Retraites etc. : actus, infos, analyses - (re)prendre vraiment confiance et s’organiser

Du mouvement social « classique » à une révolte générale contre la tyranie et les inégalités sociales ?

mercredi 12 avril 2023, par Auteurs divers.

Au fil des semaines, la révolte grandit et s’étend à d’autres sujets que les retraites.
La tyranie apparaît au grand jour en révèlant son caractère irréformable, extrémiste et féroce. Le désir de s’en libérer pour de bon s’affirme.

Beaucoup ressentent le modèle de société en vigueur comme indésirable et sans issues autre que la précarisation et les désastres sur fond de « police partout » et de néo-fascisme.
Un rejet du capitalisme, des oligarchies et du système représentatif s’étend.
Jusqu’où ? Par quels chemins ? Vers quels horizons ?

Quelle tendance va l’emporter : le défaitisme sur la défensive, le réformisme classique, ou cette tendance à une contestation élargie et plus radicale ?
...ou une combinaison acrobatique des trois ?

Il s’agit de (re)prendre vraiment confiance, de s’organiser, d’en discuter aussi, et de stopper pour de bon l’Economie par divers moyens.
Les blocages trop courts et les coupures de courant éphémères ne suffiront pas.

En réalité, il faudrait prendre conscience qu’on ne peut plus se permettre de perdre ni de se limiter au retrait de cette réforme « retraites » ni de se contenter de miettes.
L’Etat-capitalisme, actuellement relayé par le macronisme va beaucoup trop loin, depuis trop longtemps, il menace tout, même les fausses sécurités d’antan, un puissant coup d’arrêt est vital, indispensable.

Quelques réflexions stratégiques sur le mouvement en cours

- Sortir de l’antagonisme d’État - Quelques réflexions stratégiques sur le mouvement en cours : Que faire face l’obstination idéologique et répressive d’un gouvernement qui ne veut pas plier ? Que nous reste-il quand l’autoritarisme d’État engage son appareil répressif à une échelle de masse ? Quelles perspectives politiques accorder à un mouvement qui, à l’évidence, déborde l’agenda de la contre-réforme des retraites ? Bref, comment aller de l’avant sans se prendre les pieds dans les plis piégeux du pouvoir ?
Bien conscients que nous sommes sur le reculoir depuis que nous avons raté notre pari le 23 mars dernier dans la foulée du 49.3 scélérat, et que la sortie torrentielle tant espérée n’a pas eu lieu, en dépit des manifestations monstres et des cortèges ensauvagés, on ne se faisait plus trop d’illusions sur le devenir de ce mouvement au long cours et sur ses chances de succès final au regard de l’objectif commun qui structure l’unité syndicale et politique large du sommet à la base depuis le 19 janvier. Doit-on s’en remettre à une hypothétique intervention « providentielle » des mal nommés sages du Conseil Constitutionnel ? La réponse est dans la question.
(...)

(Les perspectives de cet article restent floues, mais l’analyse est intéressante.)

- Revoir aussi : 11 thèses politiques sur le mouvement de janvier-mars 2023

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Du mouvement social « classique » à une révolte générale contre la tyranie et les inégalités sociales ?

Témoignage depuis la rocade bloquée de Rennes

- Témoignage depuis la rocade bloquée de Rennes - Comme la semaine dernière, il devait être 6 heures, Rennes était encore silencieuse et déserte, lorsque nous sommes sortis pour nous rendre à l’action collective planifiée par la Maison du Peuple (MDP).

LA GUERRE AUX PAUVRES

Plus de 4 Français sur 10 parmi les plus précaires affirment dans une étude IFOP avoir supprimé un repas par jour en raison de l’inflation.
L’enquête porte sur les 30% des Français les plus pauvres, à savoir ceux qui gagnent le Smic ou moins. Parmi ces 30% les plus pauvres du pais, 79% ont restreint leurs achats de nourriture ces derniers mois.
Pendant ce temps, les milliardaires français n’ont jamais été aussi riches. Mais évidemment, il n’y a aucun lien à faire avec ces deux informations.

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Sauter des repas et acheter de la mabouffe industrielle, voilà à quoi l’Etat-capitalisme accule les pauvres

Masterclass des camarades de Rennes.

Vive les barricades dents de dragons et force à tous·tes les Camille Dupont !
Rennes capitale de la lutte !
via @AG_Rennes2
- Vidéo tuto barricades : https://fb.watch/jQWRjyd-_q/

LE PRÉSIDENT DE LA VIOLENCE ET DE L’HYPOCRISIE EST SEUL AU MONDE

Macron ne pourra pas rester indéfiniment enfermé dans son palais. Il ne pourra pas non plus rester quatre ans entouré de centaines de policiers pour le confiner à l’écart du peuple. Il ne sera pas, non plus, éternellement entouré de médias aux ordres de milliardaires français. Le réel est venu le lui rappeler ce mardi 11 avril.
Macron était en déplacement à La Haye, aux Pays-Bas, pour prononcer un discours sur l’avenir de l’Europe. Mais il a été interrompu dès le début : deux jeunes femmes, montées dans une loge de la salle où avait lieu l’intervention, ont déployé une banderole « President of violence and hypocrisy », c’est à dire « le président de la violence et de l’hypocrisie », avant de l’interpeller.

Elles ont notamment crié : « Vous avez des millions de gens dans les rues. La convention sur le climat n’est pas respectée. Qu’est-ce que vous voulez nous dire à propos de l’Europe ? » « Où est la démocratie française ? » avant d’être évacuées par des vigiles. Ce qui n’a pas empêché une partie de la salle d’applaudir.
Pas de chance, l’intervention était retransmise en direct à la télévision française, qui s’apprêtait, comme d’habitude, à lécher les semelles présidentielles.

En toile de fond de cette interpellation publique : la contestation sur la réforme des retraites, réprimée avec une violence d’une brutalité inouïe par la police la plus armée d’Europe. Mais aussi les mensonges systématiques de Macron sur le climat, alors qu’il tire des grenades explosives sur les défenseurs de l’eau et soutient les lobbys du pétrole et des pesticides. Le double discours permanent de Macron ne passe pas à l’étranger, où il reste encore quelques médias influents capables de signaler ses mensonges.

En anglais, Macron a dit au micro : « Je peux répondre à toutes les questions sur ce dont nous discutons en France […] ceci est une démocratie et une démocratie est exactement un endroit où l’on peut manifester ». Le président français croit que les images de policiers cagoulés qui tabassent les cortèges et envoient des explosifs sur les contestations n’ont pas été vues à l’étranger ...Il imagine aussi peut-être que personne ne parle des procédures de dissolutions de structures d’opposition, ni de son ministre de l’intérieur d’extrême droite. Une escalade autoritaire unique en Europe de l’Ouest.
Macron a également osé : « Quand je compare avec les autres pays européens, les Français devraient être moins énervés. Car dans votre pays, l’âge de la retraite est beaucoup plus élevé ». Cela reste à prouver. Mais dans les autres pays européens, il n’y a pas de 49-3, pas de manifestants dans le coma pour avoir défendu l’eau, ni un gouvernement presque entièrement composé de ministres accusés de viol, de détournements de fonds, ou de conflits d’intérêt.
Macron est seul au monde, avec ses valets, sa milice et ses cabinets de conseil. Nous irons le chercher partout.

