Revue Jaggernaut. Crise et critique de la société capitaliste-patriarcale

Des analyses pour en finir avec l’anticapitalisme tronqué et les populismes productifs portés par la gauche

lundi 14 février 2022, par Lili souris de bibliothèque.

J’ai commancé le N°1, c’est souvent ardu mais certains passages et articles sont très éclairants. En tout cas, des ouvrages à lire, arpenter ? et des idées à débattre.

- Lisez et relisez cet article (l’éditorial et la présentation de la revue Jaggernaut n°1), même si certains passages sont un peu ardus, notamment la présentation suivante d’un article de William Loveluck :

L’auteur invite à comprendre pourquoi les mêmes questions et réponses, à peu de différences près, sont formulées de l’extrême gauche à l’extrême droite dans le champ des analyses économiques et à saisir comment le populisme productif transversal s’arme de manière sous-jacente dans une forme de conscience réifiée et fétichisée, parcourant tous les sujets, tout le spectre politique et toutes les classes. La plupart des analyses, de gauche comme de droite, ne saisissent pas les spécificités de l’État moderne et sa consubstantialité à l’économie, mais saisissent de façon non-adéquate ce qu’elles qualifient de « capitalisme financier ». Ces analyses ne permettent pas d’expliquer pourquoi l’État favorise structurellement l’expansion des marchés financiers et brade les composantes de l’État social, et enfin elles ne saisissent pas les causes de la crise de 2008 ni les refontes du capitalisme qui ont suivi. La forme de conscience fétichisée produit une forme d’anticapitalisme transversal (un anticapitalisme tronqué, voire régressif et dangereux), venant « armer » une affirmation du « concret » sous la forme du « peuple productif » face aux « vilains de l’oligarchie financière ». L’auteur, s’appuyant en partie sur les thèses d’Ernst Lohoff et Norbert Trenkle concernant la financiarisation de l’économie, donne à voir une critique et une contre-histoire du capitalisme de ces dernières décennies, à rebrousse-poil de la vision commune qui va de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, avant de montrer comment les interprétations tronquées de cette dynamique du capitalisme, souvent saisie comme une dépossession des plus pauvres par les plus riches sans remise en cause du capitalisme lui-même, viennent alimenter divers populismes économiques qui prennent la forme de souverainisme monétaire, d’euroscepticisme, et ce, parfois en articulation avec des discours politiques particulièrement régressifs, antisémites ou racistes notamment.

- Trois numéros disponibles :

N°1 : « Anticapitalisme tronqué et populisme transversal »

Revue Jaggernaut. Crise et critique de la société capitaliste-patriarcale {JPEG}
N°1 de la revue « Jaggernaut » - Revue Jaggernaut. Crise et critique de la société capitaliste-patriarcale, n°1, 2019 : « Anticapitalisme tronqué et populisme transversal »

Il n’est pas besoin d’être un « anti-système » féroce pour faire admettre à presque chacun que le monde va très mal. Il suffit de lire un journal bourgeois de qualité moyenne pour s’en convaincre chaque jour. Et, de ce point de vue, il ne serait donc pas nécessaire de fonder une nouvelle revue pour diffuser la mauvaise nouvelle.

En revanche, quant à identifier les causes des malheurs en cours, c’est tout autre chose ! Le sujet contemporain se trouve face à une myriade de tentatives d’explication, dont le point commun principal est de ne pas avoir de point commun et de se fragmenter dans une mer d’explications partielles.

Ce qui manque, et qui manque cruellement, c’est la théorie, des efforts cohérents pour comprendre la réalité à travers une théorie. Dans une société habituée depuis longtemps à l’acceptation passive de tous, où les seules forces organisées sont celles qui veulent la poursuite du capitalisme et du spectacle, il est évident que ce que nous devons accomplir aujourd’hui est la critique impitoyable de tout ce qui existe.

Se voulant une passerelle entre les mondes francophone, germanophone et lusophone, Jaggernaut. Crise & critique de la société capitaliste-patriarcale constitue la première revue francophone liée aux courants de la « critique de la valeur » et de la « critique de la valeur-dissociation ». Inspirée par Marx mais sans s’y limiter, elle procède d’une critique radicale du travail et de l’argent, de la marchandise et de la valeur marchande, de l’Etat et du patriarcat, du sujet moderne et des idéologies de crise. Les articles – originaux ou traduits – analysent autant les problèmes théoriques de fond que les formes concrètes de la crise de la société marchande.

