Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement

Auto-organisation, 1er mai, le rôle de « partenaire social » dépassé et piétiné...

lundi 24 avril 2023, par Auteurs divers.

A l’approche du 1er mai, voici plusieurs analyses intéressantes de la situation présente, des points de vue importants, à méditer sérieusement pour la suite, pour contribuer à franchir d’autres caps vers la chute du régime et l’ouverture à un avenir désirable.
Des analyses sur l’auto-organisation de la lutte (qui reste largement à (re)construire), sur le 1er mai, sur les suites possibles, sur la nécessité de sortir du cadre des institutions et des "partenaires sociaux". Les forces révolutionnaires et « progressistes » vont-elles pouvoir s’allier et se soulever ensemble face au péril commun ? Les "progressistes" vont-ils plus largement encore se décider franchement à affronter le pouvoir et à constituer un nécessaire espace autonome des institutions et de ses représentants ?

Est-ce qu’on en est à l’alternative "Tout ou Rien" ? Tout prendre ou ne rien gagner et s’enliser ?

Et puis des brèves, actus, actions, casserolades...
Le soulèvement continue.

ANALYSES IMPORTANTES, et quelques idées

1. Vertige et momentum : pour un 1er mai révolutionnaire

- Vertige et momentum : pour un 1er mai révolutionnaire - Comprendre et soutenir le mouvement social en France
Emmanuel Macron, par son inflexibilité, sa position d’attente et le déchaînement de sa police, est-il parvenu à vaincre le mouvement « social » ? Sommes-nous dans une phase d’essoufflement ou de suspension ? Les 100 jours d’apaisement souhaités par le président, seront-ils 100 jours de harcèlement et de casseroles à chaque déplacement d’un représentant du gouvernement ? Quoi qu’il en soit, la manifestation du 1er mai s’annonce comme un possible pivot, Laurent Berger a d’ailleurs appelé à la rejoindre pour « casser la baraque ». Nous avons reçu cet autre appel, adressé notamment à l’internationale, qui revient sur les différentes phases et dynamiques du mouvement, l’inscrit dans une séquence longue et propose quelques pistes pour le dépassement, le 1er mai en ligne de mire.
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La réforme des retraites voulue par le gouvernement Macron pose de nombreux problèmes. Le premier, et le plus évident, est celui de la protection d’un modèle social « à la française » : une politique de répartition des fruits du travail et des revenus du capital relativement généreuse, imposée par les grèves et les menaces du prolétariat communiste des années 1950
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La perspective de retourner au boulot pour deux années supplémentaires, alors que la retraite apparaissait comme l’horizon tant attendu d’échapper enfin au travail et à sa prise délétère sur les corps et les esprits, a été immédiatement vécue comme insupportable.
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Le troisième point, qui transparaît sous les discours, mais dont les conséquences sont bien trop graves pour que le mouvement aie l’audace de le formuler frontalement, est celui de la légitimité politique. Il n’a échappé à personne, pas même au principal intéressé, que la réélection de Macron en 2022 ne vient absolument pas d’une adhésion à ses idées, à son programme ou à sa méthode, mais d’une politique « du moindre mal » visant à empêcher l’accès de l’extrême-droite au pouvoir
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Le dernier point, conséquence directe mais terrible du précédent : il s’agit là d’une des dernières opportunités pour ce que l’on nommera trop rapidement le « camp progressiste » de poser ses énoncés et ses méthodes comme alternative au ravage capitaliste néolibéral en France. La configuration politique française est en effet relativement simple : Macron et son mouvement sont parvenus à réunir en 2017 les deux faces progressistes et conservatrices d’une même bourgeoisie dont les appareils politiques (PS et LR) étaient massivement discrédités et assurer ainsi la continuité du programme néolibéral. Cette politique fut directement confrontée à l’insurrection des gilets jaunes qui s’est soldée par une répression d’une brutalité sans précédent, témoignant d’un tournant autoritaire de l’Etat. Ce tournant se vérifie d’autant plus maintenant que l’extrême droite, autrefois dressée en épouvantail pour permettre la réélection de Macron, est dorénavant présentée comme une force d’opposition responsable, crédible et « républicaine » tandis que les forces d’oppositions de gauche sont criminalisées et traitées en ennemies « anti-républicaines ».
Le jeu médiatico-politique qui consistait à construire une opposition factice entre Macron et l’extrême droite, dont les thèses racistes pouvaient ainsi s’imposer dans le débat public, a non seulement eu pour effet pervers de la présenter comme principale opposante à Macron mais se conclue dorénavant par son éloge comme force d’opposition passive et complice.
Cette situation menaçante impose une exigence à toutes les forces révolutionnaires et « progressistes » : celle de vaincre sous peine de susciter de la déception vis à vis de notre propre camp et de nourrir le vote RN.
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On pourrait résumer ainsi les enjeux du mouvement en cours : il s’agit de porter la nécessité d’un contrôle accru des travailleur.euse.s sur la répartition des richesses en utilisant les armes du mouvement social (grèves, manifestations, blocages,...) pour mettre un coup d’arrêt au programme néolibéral de destruction du modèle social français. Nous ne disons pas que le mouvement doive s’y arrêter, d’autant que nous sommes de plus en plus nombreux-ses à souhaiter un dépassement révolutionnaire de ce programme de survie, mais qu’il s’agit de l’accord a minima qui a été trouvé de fait entre ses différentes composantes.
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Après avoir au maximum raccourci le processus législatif et parlementaire, ils sont allés encore plus loin dans leur mépris de la démocratie et du dialogue social en utilisant pour la 11e fois l’article 49.3 de la Constitution. Ce dernier permet de faire adopter un texte sans vote, faute de majorité au parlement. C’est l’événement qui a mis le feu aux poudres. Il était devenu évident qu’il n’y aurait aucun recours démocratique possible contre cette réforme et que des mobilisations massives une fois par semaine seraient insuffisantes. Le soir du 49-3 des émeutes éclatent dans toutes les villes de France, pendant plusieurs nuits des cortèges sillonnent les rues en brûlant des poubelles, les symboles du capitalisme et de l’État sont attaqués avec fureur et méthode
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Une réjouissante chasse aux membres du gouvernement et aux élus de la majorité a été ouverte, et chacun de leur déplacement est accueilli par une foule en colère, qui les poursuit, les insulte, couvre leurs discours au bruit des casseroles. Les formes traditionnelles de la contestation syndicale sont dépassées avec la fin de tous les recours démocratiques contre une réforme qui a été promulguée plus vite qu’aucune autre avant elle. Ne reste plus que la rue, les mobilisations spontanées, sauvages, les manifestations débordantes et la multiplication des actions. Macron a appelé solennellement à 100 jours d’apaisement, et tout le monde le sait déjà : il ne les aura pas.
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Nous travaillons d’ores et déjà à faire de la journée du 1er mai une date historique de mobilisation et de combattivité, et nous appelons à ce que la plus large solidarité s’exprime ce jour-là, avec le mouvement et contre sa répression, partout où cela sera possible, et dans les formes que chacun.e jugera adéquates. Parmi les idées qui pourraient être fertiles, outre les actions de communication, d’accrochage de banderoles ou de peintures sauvages, nous appelons à continuer à empêcher tout déplacement des membres de gouvernement à l’international, à mettre la pression sur les lieux du pouvoir français à l’étranger, ainsi que sur les grandes entreprises françaises, en particulier dans les secteurs du luxe, de la finance et de l’énergie.
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2. Une auto-organisation en jachère. Note sur le mouvement

