Témoignage1 :
LE CONTEXTE
Forte mobilisation en Drôme depuis 5 semaines pour exprimer notre désaccord contre le PASS SANITAIRE.
Jamais vu autant de monde en manif sur Valence depuis ma présence dans la région.
Récap des 3 derniers rdv sur Valence selon nos ressentis.
le Samedi 31 Juillet manif non déclarée en pref. Plus de 10 000 personnes, forte présence du corp médical, de gilet jaune, très eclectique pour le reste, présence importante de drapeau français, certains avec des croix de Lorraine et autre sigle lié à la résistance, fleur de Lys etc. Très peu de FO.
J’aperçois des visages au front bien dégagés, des corps aux muscles saillants et tatoués de symboles qui ne trompent pas. Je comprends vite que les fas sont dans la place et déterminés à s’approprier le mouvement.
La CNT est présente en tête de cortège avec une 40aine de personnes.
Juste derrière une 40aine de Fa réunis autour d’une banderole (LIBERTÉ UNITÉ REV’OLUTION).
Les tensions sont palpables.
Ils tentent à plusieurs reprises de stopper le cortège afin de nous isoler de la manif sans y parvenir réellement.
Ils disent qu’ils ne souhaitent pas parader avec quelconques syndicats dit de : « collabos ».
Ils tentent de passer devant en empruntant une voie parallèle à la nôtre, mais personne ne les suit.
Ils se retrouvent seuls. Ils reviennent sur notre parcours et passent devant nous.
La CNT pratique alors la même stratégie que la leur : stop le cortège afin d’ isoler les fas.
Par la suite pendant quelques minutes les deux banderoles CNT/FA se retrouvent côte à côte.
Là, j’hallucine et reste coi, du jamais vu...
J’entends plusieurs personnes craindre un affrontement imminent.
A la Mairie, les fas prennent le parvis et tentent de représenter le mouvement devant les médias présents.
La CNT se poste à leur côté pour acter leur présence et ne pas laisser le champ libre.
Beaucoup de gens ne se rendent absolument pas compte que ce groupuscule représente l’extrême droite et chantent à leurs côtés.
Au final se sera la foule chantant en cœur « danser encore » lancé par les occupants du théâtre de Valence puis repris par la sono CNT qui aura eu raison d’eux.
Ils partent sans mot dire et disparaissent du cortège.
Nous voilà plus serein et repartons en sauvage en nombre plus restreint (entre 200 et 350 pers) dans valence et parvenons à déjouer un barrage de bac / GM (trop peu nombreux) pour investir le Pont Mistral et ainsi diffuser nos messages aux nombreux automobilistes autoroutiers et foutre un beau bordel de circulation entre Ardèche et Drôme.
Le 3 Août je reçois un message :
« Mobilisation à Valence ce Samedi ! Nous avons perdu la tête de cortège 3 semaines durant, avec des agressions de plus en plus fréquentes de la part des Fa sur nos camarades, la semaine dernière les camarades ont repri la manif et nous pensons qu’il faut un bloc Anti Fa !! A faire passer à vos contacts susceptible de nous aider. »
Le samedi 7 Août : Cette manif est déclarée en préf par la CNT.
Nous embarquons quelques connaissances avec nous et retrouvons un peu moins de monde entre 5 et 8 000 personnes. Très peu de FO.
Ce coups ci les fas sont en tête de cortège, plus nombreux avec une nouvelle banderole.
(esclave de l’état ou hors la loi pour notre liberté).
Je les sens différemment de la fois dernière.
Ils sont organisés en petit groupe de 3 à 4 personnes, ils observent et photographient.
Ils intimident. Ils sont équipés de manches à drapeau bien solide, gant de moto coqué.
Les copains de la CNT sont un peu moins nombreux avec leur kangou sono et les retrouvons en milieu de cortège.
S’en est suivi un déluge qui nous à trempé jusqu’à la moelle et à sérieusement contribué à faire rentrer au sec les moins déter !
Les fas se sont à nouveau réunis sur le parvis de la Mairie et ont tenté de donner un discours.
Nous avons gueuler bien fort afin de nuire à leur speech.
Un peu attérés par la tournure des choses nous continuons en direction de la préf, nous ne sommes plus que quelques centaines de personnes sous une bruine pénétrante.
