NANTES : LA MATERNITÉ GAZÉE
« Tous les repères sont abolis. Tous les mots sont dénués de sens »
A Nantes, le mardi 17 décembre, à la fin de l’immense manifestation contre la casse des retraites, les forces de l’ordre ont gazé. Encore et encore et encore, emportées par une sorte de frénésie chimique. Gazé pour disperser la foule, pour neutraliser ce qui restait de résistance. Des dizaines de grenades tirées sur une cantine, sur des badauds, et partout autour de la maternité. Des femmes sur le point d’accoucher ont du être déplacées en urgence, des bébés vulnérables évacués. L’information, qui aurait du scandaliser la France entière, n’a fait l’objet que d’un article timide dans une rubrique dite de « fact cheking ». Sur internet, une nantaise fait part de sa colère.
Voici son texte :
« On a basculé dans un monde absurde. Débile. Idiot
Tous les repères sont abolis. Tous les mots sont dénués de sensHier, à Nantes, alors que le personnel soignant manifestait contre la casse de l’hôpital public, leur si cher hôpital, dans lequel ils mettent tant de cœur, d’énergie, laissent leur santé, subissent des horaires décalés, abîment leur vie familiale mais qu’ils défendent ardemment… Alors que le personnel soignant manifestait, il était rejoint par des manifestant∙e∙s de la matinée
Et les CRS ont gazé
On est devant le CHU
Les forces de l’ordre balancent de la lacrymo
Des femmes, dans les étages, sont gênées par les gaz
Il s’agit de la maternité
Certaines sortent de leur chambre
Certaines montent d’un étage
Le personnel soignant à l’intérieur déplace des meubles
Protège un bébé
Les faits sont insupportables autant que têtusMais il y a la direction du CHU qui dit à Libération : « Quelques parturientes ont été incommodées par les odeurs au passage de la manifestation. Elles sont allées dans les espaces communs et sont retournées dans leurs chambres ensuite. Mais à aucun moment il n’y a eu d’évacuation, au sens d’une sortie de l’hôpital ou d’un transfert dans un autre service. »
Libé dit que le CHU relativise
Et puis il y a la Préfecture qui dit à Libération : « Les forces de l’ordre ne sont à aucun moment entrées dans l’enceinte du centre hospitalier, ni n’ont tiré de grenades lacrymogènes dans sa direction. »
Sur place au moment des faits aussi insupportable que têtus, une aide-soignante. Elle dit à Libération : « Plusieurs patientes ont été évacuées de leur chambre et dirigées vers le hall d’entrée du troisième étage. »
Et nous voilà à débattre du niveau de gêne infligé aux femmes concernées par l’intervention des forces de l’ordre
C’est rassurant : tout le monde confirme qu’elles ont été gênéesC’est inquiétant : tout le monde confirme qu’elles ont été gênées
C’est hallucinant : tout le monde confirme qu’elles ont été gênées mais la direction du CHU dit qu’elles ont simplement été bougées de leur lit, semble sous-entendre que c’est pas bien grave, faut pas pousser mémé dans les orties
Et la Préfecture dit que c’est pas volontaire, semble sous-entendre que c’est la faute à pas d’chance, que voulez-vous ma pauv’ dame
La direction du CHU devrait soutenir le personnel et la patientèle
La Préfecture devrait tout le moins s’excuser de la gêne occasionnée
En fait, tout le monde s’en fout
Tout le monde s’est habitué
Plus rien n’a de sens
Plus rien n’est gradué
Les limites de l’acceptable sont pulvérisées
Les forces de l’ordre ont pouvoir
Pour viser des jeunes avec des LBD
Matraquer des manifestant∙e∙s
Fouiller tous les sacs des passant∙e∙s
Tirer sur des journalistes
Gazer près de la Loire la nuit
Gazer près d’un hôpital le jour
Et tant pis pour la gêne occasionnée
Tant pis pour les conséquences irréversibles
Circulez, y’a rien à voirSauf que voilà, les faits sont insupportables autant que têtus
Ne jamais sanctionner les excès, les abus, les violences, le zèle, ne profite pas aux forces de l’ordreDésormais, le slogan « tout le monde déteste la police » s’installe durablement dans les têtes et dans la chair des honnêtes gens
On bascule dans un monde désagrégé. Dangereux. Hideux. »
Texte : M. Collineau
(post et photo de Nantes Révoltée)
- NANTES : LA MATERNITÉ GAZÉE
LYON, la police gaze un nourrisson !