(post de Contre Attaque)

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« Macron, même à l’étranger, on laissera rien passer ! » des manifestants se sont fait entendre à La Haye (Pays-Bas) devant le bâtiment où Macron prononçait un discours. Dans le même temps, des militants ont réussi à interrompre le discours et sortir une banderole "Président de la violence et de l’hypocrisie"
Images Arthur De Laborde / Europe 1 : https://fb.watch/jRnTfsmqHt/

Les traumatisés de Sainte-Soline

- Les traumatisés de Sainte-Soline - 15 jours après la manifestation à Sainte-Soline, de nombreux manifestants gardent des séquelles de la répression policière. Des « traumatisés » qui souffrent de blessures physiques mais aussi psychologiques.
(...)
À ces deux cas très médiatisés s’ajoutent des dizaines d’autres. Médecin généraliste venue manifester à Sainte-Soline, Perle raconte avoir eu l’impression de se trouver « dans une zone de guerre ». Après avoir pris en charge Mickaël, la jeune femme s’est retrouvée sur un chemin où se trouvaient de nombreux blessés. « Tout le monde hurlait. Il y avait plusieurs personnes avec le visage en sang, des gens à terre, sous des couvertures de survie, qui pleuraient, à moitié conscients... » Les organes de certains ont été, selon ses observations, durablement endommagés. « Quand on ouvrait l’œil d’un d’entre eux, on voyait juste un globe [oculaire] rouge. Dans ce type de cas, le pronostic fonctionnel est engagé. »
(...)
Cauchemars, souvenirs traumatiques qui tournent en boucle... Certaines personnes présentes à Sainte-Soline se disent traumatisées
(...)
Le petit groupe, au départ axé sur la prévention, s’est rapidement fait déborder par l’afflux de personnes sollicitant leur aide, « très choquées », voire paniquées, par les blessures qu’elles avaient vu. « Personne n’avait imaginé une répression aussi massive. Beaucoup se sont sentis pris au piège, avec l’impression qu’on avait essayé de les tuer. »
(...)
« Le dispositif répressif pensé pour semer la panique, les armes de guerre utilisées par les forces de l’ordre et l’ampleur des blessures constatées sur place », poursuit-elle, ont été difficiles à vivre pour l’ensemble des manifestants, pour qui l’effet de surprise a été « total ». La psychologue clinicienne dit s’attendre « à une vague de stressés post-traumatiques ». « On en a en tout cas toutes les conditions. »
(...)
« J’ai été infirmier à un moment, j’ai déjà un peu d’expérience. Mais ce n’est pas la même chose quand quelqu’un a une crise cardiaque, et quand quelqu’un est blessé à cause d’une grenade canardée suite à une décision du ministère de l’Intérieur. »
(...)
« Personne n’en sort indemne, estime Mathieu, 49 ans. Même ceux qui sont habitués ont bien senti que ce n’était pas normal. » Dans un texte très partagé sur les réseaux sociaux, écrit à son retour des Deux-Sèvres, le presque-quinqua confie être « traumatisé » par ce qu’il y a vécu. « Pas la peine d’euphémiser, de tourner autour du pot, écrit-il. Je suis traumatisé. Par ces deux heures. Était-ce une ? Trois ? Je ne sais pas. Le temps s’est fracturé, disloqué, étendu, rétréci. Impossible de savoir. Pendant tout ce temps où j’étais à Sainte-Soline, j’étais en enfer. »
(...)
L’après-midi, dit-il, lui a donné l’impression d’être « à Waterloo, ou en 1914 dans la Marne »
(...)
« Sidérer par l’ampleur de la violence déployée : c’est une stratégie du gouvernement pour empêcher toute contestation », analyse Gaspard Manesse. Parviendra-t-elle à éloigner les écologistes des terrains de lutte ? Toutes les personnes interrogées par Reporterre assurent que non.
(...)

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Episode 10 : Retours de Sainte Soline - Raconter, Se Soigner, Riposter

Après Sainte Soline, nous sommes encore sonné.es, sous le choc. Plusieurs d’entre nous ont été grièvement blessés, d’autres sont traumatisés. Pour rebondir, malgré tout, nous avons proposé à certains de nos camarades de nous raconter leurs expériences du week-end, leurs ressentis, stratégique et politique, encore à chaud.
On se demande, dans cet épisode, quel sera la suite ? Comment, collectivement, est-ce que l’on arrivera à se tenir ensemble ? Comment se relever, après ce que plusieurs d’entre eux appellent une défaite ? Comment grandir, gagner en maturité stratégique, politique, pour ne pas se laisser abattre, pour durer, sous une forme ou sous une autre, pour que les grondements de la Terre continuent de se faire entendre.
Vous entendrez, en début d’épisode, une partie de l’émission de Minuit Décousu, « La guerre de l’eau à Sainte Soline », enregistré dans le cadre de la MegaRadio qui s’est constitué pour couvrir et soutenir la mobilisation.
Ensuite, vous entendrez des personnes ayant participé aux manifestations, à trois endroits bien différents, nous raconter leur expérience, encore à chaud. Leur voix ont été anonymisé. On espère que cela n’altèrera pas trop l’expérience d’écoute.
Nous sommes les Soulèvements de la Terre !
- Dispo ici —> https://linktr.ee/avisdetempete
@Les soulèvements de la terre
Bassines Nonmerci
(par Désobéissance Ecolo Paris)

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Macron veut museler le « débat » public déjà inexistant et factice

- « Emmanuel Macron veut museler le débat public »
Le chef de l’État souhaite porter à la présidence de la Commission nationale du débat public une personne mise en cause pour son manque d’indépendance. Le gouvernement veut par ailleurs exonérer certains projets industriels de passage devant cette commission.
Alors que, sur fond de crise sociale à cause des retraites, la première ministre Élisabeth Borne cherche à convaincre les partenaires sociaux que le gouvernement veut désormais l’apaisement et ne passera pas d’autres réformes à la hussarde, voilà un message qui suggère strictement l’inverse : Emmanuel Macron a fait savoir qu’il souhaitait porter à la présidence de la Commission nationale du débat public (CNDP) une personnalité qui a récemment été mise en cause pour son manque d’indépendance. Et dans le même temps, le gouvernement a annoncé qu’il souhaitait exonérer certains projets industriels de passage devant cette commission.
Les deux informations se complètent donc l’une l’autre et peuvent se résumer de manière plus abrupte : Emmanuel Macron, qui est passé en force sur les retraites, n’aime guère prendre le temps du débat public et souhaite visiblement limiter les prérogatives de l’autorité administrative indépendante qui est la garante de son bon déroulement. (…)

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VU D’ALLEMAGNE : DARMANIN AUSSI DANGEREUX QUE LE PEN

- À la tête de la France, un gouvernement autoritaire proche de l’extrême droite, selon un grand journal allemand

« Aussi agressif que Le Pen ». C’est le titre choisi par le grand hebdomadaire allemand Die Zeit, qui tire à 500.000 exemplaires par numéro, dans un portrait du ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin. Die Zeit est un journal modéré et libéral. Il dresse une description de la France aussi réaliste que cauchemardesque.
Darmanin y est décrit comme l’architecte de l’escalade violente du gouvernement, et un ministre aussi à droite que Le Pen. Di Zeit écrit : « Macron n’est apparemment pas gêné par le fait que Darmanin ressemble désormais de plus en plus au Rassemblement national d’extrême droite ».

Le journal explique : « Le ministre français de l’Intérieur est responsable d’opérations policières agressives lors de manifestations. L’objectif de Gérald Darmanin : monter à l’Élysée en intransigeant […] Combien y aura-t-il encore de policiers et de manifestants blessés aujourd’hui ? C’est une question courante en France lors des nombreuses journées de protestation » avant de dresser le bilan de la répression en France, avec ses mutilations et ses arrestations de masse, difficilement imaginables en Allemagne.

Die Zeit rappelle à ses lecteurs que la police française utilise « des grenades, des balles en caoutchouc et des gaz », et que des gendarmes ont tiré sur des écologistes depuis des quads. Surréaliste vu d’Allemagne.