La CNT s’apprête à repartir avec leur voiture, 3 fa (dont 1 équipé de gants coqués et bâton télescopique de marche avec une belle pointe) les suivent, nous nous rapprochons (à visages découvert) pour ne pas les laisser seuls, ils intimident et se retrouvent contraint de lâcher l’affaire.
Un type de la CNT sous une bonne dose d’adrénaline, est alors sorti, gazeuse dans une main et micro dans l’autre et à lancé un appel au secours aux derniers manifestants en dénonçant les pratiques désormais courantes de ses nazillons lors de ce dernier mois.
Son discours était très maladroit et n’a fait (à mon sens) qu’attiser la haine des fas envers les « gauchos ».
Une fois la CNT exfiltré, nous sommes partis avec la sensation que la tension était montée d’un cran et que nous étions sur une pente dangereusement glissante.
Samedi 14 Août :
Manif non déclarée.entre 5 et 7000personnes. 6/7 Cars de GM.
Nous arrivons à 8 personnes, mais n’avions pas organisé correctement nos covoits.
Nous ne sommes donc ni arrivés au même endroit, ni en même temps.
Nous étions 2 à arriver alors que le cortège était déjà lancé.
On a pour habitude de remonter jusqu’en tête de cortège afin de prendre la T° et repérer qui se trouve à quel endroit.
Je repère des fas en mode vigie de chaque côté du cortège tous les 10/30 mètres tel à la main.
Ils filment ou photographient.
Les pompiers sont en têtes de cortège, pas de syndicats, pas même de CNT...
Je repère quelques-uns d’entre eux noyés dans la masse sans drapeaux, voire même avec des vêtements différents de ce à quoi j’ai l’habitude de les voir.
Premier arrêt du cortège au carrefour de la fontaine monumentale.
Je me rends compte que les fas chassent, plus précisément ils nous cherchent.
…..Tout seul on va plus vite.
Le temps pour nous de prendre contact avec le reste du groupe et se donner un rdv, sentant que tout ceci n ’annonçait rien de bon.
Une fois réuni, le palpitant un peu soulagé et en tête « ensemble on va plus loin... ».
Nous voilà parti, peu fier de notre désorganisation.
La suite va très vite, le temps de se briefer un peu et de partager nos ressentis, nous sommes en milieu de cortège et sommes entrés dans la rue piétonne.
Nous sentîmes l’étau se resserrer autour de nous. Je constate vite que nous sommes nassés par une vingtaine de fas.
Une discussion prend vie entre l’un d’entre nous et un fa, ça se transforme vite en intimidation verbale « sale pute de gaucho » s’en est suivi quelques gifles, arrive ensuite les crachats en pleine figure.
Trop peu nombreux pour envisager une offensive, nous restons donc sur la défensive.
La nasse se resserre rapidement, les drapeaux s’enroulent autour des manches et se transforment en tonfa.
Les coups pleuvent pendant un instant qu’il m’est impossible de quantifier. Ils disparaissent.
Nous sortons l’hélichryse, passons en revue les blessures.
Rien de vraiment moche, quelques hématomes et pour ma part un bon état de choc.
Nous croisons quelques connaissances et diffusons les faits en imaginant que ce ne sera pas leur dernier passage à tabac.
Nous avons été retrouvé ensuite par quelques antifas de Valence qui, averti de nos déboires nous ont accompagnées et aidées a sortir de la manif.
Au final, une fracture du cubitus pour l’un d’entre nous. 4 à 6 semaines d’immobilisation.
Mon avis :
Après analyse de ce guet-apens, il paraît claire que la consigne était de ne pas nous fracasser la tête. Certains ont vu des coups qui auraient pu être fatals mais qui ont été retenus.
Le but étant de nous inciter à ne pas revenir ou revenir plus violent afin de casser le mouvement de l’intérieur.
Témoignage 2 :
Salut à toi.
Samedi 14 Août. Valence, préfecture de la Drôme. Il est midi passé, nous sommes six à rejoindre deux ami.es déjà dans le cortège de la manifestation contre le pass sanitaire. Il y a plusieurs milliers de participants.
De loin on pourrait presque croire à une manifestation nationaliste. Pléthore de drapeaux bleu blanc rouge et régionaux.
