Salon Tech & bio à Bourg-Lès-Valence : un mélange contre-nature pour faire passer le poison de l’agro-industrie high-tech

L’agriculture techno-industrielle productiviste veut s’imposer aussi dans le bio ?

jeudi 30 décembre 2021, par Big Bug antitech.

Les autorités et les lobbys industriels ont choisi pour l’agriculture de développer tout azimut la robotisation, le big data, la chimie, les biotechnologies...

L’agro-industrie productiviste s’efforce par tous les moyens de justifier et « verdire » ses choix anti-écologiques, les prétextes à la mode sont ainsi utilisés abondamment pour enfumer et tenter de faire passer la pilule : résilience, adaptation au climat déréglé par le système industriel, transition écologique, économie d’énergie...
- En Drôme, le salon Tech&bio a récemment illustré en septembre 2021 ces tendances, en ajoutant du bio, de l’agriculture low-tech et paysanne dans la grande soupe techno-productiviste pour noyer le poison.

- Dans ces événements, toujours commencer par examiner la liste des partenaires, exemple ici :

  • Des institutions d’Etat
  • Plusieurs banques
  • Carrefour
  • GRDF
  • RTE
  • Interbev (lobby de la viande)
  • SEMAE, l’interprofession des semences et plants (loin d’y avoir que du bio)
  • CNIEL, l’interprofession laitière (loin d’y avoir que du bio)
  • Interfel, l’ensemble des métiers de la filière fruits et légumes frais (loin d’y avoir que du bio)
  • Territoire d’énergie (service public des énergies Drôme, bornes de recharge électrique pour véhicules...)
  • French Tech in the Alps (startups)
  • Arvalis : institut du végétal (loin d’y avoir que du bio)
  • ’Intercéréales : organisations professionnelles nationales de la production, de la commercialisation et de la première transformation (loin d’y avoir que du bio)
  • CTIFL, membre de RobAgri (robotique agricole)
  • FNAMS – Fédération Nationale des Agriculteurs Multiplicateurs de Semences (loin d’y avoir que du bio, adhérente FNSEA)
  • L’Institut de l’Elevage (Idele) (recherche génétique)
  • IFIP : applis numériques
  • Institut français de la vigne et du vin (loin d’y avoir que du bio)
  • Le Cluster Bio : des acteurs du bio en Auvergne-Rhône-Alpes, animé par des entreprises et des experts, résolument tourné vers les marchés
  • L’ITAVI : répondre aux attentes des filières avicole, cunicole et piscicole en matière de recherche et développement (loin d’y avoir que du bio)
  • Infologic : gestion informatique et commerciale
  • Infosys : services numériques
  • Isara Lyon : école d’ingénieurs pour le business agrico-industriel mondialisé

Ca donne le ton au delà du verbiage séducteur et des effets de communication...
Du bon gros agro-business conventionnel, national et international, tourné vers le saint libre marché et les hautes technologies, pour qui le bio est un argument de vente, et un secteur supplémentaire de rentabilité.

- Dans les conférences, on trouve par exemple :

  • Les Start-up au service de l’agriculture dans l’écosystème Village by Crédit Agricole
  • Usages du numérique en Agriculture Biologique : une diversité d’outils au service des producteurs, de la communication digitale à la robotique
  • Les opportunités et clés de la réussite de la méthanisation
  • Quelles performances technico économiques et environnementales des systèmes allaitants bio ?
  • Élzéard, le nouveau « compagnon numérique » des maraîchers ou comment faciliter le quotidien et la gestion du production !
  • Quels repères économiques des exploitations apicoles et du marché mondial du miel ?

Ce salon est boosté par les autorités et la chambre d’agriculture, avec sans doute des secteurs liés à la FNSEA.

