Travailleurs, employés et salariés coûtent moins cher que des esclaves et présentent de nombreux avantages

Quelques rappels utiles sur des réalités de l’économie de marché, de l’emploi et du marché du travail par rapport à l’esclavage

jeudi 4 novembre 2021, par Ni chômage ni travail.

Partout le travail et la création d’emploi sont célébrés, comme si de généreux mécènes capitalistes oeuvraient religieusement et altruistement au bien être des travailleurs...

Or, les salariés sont plus rentables et plus disponibles pour l’économie de marché que les esclaves. Les employés rémunérés ont une meilleure productivité, ils assurent eux-mêmes la reproduction de la main d’oeuvre en payant leur logement, leur nourriture, leur voiture, etc. avec encore très souvent le concours du travail non-rémunéré féminin, sans compter que les travailleurs consomment et dépensent donc une grande part de « leur » argent dans des produits capitalistes qui contribuent à l’enrichissement des riches et à l’augmentation du Capital.
De plus, une économie technologique moderne a besoin de plus en plus de main d’oeuvre motivée, formée à des taches complexes, ce qui n’est pas le cas des esclaves.
Autre avantage, les travailleurs étant associés étroitement au fonctionnement du capitalisme, ils sont intéressés à sa continuation et à sa survie.
Et puis, les salariés et autres travailleurs se considèrent comme libres, plus ou moins considérés, ils ont donc moins de chance de se révolter que les esclaves.

Travailleurs, employés et salariés coûtent moins cher que des esclaves et présentent de nombreux avantages
Le salariat et autres formes de travail sont bien plus avantageuses pour l’Economie que l’esclavage

- Les travailleurs libres coûtent moins cher que les esclaves - « Du point de vue économique — que je n’omettrai pas — l’esclavage présente quelques difficultés. En règle générale, il faut admettre, j’en conviens, que les travailleurs libres coûtent moins cher que les esclaves »
- Extraits :
D’où cette remarque de Tolstoï (L’Esclavage de notre temps, 1900) :

L’abolition du servage et l’affranchissement des noirs marquèrent seulement la disparition d’une ancienne forme vieillie et inutile de l’esclavage, et l’avènement immédiat d’une forme nouvelle plus solide, plus générale et plus oppressive.

Ou ce mot du baron de Bessner, alors administrateur de Cayenne (1768) :

Des travailleurs libres, mieux entretenus et mieux traités que des esclaves, seraient plus dispos, plus vigoureux. Ils joindraient à la force mécanique l’intelligence et la bonne volonté qui manquent à la plupart des esclaves.

Ou ce commentaire d’Adam Smith (La Richesse des nations, 1776) :
L’expérience de toutes les époques et de toutes les nations montre donc, me semble-t-il, que l’ouvrage fait par des hommes libres revient en définitive moins cher que celui exécuté par des esclaves.

(...)
La privatisation (l’accaparement) antidémocratique de la terre, par des organisations ou des particuliers n’ayant jamais eu la moindre légitimité pour ce faire, est une (voire, la) condition essentielle de l’asservissement et de l’exploitation des êtres humains par d’autres. Avec, bien sûr, la capacité d’imposer et de faire respecter cette privatisation, cet accaparement, au moyen de la violence (d’où les forces de l’ordre, les polices). Aujourd’hui comme hier, si nous sommes tous contraints de nous vendre sur le prétendu « marché » du travail, c’est parce que nous n’avons aucun moyen d’avoir accès à la terre. Dans diverses régions du monde, nombre d’esclaves ont d’ailleurs réalisé, lors de l’abolition de l’esclavage, qu’ils n’avaient d’autre choix, ne possédant aucune terre et aucun moyen d’en acquérir, que de vendre leur « force de travail » à leur ancien « maître » (devenu « patron »). Cependant, désormais, propagande institutionnelle aidant (endoctrinement scolaire, médiatique, etc.), les esclaves modernes (« hommes libres ») se croient « libres » pour la seule raison qu’on leur assure qu’ils le sont — cela dit, beaucoup ont conscience de ne pas l’être vraiment.
(...)

Continuons à fond le capitalisme, c’est tellement beau et altruiste !

La fin de l’esclavage n’est pas seulement due à des motivations humanistes, mais aussi, surtout ?, à de basiques intérêts de rentabilité économique.