Die Zeit fait ce constat accablant : « désormais plus de la moitié des Français déclarent avoir peur des violences physiques lorsqu’ils sortent manifester » et ajoute : « un homme est responsable de cette escalade : le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin », qualifié d’homme « le plus radical d’Emmanuel Macron » qui n’a « qu’un objectif : succéder au président. »
« Les militants écologistes sont qualifiés de ’’terroristes’’ et les manifestants contre les réformes des retraites sont qualifiés de ’’foule violente’’ », des lois anti-réfugiées sont programmées et la gauche traitée de « terroriste intellectuel ». Une escalade verbale et répressive qui choque même au sein de la droite conservatrice. « En revanche, Darmanin ne dénonce pas Marine Le Pen » rappelle Die Zeit : « C’est elle, la nationaliste française qui a tant gagné en force lors de la récente élection présidentielle, qu’il a un jour qualifiée de "trop ​​molle". »

Die Zeit conclut : « l’extrême droite est la seule gagnante de la situation politique agressive en France. »
Le journal allemand n’est pas le seul à constater que la France ressemble à un régime autoritaire d’extrême droite. La commissaire européenne aux droits de l’homme, Dunja Mijatović, a dénoncé la répression en France, un commissaire indépendant aux droits de l’homme auprès de l’ONU a appelé la police française à respecter leurs « règles déontologiques », la Maison Blanche a elle-même fait part de sa préoccupation. Et des ONG comme Amnesty International dénoncent régulièrement la militarisation et la brutalisation de la police française. Die Zeit rapporte d’ailleurs les menaces de Darmanin contre la Ligue des Droits de l’Homme, organisation « plus que centenaire et reconnue pour les droits fondamentaux ».

Il y a deux ans, Die Zeit qualifiait la France de Macron « d’Absurdistan autoritaire » à propos de la gestion délirante du Covid : « La gestion sanitaire de Macron est presque monarchique. Les décisions majeures concernant un confinement ou un couvre-feu sont prises dans un ‘conseil de défense’. »

En 2021, le journal allemand Handelsblatt, un quotidien « économique » de centre-droit, estimait que le gouvernement Macron avait choisi de régner à l’extrême droite, décrivait la radicalisation de la police et s’alarmait de la situation française : « L’Allemagne doit désormais s’inquiéter […] Les Européens négligent l’orage qui menace la pointe ouest du continent : les extrémistes de droite sont plus près que jamais de prendre le pouvoir en France […] la situation politique de la France ressemble plus à la République de Weimar finissante qu’à la France moderne que l’on connaissait. Macron aurait pu, dans ce chaos, être la voix de la Raison.
Aujourd’hui, rien ne suggère qu’il souhaite l’être. Demain, il sera peut-être trop tard. »
Lorsque des centristes allemands font le parallèle entre la France actuelle et leur propre pays à la veille du nazisme, il y a effectivement de quoi s’inquiéter. Et d’agir.

(post de Contre Attaque)

Ce n’est pas de Le Pen et de ses nervis qu’il faut s’effrayer, mais du néo-fascisme déjà au pouvoir en France

MACRON PLUS ATTENTIF ENVERS UN MORCEAU DE TOILE QUAUX CENTAINES DE VICTIMES DE LA POLICE

Jeudi 6 avril à Paris, lors de l’immense manifestation contre la casse des retraites, un départ de feu a abîmé la bâche rouge de la brasserie La Rotonde lors d’affrontements. Les autorités avaient déployé un énorme dispositif policier devant cet établissement emblématique où Macron avait fêté son passage au second tour de l’élection présidentielle de 2017. L’actuel président, entouré de copains et de journalistes, avait à l’époque célébré l’accession de l’extrême droite en finale, ce qui assurait une victoire facile au candidat banquier, grâce au chantage au « barrage ». Cynisme total.
Depuis, cette brasserie, symbole de la caste au pouvoir, est ciblée lors des manifestations. Notamment pendant le mouvement des Gilets Jaunes. Ce 6 avril 2023, le départ de feu a été éteint avec un seau à champagne rempli d’eau. Tout un symbole.
Macron a immédiatement téléphoné aux gérants de la rotonde pour leur exprimer son « soutien ». Le président est une telle ordure qu’il a plus d’empathie pour la bâche rouge d’un restaurant bourgeois que pour les centaines de personnes blessées gravement par sa police, ou pour les familles des deux hommes qui ont été plongés dans le coma suite à des tirs de gendarmes à Sainte-Soline.
Macron est aussi plus attentif au bien-être des patrons de la Rotonde qu’aux demandes de l’intersyndicale et des millions de personnes qui manifestent depuis 3 mois, pour qui il n’a jamais eu le moindre mot, à part du mépris !
Macron est également plus sensible à un morceau de toile qu’au sort des millions de personnes qui vont s’épuiser voire mourir au travail à cause de sa réforme injuste et criminelle. Voilà ce que valent nos vies pour ces gens. Moins qu’un bout de tissu.
Pour rappel, Gérard Tafanel, propriétaire de la Rotonde, a été condamné pour fraude fiscale en 2022, à 30.000 euros d’amende et 18 mois de prison avec sursis. Il avait dissimulé une partie des recettes de l’établissement.

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CONFLANS : LA POLICE TERRORISE LES LYCÉEN-NES EN LUTTE

Des adultes en uniforme, tenant en joue des adolescents avec des armes de guerre. Des policiers appuyant de leur poids sur le corps d’un lycéen. Ce sont les images de Conflans-Sainte-Honorine, près de Paris, ce jeudi 6 avril.
Ce jour de grande mobilisation nationale, les lycéen-nes de l’établissement Jules Ferry ont voulu bloquer leur lycée. « Certains sont arrivés à 7h20, ils ont tenté de mettre en place le blocus à l’aide de poubelles mais se sont fait menacer par la police qui est arrivée assez vite, et l’un d’entre nous s’est fait embarqué une première fois » nous explique un lycéen présent sur place.
« À 8h, on retente de mettre en place le blocus mais la police nous a instantanément gazé. Vers 10h, le blocus se remet en place, avec une barrière humaine mais la police revient cette fois-ci armée de LBD et de matraques en plus du gaz, ils nous foncent dessus, nous menacent de très près avec leurs LBD et nous gazent. »
Dans ce déferlement de violence, un jeune est arrêté : « l’un d’entre nous s’est fait plaquer au sol (sans motif) et agresser par au moins 4 policiers dont 1 qui s’assoit sur lui, pendant que 2 autres nous ont menacés à hauteur de tête avec leurs LBD ». Les vidéos montrent les cris de terreur et l’effroi d’une jeunesse agressée et terrorisée par des policiers en roue libre. Une policière hurlante met en joue des jeunes avec un lanceur de grenade, pour qu’ils « arrêtent de filmer » ! Un acte totalement illégal : une grenade en tir tendu à si courte distance est mortelle.
Des barrières ont été mises en place après l’arrestation, « non seulement pour empêcher la police de revenir mais également aider ceux qui avaient peur car pour beaucoup, c’était leur première manifestation. » En l’absence de la police, le calme est revenu.
Voilà comment, en France, les premières mobilisations sociales de la jeunesse sont traitées. Ces images font écho à la rafle de lycéen-nes de Mantes-la-Jolie en 2018 lors des Gilets Jaunes, ou la répression récurrente qui frappe les luttes lycéennes. Ne laissons pas nos ami-es, nos petits frères et sœurs, nos enfants subir cette terreur. La peur doit changer de camp.
- vidéo : https://fb.watch/jNdzIRMdYo/

(posts de Contre Attaque)

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Du mouvement social « classique » à une révolte générale contre la tyranie et les inégalités sociales ?

PARIS : UNE ANTENNE DU MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR TAGUÉE CONTRE LAPRESSION

Ce dimanche 9 Avril, une manifestation sauvage contre les violences policières s’élançait de Montreuil à l’Est de Paris. Les manifestant.es ont réussi rapidement à traverser le périphérique parisien pour atteindre une antenne du Ministère de l’intérieur situé dans le 20e arrondissement de la Capitale.
Ce bâtiment neuf, inauguré en 2016 par Bernard Cazeneuve, abrite plus de 26 000 m² de bureaux, qui sont occupés par la Direction centrale des compagnies républicaines de sécurité, la Direction centrale de la police aux frontières, la DGEF , Direction générale des étrangers en France, l’IGPN ou encore le service qui gère les achats d’armes pour les forces de l’ordre.
Sur le parcours des inscriptions sont laissées sur les murs. Elles font référence à la boucherie répressive de Sainte-Soline et aux crimes policiers dans les quartiers populaires.

