Vallée de la Drôme : l’eau de plus en plus en tension : quels changements rapides effectuer ?

Une étude du SMRD « SAGE Drôme 2050 » remet des questions vitales sur le tapis

samedi 18 février 2023, par Les Indiens du Futur.

Le journal Le Crestois et France Bleu évoquent les conclusions (pas assez) alarmantes de l’étude « SAGE 2050 » sur l’évolution de l’eau dans la Vallée de la Drôme face aux sécheresses récurrentes et aux canicules estivales.
Il s’agirait de tenter d’adapter, bien tardivement, le Schéma d’aménagement de la gestion de l’eau (SAGE) au réchaufffement climatique accéléré (produit par la civilisation industrielle, par ses activités, agents et soutiens).

Quelqes infos et remarques sur ces sujets.

- Le rapport commandé par le SMRD est en ligne : https://www.riviere-drome.fr/actions-etudes/les-etudes/SAGEDROME2050

- Sur le site du SMRD, le projet SAGE DROME 2050 vise à renforcer l’adaptation du territoire et ses usages de l’eau au changement climatique :

Le SMRD annonce deux grandes étapes :
💧INFORMER pour partager les ordres de grandeur des impacts du changement climatique
➡ par un diagnostic en ligne à partager : https://www.riviere-drome.fr/download_file/428/409
💧 FAIRE ENSEMBLE en engageant une dynamique collective autour des réponses locales à apporter
➡ par des ateliers de concertation pour les acteurs des grands usages de l’eau (agriculture, eau potable et urbanisme, tourisme, industrie et milieux naturels)
Pour en savoir plus :
Contacter le SMRD info chez smrd.org - 04 75 21 85 23

Restitution finale de l’étude sur les ressources en eau potable - 9 novembre 2022
par [SCoT Vallée de la Drôme->https://www.youtube.com/@scotvalleedeladrome]
https://www.youtube.com/watch?v=RAoC1ePEZSc&t=5657s

"Les chiffres à retenir du diagnostic « Vallée de la Drôme 2050 »
+1,6°C en moyenne annuelle, soit une augmentation de 18%, donc augmentation de l’évapotranspiration
- 13 jours de gel par an (déformation des cours d’eau)
- 24% de chutes de neige (qui viennent grossir les nappes au printemps)
de juin à septembre, -2m³ de débit sur les cours d’eau, -5m³ sur le mois de juin (-60%) : risques sur la qualité de l’eau
+30% d’intensité dans les crues
+2°C pour la température de l’eau (disparition de poissons)
+16% d’augmentation des besoins en eau potable de la population (0.8 M m3/an)
+25 à 35% de besoins d’irrigation pour l’agriculture, si les pratiques ne changent pas."


Records de déficits en février 2023

- Voir aussi, en appui : Près d’un mois sans pluie : la France face à « un assèchement des sols remarquable pour la saison hivernale » - Le manque de pluie depuis mi-janvier, surtout dans le Sud, empêche les nappes phréatiques de se recharger et favorise les incendies en plein hiver et pour l’été prochain.
Vallée de la Drôme : l'eau de plus en plus en tension : quels changements rapides effectuer ? {PNG}
- En février 2023, la France (surtout le sud) pourrait donc battre le record de faible précipitation pour ce mois là.

- En février 2023, la rivière Drôme (aux stations de Saillans et Luc-en-Diois) est à un niveau de débit très bas depuis début février, là aussi un record pour la période.

- Le niveau des nappes phréatiques en Drôme est en dessous des moyennes sur la plupart des points de mesure (voir carte ci-contre)

Remarques

En gros, il y aura des besoins de plus en plus importants en eau, et une baisse de plus en plus forte de l’eau disponible..., donc ça va coincer sévère !
Faire des économies d’eau et améliorer les réseaux d’eau potable ne suffira pas. Ce sont les structures sociales, agricoles, paysagères qu’il faut revoir à la base, ce que ne comptent absolument pas faire élus et institutions. Ils veulent juste miser sur des ajustements du système en place, et sans impliquer la population dans les prises de décisions.

