Voici un article extrêmement éclairant sur le dévoiement de la puissance et de la richesse collective. Tout autant que sur la perversité morale des hyper riches.
Hyper-riches qui jouent la charité un peu comme à la bourse où le trader avisé gagne en spéculant à la hausse comme à la baisse.
Après avoir pillé la fortune publique, pressuré les travailleurs, les ultra-riches donnent généreusement : des bienfaiteurs, on vous dit !
Manœuvre en deux temps : appauvrissez la population, dépuillez les hôpitaux, pour ensuite généreusement donner.
Altruisme ? Que non : tel Mécène, le richissime ami de l’empereur Claude, vous y gagnerez en stature, en renommée, en prestige.
Votre « capital immateriel », votre « goodwill », vos « brand assets » comme on dit désormais dans les multinationales, ces choses qui valent de l’or, s’en trouveront infiniment accrues.
Investissement rentable, tellement votre levier politique, la longueur de votre bras, s’allongeront. Ça vaut de l’or. Mais bien moins cher que d’acheter de la pub, des télés ou des journaux.
D’autant que la charité se recycle : Bill Gates donne d’abord à ses propres fondations qui commandent ensuite les remèdes, vaccins, études, logiciels, grosses données aux entreprises de bill Gates.
Comme on dit : charité bien ordonnée…
Où est le problème ?
Pas grand-chose : juste le transfert de souveraineté. Juste la perte du choix d’orienter les politiques publiques. Juste le passage de la fraternité à la charité. Juste la disparition de la démocratie.
On dit merci qui ?
On dit merci patron !
Etienne Maillet
Un article paru dans Contrepoints
Covid-19 : qui est le plus généreux donateur ?
Par Guillaume Périgois.
DE GÉNÉREUX DONATEURS
L’homme d’affaires australien Andrew Forrest a donné 25,5 millions de dollars – soit 3,93 dollars par habitant. Le don d’un milliard de dollars du fondateur de Twitter, Jack Dorsey, équivaut à un quart de sa fortune et à 3,01 dollars par habitant aux États-Unis.
Le fondateur de Microsoft, Bill Gates, et sa femme Melinda, ont fait un don de 255 millions de dollars, et les patrons d’Amazon et de Dell, Jeff Bezos et Michael Dell, ont donné 100 millions de dollars chacun.
Le groupe philanthropique Stand Together, fondé et soutenu par l’industriel américain et très liberal Charles Koch, a récolté 24 millions de dollars en moins de deux semaines. Une initiative, #GiveTogetherNow, a permis de récolter 19,6 millions de dollars pour les familles touchées financièrement par le Covid-19. Ce fonds aidera plus de 39 000 familles et leurs proches grâce à une aide directe en espèces.
Mais les milliardaires français ne sont pas en reste. Le magnat du luxe Bernard Arnault a fait transformer trois des usines de parfum de LVMH pour fabriquer du désinfectant pour les mains. Il est distribué gratuitement aux autorités françaises et européennes.
LVMH s’est engagé à fournir au moins 40 millions de masques à la France, en payant 5 millions d’euros pour la première semaine de livraison.
Kering, le conglomérat du luxe de François Pinault, a promis de fournir 3 millions de masques chirurgicaux aux services de santé français. Les marques de haute couture Balenciaga et Yves Saint Laurent fabriquent également des masques. Kering a fait don de plusieurs millions d’euros pour fournir des équipements médicaux à des agences et établissements de santé à travers le monde.
BIDZINA IVANISHVILI, LE PLUS GRAND DONATEUR PAR HABITANT
Mais malgré les dons à six ou sept chiffres de beaucoup de grands philanthropes, le donateur le plus généreux par tête d’habitant est un milliardaire dont vous n’avez probablement jamais entendu parler.
Bidzina Ivanishvili, un homme d’affaires géorgien qui a été Premier ministre de l’ancien État soviétique de 2012 à 2013, est le premier donateur par habitant dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19.
L’industriel de 64 ans, dont la richesse de 4,5 milliards d’euros équivaut à un tiers du produit intérieur brut de la Géorgie, a fait don de 30 millions de dollars, soit 7,51 dollars par habitant pour une population de 3,9 millions d’habitants.
Fils d’ouvrier, le plus jeune d’une fratrie de cinq, il a fait fortune dans les secteurs bancaire et métallurgique en achetant des entreprises pendant l’ère des privatisations russes et en les revendant avec profit. (NDE : ben voyons !)
Le Fonds Cartu, sa fondation familiale, a donné plus de 3 milliards de dollars en œuvres caritatives dans ce pays du Caucase, allant de la construction de centres sportifs à la restauration de monuments historiques. Ses contributions caritatives dans le seul domaine des soins de santé s’élèvent à 500 millions de dollars.
LA GÉORGIE, UN EXEMPLE MÉCONNU DANS LA LUTTE CONTRE L’ÉPIDÉMIE
Ce don exceptionnellement élevé attirera peut-être l’attention sur la façon dont la Géorgie a su gérer l’épidémie.
Taiwan, la Corée du Sud et Singapour sont souvent cités comme des modèles à suivre. Mais avec seulement 6 décès au 1er mai 2020, la Géorgie est l’un pays en Europe qui s’en sort le mieux. Quelques autres pays comme Malte et le Liechtenstein n’ont pas connu de décès, mais il s’agit de pays relativement peu peuplés.
La situation en Géorgie est d’autant plus remarquable que l’un de ses voisins est l’Iran, un foyer épidémique important qui a l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde.
Alors pourquoi la Géorgie a-t-elle été si peu touchée par le Covid-19 ? C’est la rapidité des mesures prises qui saute aux yeux.
Dès le 22 janvier 2020, la température de chaque nouvel arrivant dans le pays était contrôlée ; le 28 janvier, les vols en provenance de la Chine et de l’Iran, épicentres de l’épidémie mondiale, étaient interdits. En comparaison, les 25 pays de l’espace Schengen, sauf la France, suspendent les visas avec la Chine le 1er février.
Le 26 février, un citoyen géorgien revenant d’Iran via l’Azerbaïdjan a été repéré par un contrôle frontalier et immédiatement transporté dans un établissement médical où il a été testé positif au Covid-19.
Le même jour à Lyon a lieu le match de football OL – Juventus de Turin avec 3000 supporteurs italiens.
Au mois de mars, toutes les écoles, stations de ski, hôtels, restaurants, cafés et autres commerces ont été fermés et il a également été décidé de mettre en quarantaine deux régions où il y avait un risque de propagation du virus.
Il est essentiel de tirer les leçons de l’expérience des autres pays pour faire face à une pandémie mondiale. Les pays européens étant confrontés à une pandémie de cette ampleur pour la première fois depuis plus d’un siècle, beaucoup se tournent vers des pays tels que Taïwan et la Corée du Sud pour mettre rapidement en œuvre les enseignements tirés de l’épidémie de SRAS de 2003.
Mais l’exemple géorgien montre que nous devons nous inspirer de l’expérience de nombreux autres pays pour améliorer les réponses actuelles et futures à la pandémie, tant gouvernementales que provenant de la générosité de la société civile.
*********************************************************************