- Une auto-organisation en jachère. Note sur le mouvement - Syndicaliste dans le secteur de l’éducation, Théo Roumier propose ici une réflexion sur les difficultés – mais aussi la nécessité – de l’auto-organisation dans le mouvement en cours en défense des retraites. Il n’avance pas de recettes miracles mais quelques éléments utiles pour la discussion collective entre celles et ceux qui font vivre la mobilisation.
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Ce que permet en effet l’auto-organisation, c’est de « faire classe » plus amplement et plus consciemment. De prendre le pouvoir sur sa mobilisation pour se l’approprier, la partager plus largement, et ainsi lui donner les moyens d’être reconduite et généralisée. De basculer dans le temps et l’espace de la grève, de faire un pas de côté avec l’ordre du monde comme il va.
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3. Oublier Macron

- Oublier Macron - Sur la dissolution annoncée de la « Défense collective de Rennes » : Il faut commencer par faire l’éloge d’Emmanuel Macron.
Emmanuel Macron est un militant du capital franc et loyal. Il est franc et loyal, bien sûr pas avec ceux qu’il juge comme un peuple d’imbéciles (surtout ceux qui ont voté pour lui), mais avec ceux pour qui il combat. Pour les nommer, on peut tourner autour du pot, parler d’actionnaires, etc., mais nous préférons dire, à l’ancienne : il combat pour la classe des capitalistes. Il en est le serviteur fidèle, il ne s’est jamais présenté autrement.
Notre problème n’est donc pas d’en finir avec un individu à l’intelligence limitée, aux compétences étroites, mais bien avec la position même qu’il incarne. Et c’est beaucoup plus difficile. Car il faut bien réaliser que ce que fait le gouvernement français n’est que l’avant-garde européenne de ce qui doit s’accomplir partout ailleurs pour que la classe des capitalistes garde son contrôle sur la population mondiale, au moment même où cette classe devrait très logiquement renoncer à son pouvoir et céder la place. Que les individus qui composent cette classe, et les cadres qui les soutiennent à différentes échelles (un exemple : la vermoulue FNSEA française) préfèrent littéralement sacrifier le monde pour conserver leur place, c’est bien ce qui fait d’eux des criminels délirants. Notre problème n’est pas de les convaincre de changer de voie. Notre problème est de sortir de l’espace même qu’ils ont façonné, et d’en construire un autre.
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un tel pouvoir ne reculera pas sous l’effet d’une interpellation à reculer, se limitant aux registres de l’action légale, aussi massivement exercée et soutenue soit-elle. Il ne peut plus s’agir de contester la légitimité d’une mesure particulière tout en reconnaissant implicitement, serait-ce à son corps défendant, par ses formes d’action, la légitimité, même minimale, du pouvoir qui la met en œuvre. Ce pouvoir ne peut plus être interpellé, il doit être affronté, et affronté en tant que tel, parce qu’il a perdu toute légitimité. Un tel savoir commence à se répandre, et pour le pouvoir, il est vital d’attaquer préventivement l’espace politique qui se construit sur ces prémisses
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Le mouvement syndical se trouve confronté à une décision qui invalide définitivement l’hypothèse sur laquelle ont fait fond les dirigeants syndicaux depuis le « compromis fordiste » : il ne semble plus possible désormais de s’envisager comme « partenaire social ». C’est l’espace même sur lequel reposait la légitimité des syndicats, aussi bien que des partis de gauche, que l’ennemi a nié : l’espace de la démocratie institutionnelle. Si la constitution permet qu’une loi refusée par les trois quarts des gens soit validée, alors la constitution elle-même est pourrie – pour ne rien dire des membres de son Conseil.
Les syndicats vont donc être confrontés à une vraie difficulté : faut-il entretenir encore, dans une certaine mesure, l’invocation de recours institutionnels qui tombent les uns après les autres, voire même venir au secours du pouvoir en reconnaissant sa légitimité en miettes, pour conserver leur rôle de représentants et de protecteurs institutionnels de la force de travail, ou au contraire assumer la nécessité du recours à la force ?
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Finalement, la question pourrait être celle-ci : certains syndicats sont-ils prêts à s’envisager comme partie prenante d’un espace politique d’affrontement avec le pouvoir ? Ou encore, à surmonter la fausse dichotomie entre « lutte économique » et « lutte politique » en assumant le caractère unitaire de la question démocratique ? A reconnaître que la crise de régime ne peut être surmontée par un retour à la table des négociations après la défaite, mais par la capacité du mouvement à imposer enfin ses vues à l’ennemi ? Une telle évolution impliquerait un renversement de perspective : ne plus être le « partenaire social » qui freine, modère ou accompagne une dynamique historique néolibérale légitimée institutionnellement, mais devenir partie prenante d’une dynamique politique de rupture avec le développement capitaliste
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Le gouvernement français, disions-nous, n’est que l’avant-garde sage et raisonnée de ce que veut la classe des capitalistes, et de ce qu’elle est obligée de faire : briser toute contestation
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Le gouvernement français a ouvertement choisi l’alliance objective avec les fascistes. Que le RN fasse mine d’aller à l’encontre de cette loi ne trompe personne, à part ceux dont le cerveau aura été définitivement embrumé par la fréquentation des sites d’extrême-droite. Cette alliance objective est une constante historique, qui se vérifie tout au long du siècle passé, avec le choix du fascisme par les patrons en Italie, celui des nazis en Allemagne. Mais aussi avec cette figure emblématique du dogme néolibéral qu’est Hayek, rendant visite à Pinochet
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Le RN a réussi à s’imposer comme le dernier recours institutionnel à la crise des institutions, comme le dernier recours électoraliste à la faillite de la représentation dite démocratique.
Le danger qu’il représente est moins celle d’une éradication rapide des droits démocratiques par une répétition à l’identique du fascisme historique, que celle d’une accélération de la pente autoritaire du projet néolibéral. Bien loin de proposer une rupture avec la cinquième république, il se revendique comme son meilleur défenseur.