- Et la quasi totalité des élus locaux continuent comme des forcenés irresponsables à vouloir et programmer davantage de croissance économique et démographique, davantage d’artificialisation des sols et d’urbanisation, davantages de routes, de zones industrielles et d’aménagements, davantage de tourisme et de développement économique, etc.
Et ce sont eux, les mêmes qui ont contribué à laisser s’étendre tout ce qui cause les désastres, qui se chargent à présent de tenter d’adaptation aux problèmes, et toujours sans véritable intension de stopper les causes.
Et vous voudriez faire confiance à ces pyromanes professionnels improvisés pompiers ?

- Ce rapport « SAGE 2050 » se base sans doute sur une évolution du climat bien trop optimiste quand on voit les accélérations de ces dernières années, notamment pour l’élévation des températures.

Des études parlent d’un seuil de 1,5°C franchit dès 2024 pour la planète, d’autres que la barre des 1,5°C pourrait être atteinte autour de 2030 (en se rappelant qu’il s’agit d’une moyenne mondiale, et que le réchauffement est plus fort sur les continents que sur les océans). Donc continuer à parler de +1,6°C en 2050 est une tromperie, une erreur grave (une volonté de minimiser la situation dramatique et de masquer que les institutions en place sont complètement dépassées et qu’elles font partie du problème ?) vu que la moyenne planétaire pourrait déjà dépasser +1,5°C dès 2030 !

A peine sorti, ce rapport « SAGE 2050 » est déjà obsolète, à côté de la plaque, le scénario sur lequel il est basé pourrait arriver autour de 2030 au lieu de 2050, dans 7-10 ans ! 20 ans de décalage.

- Ce rapport parle du changement climatique comme s’il s’agissait d’un phénomène naturel, les causes industrielles, agro-industrielles, urbanistiques et productivistes sont totalement tues.
Sous prétexte de "neutralité", le parti pris est donc de taire sciemment les causes des problèmes, et donc ça limite les possibilités de trouver des remèdes.
D’ailleurs, avec les autorités et leurs institutions, il est quasi toujours question QUE des tentatives d’adaptations aux désastres, et quasiment jamais de vouloir s’en prendre aux structures, idéologies et activités qui les causent et qui continuent chaque jour à aggraver les problèmes via les émissions de gaz à effet de serre et les diverses atteintes aux écosystèmes et aux êtres vivants qui les peuplent !

- De plus, ces tentatives d’adaptations sont bien tardives, lentes et limitées, elles ne produiront donc que peu d’effets, on se prendra donc très probablement les catastrophes en plein poire sans véritables amortisseurs. Comme d’habitude, on devra se démerder en urgence dans la détresse pour gérer les désastres au fil de l’eau et survivre tant bien que mal ?
Les pénuries, restrictions d’eau, arrêtés d’interdiction, sécheresses, incendies, cultures perdues... seront la norme et non l’exception, et s’étendront sur des périodes de plus en plus longues.

- Mais bien sûr les pragmatiques/réalistes/optimistes/techno-solutionnistes/croissantistes diront jusqu’au bout qu’il n’y a pas vraiment de problèmes, que de l’eau il y en a, qu’on peut continuer le progrès et la croissance, que les critiques sont le fait de peureux catastrophistes, d’anti-tout, d’écolos hors sol et de rétrogrades amish adeptes des bougies dans les grottes.

Conclusion

Si les habitant.E. de la Drôme étaient vraiment conscients des problèmes et avaient envie d’y remédier, il y aurait partout et souvent des réunions, des débats et des actions vigoureuses hors des institutions et des élus (contre s’il le faut). Les habitant.E.s arrêteraient de se décharger sur les élus et les experts des choix et actions politiques.

Hélas, le déni, l’autoaveuglement, le découragement, le renoncement, la confiance irrationnelle dans les élus/institutions, un réformisme de gouttes d’eau, la foi aveugle dans les technologies et les innovations, le repli sur soi et dans ce qui fonctionne encore... règnent encore largement. La précarité sociale immédiate tend à occulter les autres problèmes supplémentaires à venir qui découlent de l’inaction au présent.
Jusqu’à quand ?

Même si l’arrêt des nuisances et de leurs causes doit être la priorité, on est obligé aussi de s’adapter aux catastrophes déjà là et celles inévitables à venir.
Plus on attend avant de démanteler la civilisation industrielle, plus les nuisances seront graves et « irréversibles » (à l’échelle humaine), plus les adaptations contraintes seront douloureuses, difficiles, voire impossibles.