Des fleurs de lys, des croix de Lorraine, certaines avec le V de la Résistance. La résistance aux nazis. A la croix gammée.
Les gens crient Liberté ! Verité !
Le cortège nous rejoint. Nos deux ami.es aussi. Sourire de soulagement sur leurs visages. Ils nous indiquent un groupe de plusieurs personnes qui les suivent depuis le départ. Traquer, c’est le terme plus exact. Qui correspond à ce qu’ils vivent depuis plusieurs dizaine de minutes. C’est le terme qu’ils emploient. Ils ont été filmés aussi. Par une jeune femme dont le look (skingirl) ne laisse aucun doute sur ses choix politiques. L’un des hommes de ce groupe porte un t-shirt noir Virage Sud Lyon. Il a une guillotine tatouée sur le mollet. Un autre a un soleil noir tatoué sur l’avant bras. Entrelacs de croix gammée.
On repère plusieurs groupes d’hommes, lunettes noires pour beaucoup, élément de tenue militaire pour certains, qui vont et viennent le long du cortège. De temps à autre, un homme plus âgé se déplace d’un groupe à l’autre, s’arrête pour échanger deux mots avec un porteur de drapeau régional au milieu du cortège.
On reste groupés.
Nous sommes là parce que l’un d’entre nous, présent à la précédente manifestation, nous a alerté sur la présence de petits groupes, gants coqués, drapeau bleu blanc rouge sur manche de pioche, clairement d’extrême droite. C’est les vacances, nous sommes 8 à nous être déplacés.
Le cortège s’arrête dans une des rues piétonnes. Des rues marchandes serait plus juste. Devant le H&M. Nous sommes rapidement rejoints par un groupe d’une quinzaine de fascistes. Les visages de certains de nos ami.es sont connus. Ils étaient là quinze jours avant et ont fait partie de celles et ceux qui ont chanté Bella Ciao sur les marches de la préfecture. De celles et ceux qui ont empêché les fascistes par leur présence plus nombreuse de prendre la tête du cortège.
Le plus grand du groupe, celui au t-shirt de hooligan lyonnais s’approche de nous. Son souffle est court et haut, il est saturé d’adrénaline. Ou d’autre chose. Ses acolytes sont derrière et autour. Le mur du grand magasin est derrière nous.
Nous sommes en plein milieu du cortège, entouré de gens qui crient Vérité ! Liberté !
Il commence par quelques agressions verbales au sujet du t-shirt de l’un d’entre nous. 1312. Lui même porte quelques inscriptions de ce type sur son t-shirt de hooligan fasciste. Il insulte une amie. Sale pute gauchiste. Puis des crachats. Et tous s’y mettent : coups de ceinturon, coups de poing, coups de pieds, coups de bâton. Ceux sur lesquels sont montés les drapeaux bleu blanc rouge.
Un autre dans élan de bravoure lance un coup de pied dans le vide, retranché derrière la ligne formée par les plus balèzes. Coup de pied qui finit dans un poteau en métal. Un autre encore plus téméraire frappe par derrière un ami à la tête. L’un de nous arrête de justesse avec son bras un coup de bâton prévu pour son crâne. Un de nos amis se relève par miracle au moment où un violent coup de pied vise sa tête. La casquette coquée d’un ami vole sous un coup de bâton. Leurs regards sont haineux, je pense à des chiens enfermés. Je pense aussi au regard de ce flic entrevu sous le casque qui nous matraquait les mains et les bras à la COP 21. Regard de peur et de haine.
Ça a duré à peine une minute. Un vide dans la manifestation s’est crée tout autour de nous. Le cortège repart et les fascistes s’éloignent rapidement vers la tête du cortège. On fait le bilan. De la peur. Des bosses. L’ami a le bras qui enfle. Le soir même à l’hôpital il se fera plâtrer. Fracture du cubitus. Il est boulanger. Il ne pourra pas faire son pain pendant 6 semaines.
Quelques personnes viennent nous voir. Des gens d’une soixantaine d’années. Ils nous enjoignent de rester avec eux. De ne pas répondre à la violence. Ils ont l’air sympathiques.
L’un d’entre nous prend la parole et s’adresse aux manifestants autour. Que nous venons toutes et tous d’être témoins de ce qu’est l’extrême droite, de ce qu’elle fait.