Au niveau du bâtiment du ministère, quelques jets d’œufs de peinture ont coloré la façade lugubre du bâtiment tandis que les vitres sont taguées à la bombe de peinture. En lettres rouges, on peut y lire « Darmanin Assassin » ou encore « Vengeance pour S. »
La colère est grande contre la violence en uniforme et ses commanditaires.

(post de Contre Attaque)

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DES RETRAITES AUX SALAIRES ET RECIPROQUEMENT : CA VA ÊTRE CHAUD A TOULOUSE DU 11 AU 14 VOIRE APRES...

GREVE HISTORIQUE ANNONCEE CE 11 AVRIL DANS TOUS LES TRANSPORTS DE TOULOUSE
La mobilisation s’annonce massive ce 11 avril dans le réseau de transports toulousains Tisséo, les bus et même le métro (pourtant automatisé), pour défendre une sorte d’indexation des salaires sur l’inflation dont ils bénéficient - avec retard, donc relative mais indexation quand même- que la direction veut remettre en cause.
Les salariés de Tisséo étaient mobilisés déjà en nombre le 6 avril pour les retraites avec en tête de se préparer au 11 avril - et à ses suites éventuelles- pour les salaires et à faire plus fort, bien plus fort pour se faire entendre Et d’ores et déjà tous les signaux annoncent que la mobilisation va être massive. Le soir du 11, une AG va décider s’ils continuent leur grève, car ils savent bien qu’une journée ne suffira pas et donc, faire alors la jonction avec le mouvement des retraites, ce qui pourrait lui donner un nouvel élan par cette jonction des salaires et des retraites, à Toulouse, bien sûr, mais pourquoi pas au delà...

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L’importance de prendre conscience et de faire prendre conscience pour pouvoir s’organiser et résister.

Assata Shakur (1947 - ) est une militante ayant été membre de la Black Liberation Army (BLA) et de la « May 19 Communist Organization ». Elle est fugitive depuis 1979, réfugiée à Cuba depuis.
Elle nous rappelle l’importance de prendre conscience et de faire prendre conscience pour pouvoir s’organiser et résister.
DGR base son travail sur le rappel constant de la situation actuelle comme étant la conséquence de la civilisation actuelle industrielle, colonialiste, capitaliste, pratiarcale et humano-centrée.
Les méga-feux, le réchauffement climatique, la montée des eaux, l’accaparement de l’eau douce qui se raréfie, l’effondrement de la biodiversité, la stérilisation et la bétonisation des terres, la course à l’énergie (voitures électriques, problématiques nucléaires, énergies qualifiées de vertes), la montée de la violence étatique et du fascisme dans les états pseudo-démocratiques occidentaux, les lois anti-avortement aux USA en 2022...
Tout ces éléments et bien d’autres encore ne sont simplement pas isolés mais apparaissent comme le résultat du fonctionnement implacable et écocidaire de la civilisation dans laquelle nous évoluons et dont il faut trouver comment y mettre fin.
👁 Documentaire sur Assata Shakur (en anglais)
- https://www.youtube.com/watch?v=_7yw00bF8MA
👁 Assata Shakur : Eyes Of The Rainbow
- https://www.youtube.com/watch?v=0jItg69Hnq8
👉 Rejoindre DGR :
https://deepgreenresistance.fr/rejoindre-dgr-france/

◼️ LES MANIFESTANTS RENNAIS OBTIENNENT LAFAITE PROVISOIRE DE CLEAR CHANNEL

Clear Channel (devenu groupe iHeartMedia) est une entreprise spécialisée dans le mobilier urbain publicitaire. Avec l’autre géant du secteur JC Decaux, elle se partage l’essentiel du marché français et possède la concession de la ville de Rennes.
Régulièrement ciblées durant les mobilisations, les vitres de ses 70 panneaux n’ont pas survécu à la détermination des manifestants rennais, bien décidés à installer un "Adblock IRL" dans la ville.

On apprend dans un article de France Bleu Armorique que :
« Clear Channel, qui possède la concession de ce mobilier urbain dans la Métropole rennaise jusqu’en 2025, estime le coût à plus de 80.000 euros pour le seul mois de mars. Le préjudice doit encore être affiné, car il y aura "sans doute des appareils électriques à changer à l’intérieur", explique Johann Thibaudat, le responsable Bretagne. Il faut compter "200-300 euros la vitre", pas loin de "15.000 euros le mobilier". Sans oublier le manque à gagner publicitaire. »
Finalement l’obstination des manifestants rennais aura porté ses fruits : Clear Channel a décidé temporairement de cesser de réparer ses panneaux dans la ville de Rennes.
Une nouvelle plutôt réjouissante à la veille de la remise en jeu du contrat des mobiliers urbains d’information (MUI) de la ville de Paris, alors que JCDecaux et Clear Channel s’apprêtent à se livrer une bataille pour obtenir un contrat estimé à 34 millions d’euros de redevance par an d’après Challenges.
Un an avant les Jeux Olympiques, très peu de panneaux publicitaires sortent indemnes du passage des manifestations dans la capitale, et c’est d’ailleurs aussi le cas à Nantes ou à Lyon.
La casse devient ici un élément concret et simple de la lutte anticapitaliste. La désactivation des panneaux publicitaires nous protège :
- de l’accaparement de l’espace public pour des intérêts privés
- de la pollution visuelle : il n’y a absolument rien de "normal" à ce qu’on nous impose de voir des pubs juste parce qu’on sort dans la rue, qu’on prend le bus ou le métro
- de l’incitation à la (sur)consommation et de ses effets : pollution, inégalités, obésité, etc
- du gaspillage énergétique (un panneau lumineux biface consomme autant d’énergie qu’un logement familial, hors chauffage)

(post CND)

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METTRE « L’IMMIGRATION DANS L’ATMOSPHÈRE » POUR « ÉCRASER LES RETRAITES » SELON UN CONSEILLER DU GOUVERNEMENT

L’organe officiel du Macronisme donne à nouveau la parole aux membres du gouvernement. Dimanche dernier, c’était une longue interview sans contradiction de Gérald Darmanin, qui assimilait la gauche et l’écologie au terrorisme et annonçait une répression toujours plus sanglante. Ce weekend, ce sont les députés et conseillers Macronistes qui parlent dans la réforme des retraites.
Les cercles du pouvoir sont inquiets. Ils ne savent pas comment se dépêtrer du mouvement social en cours et craignent que la contestation s’installe dans la durée, paralysant la situation politique et sociale.

On peut lire dans l’article : « Ils ont intérêt à reprendre la main, implore une macroniste qui a un temps songé à démissionner. Il faut nous donner des perspectives, et vite. Sinon, franchement, je ne sais plus pourquoi je me bats. »
On apprend également que « la semaine prochaine, la locataire de Matignon recevra le Rassemblement national, les associations d’élus et ouvrira une séquence sur l’écologie ». En période de contestation, quoi de mieux que de déjeuner avec l’extrême droite ?

La Première ministre ne sait plus quoi faire pour fermer la séquence sur les retraites et repartir à l’attaque sur d’autres sujets : « Deux textes relativement consensuels devraient y atterrir d’ici à l’été : la loi de programmation militaire et celle sur l’industrie verte. Pour le reste, c’est encore flou ».

Mais la citation d’un cynisme écœurant est la suivante. Un conseiller ministériel, interrogé par le Journal du Dimanche, lance tranquillement : « Il y a trop de tétanie dans notre réaction. Il faut mettre des choses dans l’atmosphère, comme l’immigration ou autre. Sinon, on ne va jamais réussir à écraser les retraites. »

Mettre l’immigration dans l’atmosphère pour écraser les retraites. Vous avez bien lu. Écraser la demande d’une juste répartition des richesse par un climat raciste. Attaquer les immigrés pour mieux détruire une lutte sociale. Voilà les stratégies dégueulasses d’un gouvernement ouvertement d’extrême droite.

