Subsistance contre capitalisme industriel et patriarcal - livre

Avec une perspective de sociétés soutenables et désirables

samedi 4 mars 2023, par Lili souris de bibliothèque.

Un livre important pour bien comprendre la différence et l’opposition entre la perspective de la subsistance qui porte la possibilité de sociétés vivables et l’hégémonie du capitalisme industriel et patriarcal qui apporte partout la destruction et la brutalité.

Subsistance contre capitalisme industriel et patriarcal - livre

- [Subsistance contre capitalisme industriel, avec Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen (par Lila)->https://www.partage-le.com/2023/02/11/subsistance-contre-capitalisme-industriel-avec-maria-mies-et-veronika-bennholdt-thomsen-par-lila/
 
La Subsistance, Une perspective écoféministe est le résultat d’un travail de recherche mené pendant plus de 20 ans par Maria Mies et Veronika Bennholdt-Thomsen, commencé dans les années 70. Ayant toutes deux participé à la nouvelle vague du mouvement de libération des femmes, en particulier dans les pays du Sud, elles proposent une critique radicale du système patriarcal-capitaliste hégémonique. Loin d’être la réalisation sur Terre d’un Progrès universel pour tous, une nécessité dans le développement de l’histoire de l’humanité — prétention dont il tire sa justification —, les autrices montrent au contraire que celui-ci est par essence, dès ses débuts, idéologiquement comme matériellement, un système de prédation impérialiste, d’oppressions, de vols, de viols et de destructions. En outre, le système patriarcal-capitaliste s’efforce systématiquement d’effacer les réalités matérielles dont il dépend, de leur dénier toute forme de valeur autre que celle qu’elles peuvent avoir pour lui, et de se présenter, en invoquant un développement technologique supposément neutre, comme l’unique solution aux destructions qu’il cause. Ainsi, dans le langage du capitalisme patriarcal mondialisé, la prédation meurtrière continue sur ce que l’on nommait alors « tiers-monde » constitue une « aide au développement », et la guerre menée contre la quasi-totalité des formes de vie sur Terre une « valorisation des ressources naturelles », une simple étape dans le paradigme de la croissance infinie.

Les premières victimes humaines de ce système ne sont pas, comme le pense l’analyse marxiste classique, les mâles salariés inscrits dans l’économie forcément pyramidale du capital, mais les femmes, réduites à des objets d’exploitation sexuelle et à des mères pondeuses. Car le capitalisme est une idéologie masculiniste qui méprise les femmes et propage la haine de leur corps. Cette idéologie ne conçoit l’économie que comme la production de marchandises, et le travail que comme le travail salarié, dont le modèle typique est celui d’un emploi masculin dans l’industrie. « Le travailleur qualifié, représentation dominante du travailleur salarié, est un homme. En même temps, le travailleur qualifié ou ‘salarié typique’ est censé être celui qui pourvoit aux besoins de la famille, avec son salaire qui nourrit la famille et apporte le soutien financier nécessaire à son épouse au foyer. Pourtant, il est impossible d’imaginer un salarié sans une femme au foyer, son existence matérielle est inconcevable sans elle, de même que la simple possibilité qu’il existe (parce que la marchandise qu’il vend, à savoir sa force de travail, doit d’abord être produite et cela ne se pense pas dans le domaine de la production des marchandises). »

Le travail des femmes, et notamment des mères, qui assure les besoins immédiats de la vie quotidienne, de l’alimentation au soin aux enfants et aux personnes âgées, en passant par la reproduction, est pensé comme naturel, spontané : il est gratuit. Il ne produit pas de valeur économique, il n’est donc pas intégré au système économique-monde comme un travail véritable. Pourtant, ce travail de subsistance (qui est principalement effectué par des femmes) représente la base essentielle de l’intégration de n’importe quelle économie au marché mondial capitaliste. Sans lui, le capitalisme ne pourrait pas perdurer.
(...)
l’essence même du capitalisme est la conquête et l’annexion par la force des sociétés et des milieux non capitalistes, nécessaires pour mettre en branle et maintenir la reproduction du capital, et la « croissance infinie ».
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La Subsistance, une perspective écoféministe propose une alternative à ce modèle, en liant ensemble les questions féministes, écologistes et économistes. Qu’est-ce exactement que la subsistance ? C’est d’abord tout ce qui est en lien avec la création et la préservation de la vie, l’autoconsommation, comme le jardinage, les tâche ménagères, toute production dans les champs, dans des ateliers, tout ce qui n’est pas organisé de manière marchande. Toutes les activités qui contribuent à fournir ce qui est nécessaire à la vie quotidienne sont des activités de subsistance. Pour les autrices, ce terme exprime aussi une autre manière de penser la vie sociale : la liberté, le bonheur, l’autodétermination dans les limites de la nécessité, dans ce monde et non pas dans un autre ; la persistance, la vigueur, la volonté de résister, la vision par le bas, un monde d’abondance pour tous. La notion de subsistance exprime aussi la continuité entre l’humain et la nature, entre la nature et l’histoire. Dans la perspective de la subsistance, notre dépendance au domaine de la nécessité n’est pas considérée comme un malheur et une limitation, mais comme une bonne chose et une condition préalable au bonheur et à la liberté.
Cette notion, enfin, traduit une division au sein de l’humanité. Pour les hommes et les femmes qui dépendent de la guerre contre la subsistance, elle représente l’arriération, les corvées (dans le système de valeur du capitalisme patriarcal, les paysans sont perçus comme de méprisables bouseux, par exemple) et la pauvreté ; tandis que pour les victimes de cette guerre, elle représente la sécurité, la vie bonne, l’autonomie, l’autodétermination, la préservation des moyens d’existence, la diversité culturelle et biologique.
(...)
Tout cela s’avère davantage d’actualité aujourd’hui qu’au moment de l’écriture, car la tendance générale, dans le monde, est celle d’une détérioration des conditions permettant l’autonomie. Le nombre d’agriculteurs, dans un pays comme la France, diminue comme peau de chagrin, tandis que les monopoles sur les ressources planétaires croissent, de mêmes que les pollutions.
Les sociétés basées sur un modèle de subsistance sont compatibles avec la préservation de la vie sur Terre, contrairement au système patriarcal capitaliste planétaire. Le second se nourrit des premières qui, seules, peuvent être égalitaires. Les premières sont appauvries dans le meilleur des cas, ou tout bonnement mises à mort, par le second.
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