Sécheresse dès l’hiver, désertification en marche : des changements radicaux s’imposent d’urgence

Plus d’un mois sans pluie en France, et le système agro-industriel productiviste veut continuer...

mardi 21 février 2023, par Les Indiens du Futur.

Avec le réchauffement climatique du à la civilisation industrielle (et pas aux « humains », ou aux « activités humaines »), la sécheresse et le manque d’eau s’intensifient.
D’autant plus que les pratiques agro-industrielles, la bétonisation et la destructuration des paysages détruisent les sols, diminuent leur rôle d’éponge, accélèrent le ruissellement et font partir l’eau à la mer. L’eau est pour toujours là, mais mal répartie dans le temps et dans l’espace.
D’autres pratiques et d’autres paysages sont nécessaires d’urgence pour stopper la désertification accélérée provoquée entre autre par une perturbation profonde des cyles de l’eau.
Après les constats accablants, des voies d’amélioration et de bifurcation sont toujours possibles, via des luttes fortes ou d’autres pratiques telles que l’hydrologie régénérative, la culture sur sols vivants, l’arrêt de l’artificialisation des sols...

Sécheresse dès l’hiver, désertification en marche : des changements radicaux s’imposent d’urgence
La catastrophe de la civilisation industrielle continue, sauf si on l’arrête et qu’on fait mieux à la place

🔴 SÉCHERESSE EN FRANCE : LA CATASTROPHE CONTINUE

Plus d’un mois sans pluie en France, c’est par ce constat alarmant que commence l’année 2023.
Un phénomène inédit, et même un triste nouveau record, l’hiver étant généralement marqué par des précipitations importantes.
La “période de recharge” qui se situe généralement entre la mi-septembre et le mois d’avril se retrouve en déficit grave de précipitations.

En clair, on en vient à “espérer” des inondations ou du moins que les rivières débordent pour inverser le processus, d’autant que les sols mettront énormément de temps à absorber l’eau.
C’est la seule condition qui pourrait éviter une situation aussi catastrophique que l’été dernier, voire pire.

Le constat de Serge Zaka, consultant et docteur en agroclimatologie est alarmant :

« C’est comme une bombe à retardement : si les nappes phréatiques ne sont pas rechargées d’ici le mois d’avril, il risque progressivement de ne plus y avoir d’eau du tout et donc des restrictions en été. Il ne reste que quelques semaines pour recharger les nappes. À partir du moment où les bourgeons des végétaux s’ouvrent, l’essentiel de l’eau qui tombe sur le sol va être utilisé par les racines des végétaux. Et donc très peu d’eau va s’infiltrer jusqu’aux nappes phréatiques »
(…) « Il faut qu’il tombe tellement de pluie que toute la France serait inondée. » (source France info).

Météo France est formel : le niveau des nappes, cours et plans d’eau est largement déficitaire depuis août 2021, l’année 2022 a été la plus chaude enregistrée de l’histoire.
Malgré un été pluvieux, en fin d’année 2021, les sols peinaient déjà à se remplir.
Cela fait au moins 14 mois qu’il ne pleut pas suffisamment.

À Arlanc dans le Puy De Dôme, une commune s’est retrouvée sans eau potable, les nappes étant totalement vidées.
En Occitanie, les sols n’ont jamais été aussi secs à cette période selon le climatologue Simon Mittelberger. Dans le Var, la moitié du département est en alerte.
La liste des alertes se multiplient et les régions censées être plus humides ne sont pas épargnées.

Une étude du CNRS parue dans la revue Environnemental Research Letters, compare
les schémas atmosphériques de la période 1836-2021 avec ceux de 2022 et met en lien de causalité : la responsabilité humaine et l’émission de CO2 avec la sécheresse de ces derniers mois. Sa conclusion est claire : le dérèglement dû à l’activité humaine aurait bel et bien une influence.

Pour couronner le tout, une autre étude parue le 10 Janvier dernier par l’université d’Oxford rapporte que la sécheresse et ses conséquences vont toucher 90% de la population d’ici 2100.

Régulatrice naturelle de CO2, la végétation va être fortement impactée.
L’eau douce va manquer en plus d’être polluée, à cela s’ajoute une neige devenue de plus en plus rare, l’ultra bétonisation et une consommation excessive d’eau volée par l’agriculture intensive.

Les pouvoirs publics ne proposent aucune alternative à nos manières de produire, de consommer, pire, ils continuent d’imposer ce cercle vicieux au reste de la planète et continuent d’avancer main dans la main avec les responsables du désastre.

La désertification est en marche, et même si le gouvernement anticipait (ce qui est peu probable) l’écocide qui se prépare cet été, on sait qu’il ne fera rien, et ce, même si de nombreux écosystèmes sont menacés de destruction.

Tout le monde a à y perdre, y compris les agriculteurs prisonniers d’un modèle économique qui accélère ce processus autodestructeur.

Et pourtant nous continuons à produire du maïs biberonné aux pesticides, à retenir l’eau pour alimenter des canons à neige à des altitudes où elle ne tient plus, ou encore à alimenter des mega bassines alors que le Conseil d’Etat vient de confirmer l’interdiction de remplissage de cinq d’entre elles en raison de l’absence d’études sur l’impact de celles-ci.

Qui aurait pu prévoir que nous n’en sommes qu’aux prémices d’une situation désastreuse ?

Nous n’avons pas la prétention de nous attaquer au problème sur une grande échelle, néanmoins, il est temps d’agir.
Le premier rendez-vous physique dans le cadre de la guerre de l’eau auquel nous vous invitons à participer aura lieu le 24-25-26 Mars à Sainte-Soline à l’appel du collectif Bassines-Non merci.

