : je sais depuis quelques jours que, même contre l’évidence, le ton monte vite – c’est inquiétant. L’évidence, c’estque la plupart des porteurs ne présentent pas de symptômes : ils sont asymptomatiques. Asymptomatiques, oui, contagieux certainement. La Poste devient ainsi un lieu de propagation du fléau. – S’il n’y avait qu’elle !
Devrais-je en vouloir à la préposée qui confond liberté individuelle – c’est mon choix personnel de ne porter ni masque, ni gants – et responsabilité collective, celle d’infecter ses collègues, mais pire le public ? Lui en vouloir ? En partie oui : c’est un devoir citoyen que de s’informer judicieusement, hors la propagande intéressée des propriétaires de média ? Mais pas totalement.
Car une question me taraude : l’absence de masques en l’absence de symptômes, apparemment la doctrine officielle, n’est-elle pas là uniquement pour masquer le fait que le gouvernement a tardé à constituer des stocks ? N’est-ce pas un résultat de la doctrine libérale de « l’avantage comparatif » qui règne depuis les années 1980, qui fait fi de l’intérêt des peuples : si la Chine peut les produire à moindre coût, que la Chine les produise ! Comment un grand pays comme le nôtre peut-il s’apprêter à déployer le Linky, la 5G, d’envoyer des essaims de satellites, tout en étant incapable de produire un objet aussi simple qu’un masque respiratoire ?
Où en sommes-nous en tant que pays ? Comment ne pas être en colère, alors que nos amis et nous ne cessons de dénoncer depuis les années 1980 la désindustrialisation de la France ? On a vu même d’importants irresponsables estimer que la France avait mieux à faire que d’assurer son autonomie alimentaire ! Responsables ou socialement pervers ?
Madame la Postière vous n’avez rien compris : vous avez l’air sain, vous croyez l’être, mais vous ne l’êtes peut-être pas. La plupart des porteurs sains ignorent leur état. Par bêtise, madame la Postière, vous contaminez un grand nombre de personnes qui en contamineront d’autres. Vous êtes en train de me dire qu’il ne faut pas porter de capotes, même si on a le Sida ! Comme si la liberté individuelle justifiait qu’on tuât par contamination son prochain !
Votre confusion a à voir avec l’impéritie gouvernementale qui décrète justement le confinement – pour casser la transmission – mais ne souffle mot de la transmission via les services publics ou la grande distribution, auxquelles on fait croire que le port du masque serait facultatif ! Socialement illisible. On entretient la confusion.
Comment ne pas être en colère, quand, anticipant de six semaines la décision du gouvernement, je me suis auto-confiné, limitant mes interactions sociales PARCE QUE JE SAVAIS CE QU’IL ALLAIT SE PRODUIRE ! Comment le savais-je ? Parce que j’ai vécu plus d’une décennie en Chine. Parce que je sais qu’en Chine, on habite parfois AU MILIEU du poulailler ? Parce que je connais l’appétence des Chinois pour manger tout ce qui a quatre pattes, sauf les chaises et les tables ? Mes filles, majeures désormais, dont la scolarité s’est principalement déroulée dans la sphère chinoise, ont spontanément adopté les bons réflexes, sans que Papa n’ait eu besoin de les leur rappeler.
Simple habitude d’hygiène collective ! Elles savent spontanément que la Chine, habituée aux foules nombreuses et populeuses, sait gérer la foule dense, norme du monde moderne. Bien avant le coronavirus, on n’aurait pas accepté mes enfants à l’école si elles étaient venues sans masque ! Masque qui se portait en Chine bien avant le coronavirus : pour se protéger de la pollution, des allergies, du rhume, de la grippe. Simple question d’hygiène dans un monde bondé.
Mais qu’entends-je aujourd’hui ? Les mêmes quolibets qui furent jadis prodigués à ce médecin autrichien qui comprit qu’on ne pouvait à la fois disséquer des cadavres et accoucher des femmes enceintes. Il fut honni, proscrit !
D’autant plus en colère que j’ai suivi depuis l’intérieur - depuis le cœur de la plus grande multinationale mondiale du luxe, mon épouse d’alors en dirigeait la filiale taïwanaise – l’intense échange d’informations quotidien lié au SRAS. Je sais que tout en haut, on ne peut pas ne pas savoir !
On le savait, tout comme dans d’autres multinationales de la grande distribution, présentes en Chine et à Crest, dont les employées ne portent pas de masque ! La France, pour sa part, n’a-t-elle pas une ambassade en Chine pour l’informer des risques ? Comment-pouvait-elle l’ignorer ?
On savait tout cela. Pourquoi moi, qui ne suis rien, sans soutien ni experts, le savais-je ? Par idéologie, par aveuglement, croyant que l’égoïsme est le moteur du monde, on a fait semblant de n’y rien voir ! Cette crise aura une fin, dont personne ne peut prévoir le terme. Repoussons pour l’instant les débats essentiels, trop tôt venus aujourd’hui. En attendant, portons masques et gants. Cela nous évitera des milliers de morts , votre mère, votre père, votre enfant. En attendant, n’oublions pas notre droit, notre ciment collectif. Le droit, jusque aujourd’hui n’est pas suspendu. L’employeur, fût-il l’Etat, est responsable de la sécurité de ses assujettis : les salariés. « Name and shame ». Au-delà, c’est de la mise en danger de la vie d’autrui, des clients, auxquels l’irresponsabilité des entreprises de masse conduit !
Citoyennes, citoyens, ne mourez-pas ! Portez vers le futur vos critiques acerbes, vos propositions salvatrices. Citoyennes, citoyens, ne mourez-pas ! Portez masques et gants pour préserver vos vies et demain détruire l’inacceptable et construire le futur ! Boycottez, autant que possible, les officines irresponsables qui, en faisant des profits, au mépris de leurs salariés, vous servent sans gant ni masque.