C’est tellement beau l’économie de marché, le capitalisme, le libéralisme, c’est tellement moderne et humain, et ça respecte tellement le vivant et le climat !
Continuons donc comme ça jusqu’au bout du bout, améliorons et modernisons le capitalisme pour que son "esclavage" et ses destructions durent le plus longtemps possible.
Contentons-nous de réclamer gentiment des emplois au Capital et à l’Etat, exigeons des hausses de salaires et du pouvoir d’achat pour qu’on soit contents avec ça, qu’on ne se rebelle pas davantage, qu’on continue le même système ravageur en touchant des pourcentages de participations actionnariales aux entreprises et à leurs bénéfices arrachés à la biosphère grâce au travail, à l’exploitation et à la technologie.

P.-S.

l’esclavage avilit l’homme jusqu’à s’en faire aimer ; que la liberté n’est précieuse qu’aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement

« Il apparaît assez clairement que l’humanité contemporaine tend un peu partout à une forme totalitaire d’organisation sociale, pour employer le terme que les nationaux-socialistes ont mis à la mode, c’est-à-dire à un régime où le pouvoir d’État déciderait souverainement dans tous les domaines, même et surtout dans le domaine de la pensée. […] Cette évolution ne fera que donner au désordre une forme bureaucratique, et accroître encore l’incohérence, le gaspillage, la misère. […]

La vérité, c’est que, selon une formule célèbre, l’esclavage avilit l’homme jusqu’à s’en faire aimer ; que la liberté n’est précieuse qu’aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement ; et qu’un régime entièrement inhumain, comme est le nôtre, loin de forger des êtres capables d’édifier une société humaine, modèle à son image tous ceux qui lui sont soumis, aussi bien opprimés qu’oppresseurs. […]

La société actuelle ne fournit pas d’autres moyens d’action que des machines à écraser l’humanité ; quelles que puissent être les intentions de ceux qui les prennent en main, ces machines écrasent et écraseront aussi longtemps qu’elles existeront.

Avec les bagnes industriels que constituent les grandes usines, on ne peut fabriquer que des esclaves, et non pas des travailleurs libres... Avec des canons, des avions, des bombes, on peut répandre la mort, la terreur, l’oppression, mais non pas la vie et la liberté. Avec les masques à gaz, les abris, les alertes, on peut forger de misérables troupeaux d’êtres affolés, prêts à céder aux terreurs les plus insensées et à accueillir avec reconnaissance les plus humiliantes tyrannies, mais non pas des citoyens. Avec la grande presse et la T.S.F., on peut faire avaler par tout un peuple, en même temps que le petit déjeuner ou le repas du soir, des opinions toutes faites et par là même absurdes, car même des vues raisonnables se déforment et deviennent fausses dans l’esprit qui les reçoit sans réflexion ; mais on ne peut avec ces choses susciter même un éclair de pensée. […]

L’unique possibilité de salut consisterait dans une coopération méthodique de tous, puissants et faibles, en vue d’une décentralisation progressive de la vie sociale ; mais l’absurdité d’une telle idée saute immédiatement aux yeux. Une telle coopération ne peut pas s’imaginer même en rêve dans une civilisation qui repose sur la rivalité, sur la lutte, sur la guerre. [...] Que peuvent peser les souhaits et les vœux de ceux qui ne sont pas aux postes de commande, alors que, réduits à l’impuissance la plus tragique, ils sont les simples jouets de forces aveugles et brutales ? Quant à ceux qui possèdent un pouvoir économique ou politique, harcelés qu’ils sont d’une manière continuelle par les ambitions rivales et les puissances hostiles, ils ne peuvent travailler à affaiblir leur propre pouvoir sans se condamner presque à coup sûr à en être dépossédés. […] Dans une pareille situation, que peuvent faire ceux qui s’obstinent encore, envers et contre tout, à respecter la dignité humaine en eux-mêmes et chez autrui ? Rien, sinon s’efforcer de mettre un peu de jeu dans les rouages de la machine qui nous broie ; saisir toutes les occasions de réveiller un peu la pensée partout où ils le peuvent ; favoriser tout ce qui est susceptible, dans le domaine de la politique, de l’économie ou de la technique, de laisser çà et là à l’individu une certaine liberté de mouvements à l’intérieur des liens dont l’entoure l’organisation sociale. [...] Dans l’ensemble, la situation où nous sommes est assez semblable à celle de voyageurs tout à fait ignorants qui se trouveraient dans une automobile lancée à toute vitesse et sans conducteur à travers un pays accidenté. Quand se produira la cassure après laquelle il pourra être question de chercher à construire quelque chose de nouveau ? C’est peut-être une affaire de quelques dizaines d’années... Aucune donnée ne permet de déterminer un délai probable. »

Simone Weil, Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale (1934).


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