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Plus généralement, ce néo-fascisme prétend faire passer pour résistance à l’ordre des choses sa défense nihiliste, en cherchant à fédérer toutes les catégories, les « sujets économiques collectifs » qui craignent ou constatent une dégradation de leurs conditions de vie, un déclassement, mais ont assimilé le caractère indépassable de l’horizon néolibéral et de ses promesses de bonheur.
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Empêcher l’accession au pouvoir du néo-fascisme en France implique avant tout de vaincre Macron, qui lui prépare évidemment le terrain, année après année. Le vaincre, c’est d’abord commencer à le faire reculer
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il s’agit de construire un espace politique qui renonce entièrement à traiter l’État comme un interlocuteur potentiel. Il s’agit de construire un espace politique autonome, qui ne trouve plus ses repères dans l’ordre symbolique institué, c’est-à-dire dans la démocratie institutionnelle du capital, et qui construit son propre espace de symbolisation.
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Il ne serait pas difficile d’organiser, à côté des intersyndicales strictes, des « interorganisations » ou coordinations permettant à chacune des composantes de la lutte, de présenter ses analyses et ses propositions tactiques pour élaborer des mots d’ordre et des actions communes faisant consensus
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Avoir progressivement réussi à défaire la prétention des directions syndicales et politiques du mouvement ouvrier à tout contrôler et donc à accepter l’existence de minorités « ingouvernables » ne libère pas pour autant de la question de la majorité
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Tant que les assemblées générales sur les lieux de travail, les assemblées populaires dans les quartiers ne rassembleront pas la majorité de la population, tant que des conseils de délégués locaux ne constitueront pas une représentation populaire alternative, les syndicats et partis de gauche continueront à incarner une esquisse toujours plus réelle d’une telle alternative que les cortèges de tête. On a vu plus haut que syndicats et partis étaient confrontés à cette difficulté : se concevoir comme partie prenante d’un espace politique d’affrontement avec le pouvoir, ou demeurer strictement dans le cadre du dialogue institutionnel. Il est bien clair que la gauche gouvernementale et les syndicats dits réformistes depuis les années 1980 se sont positionnés contre la constitution d’un tel espace. Aujourd’hui, la ligne de partage traverse la gauche aspirant à gouverner, et une partie importante du syndicalisme pourrait bien renouer avec ses lointaines traditions révolutionnaires.
(...)

4. La révolution ou rien ?

- La révolution ou rien, c’est l’alternative que semble nous imposer le système en place et ses représentants.
Soit frapper fort pour démanteler le système, l’arrêter, et construire de meilleures sociétés, soit se fracasser sur l’inertie du système forteresse et rien ne change dans aucun domaine.
Soit mener une insurection le plus loin possible pour dégager le tyran et ses suites, soit ne même pas arriver à faire annuler cette "réforme" retraites.

N’en déplaise aux réformistes et éternels optimistes, l’Etat-capitalisme, la mégamachine ultra-verrouillée sur son programme, ne nous laisse pas d’autres choix que la révolte généralisée ou la défaite totale.
Soit obtenir bien plus que ce qu’on pourrait rêver soit se contenter de 3 miettes et un mars.
Même les sempiternelles élections ne mènent à rien, même ça le système l’a anesthésié.

En verrouillant tout par la force, les règles anonymes du libre marché et la loi, les dirigeants du système compte toujours sur la peur des risques de la révolution parmi la population, ils misent sur le choix de la défaite plutôt que de renverser complètement la table.

Y a-t-il suffisamment de personnes déterminées prêtes à désirer vraiment la révolution, et donc à s’en donner les moyens ?