On entend fuser : « Ah oui et toi ? T’es quoi ? ». Et encore : « On sait bien que c’est l’extrême gauche la plus violente ! ».
Plus tard il entendra une dame âgée remarquer à voix haute que la présence d’autant de drapeaux bleu blanc rouge la dérange. Que c’est trop nationaliste.
Toujours guettés par de petits groupes de fascistes qui ne cessent d’aller et venir autour du cortège, on décide de quitter la manifestation avant la fin. On profite d’un moment de répit pour sortir. Nous sommes accompagnés par un petit groupe de trois ou quatre antifa locaux. Ils nous expliquent que c’est les vacances, les autres ne sont pas là. On les quitte en se souhaitant mutuellement de faire attention. Ainsi qu’aux trois personnes de la CNT locale qui étaient présentes dans la manifestation.
On se retrouve plus tard ailleurs pour boire un verre dans un café qui ne nous demande aucun pass sanitaire. On est toutes et tous choqués, on s’enquiert tous.tes de savoir comment chacun.es va. On fait même quelques blagues.
On se retrouvera dans quelques jours pour la suite.
D’aucuns diront que nous sommes allés au carton.
D’autres diront qu’il fallait être là.
Personnellement et au-delà de cette agression fasciste, au-delà du vide intersidéral des forces de gauche pour cause de mois d’Août, je n’ai pas eu la sensation d’être en pays ami à Valence dans cette manifestation.
Comme le soulignent certaines personnes dans des tribunes ici et là, reste à se poser la question d’une revendication uniquement centrée sur le vaccin et le pass sanitaire, désolidarisée de toute autre question de justice sociale et environnementale.
Reste à se poser la question de savoir si l’ensemble hétéroclite de manifestants présents ne souhaite pas tout simplement rentrer chez eux une fois le pass sanitaire retiré et reprendre le cours normal des choses.
Reste à se poser la question de la pertinence de notre présence dans ces manifestations, au-delà du combat contre l’extrême droite.
Reste à se poser la question de savoir si j’en ai quelque chose à foutre de pouvoir retourner au restau, au bar, prendre l’avion, aller poser mes fesses dans un cinéma payant ou au théâtre, ou consommer dans un centre commercial de plus de 20 000 m².
Et en tirer toutes les conséquences.
Je plains celles et ceux qui ont une vision si peu créative de la vie.
Reste à se poser la question de savoir si ce pass sanitaire, en rendant illégal tout ce qui fait la vie, à savoir se retrouver où l’on veut, avec qui on en veut, quand on veut, pour faire ce qu’on veut, n’est pas la plus grande chance qui nous est donné de changer les choses, de créer autre chose.
Témoignage 3 :
Jeudi 12 août ,
Je reçois un message d’une amie sur mon téléphone .
Elle lance un appel pour la manifestation à Valence le samedi 14 août à 12h afin de dénoncer la restriction de nos libertés dans le cadre du pass sanitaire.
Elle ajoute aussi qu’il faut être présent dans la rue pour faire barrage à des groupes de personnes d’extrême droite qui défilent en tête de cortège .
Je suis les manifestations depuis le début de l’instauration du pass sanitaire . Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue durant le mois de juillet et ce début août afin de crier leur mécontentement. Dans les images et vidéos que l’on peut voir ici et là, il est quelque chose qui saute au yeux. Un nombre important de drapeaux Français avec différents sigles au centre. Il est clair que le mouvement est largement récupéré par l’extrême droite avec philippot en principal acteur médiatique sur Paris.
Un thérapeute dans mon village nous confie même que les manifestations de philippot sont irréprochables et dénuées de tout débordement.
Bref, je ne suis pas un militant de la première heure, ni un activiste forcené , je ne suis ni de gauche, ni de droite car j’ai un profond dégoût de la politique mais quelque chose est sûr, je ne peux pas encadrer les mouvements identitaires .
Je suis abasourdi par la dérive autoritaire du pays dans cette crise sanitaire et c’est pour toutes ces raisons que je me décide à aller manifester.
Samedi 14 août,
Rendez vous est pris avec 3 personnes afin de covoiturer sur valence.
Il est 11h00 et on est un peu en retard pour le départ de la manif prévue à midi.