N°2 : Crises, champagne et bain de sang… suivi de Contre Lordon

Alors que la compréhension dominante de la crise de l’économie mondiale tourne autour de l’identification de causes de surface, il nous est apparu indispensable de problématiser cette crise et d’insister sur le fait qu’elle n’est pas seulement de surface mais structurelle, pas seulement cyclique, mais finale : non dans le sens d’un écroulement instantané, mais comme fin à petit feu d’un système pluriséculaire. Ce n’est pas la prophétie d’un événement futur, mais le constat d’un processus permanent qui est devenu visible au début des années 1970 et dont les racines remontent à l’origine même du capitalisme et de son fonctionnement. Car si l’on veut penser le caractère de structure de cette crise, la compréhension de celle-ci doit dès lors être comprise en son noyau, au niveau même du rapport social fondamental qui structure la société capitaliste-patriarcale dans son ensemble : une crise de la valeur-dissociation.

Alors que Frédéric Lordon vient de faire paraître récemment un essai remarqué, Vivre sans ?, la revue comprend également un texte du philosophe Benoît Bohy-Bunel qui répond à l’auteur, au travers d’une vaste panorama critique de l’œuvre de Lordon, en pointant notamment les problème que posent son spinozisme et sa critique tronquée du capitalisme.

Les articles de Jaggernaut – originaux ou traduits – analysent autant les problèmes théoriques de fond que les formes concrètes de la crise de la société.

N°3 : Abolissons le travail !

- Abolissons le travail ! Jaggernaut n°3 - Revue Jaggernaut. Crise et critique de la société capitaliste-patriarcale n°3

Non le travail n’est pas une nécessité naturelle, éternelle, qui aurait toujours existé, c’est une forme sociale négative et destructrice de l’agir, dont l’avènement est concomitant de celui du capitalisme et qui fait abstraction de tous les contenus concrets des activités hétérogènes pour mieux les réduire à la forme vide de contenu d’une simple dépense abstraite d’énergie humaine – le travail abstrait – qui se représente sous la forme de l’argent.
Le travail n’a toujours été que le support vivant de l’automouvement de l’argent, alias, le rapport-capital. Qui veut se débarrasser du capital doit commencer par se débarrasser du travail.
Sous différents angles, historique, théorique, féministe, psychanalytique, littéraire ou anthropologique, ce numéro explore et scrute l’horizon d’une nouvelle critique catégorielle du travail dans la théorie critique et les mouvements sociaux.


- Un livre, plus court, plus accessible, reprend en gros les mêmes analyses que le N°3 de cette revue :
- Manifeste contre le travail, groupe Krisis
Il y a cent soixante-dix ans, Marx affirmait la nécessaire sortie du capitalisme par le moyen de la lutte des classes. Cent vingt ans plus tard, l’Internationale situationniste, emmenée par Guy Debord et Raoul Vaneigem, élargissait la définition du prolétariat et mettait en cause la société du travail et de la consommation. Le Manifeste contre le travail reprend la critique là où les situationnistes l’avaient arrêtée. Dans une société obsédée par la « valeur travail » et l’effroi que suscite sa disparition, ce petit livre-manifeste reprend le combat contre la transformation de l’individu en « ressource humaine ». Il rappelle qu’une émancipation digne de ce nom ne peut faire l’économie d’une critique radicale du travail. Autrement dit, en rupture avec l’anticapitalisme tronqué de la gauche du capital, il ne s’agit pas de libérer le travail, mais de se libérer du travail.

Robert Kurz, Ernst Lohoff et Norbert Trenkle du groupe Krisis, participent au courant international de la critique de la valeur-dissociation qui élabore une lecture radicale du capitalisme fondée sur une lecture novatrice de Marx, à contre-courant du marxisme traditionnel et du féminisme du travail.

- Quelques textes de base :

P.-S.

- Sur Ricochets, cet article avait repris en partie ces analyses :
COP26, climat, précarité... : Non les coupables ne sont pas les 1% de très riches et les financiers, mais le rapport social capitaliste
Finance, Travail et « économie réelle » font partie intégrante du problème


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