5. « Pour les 100 jours d’apaisement de Macron : hantons le pouvoir »

- Politique du poltergeist - « Pour les 100 jours d’apaisement de Macron : hantons le pouvoir »
Après des mois de blocages et de manifs sauvages, des semaines à tenir les piquets le matin et les rues le soir, des milliers de grenades et des coups de matraque, vient un moment où la dynamique du mouvement s’essouffle – ou du moins, un moment où les camarades sont fatigués. Après l’enterrement de la contestation intersyndicale classique, le mouvement contre la réforme des retraites a bien pris un tournant insurrectionnel. Mais sa force subversive est floue, fluctuante, imprévisible – la répression implacable. Comment lutter encore ? Quelles sont nos perspectives pour continuer à déborder ? Comment faire exister la possibilité révolutionnaire ? Une réponse semble se profiler : la politique du poltergeist.
(...)
Dans ce début de siècle, la lutte des classes, qui avait disparue, qui ne cesse de réapparaître, hante méchamment la société française. L’antagonisme de classe est un fantôme – loi Travail, ZAD, Gilets Jaunes, anti-pass, retraites – à chaque fois, le mouvement surprend par son inventivité, qui révolutionne les formes de la contestation, puis disparaît ; à chaque fois il refuse de mourir, perdure au-delà de la victoire ou de la défaite institutionnelle, se survit dans des liens, gestes, slogans, imaginaires. Cette substance ectoplasmique des mouvements est le symptôme d’une société en cours de néo-libéralisation comme le signe d’une résistance à cet endroit même. L’inconsistance du mouvement est à la fois sa force tactique d’irruption et sa faiblesse stratégique de dispersion. Sa « créativité », sa « mobilité », sa « flexibilité », sa « résilience » sont le point de bascule de l’époque. Dans ces conditions, la possibilité du soulèvement reste incertain, mais « l’apaisement » semble impossible.
(...)
Après la dynamique offerte par les blocages depuis certaines bases ouvrières, puis les manifestions nocturnes non déclarées menées par la jeunesse, après l’annonce du 49.3 et jusqu’aux tentatives de coordination à échelle locale comme à Rennes, le mouvement, n’a pas réussi à passer un troisième pallier dans le blocage du pays, n’a pas su effectuer jusqu’au bout le fameux « saut qualitatif ». Le pouvoir de son côté a dévoilé ses cartes : intransigeance politique et répression policière jusqu’au risque de la mort. Le message de Sainte-Soline est clair : la révolte sera écrasée dans le sang. Face à la contradiction, aux combats de rue, à la crise politique, à l’usure des forces de police démocratiques et syndicales, le pouvoir adopte une tactique simple : amener le mouvement sur son terrain, la guerre. A ce jeu là, celui de la militarisation des opposants, celui de la radicalisation-qui-s’isole, il gagne à coup sûr. La réponse des révolutionnaires face à un mouvement dont la force est variable, à une répression débridée ne peut pas être l’intensification de la violence. Nous devons être plus malins, plus fourbes, plus courbes.
(...)

Casserolade générale

INTERVILLE JOUR 5 - BRAVO MONTREUIL

Aujourd’hui la journée était chargée pour la compétition lancée par le président de la république à zbeuler durant 100 jours le pays.
REMISES DES CORNES DU ZBEUL
MONTREUIL VAINQUEUR ?
Montreuil réalise peut-être la plus belle performance aujourd’hui et remporte la corne du zbeul avec des dizaines de personnes venues taper sur leurs casseroles et bousculer le ministre de la santé, obligé de passer par la porte de secours.
Probablement la plus belle performance de la journée même si tout le monde peut encore prétendre au titre.
LA CORNE DE L’AUDACE est remise aux deux militants CGT, qui se sont rendus aux portes de l’Elysée avec leur camion et leur banderoles pour faire passer un message a Macron. Ils ont été contrôlés et embarqués et sont convoqués le 9 mai. Force à eux.
LA CORNE DE L’ESTHÉTIQUE est remise aux militant.e.s CGT qui ont effectué une magnifique action au musée d’Orsay à Paris.
LA CORNE DU BOUCAN est remise à Châteauroux. Malgré la tenue à l’écart des manifestants par les FDO, il paraît que les casseroles s’entendait jusqu’à Bourges.
Bourges où justement se rendait le ministre de la culture qui a également reçu un super comité de non-accueil.
Bravo !
CORNES DE LA POURSUITE
Bravo également a Montceau-les-Mines, Olivier Dussopt tremble encore de sa journée. A Pau qui a su accueillir l’infâme Gabriel Attal. Et petit Big up à Nesle, pour la course poursuite à travers champs dans une chasse non pas au faisan, mais aux ministres (Lemaire et Bechu)

On a hâte d’être demain.

(post de CND)

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement

Communiqué du local Camarade (Toulouse) où milite Serge, blessé à Sainte Soline

- Communiqué du local Camarade (Toulouse) où milite Serge, blessé à Sainte Soline : Le local Camarade, ouvert en 2017, est un espace qui porte des positions et des propositions pour en finir avec la vie chère et le travail à vie, pour la solidarité et l’autodéfense de classe, pour les soulèvements, pour la révolution, contre la dissociation au sein des luttes et des mouvements, contre les catégories du pouvoir du bon et du mauvais manifestant, dans les mouvements de lutte à Toulouse et au-delà.
Serge en est un membre actif depuis son ouverture, ouverture initiée dans la continuité d’une histoire politique dont nombre d’entre nous faisions déjà partie à l’époque. Nous sommes de vieux camarades et amis qui se sont rencontrés dans les luttes qui ont perturbé le train-train quotidien de l’écrasement capitaliste ces quinze dernières années. (...)

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement

Faire de la semaine du 1er mai une semaine intensive d’actions contre l’État et le capital

- Appel à actions – Nous sommes tous les camarades du S
Nous demandons à toutes celles et ceux qui en France et autour du monde se reconnaîtront dans cet appel à faire de la semaine du 1er mai une semaine intensive d’actions contre l’État et le capital.
Parce que ça aurait pu être n’importe lequel d’entre nous qui luttons, NOUS SOMMES TOUS LES CAMARADES DU S !