Violences policières : VIDEO. « Il y avait un gamin ! », la police gaze un nourrisson de 30 jours à Lyon. Il est emmené à l’hôpital
« Il y avait un gamin ». A Lyon, ce samedi 7 décembre, la police a lancé du gaz lacrymogène sur les manifestants et sur les passants et touristes se trouvant autours de la Fête des Lumières. Un nourrisson de 30 jours s’est retrouvé sous les gazs. Le nourrisson en pleurs est emmené à l’hôpital. "Le bébé va mieux, mais il a respiré trop de gaz et des séquelles peuvent persister", explique une vidéo.
Le régime Big Brother
Lire Le moment Potemkine - par Frédéric Lordon, 13 décembre 2019 - Le moment Potemkine, c’est celui où, sous un abus de trop, la légitimité est détruite par le sentiment du scandale, et avec elle le consentement et ce qui restait de respect. Alors les matelots jettent les officiers à la mer et prennent collectivement les commandes du bateau.
Comme le dit si bien F Lordon, le régime a perdu toute décence et toute humanité, où plutôt il révèlent son inhumanité, il flotte dans les eaux noires de l’ultracapitalisme nourries à la pourriture totalitaire qui détruit jusqu’au sens des mots.
Pour tenir, le régime n’a plus que les flics et des déclarations insensées, absurdes, contradictoires, méprisantes, que plus grand monde ne croit ni n’écoute, que tout le monde vomit.
Quand un système et ses soutiens détestent la vie et veulent la détruire, logique que les rebelles et les vivants veulent abattre un tel régime.
Les sbires toxiques du régime Macron manient la novlangue du régime totalitaire de « Big Brother » décrit dans le roman 1984 d’Orwell, un langage qui détruit les mots et leur sens en les utilisant dans un contexte opposé à leur sens, comme : « La guerre c’est la paix », « La liberté c’est l’esclavage », « La retraite à point capitalisée c’est pour notre bien », « Dans un Etat de droit, il n’y a pas de violences policières », « Les technologies vont sauver le climat », « C’est grâce aux riches que l’on vit bien », etc.
Le but est d’empêcher et annihiler la possibilité même de penser, si les mots n’ont plus de sens, que dire ? Reste l’action, la révolte. L’insurrection sera le langage des opprimés ?
A présent, ces déclarations absurdes de pure propagande hors sol étant à présent ridiculisées et démasquées, le régime n’a plus que ses flics pour imposer son ordre du fric, du chacun pour sa gueule et des riches dédié aux actionnaires et aux fonds de pension.
L’année dernière déjà le régime offrait une prime aux bandes armées policières afin qu’elles continuent à obéir. Cette année, les minorités extrémistes au pouvoir offre un régime retraite spécial à ses milices pour qu’elles continuent à appliquer la pédagogie du gaz, de la matraque et du LBD dans le visage à toutes celles et ceux qui ne veulent pas comprendre que le totalitarisme et l’autoritarisme politique et économique c’est génial.
Dans 1984, une botte militaire écrasait éternellement le visage des restes d’humains, en 2019 le régime préfère exploser les visages rebelles à coup d’armes de guerre.
La propagande merdiatique des milliardaires ne passent plus très bien, alors le régime utilise le terrorisme policier pour nous imposer ses délires au service des puissants et de leur pouvoir.
Mais, comme dans toutes les dictatures, la terreur ne dure qu’un temps, et comme au Chili, arrive le moment où « ils nous ont ôté même la peur », arrive le moment où les jours du régime sont comptés.
Si le régime n’est pas renversé pour Noël, gageons que ce sera dans les semaines ou mois qui suivront...