« Vous êtes filmé·es » : une sélection de documentaires critiques

Sous couvert d’optimisation et de contrôle, la surveillance prolifère dans l’ombre

mardi 4 juin 2024

La Quadrature du Net propose avec Tënk une sélection de documentaires sur la surveillance, une pratique qui ne cesse de cesse de s’étendre et de monter en puissance à l’aide de technologies de plus en plus intrusives (voir vidéosurveillance biométrique lancée au prétexte des JO).

- Vidéo de présentation du programme :

https://vimeo.com/952279519

- voir notamment la bande annonce de « Prédire les crimes » - Minority report c’est déjà maintenant ! : Dans de nombreux pays, le film d’anticipation de Spielberg, Minority Report, est déjà une réalité : des logiciels permettent à la police de prévenir les crimes et délits. Quelles sont les conséquences pour les citoyens, identifiés comme criminels ? Sommes-nous prêts à sacrifier notre liberté pour davantage de sécurité ?
- Ou encore la bande annonce de « Supervision », avec la présence de Manuel Valls : Avril 2012 : inauguration du nouveau terminal de vidéo-surveillance de Marseille. Ministres, berlines, femmes en fourrure, uniformes d’apparat. La supervision, c’est chic !
- "All Light, Everywhere"a l’air pas mal non plus : Caméras, appareils photos, armes, contrôle : les images sont partout. À l’époque où les technologies de surveillance s’infiltrent dans notre quotidien, le film interroge l’objectivité des images alors qu’elles se confrontent à un double biais, celui de la perception humaine, et celui de l’objectif.

« Vous êtes filmé·es » : une critique documentaire de la surveillance

- « Vous êtes filmé·es » : une critique documentaire de la surveillance
Dans la lignée des festivals organisés ces deux dernières années par nos ami·es de Technopolice Marseille, La Quadrature du Net s’associe à Tënk pour proposer une sélection de films documentaires abordant l’enjeu de la surveillance policière. Il s’agit, par le cinéma, de mieux penser les technologies et les rapports de pouvoirs qu’elles produisent, pour mieux les combattre. Voici le texte introduisant cette sélection à retrouver sur Tënk.

Sous couvert d’optimisation et de contrôle, la surveillance prolifère. À l’ère de l’informatique, nos messages privés sont traqués, nos publications constamment analysées, nos corps scrutés par les dispositifs de vidéosurveillance disséminés dans nos rues. Partout dans le monde, des data centers stockent des fichiers nous concernant qui, pris ensemble, disent tout ou presque de nos activités, de nos déplacements, de nos attachements.

Si la surveillance est partout, si elle sature aussi l’actualité de même que les discours militants ou nos conversations intimes, elle reste largement invisible, souvent mal comprise. De grands schèmes tirés d’exemples historiques ou de science fiction – au hasard, la Stasi ou 1984 d’Orwell –, nous font généralement office de grilles de lecture. Mais on peine à en saisir avec nuance les ressorts et les ramifications, à discerner ses infrastructures, à en comprendre les effets ou les évolutions.

« Vous êtes filmé·es » : une sélection de documentaires critiques
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À travers cette sélection, il s’agit d’abord de tendre un miroir aux surveillants, de lever le voile sur ces acteurs en position de pouvoir qui produisent ou légitiment la surveillance (voir le film médiactiviste Supervision, tourné dans le centre de vidéosurveillance de Marseille ; voir aussi la super-production expérimentale All Light Everywhere, qui fait l’incroyable rencontre d’un représentant commercial d’Axon, leader du marché des bodycams policières ; voire enfin Prédire les crimes). Le documentaire permet aussi de convoquer un passé pas si lointain pour se remettre en mémoire ses méfaits – par exemple en rappelant le viol de l’intimité et le contrôle qu’induit le regard policier (comme sous le régime polonais dans les années 1970 dans An Ordinary Country), ou en revenant sur la généalogie carcérale de la vidéosurveillance (Je croyais voir des prisonniers). Par la poésie, il peut enfin souligner, au-delà de l’État et de sa police, la multiplicité des formes de surveillance, la manière dont nous pouvons parfois nous en faire complices, et interroger la frontière entre surveillance et partage, domination et rencontre (L’Îlot).

Le choix des films, fait en collaboration avec le comité de programmation de Tënk, laisse évidemment de côté d’autres excellents titres. Mais l’ensemble donne bien à voir ce contre quoi nous luttons, à savoir ce vieux fantasme policier que décrivait Michel Foucault dans Surveiller et Punir (1975) : une « surveillance permanente, exhaustive, omniprésente, capable de tout rendre visible, mais à la condition de se rendre elle-même invisible », « un regard sans visage qui transforme tout le corps social en un champ de perception ».
(...)

- L’accès est payant, mais possible de voir au moins les bandes-annonces

Voir en ligne : Vous êtes filmé·es - Sélection de documentaires

P.-S.

A propos du CSU de Marseille dont il est question dans un des docu

« QUAND IL MET DES DROITES, QUIL SE CACHE » : CONSEILS ENTRE FLICS POUR ÉVITER LA VIDÉOSURVEILLANCE

Cette enquête du journal marseillais La Provence met en lumière le système d’omerta et de protection mutuelle au sein de la police, et la nocivité de la vidéosurveillance qui se répand dans les villes.
En mai, une vidéo datant de l’année dernière avait été révélée : elle était issue du « CSU » de Marseille, le « Centre de Supervision Urbain », le local où des agents regardent en temps réel les images de vidéosurveillance. Sauf que dans cet extrait, on voyait des policiers municipaux frapper gratuitement un homme ivre en pleine rue. Plutôt que de signaler cette agression, les agents du CSU avaient volontairement fait pivoter l’angle de la caméra, pour éviter que les faits commis par leurs collègues ne soient filmés.
Un ancien opérateur vient de dévoiler un enregistrement pris au sein même du CSU. En plus de détourner la caméra, les agents se lamentent non pas des coups portés, mais du manque de prudence des policiers : « Le taquet à la limite tu le mets dans la voiture quand y’a personne qui voit ». Ce qui est reproché est donc d’avoir frappé sous la caméra.
Puis la cheffe adjointe du centre appelle les policiers qui sont sur le terrain : « Mon bébé mon sang la famille, comment tu vas ? » et conseille à son collègue : « Quand il met deux droites comme ça, qu’il se cache ». Elle poursuit : « Tu l’amènes au sol et tu lui mets son petit coup en traître, mais là deux droites ! Dis lui de faire attention ».
Ces pratiques, courantes au sein de la police, montrent l’ampleur du système mafieux : l’important n’est pas d’éviter de tabasser, mais plutôt d’éviter de se faire attraper, de laisser des preuves.
À Nantes, la mairie implante des centaines de caméras de surveillance, centralisées elles aussi au sein d’un CSU. Elles n’ont jamais permis de résoudre un seul cas de violences policières, très nombreuses. Bizarrement, selon la justice, les caméras sont toujours « en panne » ou les bandes ont été « effacées » en cas de plainte. En revanche, ces caméras fonctionnent très bien pour scruter les manifestations, fliquer la population et inculper les contestataires.

- vidéo : https://fb.watch/svdK10JXOl/

(posté par Contre attaque)


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