(post de CND)

- Sur Reporterre :

  • Un mois sans pluie : la sécheresse menace déjà l’agriculture - La France manque de pluie depuis trente jours. La situation alerte les climatologues, qui s’inquiètent des conséquences de cette sécheresse hivernale sur la végétation et l’agriculture.
    (...) « Nous en sommes à trente jours sans précipitation significative », alerte Thierry Offre, climatologue à Météo-France. Du jamais vu en cette période. Cela pourrait avoir de lourdes conséquences pour les plantes et l’agriculture.
    (...) Les précipitations enregistrées ces dernières semaines n’ont pas permis de renverser la vapeur. Les conséquences pour l’agriculture et la végétation pourraient être sévères.
    (...) Les cultures plantées au début du printemps et récoltées en automne, comme le maïs, le tournesol et le sorgho, pourraient également souffrir. « Si le semi se fait en condition sèche, on aura des problèmes de germination, puis de croissance. »(’...) Dans les Pyrénées orientales, le manque d’eau a d’ores et déjà commencé à faire des ravages. À Perpignan, l’indice hydrique des sols correspond à celui observé d’ordinaire au mois de juin. À Narbonne et Béziers, des morts végétales ont déjà été constatées, en forêt et dans les vignes. « Alors que la vigne est normalement l’espèce la plus résistante au niveau de l’eau », s’alarme Serge Zaka (...)
  • En Provence, des agriculteurs se préparent au manque d’eau - Dans les Bouches-du-Rhône, la sécheresse sévit déjà. Les agriculteurs réfléchissent à mieux partager l’eau en adaptant l’irrigation.
    (...) Cette année, la pénurie s’annonce pire. D’où l’urgence de débattre des usages et de leur équité.
    Pour Nicolas El Battari, il est important de se poser des questions de fond : qu’est-ce que consommer, gaspiller de l’eau ? « Est-ce, par exemple, ok d’en utiliser pour faire pousser du maïs hybride destiné à l’exportation ? La production alimentaire locale ne devrait-elle pas être prioritaire ? » (...)
  • À Venise, il n’y a plus d’eau et les gondoles s’envasent

Vallée de la Drôme : l’eau de plus en plus en tension : quels changements rapides effectuer ?

- Vallée de la Drôme : l’eau de plus en plus en tension : quels changements rapides effectuer ? - Une étude du SMRD « SAGE Drôme 2050 » remet des questions vitales sur le tapis (sans mesurer complètement l’accélération des désatres)

Discussion sur les méga-bassines, la question de l’eau et l’agriculture : Aouste, 22 février

- En Drôme, à Aouste-sur-Sye, une soirée est justement à l’initiative de "Bassines-Non merci" (et aussi de la Conf et des Soulèvements de la Terre), c’est ce mercredi 22 février à 20h chez Nanard : Mercr. 22 fév. : Présentation publique avec des militant⋅es du mouvement contre les méga-bassines et des Soulèvements de la Terre

Ralentir, Répartir, Infiltrer et Stocker toutes les eaux de pluie et de ruissellement

L’hydrologie régénérative, qui reprend et approfondit/adapte/généralise des pratiques anciennes, pourrait permettre de garder de l’eau dans les paysages, dans les sols, les mares, les nappes et la forêt, de "cultiver l’eau" en quelque sorte. L’hydrologie régénérative s’inscrit dans le cadre conceptuel de la permaculture.

- Une conférence a eu lieu récemment à Eurre : Conférence : Faire face aux sécheresses dans la Vallée – Une approche nouvelle
La salle était pleine, environ 120 personnes.

- Voir aussi : Pour une Hydrologie Régénérative->https://hydrologie-regenerative.fr/]
Ralentir, Répartir, Infiltrer et Stocker toutes les eaux de pluie et de ruissellement,
Densifier sa végétation multifonctionnelle, cultivée ou non
(...)

L’Hydrologie régénérative, inspirations et cas d’études en France et à l’étranger
par [Pour Une Hydrologie Régénérative->https://www.youtube.com/@hydrologieregenerative]
https://www.youtube.com/watch?v=ksTed5-eDYo

Pour la mise en place de pratiques d’hydrologie régénérative à une échelle conséquente provoquant les effets importants dont on a besoin, il faut effectuer des changements profonds très rapidement : la pédagogie, la persuasion et l’exemplarité ne suffiront pas, il faudra aussi des tensions, des conflits des rapports de force et des modifications structurelles au niveau politique, social et économique.
Ca le système industriel, le techno-capitalisme, les lobbies, l’Etat, le productivisme n’ont aucune intention de céder du terrain dans ce sens, si ce n’est à la marge. La civilisation industrielle mise plutôt sur les OGM, les robots, les drones, les usines verticales et l’hydroponie sous UV, une agriculture dite "de précision" qui est juste une adaptation du modèle dominant (tandis que la bétonisation des terres se poursuit malgré tout, exemple à Die), celui qui nous a conduit aux désastres.
Alors qu’au lieu de tout miser sur des "adaptations", on a surtout besoin d’un changement radical et d’une régénération profonde.

Le désastre produit par la civilisation industrielle s’étend partout

- L’appel des Naturalistes des terres - TRIBUNE – « Nous sommes les témoins directs du silence qui progresse. » Les naturalistes qui s’expriment ici, aux premières loges de la guerre menée contre le vivant, sont à la fois en détresse et dans une saine colère. Ils et elles appellent ici à réinventer leur mode d’action et à la mise en place d’une aide aux luttes locales. Voici un appel à s’organiser – et à les rejoindre – pour former de nouvelles alliances contre les extinctions en cours.


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