Silencieuse, la classe moyenne éduquée reste complice des fanatiques libéraux au pouvoir

Comment s’expliquer l’indifférence de la classe éduquée aux violences policières et au régime autoritaire ?

lundi 10 février 2020, par Camille Pierrette.

Cet article du magazine Frustration essaie de comprendre le manque de réactions de résistance et de protestations fortes des classes éduquées face aux violences policières, et leur acceptation des restrictions croissantes aux libertés publiques.
Suivront quelques remarques persos adressées aux membres passifs de ces classes plus ou moins aisées.

- Indifférence de la classe éduquée face à la montée de l’autoritarisme en France - Comment s’expliquer l’incroyable indifférence de la classe éduquée face aux violences policières, l’acceptation des restrictions croissantes aux libertés publiques ? Plus on est éduqué, moins on doute des médias, nous dit Chomsky ; voilà un premier élément de réponse. D’autres explications résident dans l’incapacité de la classe éduquée de se penser comme une classe, dans sa fascination pour les dominants dont elle partage les attributs culturels, dans la propagande bien rôdée dont elle est la cible, dans l’illusion de la fin de l’Histoire. L’article se conclut par une mise en garde adressée à ceux qui manifestent leur colère face aux mutilations et aux violences d’État : ils feraient bien de se méfier ; leurs cris n’alertent pas, ils dérangent.

Extraits :

Peut-être la réponse réside-t-elle dans ce que l’on observe en ce moment : on est tellement peu nombreux à crier notre colère, à alerter, alors même que les réseaux sociaux facilitent l’expression ; dans les manifestations, on est des centaines de milliers, mais on devrait être des millions. Quant aux plus courageux – les gilets jaunes notamment – ils se font battre, embastiller, mutiler et cela dans l’indifférence stupéfiante du plus grand nombre.

Parmi nous, il y a la classe des éduqués, passée par le tamis de l’école, Bac et +, courtisés par le PS-LREM-PR, qui s’identifient aux maîtres, sans en avoir ni le patrimoine, ni le pouvoir, à qui l’on a appris, par martèlement médiatique, à se méfier de toutes les idéologies qui ne sont pas le néolibéralisme, à qui l’on fait gober que la marche du monde s’explique techniquement (économie, management…), que la répartition des richesses est l’effet du travail et du mérite. Cette masse des éduqués (« l’influence des médias est plus importante sur la fraction de la population la plus éduquée » nous apprend Chomsky) n’imagine même pas que le néolibéralisme puisse être une idéologie, elle rejette avec dégoût l’idée qu’elle devrait constituer une classe solidaire sachant faire valoir ses intérêts, alors que la classe qui la domine est, elle, très soudée, très active, très organisée.

Face à ce déferlement de la violence d’État, à cette déconstruction du bien commun, la classe éduquée est, dans son ensemble, dans un déni total de la réalité, déni facilité par le fait que les victimes des violences sont majoritairement des membres de la classe moins éduquée ; cette classe éduquée continue de croire en son poulain, qu’elle pense avoir choisi (et ne se rend toujours pas compte de la facilité avec laquelle on l’a bernée, tant elle continue d’ignorer que la propagande est une technique dont le XXe siècle a fait un outil terriblement efficace), parce qu’il est jeune, parce qu’il est réformateur, parce qu’il va lever les blocages de la France, cette classe éduquée qui a faite sienne la novlangue dont on lui a bourré le crâne, qui a fini par s’approprier l’idée qu’il faut changer, qu’il faut réformer, qu’il y a des corporatismes, des privilégiés parmi les gueux, qui ne comprend rien, qui ne parvient pas à être critique et à voir que la classe dominante, elle, se garde bien de changer, de se réformer, que c’est elle qui a les vrais privilèges et même tous les privilèges !

Le nouveau logo de LREM, la république en Marche

On en est là. Les dominants maximisent leurs profits : à leur place, si l’on était comme eux une classe sociale active et solidaire, on ferait de même. Les plus pauvres vont peut-être voter FN dans leur majorité, mais qui peut les en blâmer ? Ceux qui les méprisent à longueur de journée, ces BFM, TF1, LCI, FT, France Info, France Inter, Le Monde, Le Point, l’Express, ces faux experts, ces communicants omniprésents ? Ces médias qui invitent depuis des lustres le FN à tours de plateau, qui légitiment l’horreur raciste, bornée, méchante, et qui opposent la pondération du FN à l’effervescence de Mélenchon ?

