Le grand retour du nucléaire agite aujourd’hui le monde politique. Une des batailles du moment est de convaincre la Commission européenne d’inscrire le nucléaire dans la liste des énergies décarbonées pouvant être financées par L’Europe.
Devant le naufrage des solutions énergétiques, le nucléaire semble être LA solution, entraînant une surenchère de propositions. Xavier Bertrand propose le lancement de la construction de deux nouveaux réacteurs dans sa région, Valérie Pécresse en demande quatre. Quand Macron voudrait en lancer six…
Mais voilà, les propos délirants des uns et des autres ne font que masquer la réalité du coût économique, écologique, social de l’énergie nucléaire.
Parlons tout d’abord de l’EPR qui est un véritable naufrage. Et c’est tant mieux. Le seul qui est en fonction, qui a été modifié par rapport à la conception initiale, est en Chine. Et le deuxième EPR chinois est à l’arrêt depuis juin à la suite de fuites radioactives. Avec toute l’opacité dont peut faire preuve la Chine, sachant qu’il en de même en France.
Que ce soit en Finlande, en Grange-Bretagne ou à Flamanville en France, les
surcoûts faramineux, les délais intenables sont le lot des chantiers en cours.
Macron, en attendant la réalisation de ces monstres improbables, propose la
construction de mini-réacteurs nucléaires. Ils doivent apporter l’énergie nécessaire aux grands sites industriels.
Sauf que pour répondre aux critères de sécurité qu’impose l’énergie nucléaire, il faut des grosses centrales qui produisent ainsi une énergie à prix abordables. Cela ne serait pas le cas de ces mini-réacteurs. De plus, ce type de réacteur est en encore à l’état de recherche que ce soit aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne. En France, la recherche est quasi nulle, l’argent promis par Macron est insuffisant par rapport aux efforts à fournir et pour développer un réacteur, il ne faut pas moins de dix ans.
Et puis aujourd’hui, en France, les industries nécessaires à la construction de ces réacteurs sont en déshérence. Elles ont soient disparues, soient perdues toutes compétences (voir les déboires de la cuve du réacteur de Flamanville produite à l’usine du Creusot).
Ce que cela coûte, tout à leur rêve nucléarisé, aucun média aux ordres, aucun politique n’en parle. Ou pour rêver de partenariats publics-privés où comme d’habitude les profits reviendront aux investisseurs et les risques et les pertes à l’Etat. 20 à 25 milliards d’euros par réacteur EPR, 50 milliards d’euros pour maintenir et rénover le parc nucléaire existant, 20 milliards pour le démantèlement des centrales existantes, 25 milliards pour le seul site Cigeo de Bure pour les déchets nucléaires.
Et des déchets, personne ne sait qu’en faire, ne proposant que leur enfouissement pendant des milliers d’années. Ou espérant une fois de plus que la science toute puissante trouvera bien une solution.
Que l’Etat, finalement, n’ait pas les moyens de réaliser toutes ces propositions délirantes, c’est plutôt une bonne nouvelle. Mais sa capacité de nuisance est telle, qu’ici ou là, des tentatives pourront être menées, comme à Bure.
Tant que de nouveaux projets apparaîtront, que de nouveaux chantiers surgiront, que l’Etat mentira à leur sujet, il faudra créer de nouvelles résistances. La suite nous appartient…
(Pour plus de détails chiffrés, lire l’article à ce sujet dans Mediapart)
- Retour en force des pro-nucléaires
- Chantier de l’EPR Flamanville
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