- Pour la question de l’eau et de l’adaptation aux inévitables augmentation de températures, citons pêle-mêle des pistes à creuser qui elles ne sont pas forcément dans les tuyaux des institutions :

  • Arrêter l’artificialisation des sols
  • Freiner la croissance démographique et le tourisme
  • Freiner les piscines privées, voir les fermer à terme
  • Stopper les cultures les plus gourmandes en été, type maïs
  • Généraliser la permaculture et l’hydrologie regénérative (Une conférence a lieu dimanche 19 février sur ce sujet à Eurre dans l’optique d’une production nourricière confortant un fort degré d’autonomie locale
  • Multplier les haies sauvages et fruitières
  • Généraliser les toilettes sèches
  • Sortir les paysans de la précarité et en même temps permettre l’accès aux classes les plus pauvres à une alimentation de qualité
  • Faciliter l’accès aux projets paysans sur de petites surfaces ou dits « marginaux »
  • Tout ceci impose des changements dans le modèle économique (remise en cause du capitalisme et de son système de travail) et dans le régime de propriété
  • Végétaliser les villes, entre autre en diminuant le nombre et l’emprise des voitures
  • Multiplier les formations à la permaculture et aux méthodes d’agriculture sur sols vivants
  • Envoyer régulièrement tous les jeunes, dès le primaire, dans des stages et activités (pas juste un jour ou deux) tels que la plantation d’arbres, le jardinage en permaculture, la préservation de l’eau et de la biodiversité...
  • etc.

P.-S.

Vallée de la Drôme : l’eau de plus en plus en tension : quels changements rapides effectuer ?
Si El Nino s’en mêle, ça pourrait être pire que 2022...

💧SÉCHERESSE EN PLEIN HIVER, ABSENCE DE PLUIE : ÉTAT D’URGENCE CLIMATIQUE

- Défendons l’eau comme bien commun

Les météorologues tirent la sonnette d’alarme : cela fait 28 jours que la France n’a pas connu de pluie majeure, soit depuis le 21 janvier. Du jamais vu. En plein hiver, le déficit de précipitations est alarmant. En principe, c’est la saison qui permet de recharger les stocks d’eau. Cette année, les cumuls de précipitation ces dernières semaines sont quasiment à zéro sur l’ensemble du pays !

Les nappes phréatiques n’ont donc pas été rechargées et les cours d’eau et lacs sont au plus bas. Les réserves souterraines ne sont pas reconstituées, et les sols sont mesurés comme secs, ce qui est très anormal pour la période. Dans les Pyrénées-Orientales, les sols sont aussi secs qu’en juillet.

Cet épisode de sécheresse augure le pire pour l’été prochain, alors que l’été 2022 a été marqué par des canicules et des incendies gigantesques qui ont ravagé des dizaines de milliers d’hectares, y compris en Bretagne. Inimaginable il y a quelques années, la France pourrait connaître de vastes pénuries d’eau potable cet été.

Nous surexploitons les ressources en eau alors que le climat change. Par exemple à Vittel, la multinationale Nestlé pompe beaucoup trop dans les nappes phréatiques depuis des années, et les sous-sols se vident peu à peu. De même, les mégabassines sont des aberrations absolues : il s’agit de pomper l’eau des nappes phréatiques pour les stocker dans de grands bassins plastifiés pour irriguer l’agriculture intensive destinée au bétail ou à l’exportation. Un non sens vu l’augmentation rapide de la sécheresse ; financé par l’argent public et protégé par une répression féroce.

Il en va de notre survie : pour défendre l’eau comme bien commun, une grande mobilisation internationale aura lieu le 25 mars prochain dans le Poitou. Déferlons.

(post par Contre Attaque)

Mobilisation internationale pour la défense de l’eau

- Une réunion publique a lieu en Drôme mercredi 22 février 2023 autour des méga-bassines et de la question de l’eau :
Présentation publique : mobilisation internationale pour la défense de l’eau - Mercredi 22 février 2023 à Aouste avec des militant⋅es du mouvement contre les méga-bassines et des Soulèvements de la Terre

(photo du logo de l’article : Roubion à sec, en 2019)


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