- Infos sur ce salon Tech & Bio :

Salon Tech & bio à Bourg-Lès-Valence : un mélange contre-nature pour faire passer le poison de l’agro-industrie high-tech
Les élus et autorités adorent se montrer lors d’événements célébrant le « progrès » techno-industriel


- La députée LREM Célia de Lavergne, suppôt acharnée du macronisme, y était, elle a pu placer avec gourmandise le grand mantra de son Macron : « L’INNOVATION » (mais les autres élus ne sont pas en reste) :

🌱🌾🥩🍯🍷🚜 - Nos agriculteurs ont du talent -

Aujourd’hui je me suis rendue au salon agricole international Tech & Bio, à Bourg-lès-Valence.
Aux côtés de Jean-Pierre Royannez - Président de la chambre d’agriculture de la Drôme, Sébastien Windsor - Président des Chambres d’agriculture, Marie-Pierre Mouton - Présidente du Conseil départemental de la Drôme, Elodie Degiovanni - Préfète de la Drôme, Marie-Pierre Monier - Sénatrice de la Drôme, j’ai pu rencontrer les acteurs engagés dans l’innovation en agriculture biologique sur notre territoire.
En tant que rapporteure du titre « Se nourrir » du projet de loi Climat & Résilience, les enjeux liés au monde agricole, à la transition agroécologique et à l’alimentation de tous me sont chers.
(...)

Salon Tech & bio à Bourg-Lès-Valence : un mélange contre-nature pour faire passer le poison de l’agro-industrie high-tech
Les élus, toujours là pour promouvoir la poursuite de la civilisation industrielle

- Dans le même genre, la Drôme a accueilli récemment un "hackathon" :
Hacker le Hackathon du 3-5 décembre en Drôme : compétition d’outils numériques pour une « agriculture » productiviste et robotique - Un modèle désastreux porté par le ministère de l’agriculture, la Chambre d’agriculture de la Drôme et l’agro-industrie

- On trouve sur Reporterre une critique bien venue du high-tech "agricole" et de l’emprise croissante du techno-capitalisme :
Nous, paysans, refusons la colonisation de l’ONU par l’agrobusiness - Réclamé par des multinationales, le Sommet des systèmes alimentaires organisé par l’Organisation des Nations unies désole l’autrice de cette tribune. Elle s’élève contre une « “smart agriculture” fondée sur la robotisation, la chimie, les biotechnologies… » En bref, une « agriculture sans paysans ». (...) Les multinationales tentent depuis longtemps de prendre le contrôle de l’agriculture et de l’alimentation, comme l’attestent leurs efforts pour s’emparer des semences et breveter toutes les ressources génétiques. Ces dernières années, et notamment depuis la crise du Covid, elles se sont rendu compte qu’elles pouvaient utiliser le désarroi de nombreuses populations et la désorganisation des États pour avancer beaucoup plus rapidement dans la mise en place de leur projet. (...)
Réunies au sein du Forum économique mondial, ces multinationales qui lorgnent sur le monde de l’agriculture et de l’alimentation, telles que Bayer, Cargill, ChemChina-Syngenta, Microsoft ou Amazon, œuvrent désormais à une « convergence NBIC », pour nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives.

(...) Au final, cette « smart agriculture », fondée sur la robotisation, le big data, la chimie, les biotech…, serait une agriculture sans paysans.
(...)
Et pourtant, ces mêmes multinationales qui ont développé l’agriculture industrielle, qui ont inondé nos campagnes de produits chimiques nocifs, qui ont développé une production alimentaire basée sur les énergies fossiles, nous disent qu’il faudrait leur laisser les rênes du système alimentaire mondial ?
(...)


Au delà des multinationales et de leurs éventuelles perversités, c’est l’essence du capitalisme de pousser à la concentration, à la compétitivité et à la technologisation, pour maintenir les taux de profits et de valorisation du capital. Des paysans utilisant du low-tech pourraient nourrir le monde avec de bons produits en préservant les terres, mais le techno-capitalisme s’en contrefout car ça ne crée pas assez de valeur, d’argent, de marchandise. Pire, une agriculture paysanne serait trop autonome, donc possiblement rebelle et rétive, donc non souhaitable, à éradiquer pour les Etats et le capitalisme qui veulent des masses soumises et dépendantes pour mieux régner et fourguer leur came.
Ils ne tolèreront de la paysannerie que là où ça n’est pas assez rentable pour le techno-capitalisme, et aussi pour le folklore utile au tourisme "vert" ou des marchés de niche.

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