À chaque fois que la bourgeoisie veut imposer des reculs sociaux, elle stigmatise encore plus fort les catégories déjà exclues, victimes de racisme, marginalisées. D’ailleurs, Darmanin lance des expulsions d’une extrême brutalité à Mayotte. Les médias gouvernementaux redonnent massivement la parole au clan Le Pen. Macron aimerait une nouvelle loi « sur l’immigration ». L’opération est très claire. Le racisme au service du grand capital.

Voilà pourquoi en 2019, en plein soulèvement des Gilets Jaunes, Macron voulait un « grand débat » sur l’immigration. Voilà pourquoi tout était mis en œuvre pour assimiler les Gilets Jaunes à des beaufs racistes. Voilà pourquoi Macron donne des interviews exclusives à Valeurs Actuelles et réhabilite Pétain et organise des seconds tours face à Le Pen. Voilà pourquoi Darmanin attaque sans cesse une « ultra-gauche » fantasmée tout en préservant les fascisme, et voila pourquoi des médias ont sponsorisé Zemmour.

Comme dans les années 1930, le capitalisme en crise choisit la carte du racisme et du fascisme. Le Journal du Dimanche conclut son article ainsi : « Il faudra que les syndicats aient la sagesse de terminer en bon ordre le mouvement social, espère un député ». Il en est hors de question. Les mouvements sociaux sont précisément la meilleure réponse pour faire face à la montée du racisme, souhaitée et orchestrée par la bourgeoisie ensauvagée au pouvoir.

(post de Contre Attaque)

Quelques commentaires sur le fascisme, la démocratie, l’État moderne et la révolution

- Contre l’antifascisme d’État - Quelques commentaires sur le fascisme, la démocratie, l’État moderne et la révolution.

Sur la violence et l’asymétrie

- Pour en finir avec la violence - L’ampleur des débordements qui ont accompagné les dernières manifestations a laissé dans l’ombre un fait divers sur lequel l’auteur de cet article a jugé intéressant de revenir.

- Le tabou du cock(tail) -Après Sainte-Soline, des politiciens, journalistes, ou commentateurs bénévoles, ont jugé utile de voir un vis-à-vis, une symétrie, entre la violence des manifestants et celle des forces de l’ordre, l’une et l’autre se légitimant et donc s’annulant, réciproquement. De meilleure volonté, la gauche s’est empressée de rappeler, à raison, que les moyens et la force brute des partis engagés étaient eux asymétriques : 5000 grenades ne valent pas 500 mottes de terre, 4 cocktails molotovs et 17 feux d’artifices ; une tenue de Robocop protège davantage qu’un casque de vélo, une paire de gants et des lunettes de piscine. Le texte qui suit propose de percevoir l’asymétrie sur un tout autre plan que celui, confus et flou, de la violence. L’asymétrie ne se situerait pas dans la force engagée mais dans les buts poursuivis, dans l’idée que l’on se fait du conflit et dans les moyens que l’on mobilise au regard d’impératifs éthiques et vitaux. De là, on jugera généreuses certaines pratiques visiblement agressives.
(...)
Des légions romaines, aux GI, en passant par la police des mœurs iranienne, la FARC et les Kadyrovtsy, jusqu’aux pauvres Gendarmes mobiles français, ce n’est donc pas le désir de violence qui nous intéresse et qui prévaut mais bien la conformation à l’ordre. On comprendra ainsi pourquoi tendanciellement, plus une armée est organisée, c’est-à-dire civilisée, plus seront grandes ses capacités d’anéantissement.
Une foule au contraire, ce collectif informel par excellence – cette horde barbare sans véritables chefs donc – a tendance à déferler sans efficacité. Orientée par un désir de sape, elle ruine tout fondement au pouvoir et à l’ordre.
On parviendra peut-être par suite à distinguer des régimes de violence indépendamment des fins « légitimes » qu’ils prétendent accomplir : la justice, la paix, la démocratie, l’ordre, la justice populaire, etc, ou des moyens « adéquats » dont ils prétendent user (« passifs », « symboliques », etc.). Chaque camps estimant toujours être dans son bon droit, on opposera à cette vision anhistorique des événements une lecture historique et processuelle : de quelle histoire procède celles/ceux qui agissent violemment et quelle est la nature de cette violence ?
(...)
Browning ou Arendt ont très bien montré que les nazis ou les bolchéviks, cette Police des polices, n’avaient pas particulièrement intérêt à conserver les éléments les plus sadiques dans leur rangs, lesquels manifestaient toujours une trop grande sensibilité, inadaptée à l’oppression et aux opérations de police génocidaires, qui nécessitaient sang froid, conformité et détachement. Les sadiques étaient sommés de rentrer chez eux et de trouver d’autres échappatoires à leur « tendance naturelle au crime »
(...)
la VCOA est aussi Violence Collective de Conquête ou d’Anéantissement et que la VCD est Violence de Scission, refus infini du pouvoir, de la rigidité et de la verticalité.
(...)
À la violence prolétarienne qui est expansion de l’autonomie, et qui ne vise pas la prise de pouvoir (grève générale, syndicalisme révolutionnaire, émeutes) s’oppose formellement la force publique, laquelle est maintien des hiérarchies et stabilisation du pouvoir, conservation en l’occurrence des institutions bourgeoises (démocratie parlementaire, etc.). Là encore deux régimes de violence historiquement et qualitativement antagonistes.
(...)
Il n’est ni possible ni désirable de déserter le terrain de la force. Ce que Weil oppose à la force, c’est l’équilibre. Il n’y a pas de guerre propre mais des manières équilibrées de faire la guerre. Il faut tenter d’infléchir les forces de cette balance, absolument déséquilibrée, en prenant le parti des vaincus, des opprimés.
(...)
On pourrait donc poursuivre en disant que la VCOA est à la fois force publique, pouvoir et brutalité (ou Force Concentrée), tandis que la VCD est force opprimée, anarchique ou déconcentrée. On tâchera par la suite d’indiquer, grâce à Weil et d’autres, des façons d’éviter toute cristallisation de VCD en VCOA. Pour l’instant, signalons que la VCD ne cherche jamais à se perpétuer indifféremment et que dire : « des intérêts historiques antagonistes se cristallisent respectivement en VCOA ou VCD », ce n’est ni recouvrir le champ de l’existence humaine d’une connotation exclusivement belliqueuse, ni faire des pulsions agressives, des courants cruels, une donnée de la nature humaine universelle. Ces deux principes existent, comme contrepoint l’un de l’autre, mais ils pourraient tout aussi bien disparaître et ne plus jamais exister.
(...)
Les humiliations et les exactions de la VCOA n’ont jamais été ni des « dommages collatéraux », ni des « dérapages » institutionnels. Ils forment la matrice historique d’un régime de violence qui n’a d’autre vocation que le maintien des positions de pouvoir (ou maintien de l’ordre) et par laquelle la VCD se trouve toujours hantée. La VCD, en même temps qu’elle vise à faire disparaître la VCOA et non à lui contester son hégémonie, conjure donc toujours ses propres formations de VCOA.
(...)
Loin de fantasmer une figure barbare préhistorique libérée de la violence, Weil rappelait pour sa part que, jusqu’à preuve du contraire, ce sont bien les civilisés qui pouvaient se targuer des plus grandes atrocités. « On est toujours barbare envers les faibles » disait Weil (Réflexions sur la barbarie), on est toujours disposé à écraser, pourvu que cela nous permette de prospérer.
(...)
Deux types de militants peuvent en effet être quasi-indiscernables dans les combats émancipateurs, et cette indistinction est une des sources (non la seule, certes), des catastrophes historiques qui ont accompagné leur histoire : les militants qui luttent par amour de la lutte, et ceux qui n’aiment pas la lutte avec ses cruautés, mais luttent pourtant par amour de la justice. Certains militants présentent leur existence comme faite de sacrifices, mais ils ne sacrifient rien en vérité : ce sont des nihilistes qui aiment la guerre, la ruse, la violence inhérentes au combat politique. Les autres ne l’aiment pas, mais ne la fuient pas si celle-ci est nécessaire
(...)

