Le jeudi 12 mai, a eu lieu à Die une réunion d’information sur le projet « Les
sublimes routes du Vercors », dont plusieurs articles sur Ricochets (voir en PS) ont déjà parlé longuement.
Il y avait environ 70 personnes, comme à la réunion d’information du 27 février à la Chapelle-en-Vercors ou du 17 octobre à Saint-Laurent.
Les militants de la FAUP (fédération des amis et usagers du Vercors) ont fait un rappel de l’histoire de leur mouvement et ont ensuite présenté « Les routes sublimes » (cf articles Ricochets en PS et le site très bien documenté de la FAUP). Ils ont cité toutes les associations, mouvements et syndicats associés au refus de ce projet.
Très rapidement, le débat s’est déplacé dans la salle après l’intervention de
quelques élu.es municipaux et du parc du Vercors, défendant le projet au nom : d’une part de la sécurisation de certains lieux déjà surfréquentés et d’autre part de la nécessité du tourisme (30% de l’activité économique en Drôme).
Apparaît alors clairement un clivage entre élu.es qui se voudraient "réalistes" et les citoyens qui refusent ce projet. Mais en dehors des municipalités concernées par le projet même, les environnantes (telle Die par exemple) n’ont pas été mises au courant. Et celles qui soutiennent ce projet le font pour des raisons souvent très locales d’aménagement de leur propre territoire, sans réfléchir à la conception d’ensemble. C’est-à-dire celle qui promeut un tourisme motorisé. Le constat est alors évident de « l’envoûtement », comme il a été dit dans la salle, qui aliène un certain nombre de personnes. Elles sont séduites par l’emballage que ce soit d’un point de vue pragmatique ou/et d’un point de vue fantasmatique (c’est beau, c’est sublime la contemplation des paysages). Mais le rêve devient cauchemar (paroles de la salle) avec l’arrivée prévue, à terme, de 150 000 touristes de plus.
Les « mobilités douces » ne sont que du saupoudrage, comme attractions par
exemple à Combe Laval où seraient loués des véhicules insolites et électriques. La cohabitation vélos, motos, voitures n’est pas du tout pensée et pourrait s’avérer encore plus dangereuse avec le flot de véhicules prévus.
Ce drive-in touristique, de consommation de paysages, est un modèle déjà
largement développé dans le reste de l’Europe, particulièrement en Norvège. Le monde devient un gigantesque parc d’attraction pour les touristes, avec des parcs à thèmes, là en l’occurence des routes à thèmes.
- Réunion d’information à Die : « Les sublimes routes du Vercors »
- Compte rendu et remarques - Rdv le 21 mai au col de la Bataille pour un grand rassemblement
En plus des questions évidentes d’émission de CO2, de consommation de kérosène et de nuisances sonores pour tous, il ne faut pas oublier la part du numérique, elle aussi consommatrice d’énergie. On pourra préparer son séjour avant, qu’on retrouvera sur des bornes interactives avec les fameux QR codes, et en rendre compte après en créant des « roadbook » dédiés aux réseaux sociaux. Le monde merveilleux du marketing et de la dysneylandisation sera lancé sur le Vercors.
Les participants au débat ont fait part, en tout premier lieu, du déni de démocratie autour de la diffusion de ce projet : pas de concertation, pas de réunion publique - sauf celles proposées pas les associations opposées à ce projet.
D’autres questions ont été soulevées. Peut-on aujourd’hui, au regard du
réchauffement climatique, mettre 22,3 millions d’euros dans un projet qui défend la voiture alors que des besoins bien plus pressants apparaissent dans divers domaines, comme l’encouragement pour une autre agriculture ? Ou comment se fait-il que les pistes cyclables demandées par les habitants depuis plus de quinze ans soient considérées comme trop coûteuses à mettre en place (il n’y a pas une seule piste sur le Vercors), qui permettraient pourtant le développement du cyclotourisme.
Une autre proposition a été faite comme celle de développer véritablement le train et organiser, à partir des gares, des navettes qui pourraient autoriser, à terme, d’interdire une partie de la circulation automobile.
La question plus générale du tourisme comme choix de société, comme choix économique a été posée mais n’a pas rencontré d’échos. Elle mériterait sans doute de faire partie d’un débat à part entière : comment, aujourd’hui, on met en scène la nature « préservée » à l’intention des touristes, avec la comédie de l’authenticité et de la pureté ; comment on transforme toute réalité en marchandises en vendant des signes ou des images de paysages « inaccessibles ».
En conclusion, il a été admis que certains travaux de sécurisation étaient sans doute nécessaires, eu égard à la circulation déjà monstrueuse sur le Vercors, surtout en été. Mais que rien ne devait venir encourager plus de circulation carbonée.
Une petite pointe d’humour sur les routes du Vercors qui résisteront avec la neige, les éboulements, les arbres tombés. Mais cela ne suffira pas à décourager les bétonneurs...
Une prochaine action est prévue : un rassemblement le 21 mai à 12 heures au col de la Bataille, avec pic-nic et cerf-volant. Il faut éviter de venir en voiture ou organiser des covoiturages. Un bus partira le matin à 10 heures de La-Chapelle-en-Vercors. Il y aura un départ à pied du Grand Echaillon à 11 heures, de Bouvante-le-haut à 9h30.