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement

📺 SUR BFM, LA CGT ACCUSÉE DE JETER DES EXPLOSIFS

Stupeur lundi 17 avril. La CGT serait passée à la lutte armée et aurait même envoyé un explosif sur la préfecture de Marseille, blessant un courageux policier !
C’est ce qui a été répété en boucle, matin midi et soir pendant plusieurs jours en début de semaine, sur la chaîne BFM TV.
« Des électriciens à bord d’un fourgon ont déversé des compteurs de gaz et une détonation a été entendue » disent les présentateurs. À l’antenne, une présentatrice insiste sur un « colis explosif », les bandeaux parlent de détonation devant la préfecture. Il est répété jusqu’à la nausée qu’un policier qui se serait « précipité » pour arrêter l’action, aurait reçu des « éclats » dans le corps ! L’heure est grave. D’ailleurs 13 agents EDF ont été arrêtés et mis en cellule pour « association de malfaiteurs » ! Une qualification réservée au grand banditisme.
« Un périmètre de sécurité a été mis en place » déclare-t-on gravement sur BFM. Comme pour un attentat. Dans la foulée, un représentant Macroniste est invité en direct pour dire que la CGT conteste « tout » de façon « violente ».
Manque de chance, la CGT Énergie de Marseille a filmé l’intégralité de la scène. En guise de colis explosif, un modeste pétard lancé au pied des électriciens, qui ne perturbe ni ne blesse personne. Aucune présence policière. Et évidemment, aucun « éclat » dans le corps d’un policier. Les seuls qui jettent des explosifs ont des uniformes.
12 électriciens sont ressortis libres quelques heures plus tard. Le conducteur de la camionnette, lui, sera relâché au bout de vingt-quatre heures. Sans poursuites pour le moment.
Bref, BFM, alia TV Police, a joué de la flûté pendant des heures, a délibérément assimilé des syndicalistes à des terroristes. La chaîne a même inventé une blessure. Un flic a-t-il officiellement déclaré avoir été blessé ? Si oui, c’est un faux en écriture par personne dépositaire de l’autorité publique, c’est un crime et c’est passible de la Cour d’Assise.
On laisse à BFM le soin d’enquêter sur des mensonges aussi graves au sein de la police. Et on souhaite aux électriciens de porter plainte et de poursuivre BFM pour leur faire cracher des thunes.

- vidéo : https://fb.watch/k2HM76p_Uw/

(post de Contre Attaque)

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement

ACTIONS DIRECTES

Pendant ce temps, on remarque que des pratiques d’action directe et de sabotage ont lieu, exemples :

  • La devanture du domicile d’une députée de la majorité présidentielle vandalisée - Le gouvernement pensait que la promulgation de la loi allait stopper la juste contestation populaire, mais il n’en fut rien, tout au contraire. Le prolétariat de France, historiquement un des plus combatifs d’Europe, a une fois de plus répondu présent, et continue la lutte. On reprendra tout et encore plus !
  • Tarn. Un collectif sabote une pelleteuse sur le chantier de la future autoroute A69 - Un collectif nommé « La Buse » a revendiqué le sabotage d’une pelleteuse, dans la nuit de lundi 5 à mardi 6 décembre. Cet engin était utilisé pour des fouilles archéologiques préventives sur le tracé de la future autoroute entre Castres et Toulouse.
  • Genas (Rhône) : sabotage du pylône de la zone industrielle - Sabotage de la ligne à haute tension (69KV) qui alimente le poste électrique de la zone industrielle de la Mi-Plaine à l’est de lyon, près de l’aéroport de Saint-Exupéry.
  • Toulouse (Haute-Garonne) : Equinoxe de feu : Toulouse, entre le 21 et le 22 mars, pour fêter le printemps.
    Pendant que les émeutièr.es foulent le bitume en quête d’action, slalomant entre les fourgons de flics et les voitures banalisées remplies de nazis, c’est dans le calme de la nuit que nous avons cramé une antenne au sommet de Pech-David.
  • Ile-de-France : quatre sabotages de centrales à béton : Dans la nuit du 8 au 9 mars, nous nous sommes introduit.e.es dans 4 centrales à béton différentes parmi la cinquantaine en Île-de-France dans le but de faire des dégâts.
    Nous voulons attaquer les centrales à béton car elle produisent la base qui sert à construire les prisons, les centres de rétention administrative et à étendre la métropole et son flicage, des infrastructures des JOP 2024 au Grand Paris. Elles rendent possible l’enfermement et en tirent directement profit. On a envie de leur nuire et si les dommages que l’on leur inflige sont infimes, au moins c’est déjà ça.
  • Les chiffres du jour : 299, 132, 2500, 58 et 13 : Auditionné mercredi 5 avril devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale sur l’emploi de la force par les policiers et les gendarmes, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a relâché quelques chiffres des renseignements : depuis le 16 mars et l’utilisation de l’article 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites, 299 atteintes contre des institutions publiques (préfectures, sous-préfectures, mairies, conseils départementaux…) et 132 attaques de permanences parlementaires ont été recensées, a-t-il listé. Des « dégradations majeures » sont aussi à déplorer, dont 2.500 feux dans la rue, 58 véhicules et 13 bâtiments incendiés.
  • Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) : saboter le jus du site pétrolier : près du dépôt pétrolier, une armoire électrique détruite par un incendie volontaire
  • « On ira jusqu’à l’Élysée » : un centre des impôts incendié près de Lyon
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🔴 INTERVILLES VS VILLAGE DU SNU : CAEN BLOQUE LA PROPAGANDEPUBLICAINE

Pour cette sixième journée d’apaisement, l’objectif était de taille : bloquer « le village » qui prospecte pour faire la propagande de ce service innommable.
Nous rappelons que le SNU qui pourrait devenir obligatoire est une formation de propagande extrêmement dangereuse dont les premières dérives recensées font déjà froid dans le dos.
Autoritarisme, harcèlement moral et à caractère sexuel ainsi que propositions de rapports envers des mineurs, mais aussi racisme et sexisme : des milliards d’euros injectés pour faire de vos enfants des petits pions aux services d’un État policier et les confronter à ça.
Fort heureusement, l’équipe d’intervilles à Caen a décidé d’attaquer cette supercherie et de prendre le problème par la racine.
Les manifestants ont tenu longtemps avant que la police les matraque et fasse entrer ses fourgons en force pour protéger l’entrée et rouvrir le village du SNU.
À Nantes la semaine dernière, la caravane du SNU avait dû se replier et annuler son après-midi.
La journée n’est pas terminée et les casseroles continuent de chanter aux abords de la journée promotionnelle du service autoritariste.
Il y aura plus de mobilisation pour protester contre qu’y participer.
- https://fb.watch/k3FgItZhx0/
(post de CND)