Retraites etc. : actus, infos, analyses - (re)prendre vraiment confiance et s’organiser

BREVES - Quelques échos

- À Salles-Curant, en Aveyron, la gendarmerie nasse en toute illégalité la confédération paysanne pour éviter qu’ils parlent ruralité avec Élisabeth Borne.
Le pouvoir ne tient plus que par l’usage illégitime de la force…
(Via Centre Presse Aveyron)

SAMEDIAVRIL : “LES PROLOSVEILLENT LA BAULE
Après Deauville et Trouville hier, ne manifestation qui change de l’ordinaire ce 8 avril, à l’appel de la CGT : « Garden Party chez les potes à Macron ».
Au programme : une « manif de droite satirique » suivie d’un barbecue sur le front de mer.
« À La Baule ça grouille, ça dégouline de suffisance et de mépris de classe, mais ce sont les prolos qui font tout fonctionner. Parce que c’est bien le patronat et les plus fortuné-es qui ont réclamé cette contre-réforme des retraites, il serait temps d’aller y faire entendre nos slogans, nos colères, nos odeurs de merguez ! Venez participer à une balade au pays des patrimoines financiers ! » dit l’appel. https://www.facebook.com/caroline.sarfati.1/videos/793920778307783

8 avril. Blocage en cours du chantier de la tour Pleyel (futur hôtel de luxe qatari) (Saint Denis)

Retraites etc. : actus, infos, analyses - (re)prendre vraiment confiance et s’organiser

11 AVRIL. BLOCAGE DU CENTRE DE TRAITEMENT DES ORDURES MENAGERES ALCEA DE NANTES

11 AVRIL. BLOCAGE DES VOIES A MORLAIX CE MATIN DES 6H AVEC UNE BANDEROLE ZAD - ZONE ANTI DARMANIN

Retraites etc. : actus, infos, analyses - (re)prendre vraiment confiance et s’organiser
Création d’une ZAD : Zone Anti Darmanin

11 AVRIL. BLOCAGE DU GARAGE A BENNES DU DEPÔT D’AUBERVILLIERS DES 5 H DU MATIN

11 AVRIL. BLOCAGE DES VOIES EN GARE DE LANDERNEAU

BLOCAGE DES LYCEES LES 12, 13 ET 14 AVRIL

11 AVRIL. GREVE ET BLOCAGE DES EBOUEURS DE LA COMMUNAUTE D’AGGLOMERATION DE LA ROCHELLE

Retraites etc. : actus, infos, analyses - (re)prendre vraiment confiance et s’organiser
Louis XVI, ca va recommencer ?? ;-)

11 AVRIL. LA FACULTE DES LETTRES A AIX EN PROVENCE EST BLOQUEE

APRES LES BUS LEAVRIL, LES EBOUEURS SONT ENTRES EN GREVE A ANNECY

Ce mardi 11 avril, les employés de Tisseo (transports en commun de Toulouse) se sont massivement mis en grève pour leur salaire. Pour la première fois depuis sa mise en service le métro a été totalement bloqué !
Images Le Point Levé Toulouse : https://fb.watch/jRdnanCZyr/

Retraites etc. : actus, infos, analyses - (re)prendre vraiment confiance et s’organiser
en fait il tient via plusieurs fils encore : répression, intériorisation du capitalisme, peur

EST-CE QUE LA POLICE VA BIEN ?
Choses vues dans les rues ces dernières semaines, dans le cadre de la contestation contre Macron et sa réforme des retraites.
Accidents de voitures, chutes, jet de grenade raté : est-ce l’explication de tous ces agents blessés dont parle tant le gouvernement ?
- Video gag : https://fb.watch/jRdk_ic8uP/

REFORME OUVOLUTION : LE MOUVEMENT ACTUEL ENTRE DEUX ÉPOQUES

- Voici un long texte de Chastaing, qui reste optimiste (comparer l’actuel mouvement avec la séquence de luttes de 1936 est-ce vraiment pertinent ?) et inscrit dans des perspectives de gauche "classique", mais ça reste intéressant à lire :

Le mouvement est toujours dans une phase ascendante.
Le succès du 6 avril en témoigne après pourtant presque trois mois de mobilisation continue. Les journées des 13 et 14 avril l’illustreront certainement à nouveau.
Ce mouvement qui crée une nouvelle page de l’histoire de France est inédit parce qu’il a les pieds dans deux périodes. Il y a celle d’hier, ouverte par les trente glorieuses, ses conquis sociaux et son réformisme dominant qui se défait lentement et celle de demain qui commence à prendre forme avec une contre-révolution des possédants qui tentent de réduire à néant les protections sociales et les conquis démocratiques du passé et en conséquence une riposte populaire, le retour à une lutte de classe ouverte et l’entrée dans une nouvelle ère de révolutions.
Le mouvement aujourd’hui est encore à la charnière avec d’une part, dans cet univers où les conquis sociaux existent encore, des organisations et des références militantes adaptées à cette époque, qui au plus loin et au plus radical, s’arrêtent à mai 68 et, d’autre part, l’entrée dans une lutte de classe d’un tout autre niveau, bien plus dure, un gouvernement inflexible qui ne négocie rien, mettant les organisations syndicales et la démocratie parlementaire de côté, ne connaissant comme seule réponse que la violence policière, et comme seule régime, celui de l’État régalien.
Aussi, tout le mouvement actuel se concentre dans le basculement d’une période à l’autre et dans les prises de conscience qui accompagnent ce basculement. Pour comprendre ce qui est nouveau dans ce mouvement, et percevoir ce qui est devant nous et comment s’y préparer, il faut chercher des repères dans une filiation plus ancienne, dans une période de lutte de classe radicale sans guère de protections sociales mais qui y a conduit, celle des années 1934-1935, juste avant la grève générale de mai-juin 1936 et le Front Populaire. Ces années ne font pas partie de notre expérience vivante, c’est pourquoi il me faudra être un peu plus long.