Dans la voiture ça discute pas mal, et j’apprends comment se sont déroulées les manifestations précédentes. Des groupes de plusieurs personnes clairement d’extrême droite essayent et réussissent à prendre la tête du cortège. Des affrontements sont à craindre au vu de la montée en organisation de ces groupes. Je tombe un peu des nu mais n’arrive pas trop à y croire.
On arrive à Valence , on se gare et on se dirige à quatre vers le cortège.
Deux amis sont déjà présents .
Un coup de téléphone, des indications et on se retrouve. Ils ont l’air heureux et soulagés de nous retrouver. Ils nous expliquent qu’ils viennent d’être pris en photos et/ou filmés par des fachos et qu’ils en dénombrent un paquet. Ils nous indiquent leur présence sur le trottoir à droite du cortège .
On décide de démarrer mais l’ambiance est tendue. Beaucoup de drapeaux français avec la croix de Lorraine , la croix de civitas et autres.
5mn s’écoulent et le cortège s’arrête dans une rue piétonne.
On est à l’arrêt. Un ami se fait interpeller par un homme à sa droite concernant les inscriptions sur son tee-shirt.
Cette personne n’est pas seule. Ils sont une dizaine .
Non contents des échanges verbaux et cherchant à nous mettre une étiquette d’extrême gauche la situation dégénère.
Une copine essaye de calmer l’ambiance mais elle reçoit un coup violent sur la main. Des crachats nous sont envoyés et un ami en ayant reçus s’essuie sur l’un d’eux.
La situation est hors de contrôle, les coups pleuvent. En face de nous il y a maintenant une quinzaine de personnes.
Les yeux remplis de haine , ils se mettent en garde et en ligne. Nous sommes acculés. Ils ont des drapeaux français posés sur des manches de pioche, des gants coqués et s’en servent allègrement. Un ami reçoit un coup à la tête, un deuxième aussi. Pour ma part je ne suis pas un bagarreur et je ne m’étais pas préparé à ce genre de situation. Je suis proche de mon groupe mais perdu dans cette violence. Je ne perds pas de vue ce qui se passe .
A ce moment , je ne sais pas pour quelle raison, je me retourne et aperçois un homme , la trentaine avec lunettes et casquette , prendre tout son élan avec son drapeau enroulé autour de son manche dans l’intention claire de m’asséner un coup violent sur la tête. J’ai le réflexe de partir en arrière mais mon bras gauche est à la traîne. Je reçois un coup d’une extrême violence au dessus du poignet.
Un U se dessine sur mon bras et une douleur vive se fait ressentir.
Je me mets à l’écart et le temps de me retourner, c’est déjà terminé.
Nos assaillants se dirigent vers le devant du cortège et nous sommes sur le choc.
Les autres manifestants , à part deux ou trois, n’ont pas bronché. Accrochés à leur téléphone portable , ils filment dans l’espoir peut être d’avoir quelques likes sur leur réseau social.
Tous le monde est là. Personne n’est salement abîmé mais on lit la peur sur les visages.
On ne peut pas rester là . On avance . On ne sait pas quoi faire mais on avance.
On est maintenant à l’affût de tout et ce que l’on découvre est stupéfiant.
En dehors de ce groupe qui nous a attaqué, on dénombre plusieurs personnes faisant la vigi sur les latérales du cortège. Des personnes plus âgées donnent des ordres à d’autres . Il y en a partout.
C’est évident que nous sommes leurs proies et ils s’organisent dans l’espoir certainement d’une deuxième confrontation .
On ne peut pas attendre ce moment, il est temps de partir.
On arrive à s’exfiltrer et on reprend à vive allure la direction de nos véhicules.
Rendez vous est pris à quelques kilomètres , dans un bistrot, afin de revenir sur ce que l’on a vécu.
Fort heureusement , celui ci nous accueille sans pass sanitaire et on peut enfin se poser.
Retour à nos contrées . Chacun rentre chez soi.
Je décide d’aller aux urgences car la douleur est trop vive. Deux heures s’écoulent et le diagnostic tombe.
Fracture du cubitus, un plâtre et six semaines de congés forcés.
L’heure est au bilan.
Le choc est palpable et le traumatisme évident.