Alors qui porte la plus lourde responsabilité dans ce désastre ? Les puissants défendent leurs intérêts, les médias sont aux ordres, les pauvres sont dirigés vers le FN. Il semble bien alors que ce soit la majorité des éduqués, avec leur mépris pour les pauvres, leur macronisme de droite ou de gauche, PS, Modem, UMP, leur indifférence, leur cécité, leur absence de sens critique, leur aspiration à ressembler aux maîtres qui les méprisent pourtant tellement fort, leur respect des médias qui les manipulent, la novlangue qu’ils dégustent : la “politique responsable”, les “ressources humaines”, les “on ne peut pas accueillir toute la misère du monde” – comme si le monde s’arrêtait à notre frontière – , la “valeur travail”, l’assimilation des mots “libre” et “néolibéral” ancrée dans les cervelles à coups de mots clefs et de campagnes de com.

le modèle privé de management qui serait le plus performant et qu’on applique au forceps à l’État, à l’Éducation Nationale, aux hôpitaux, avec les désastres humains que cela crée et sans jamais percevoir que le modèle privé, lui, n’aspire qu’à ressembler à l’administration (l’accumulation des procédures, la réduction de l’autonomie des gens…) ; la croyance enfin dans les vertus de la compétition, dans le mérite, dans l’économie de marché, alors même que les grands économistes libéraux (Adam Smith…) n’ont jamais et nulle part écrit qu’il fallait abandonner la vie de la cité au marché.

C’est ça qui s’est passé dans les années 30 et dans l’avènement de nombreuses dictatures : c’est cette classe moyenne éduquée, ce centre mou, méprisant la classe en dessous et adorant celle au-dessus, qui a tout laissé faire. Les fanatiques libéraux sont au pouvoir et tout autour de nous. Ceux qui crient leur colère feraient bien de se méfier. Leurs cris n’alertent pas : ils dérangent.

Silencieuse, la classe moyenne éduquée reste complice des fanatiques libéraux au pouvoir
Silence face aux brutalités policières orchestrées par le régime autoritaire macroniste

voir aussi :
- LES GILETS JAUNES ET LA CRISE DEGITIMITÉ DE L’ÉTAT - « Pourquoi les Gilets jaunes ont été si durement touchés par la répression policière et cela, globalement dans l’indifférence ? » (par Temps Critiques)
Après plus d’un an d’actions et de manifestations, on peut se demander pourquoi les Gilets jaunes ont été si durement touchés par la répression policière et cela, globalement dans l’indifférence. Au point d’arriver à une banalisation de cette répression dont le niveau d’intensité interroge tous les « observateurs », tant elle a été disproportionnée par rapport à un soulèvement dépourvu de tout matériel offensif et même défensif et ne cherchant à faire valoir que sa détermination à imposer ses exigences sociales et politiques.

Remarques perso

Les classes éduquées, les classes un peu aisées qui lorgnent vers les classes supérieures, devraient se rendre compte qu’on a qu’une seule planète, et qu’elles ne pourront pas plus aller survivre sur Mars que les pauvres.
Les catastrophes climatiques, écologiques et sociales provoquées par les classes de riches et d’oligarques, par le système capitaliste et la civilisation industrielle, n’épargneront au final personne.
Les plus riches pourront peut-être survivre un peu plus longtemps dans leurs bunkers survivalistes, s’ils échappent aux rebelles, mais ils seront balayés ensuite comme les autres sur une planète étuve (jusqu’à +7° !), un enfer invivable.

Les classes éduquées et les demi-bourgeois subiront les cataclysmes de plein fouet quasiment comme les plus pauvres, et le système ne pourra/voudra pas les protéger longtemps. Qui sait d’ailleurs si ces classes moyennes supérieures ne seront pas attaquées rapidement par les révoltés en quête de "vengeance", les pauvres en quête de nourriture et de moyens de survie. En effet, les classes moyennes et supérieures seront davantage accessibles aux révoltés que les ultra-riches protégés par les murailles d’acier et les milices surarmées.
Injuste ou pas, c’est bien pourtant ce qui risque d’arriver si aucun changement radical vers la justice sociale et écologique n’a lieu très vite.

En conséquence, les classes éduquées, les classes un peu aisées, ont bien plus d’intérêts en commun avec les pauvres qu’avec les ultra-riches.
Pour leur survie, ces classes moyennes plus ou moins aisées devraient donc plutôt s’allier avec tous les révoltés des classes inférieures pour renverser le capitalisme et construire ensemble des sociétés vivables et soutenables pour tous au lieu de s’identifier aux classes des très riches et d’espérer illusoirement avoir une place parmi eux dans leurs enclaves high tech protégées.
Lécher les bottes des tyrans et des oligarques et les défendre ne suffira pas pour qu’ils vous gardent une place auprès d’eux quand les catastrophes se feront plus durement sentir.

Ces remarques valent aussi pour les flics et les militaires non gradés.
En effet, obéir et massacrer les révoltés ne vous garantira pas une place auprès des ultra-riches, vous serez laminés vous aussi par les catastrophes si vous continuez à protéger par la force le système qui les provoque.

Je vous invite à méditer tout ça de près..., et vite car le compte à rebours a commencé.


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