A CAEN, ABSOLUMENT PERSONNE POUR ALLER VISITER LE CAMP SNU D’EMBRIGADEMENT MILITAIRE DE LA JEUNESSE

Mais des centaines de manifestants pour dénoncer la réforme des retraites et ce lavage de cerveau de la jeunesse qu’est le SNU, un camp qui malgré la protection violente de la police a du finir par plier bagage sous la pression des manifestants.
Après Nantes, ça fait deux fois en peu de temps que le camp Macron doit foutre le camp

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement
Rare image d’oligarques priant ensemble pour la sainte marchandise

BREVES

- Après l’arnaque fumeuse des « grands débats » monologues lors du soulèvement des gilets jaunes, le tyran veut cette fois tenter les « petits débats » pour essayer nous convaincre de sa bonne parole, LOL
Qui peut encore accorder le moindre crédit à ses propos, supporter sa tête et ses discours, croire à ses monologues creux où il s’agit toujours pour le « sachant » d’expliquer à des foules débiles et factieuses combien il a raison d’imposer par la force des lois difficiles mais soi-disant nécessaires...
Ces stratagèmes médiatiques éculés ne marchent plus, qu’il la ferme et reste terré dans son palais avec sa clique, jusqu’à ce qu’on vienne le chercher.
Il n’est rien, juste un pion du Capital et des institutions de démocrature, qu’il dégage, pour commencer.

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement
100 jours de colère lancés par la CGT Energies

🔴 INTERVILLES ZBEUL : ÉPREUVE SPÉCIALE SORTIE DE ROUTE DES SOULÈVEMENTS DE LA TERRE DANS LE TARN

Malgré la violence de l’édition précédente à Sainte-Soline, la détermination demeure inchangée et les soulèvements continuent à innover.
Ils sont de retour pour déjouer les mauvais tours. 6000 à 7000 personnes se sont donné rendez-vous dans le Tarn au pied de la Montagne noire pour empêcher un nouveau projet inutile prêt à raser 400 hectares de forêt dans la vallée du Girou, dans le but de construire une autoroute entre Toulouse et Castres.
Caprice du géant de l’industrie pharmaceutique, Pierre Fabre, et porté par les multinationales visqueuses telles que Vinci, le projet de l’A 69 semble rencontrer quelques difficultés.
La réserve d’eau naturelle située sur la future coulée de béton est actuellement protégée par les éco-activistes.
Dans une ambiance bon enfant, c’est aussi l’occasion de s’initier à la maçonnerie en musique alors qu’une course de bolides s’organise de l’autre côté de la 4 voies sur la RN126.
Bravo les soulèvements, vous nous faites rêver !
On a hâte de voir le déroulement des autres disciplines que vous proposez partout en France.
- vidéo : https://fb.watch/k3X0hds029/
(post de CND)

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement

🌳 CASTRES-TOULOUSE : 8000 PERSONNES SUR LA ROUTE, MUR DE PARPAINGS ET COURSE DE BOLIDES

530 millions d’euros, 474 hectares de terres détruites, 13 hectares de forêts rasés, une opposition locale massive, une enquête publique défavorable. Voici un aperçu du projet d’autoroute entre Castres et Toulouse, qui vise à faire gagner 15 minutes de trajet aux automobilistes. Un projet destructeur, anachronique et absurde.
Pour le profit de qui ? Si l’autoroute se fait, elle sera privatisée et payante pour le bénéfice de l’entreprise NGE Atosca.
Ce samedi 22 avril, un grand week-end de contestation de ce projet était organisé par Les Soulèvements de la Terre, des syndicats, des collectifs paysans, des habitant-es...
Et la mobilisation a été un énorme succès. Plus de 8.000 personnes se sont retrouvées. Le cortège souriant, déguisé et coloré a déambulé 12 kilomètres sur le tracé prévu pour l’autoroute, pour s’imprégner de la beauté des terres menacées, avant d’investir la route nationale existante.
Une longe chaîne humaine a permis la construction d’un mur de parpaings bloquant les deux voies de la circulation, recouvert par un gros tag contre le projet autoroutier. Puis une course de 20 bolides artisanaux, tous plus drôles les uns que les autres, a foncé vers ce mur, alors que les spectateurs jetaient des bananes sur la route façon Super Mario. Le symbole d’un projet qui va droit dans le mur.
Cette lutte puissamment enracinée contre le dogme de la voiture vient de gagner une manche dans la bonne humeur.

« LAMOCRATIE, C’EST DIRE CE QUON VA FAIRE, ET FAIRE CE QUON A DIT »

C’est le nouvel élément de langage matraqué partout par Macron, par ses ministres et dans tous les médias. Certes, la réforme des retraites serait impopulaire, mais elle serait inévitable puisque Macron doit appliquer son programme. Le président ne ferait finalement que mettre en place son mandat, puisqu’il « dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit » et que « c’est ça la démocratie ».
C’est l’escroquerie du siècle. Macron est sans doute l’un des politiciens qui a le plus tordu le réel, menti, multiplié des promesses non tenues tout en imposant des reculs dont il n’avait jamais parlé. Macron a un rapport pathologique au langage, il est capable de dénoncer le « capitalisme devenu fou » tout en faisant des cadeaux aux plus grands capitalistes du pays. Il a promis à plusieurs reprises qu’il ne toucherait pas aux retraites avant de les saccager par 49-3. Il s’est engagé sur l’écologie avant de réprimer les écologistes et d’appliquer des mesures favorables aux industries polluantes. Il a promis de reloger tout le monde avant de faire passer la loi la plus répressive sur le logement depuis la seconde guerre mondiale.
Bref, si la démocratie c’est « dire ce qu’on va faire et faire ce qu’on a dit », il y a bien longtemps que nous ne sommes plus en démocratie. Et les éditorialistes qui répètent que Macron ne fait qu’appliquer son mandat sont des laquais aux ordres de leur maître, incapables de simplement rappeler les paroles de Macron. La preuve en vidéo.
- https://fb.watch/k4_IuiyuhW/