Que s’est il passé , qui sont ces gens, quelles sont leurs motivations ?
Beaucoup de questions et des débuts de réponses.
Nous n’étions pas dans un cortège amical.
Est ce que tous ces milliers de personnes défilaient contre le pass sanitaire et par extension à la dérive autoritaire de nos gouvernants ? Je ne suis pas sûr. Il y avait effectivement une grosse majorité de familles, soignants, pompiers avec des vraies revendications.
Mais qui sont tous les autres ? Des identitaires, des nationalistes , des conservateurs , des intégristes catholiques et je ne sais quoi encore.
La rue est à eux on dirait bien.
Où était la gauche ? En vacances peut être.
Même la police est aux abonnés absents. Et ça me coûte de dire ça.
Nous sommes plus nombreux que ces illuminés. Leur cerveau atrophié ne sert qu’à faire fonctionner leurs membres dans le but de se battre. Nous avons l’avantage de pouvoir nous organiser de manière intelligente et en nombre pour repousser ces gens afin que la rue soit un terrain d’expression libre et universelle .
Ne laissons pas ces gens aux idées arrêtées prendre le dessus. Reprenons nos vies en mains.
Témoignage 4 :
Nous sommes un couple et deux amis qui descendons à Valence pour la manifestation contre le Pass sanitaire et contre toutes les lois liberticides actuelles.
Etant venu le samedi précédent (07/08) j’explique aux amies l’ambiance de la manifestation (trop de drapeaux Nationalistes, Gaullistes, Royalistes, Civitas...
Et des groupes de3/4 personnes avec des gants coqués, des manches de pioches pour tenir les drapeaux et des tatouages clairement nazis (soleil noir= ensemble de croix gammés formant un soleil, aigle d’une division SS...).
Une fois que tous le monde est au courant, nous rejoignons quand même la manifestation.
Nous retrouvons un couple d’amies, heureux de nous retrouvées car ils se sentent très isolées.
Un groupe d’une petite vingtaine de nazis, Fachos n’arrêtent pas de les regarder, de les montrer du doigts (sûrement reconnu d’une précédente manifestation).
Nous marchons une dizaine de mètres, et apercevons un autre couple d’amies, on les met au courant du fameux groupes d’énervées.
Il aura fallut 10 min de marche et 50 mètres parcourru, pour que le plus grand des cons vienne me voir et me demande qui je suis pour avoir un tee-shirt 1.3.1.2.
Je ne me démonte pas, et j’assume d’être antiflics. Il essaye de me coller une étiquette (comme pas mal de personnes dans ce mouvement) en me montrant son tee-shirt de Hooligan « Virage Sud Lyon ».
Ils sont au moins 10 sur ma droite, et mes amies sur la gauche.
Deux amies essayent de calmer le hooligan. Un reçoit un crachat et l’autre un coup de poing sur la main.
Et c’est là où ils se lâchent,l’ami devant se prend un coup sur le front, moi un coup de poing au visage par derrière, les coups de bâtons pleuvent, un ami reçoit un coup de pied au visage, tout ceci en moins de 3minutes et sans aucune riposte.
On arrive a prendre du recul et les facho partent vers l’avant de la manifestation.
Un groupe de 5/6 personnes nous rejoignent pour nous épauler au cas où ils reviendraient.
Effectivement, on les revoit 15 minutes après par groupes de 4 de part en part du cortège, devant ,derrière, sur les côtés.
Nous finissons par nous mettre d’accord et nous quittons la manifestation, car si il y a une nouvelle charge nous ne faisons pas le poids.
Ce fût la manif la plus courte, intense et violente que j’ai vécu à Valence.
Nos blessures : un bras dans le plâtre+ des bleus+ des ecchymoses + de la peur+ une sacrée haine...
Nous devons nous opposer à cet État qui véhicule des idées d’extrême droite au quotidien, dans les médias, qui lâche sa police contre des infirmières et infirmiers, qui stigmatise les personnes des quartiers populaires, qui accepte des milices fascistes à ses frontières et dans les rues, qui renforce la surveillance de plus en plus sur la population, qui abandonne l’un de ses principes la fraternité pour accueillir les personnes et qui militarise de plus en plus ses frontières pour fermer un peu plus les cerveaux.
No pasaran !!!
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