CARACTERISTIQUES D’UN MOUVEMENT MASSIF ET SUBVERSIF DANS LA DUREE
Observons d’abord ce qui se passe.
Beaucoup s’inquiétaient de cette 11e journée d’action. Avec un mouvement qui dure depuis deux mois et demi, les journées saute-moutons et l’usure des grèves, allaient-elle annoncer le déclin du mouvement ?
Eh bien non. La mobilisation ce 6 avril s’est maintenue au niveau des plus fortes. Cela signifie que nous ne sommes plus seulement dans un processus de journées saute-moutons qui usent. Nous sommes entrés dans autre chose. Et assurément, la 12e, le 13 avril, la veille du jour où le Conseil constitutionnel doit se prononcer, sera encore du même niveau voire plus Et elle sera probablement redoublée le 14 avril, d’une nouvelle journée d’intensité sociale extrême et radicale du type de celles des journées qui ont accompagné le 49.3 ou le vote de la motion de censure. Cela signifie que le mouvement continue à monter, au sens où le moindre incident fortuit, ou concours de circonstances inopiné, peut le faire basculer dans un tout autre mouvement d’un niveau encore bien plus important. Ce que tout le monde sent et attend et pour cela continue à se mobiliser.
Mais en même temps, en attente de cet événement, si peu se fatiguent, beaucoup hésitent à entrer sérieusement dans la lutte.
Et cela parce que la réforme des retraites concerne tout le monde et en même temps...pas tout le monde ! C’est de fait une liquidation des retraites pour la majorité. Mais, en même temps, beaucoup parmi les salariés les plus pauvres, les précaires, les chômeurs, beaucoup de femmes et de jeunes savaient déjà avant cette réforme qu’ils n’auraient pas vraiment de retraite. Cette réforme n’est qu’une légalisation élargie à tous de ce que eux vivent déjà. C’est pourquoi, ils se préoccupent plutôt de comment vivre maintenant, d’ici l’hypothétique retraite, c’est-à-dire avoir un emploi et un salaire suffisant. Du coup, ils s’inquiètent, si ce mouvement gagnait, qu’est-ce qui changerait vraiment pour eux ? On a envie de dire ,surtout pour elles, parce que, remarquons-le, ce mouvement par les secteurs professionnels les plus engagés est surtout masculin. Alors, ils/elles participent massivement aux journées d’action, parce qu’ils savent que cette réforme est une porte ouverte à d’autres attaques si elle passe et la possibilité de s’ouvrir à d’autres luttes si le mouvement gagne. La lutte pour les retraites porte en elle la possibilité d’autres victoires. Mais juste la possibilité. C’est dans la tête de tous, mais pas encore dans la réalité même si toutes les luttes importantes actuelles, des électriciens ou des éboueurs, ont d’autres revendications et pas seulement celle des retraites. La possibilité, c’est beaucoup mais pas tout. C’est pourquoi, il n’y a pas réellement de grève prolongée dans le privé et dans les secteurs féminisés du travail. Ce qui est déterminant pour gagner. Et les directions syndicales ne veulent pas élargir les revendications aux salaires et à l’emploi... Par contre, ceux qui sont à la pointe de la lutte, les électriciens et gaziers, les raffineurs, et encore des cheminots, dockers, éboueurs ou des enseignants ont beaucoup à perdre, y compris pour certains à sa suite, leur statut.
Aussi, certains parmi eux déclarent qu’ils sont prêts à tenir trois mois et ont reconduit la grève comme beaucoup d’électriciens et gaziers ou encore les raffineurs de Gonfreville. D’autres, comme les raffineurs de Donges, l’ont suspendu mais vont reprendre la grève les 13 et 14 avril parce qu’ils savent que le mouvement va durer et se préparent en conséquence. En d’autres circonstances, on pourrait se dire que cette "suspension" signifie la fin du mouvement. Pas aujourd’hui, parce que cette façon de faire grève est déjà la règle pour la majorité des travailleurs en lutte. Ceux qui font grève tout le temps sont une minorité et leur nombre baisse mais pas le mouvement. La plupart des électriciens et gaziers sont en grève depuis plus de 30 jours, mais ils font grève quelques heures par jour, ou se relaient à tour de rôle, tandis que dans la plupart des autres secteurs où il y a grève, ça tend de plus en plus à devenir une grève à la carte, intermittente, mais aussi en réseau mais pas par procuration, un mouvement général tournant. Quand les uns s’arrêtent d’autres reprennent. Avec en plus, le grand nombre qui est présent lors des grandes journées d’action et puis pour certains encore de tous métiers, retraités ou sans travail, lors des opérations coups de poing, pour aider à un piquet de grève, pour être dans le coup de ce mouvement continu sans pour autant se ruiner.

Sans continuité totale, ni vraiment discontinuité, ce sont toutefois les grèves reconductibles, qui se relaient les unes les autres, initiées par certains secteurs de la CGT et de Solidaires, énergie, chimie, éboueurs, cheminots, ports et docks, enseignants, étudiants et lycéens... qui fondent ce mouvement par sa radicalité. Une radicalité qui s’entend avec ceux qui disent qu’on « va tout reprendre » et aux méthodes et objectifs offensifs des électriciens résumés dans leur chant repris au congrès de la CGT « Manu si tu continues, il va faire tout noir chez toi » . Cela permet les opérations coups de poings ou Robins des Bois qui rendent le mouvement visible, un élément du succès, parce qu’on brave les interdits, un autre élément du succès, ce qui permet aussi de répondre coup par coup aux provocations du pouvoir, d’instaurer une sorte de dialogue direct entre le mouvement – qui a donc une expression propre - et le pouvoir sans passer par le prisme édulcorant des directions syndicales. Ainsi le mouvement le plus avancé parle, même s’il n’a pas d’auto-organisation et de porte parole. C’est cette expression propre et radicale du mouvement, en formant avec la jeunesse une sorte de second mouvement qui s’est autonomisé aux côtés de l’intersyndicale nationale qui contribue à ce qu’il y ait toujours beaucoup de monde aux grandes journées d’action intersyndicales, qui elles apportent à cette avant-garde le monde et l’unité des moins conscients. Une unité entre les plus avancés et les moins avancés que le mouvement a réussi à articuler et qu’il ne faut surtout pas rompre., en dénonçant par exemple trop stupidement les directions syndicales. Ce ne sont pas elles qui dirigent le mouvement et le freinent, c’est le mouvement qui les dirige et avance lentement pour que tout le monde puisse suivre.
Ce second mouvement est la forme aujourd’hui de son auto-organisation. C’est pour ces opération coups de poings qu’on a le plus le besoin d’AG interpro, de lieux occupés ou se retrouver, de prise en main collective de ces actions hors des intersyndicales, intégrant ainsi au mouvement les secteurs les plus radicaux des GJ aux Black Blocks. Pour autant, le mouvement dans son ensemble n’a pas sa propre auto-organisation. Mais en mai 1968 non plus, il n’y avait pas d’auto-organisation en tous cas de coordination régionale ou nationale, c’était le mouvement étudiant qui en faisait fonction comme aujourd’hui ce mouvement des actions radicales. Du coup, par ce second mouvement, les journées saute-moutons des directions syndicales en sont transformées, et deviennent par l’unité ouvrière qu’elles portent, autant d’encouragement du nombre à la radicalité des minorités en grève ou autour d’elles comme réciproquement la radicalité des plus avancés encourage les plus larges couches de la population à croire dans la détermination du mouvement, par delà les faiblesses des directions syndicales. Et tout cela forme, ensemble, autant d’étapes d’un peuple qui se lève.

UN MOUVEMENT TOUT A LA FOIS SOCIAL ET POLITIQUE, COMME TOUS LES GRANDS MOUVEMENTS
C’est par les blocages/barricades, dans une longue tradition française de révolutions, que la foule se constitue en peuple. C’est le même phénomène qui s’était manifesté en 1934-1935 dans un long mouvement du même type, qui s’arrêtait, recommençait, mais faisait un seul mouvement, avec de grosses manifestations pacifistes prolongées par des séquences quasi insurrectionnelles de grèves sauvages, de barricades, d’émeutes, face à une violence policière déchaînée qui a fait plus de 50 morts dans les manifestants. La situation n’était pas insurrectionnelle, ni même pré-insurrectionnelle elle ne le fut qu’en 1936, mais certains événements avaient déjà ce caractère insurrectionnel.
Ce mouvement à l’époque, comme tous les grands mouvements, et comme le mouvement actuel, associait revendications sociales et démocratiques. On défendait alors tout autant les revendications sociales que la République menacée. Le fond de l’air était en effet marqué par la victoire de Hitler en Allemagne et par l’action putschiste de l’extrême droite en France allant jusqu’à la tentative de coup d’État de février 1934 poussant les gouvernements successifs à glisser toujours plus vers la droite.
Aujourd’hui, notre fond de l’air politique est marqué par Trump et Bolsonaro – mais aussi, c’est très important pour comprendre la situation, leurs défaites et notamment celle de Trump par le plus long mouvement social (3mois) de l’histoire des USA, Black Lives Matters - et par la présence toujours plus marquée de l’extrême droite poussant les gouvernements successifs toujours plus vers la droite, Darmanin (ou d’autres) ambitionnant derrière Macron de jouer un rôle à la Bolsonaro/Trump.

Dans ce contexte politique, depuis le 49.3 puis les violences de Sainte Soline, le mouvement actuel ne se bat plus seulement pour la défense des retraites mais aussi pour la défense de la démocratie et contre les violences policières avec l’entrée en nombre de la jeunesse autour de ces questions. En 1934-35, les multiples décrets gouvernementaux promulgués par dessus le Parlement par des gouvernement faibles mais violents, occasionnaient à chaque promulgation autant de d’irruptions de colère populaire comme aujourd’hui et de violence policière ou de répression. C’est d’ailleurs la riposte au licenciement brutal - et vécu comme celui de trop - d’ouvriers qui avaient fait grève le 1er mai 1936 sans s’enregistrer (le 1er mai n’était pas férié et il fallait se déclarer gréviste par son syndicat) qui avait enclenché les premiers pas de la grève générale de mai-juin 1936.