(posts de Contre Attaque)

LE BERRY FAIT DANS LA GÉNÉROSITÉ

Alors que le Printemps de Bourges se termine, la ministre de la culture Rima Abdul Malak a elle aussi dû se confronter à la réalité.
Deux jours de suite, un petit comité d’accueil a su lui réchauffer les oreilles.
Concernant le festival, nous ne cachons pas une petite déception, que ça soit côté artistes ou public et même actions militantes.
Reste que le minimum syndical a été fait.
A qui le tour ?
Ps : On s’excuse si on rate certaines actions, n’hésitez pas à nous tenir au courant que l’on puisse élargir nos retransmissions.
- vidéo : https://fb.watch/k5col9tEs1/
(post de CND)

LE DEPUTE MACRONISTE SE SAUVE EN COURANT : ILS NE SERONT PLUS JAMAIS TRANQUILLES
Accueil mémorable pour un député macroniste à la Fête de la Fraise à Salon de Provence
Pris au dépourvu le député marcheur quitte la fête… en courant ! Ça va pas être facile les 100 jours d’apaisements..
https://www.facebook.com/marc.beurion/videos/915501259758603

Retraites etc. : des analyses et questions vitales pour la suite du soulèvement

GREVILLA POPULAIRE, IMPUISSANCE ET PARALYSIE PROGRESSIVE DU REGIME... LES CHEMINS DE LA CHUTE DU MACRONISME


Après la promulgation de la loi, nous sommes entrés dans un Acte II du mouvement, une sorte de grève/guérilla, une grévilla, cherchant à provoquer l’impuissance et la paralysie progressive du pouvoir.

L’ACTE II
Dans la foulée de la décision du Conseil constitutionnel, Macron a promulgué la loi dans la nuit, croyant en avoir fini avec le mouvement et avoir gagné.
Il n’en a rien été. Déjouant le pourrissement, les violences et les provocations, le mouvement a continué faisant la démonstration que Macron n’était pas vainqueur parce que le combat n’est pas fini, loin de là. Sa "victoire" avait le goût de la défaite. En effet, au lendemain de la promulgation de la loi, loin de se décourager, le mouvement a rebondit dans un acte II, ajoutant à son exigence du retrait de la réforme des retraites, celle de la contestation globale du régime de Macron. Cela s’est traduit le plus souvent par des "Macron démission" en nombre dans les rassemblements du 14 avril.
Parce que Macron avait mis en jeu l’existence même de son régime dans cette réforme, le fait que sa promulgation n’ait pas arrêté le mouvement populaire de masse, c’est son régime lui-même qui devient la cible du mouvement et qui est remis en cause. Voyant le danger, Macron a alors décidé de tenter de reprendre la main par son allocution du 17 avril où il proposait de tourner la page au travers d’un période "d’apaisement social" de 100 jours autour de discussions avec les directions syndicales, cherchant par là, une nouvelle fois, à faire éclater l’union de l’intersyndicale. Peine perdue, avant même qu’il ait parlé, le mouvement avait répondu par le boycott de son allocution avec de multiples rassemblements carnavalesques au son des casseroles devant les mairies pour bien montrer qu’il n’est qu’un clown et que sa parole comme son régime n’ont plus aucune valeur ni légitimité. L’intersyndicale, pour sa part, continuait, unie, à refuser toute rencontre, au moins jusqu’au 1er mai.
Entrant dans cet acte II, le mouvement s’est mis à faire vivre de manière visible la perte de légitimité de Macron et de ses ministres par les casserolades. Macron a été chahuté, humilié et insulté dans son bain de foule en Alsace, plongé dans le noir pendant une visite d’usine, puis d’école ou à l’aéroport ; des ministres qu’ils avaient envoyés à la reconquête du pays, ont été bloqués, conspués, suivis, harcelés partout où ils mettent les pieds, devenant des étrangers dans un pays qu’ils sont censés diriger ; des préfets qui poussent le ridicule jusqu’à interdire des casserolades sans pouvoir les empêcher ; des manifestations spontanées presque toutes les nuits ; des centaines d’initiatives en petits ou grands groupes ; un ministre de l’intérieur qui annonce avec fanfaronnade la dissolution des "Soulèvements de la terre" puis qui y renonce piteusement ; des policiers et gendarmes qui quittent le navire en démissionnant en grand nombre. Un seuil se franchit, l’autorité du pouvoir est tellement contestée qu’on la voit glisser progressivement vers l’impuissance et la paralysie malgré les rodomontades du pouvoir à continuer à avancer. Le pouvoir est certes contesté symboliquement pour le moment mais le mouvement montre ainsi clairement dans quel sens il s’engage, celui de retirer tout pouvoir au gouvernement, pour poser ouvertement demain la question du pouvoir et de quelle société on veut. La secrétaire de la CGT le disait elle-même : Macron ne pourra plus gouverner et ne pourra pas aller au bout de son mandat s’il ne retire pas cette réforme des retraites. Minoritaire à l’Assemblée, discrédité, personne ne voudra plus s’associer à ce qui ressemble de plus en plus à une marche vers la chute. C’est ce germe là, qu’il faut entendre dans les casserolades.

EN MAI FAIS CE QUIL TE PLAIT
Certains ne voient dans ces casserolades que des actions de peu de portée, n’illustrant selon eux que le recul d’un mouvement où les gréves reconductibles s’estompent et où, du coup, le 1er mai ne deviendrait qu’un baroud d’honneur. Il n’en est rien. Ce qui pourrit ce n’est pas le mouvement, c’est l’autorité du pouvoir. Certes, les secteurs en grèves reconductibles ne sont plus guère nombreux mais il n’y a rien d’étonnant à cela dans un mouvement qui dure depuis plus de trois mois, où certains ont fait grève 40 jours ou plus et pour beaucoup au moins 12 jours lors des journées d’action nationale, et qui va encore durer parce que c’est toute la classe ouvrière qui entre en mouvement, y compris ses couches les plus profondes et que pour cette raison, ce processus prend du temps. Mais plus que le déclin des grèves reconductibles, il est plus significatif que des travailleurs, même peu nombreux, aient reconduit leur grève jusqu’au 1er mai et en seront à cette date, à deux mois de grève. C’est significatif car cela accompagne sous la forme la plus visible, un état d’esprit général qu’on lit dans les sondages où les couches populaires souhaitent que le mouvement continue et se durcisse, mais qu’on voit aussi chez des travailleurs qui après avoir suspendu leur grève, s’y sont remis, comme certains éboueurs, ou ceux encore qui se mettent en grève pour les salaires ou les conditions de travail en l’additionnant de la revendication sur les retraites, trouvant alors le soutien des militants défendant les retraites, ou, plus généralement chez tous ceux qui attendent le bon moment, parce que pour beaucoup le mouvement est encore devant nous, peut s’embraser à tout moment, et peut-être pourquoi pas, après le 1er mai, ou en tous cas, dans les 100 jours auxquels Macron a mis au défi le peuple de reprendre en main la situation.
Ça n’a d’ailleurs pas raté. La CGT énergie, aujourd’hui à la pointe du mouvement, a appelé à 100 jours de colère, annonçant pour commencer une journée nationale le 3 mai, jour où le Conseil constitutionnel doit statuer sur une nouvelle demande de référendum sur les retraites. Elle menace en même temps de plonger dans le noir le festival de cinéma de Cannes, les championnats de tennis de Roland-Garros, le Grand prix de Monaco, le festival d’Avignon, etc... On peut parier que plus Macron va s’acharner - et il va s’acharner - à reconquérir son autorité perdue, plus il va susciter mille actions en riposte, pas nécessairement des grèves reconductibles, mais des réponses multiformes avec un mouvement qui se politise toujours plus dans l’action. On a déjà eu cette semaine un aperçu du mouvement à venir, avec en plus des casserolades, le succès de la grève du 20 avril accompagnant des opérations de blocages où l’envahissement d’Euronext, et puis encore la mobilisation d’un niveau inattendu des 22 et 23 avril autour des "Soulèvements de la terre". Demain, ce seront de nouvelles casserolades nationales le 24 et une nouvelle journée de grève et d’actions le 28 avril, et puis encore le 1er mai qui sera massif, du niveau certainement des plus grosses journées voire peut-être au delà. Surtout, il marquera un pas politique de plus. Il ancre en effet le combat actuel dans des filiations historiques passées du mouvement ouvrier. Il l’ancre aussi par la présence massive de délégations étrangères cette année, dans un contexte mondial où les peuples se battent aujourd’hui partout pour leur émancipation dans des luttes également de longue durée et de politisation progressive, d’Israël à la Grande-Bretagne voire au Portugal mais aussi dans de nombreux pays d’Amérique latine ou encore en Asie du sud, en Inde, au Pakistan, Bangladesh ou Sri Lanka. Ces nombreuses délégations étrangères illustrent tout à la fois le discrédit de Macron à l’étranger, mais renforcent aussi le combat ici, montrant que le combat en France cristallise aujourd’hui, au regard du passé révolutionnaire du pays, le même combat mondial internationaliste dans des rythmes semblables un peu partout des classes populaires montant sur la scène politique contre l’exploitation, l’oppression et contre le système capitaliste et ses représentants. Bref, un moment mondial, où les catégories populaires se constituent partout en « classe ouvrière » devenant consciente de son passé et des ses capacités pour l’avenir.

Ce mouvement en surprend certains, parce que sa forme est inédite et parce qu’un mouvement social d’importance comme celui que nous vivons, c’est comme un phénomène naturel, un tremblement de terre ou un tsunami. On ne peut pas le diriger, lui dire où il faut aller, ce qu’il faut qu’il fasse, on peut tout juste lui permettre d’aller jusqu’au bout de ce qu’il porte en lui décrivant à lui-même ce qu’il est en train de faire, le rendant conscient de ses étapes. On ne peut pas corriger ses faiblesses ou aller au delà de ses limites. Il est comme il est et il faut le prendre comme tel. Mais il faut y être à fond, en positif, être partie prenante de toutes ses actions, sans bouder son plaisir, sans réticences ni arrières pensées et intégrer que toutes ses particularités correspondent à une nécessité profonde, qu’on ne peut pas lui en soustraire l’une ou l’autre. On ne peut pas lui imposer ce que le plus révolutionnaire d’entre nous peut avoir en tête, des programmes ou des actions conçues en chambre ou dans des mouvements de toute autre nature de ces dernières années. Un mouvement de ce type c’est un tout. Il englobe et unifie les manifestations les plus radicales comme celles qui le sont le moins, les militants les plus déterminés comme ceux qui sont les plus timorés, les directions les plus traditionnelles comme les plus révolutionnaires. Il ne les oppose pas, mais il les associe, les fusionne dans un même marche en avant, tout autant les grèves reconductibles, les manifestations sauvages, les actions coups de poing, les concerts de casserole, que les grandes journées saute moutons et donc avec elles l’intersyndicale... Y participer pleinement c’est se faire le porte parole de cette diversité dans l’unité. Il faut analyser le mouvement à tout moment, le comprendre jour après jour, mesurer ses étapes à chaque moment et s’en faire l’écho pour l’aider à être plus conscient de lui-même afin de faire comprendre à ses éléments les plus avancés, où il va, et quels obstacles il aura à franchir dans cette marche vers l’émancipation.
Nous avons peut-être devant nous 100 jours d’instabilité politique et sociale extrêmement éducative pour les classes populaires, 100 jour d’auto-politisation et d’auto-formation dans la plus grande des variétés et des variations permanentes. C’est en rendant le mouvement le plus conscient de lui-même, de ce qu’il est en train de réaliser, que nous pourrons préparer l’acte III, où après avoir défait Macron et son monde, il cherchera à construire un autre monde.

Jacques Chastaing 23 avril 2023


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