Aujourd’hui, aussi bien le 49.3, que le vote de la motion de censure, ou qu’encore les violences policières contre les manifestations du soir des jeunes ou à Sainte Soline, on été à chaque fois l’occasion de manifestations sauvages de masse visant l’État qui se sont faites sans les directions syndicales et qui imprègnent nombre de manifestations plus larges avec des centaines de bâtiments politiques officiels visés ou dégradés.
Ce qui va se passer les 13 et 14 avril autour de la décision du Conseil Constitutionnel participe de ce caractère politique du mouvement. Celui-ci va tester, avec certainement encore bien des illusions, mais concrètement, où en est la démocratie française.
Le mouvement a pu vérifier jusque là que le gouvernement ne tient pas compte de de la démocratie de l’opinion qui rejette à 70% cette réforme, de la démocratie syndicale en refusant toute négociation, de la démocratie sociale par les réquisitions illégales et en ignorant et faisant matraquer les millions de manifestants, de la démocratie parlementaire sur laquelle il s’assied avec les 49.3, 47.1 et 44.3. Le mouvement veut vérifier maintenant si toute la bourgeoisie est dans le même état d’esprit et si le Conseil Constitutionnel, lui aussi va s’asseoir sur la démocratie, car tout le monde a bien compris que sa décision sera politique et pas juridique. C’est ce ce que Laurent Berger appelle une crise démocratique parce que c’est pour lui, la survie des syndicats de dialogue social qui est en jeu.

La décision du Conseil Constitutionnel en dira effectivement long sur cet état d’esprit, si les possédants cherchent à écraser la classe ouvrière et ses droits par la violence au risque d’un processus social explosif, quitte pour cela à dégrader encore plus la démocratie ou s’ils préfèrent composer, céder tout ou partie sur la réforme des retraites pour sauver l’essentiel.

Quoi qu’il en soit, les lendemains du 14 avril verront soit une explosion de joie, soit de colère. Et dans ce dernier cas, si la réforme est entérinée, le mouvement va se poser la question d’un acte deux, car la perspective lointaine et hypothétique d’un référendum soumis à autorisation du parlement (et du 49.3) n’en est pas vraiment une.
Le mouvement en apprendra donc beaucoup ces jours-là sur lui-même, où il en est, où nous en sommes et montrera alors vers quoi il s’engage. Tous les grands mouvements sont des sortes de phénomènes naturels. Comme un tremblement de terre ou une naissance. On ne fabrique pas les révolutions, on peut juste faire que leur accouchement se passe bien.

Certains voudraient pouvoir radicaliser le mouvement, le faire aller plus vite et plus loin qu’il ne le veut pour le moment, mais c’est impossible. Les uns d’exiger une radicalisation des directions syndicales par un changement de tactique, d’appeler à étendre les grèves reconductibles voir construire la grève générale, les autres d’imaginer une montée nationale à Paris visant l’Elysée, des troisièmes de se battre pour une auto-organisation plus accentuée. Tout cela est légitime, doit se discuter, s’envisager mais comme propagande générale ou tests de la situation, car d’abord et avant tout, il faut comprendre qu’on ne peut pas diriger un tel mouvement, qu’on peut au maximum se trouver à sa tête si on est capable de lui dire où il en est, où il va, quels sont ses adversaires et ses amis, quels obstacles il va rencontrer sur son chemin et l’aider ainsi à les franchir, à avancer pas à pas, là où lui veut aller et pas ce qu’on a dans notre tête aimerait qu’il fasse.
C’est un processus long qui ne connaît pas de raccourcis et de solutions miracles, parce que c’est le principe d’un processus général de remobilisation et de repolitisation des classes populaires dans leur ensemble qui a lieu aujourd’hui et à l’échelle internationale -on le voit au soutien mondial à notre mouvement. On ne peut pas sauter les étapes.
Le 14 avril sera une étape très importante. Probablement un basculement.

QUEL ACTE DEUX ?
Si la réforme ne passe pas, ce sera une victoire du mouvement et la porte ouverte à bien d’autres conquêtes.
Si elle passe, ce sera pour le mouvement, une rupture avec l’ancienne époque. On quittera ses rives pour s’engager entièrement dans une nouvelle en naviguant dans des eaux inconnues qui ne seront plus bornées par les espoirs dans les institutions mais dans le besoins d’en créer d’autres
, créant le vocabulaire de cette navigation. Bien des esprits se diront certainement alors qu’il ne s’agit plus de faire pression sur les autorités économiques et politiques du pays, parce que les autorités ne céderont à aucune pression, qu’il ne s’agit plus de bloquer l’économie pour cela, mais de la prendre en main, plus de bloquer mais d’occuper les entreprises, les banques, les universités, les radios, les télévisions... tous les lieux de travail et d’études, plus de faire pression sur le pouvoir mais de le prendre. C’est une toute autre dimension. Alors seulement, l’auto-organisation, les grèves reconductibles, la montée à Paris ou la grève générale, auront leur véritable contenu, un contenu révolutionnaire ou prérévolutionnaire, C’est le processus mental qui s’est fait en 1934-1935 et réalisé dans la grève générale par occupation de mai-juin 1936, le premier pas vers la révolution du fait du contexte politique qui l’habitait, ce que n’était pas, ou beaucoup moins, mai 1968. C’est cette transformation mentale de 1934-1935 qui a pris son expression ouverte dans la grève générale révolutionnaire de mai-juin 1936 et c’est cette menace de révolution qui, pour les possédants par peur de tout perdre, les a immédiatement fait céder au travers du Front Populaire, les premiers éléments de nos futures conquêtes sociales qui vont faire notre époque, mais aussi préférer Hitler à Blum, le fascisme contre la révolution.

Il n’y avait pas cela en 1968. C’est pourquoi Nous sommes aujourd’hui beaucoup plus proche du processus qui a mené à 1936 que celui de 1968. Où en sommes nous exactement de ce processus de 1934-1935-1936 ? Nul ne peut le dire. Cependant, les initiateurs des grèves reconductibles à Marseille, dans l’énergie... disent que nous sommes passés de grèves défensives à des grèves offensives, qu’il ne s’agit plus « de ne rien lâcher » mais de « tout reprendre ». Les énergéticiens se saisissent de leur outil de travail pour couper l’électricité à des préfectures et la distribuer gratuitement à des crèches, des hôpitaux ou des quartiers pauvres.

L’acte deux ne peut être que la marche vers la généralisation de ce qu’ont initié les électriciens : se réapproprier le monde et en construire un autre, débarrassé de toute exploitation et oppression et qui respectera la nature. Déjà de nouvelles dates/étapes s’annoncent devant nous. Un nouveau Sainte-Soline, joliment baptisé « Sortie de route » les 22 et 23 avril entre Tarbes et Toulouse. Et puis un 1er mai assurément différent et qui comme le 14 juillet 1935 par la masse des gens rassemblés ce jour-là, avait été un accélérateur extraordinaire.

Quoi qu’il en soit, qu’il y ait une pause dans le mouvement ou qu’il n’y en ait pas, nous avançons dans l’ère des révolutions. Et si nous ne pouvons pas créer la grève générale – elle advient ou pas - nous pouvons contribuer à cette prise de conscience de la situation dans laquelle nous entrons. Quelle que soit la forme pratique que prendra cette prise de conscience, occupations, auto-organisation, grèves reconductibles, grève générale, marche vers l’Elysée ou tout autre chose... , elle fera reculer le pouvoir et les possédants, pas à cause de la forme qu’elle aura prise mais du fait de la conscience révolutionnaire grandissante qui l’habitera. Et à cela, nous pouvons et devons y contribuer de toutes nos forces.

(Jacques Chastaing, 9 avril 2023)


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